Comment investir dans l’anti-consumérisme

22 février 2022 | Reid Baker

La crise climatique nous rattrape rapidement, et au cœur de cette crise se trouve le consumérisme. C’est la raison pour laquelle la planète a trop de plastique et de CO2, perd trop d’arbres, et utilise plus d’eau douce que la Terre ne peut en produire. Selon The World Counts, sur une échelle mondiale, nous avons besoin de l’équivalent de 1,8 planète Terre pour répondre à notre demande de ressources et absorber nos déchets.   

Si tous les habitants de la Terre consommaient au même rythme que les consommateurs occidentaux, nous aurions besoin de cinq Terres pour subvenir à nos besoins. Et le nombre de consommateurs augmente rapidement. D’ici à 2030, le nombre de consommateurs à l’échelle planétaire sera de 5,6 milliards, contre 4,3 milliards à l’heure actuelle. The World Counts définit un consommateur comme étant « quelqu’un capable d’acheter des biens et services au-delà de la satisfaction des besoins de base. Il s’agit plus précisément d’une personne disposant de plus de 10 $US par jour pour vivre – également dite de classe moyenne ». Si rien ne change, nous serons à court d’eau douce, et nous n’aurons plus d’arbres et de fruits de mer dans les 30 à 80 prochaines années.

Il n’est pas facile d’écrire sur l’anti-consumérisme et l’investissement responsable. Fondamentalement, le principe général de l’investissement consiste à acheter des entreprises qui selon vous connaîtront une croissance de leurs ventes, en augmentant la production des biens ou des services qu’elles vendent. Investir dans l’anti-consumérisme semble être un paradoxe. Alors où se situe l’intersection entre investissement et anti-consumérisme? Existe-t-il une intersection?

Le secteur technologique semble être un bon point de départ, bien que les grandes entreprises technologiques puissent difficilement être considérées comme étant anti-consommation.

Apple Inc. promeut son objectif d’être neutre en carbone d’ici 2030, et a le mérite d’avoir réduit ses émissions de gaz à effet de serre chaque année depuis 2015, mais leur activité principale consiste à produire et à vendre des téléphones, des tablettes et des ordinateurs. Par conséquent, ils ont émis 22,6 millions de tonnes métriques de gaz à effet de serre en 2020.

Alphabet Inc. (la société mère de Google) et Meta Platforms Inc. (propriétaire du service de médias sociaux Facebook) tirent la majeure partie de leur argent de la publicité, des publicités qui favorisent la consommation, tandis que l’activité d’Amazon.com Inc. repose principalement sur la consommation. Les grandes sociétés technologiques jouent évidemment un rôle important, et elles ont leur place dans certains portefeuilles IR, mais pas pour promouvoir l’anti-consumérisme. La plupart des fonds technologiques détiennent une combinaison de certains acteurs technologiques à très forte capitalisation, voire la totalité d’entre eux. Là encore, il est difficile d’investir dans une perspective anti-consumériste.

Qu’en est-il des entreprises du secteur de l’alimentation et de l’eau? La nourriture et l’eau sont, tout d’abord, des nécessités de base pour la survie de l’homme, donc les entreprises du secteur de l’alimentation et de l’eau répondent au moins aux besoins de l’homme, plutôt qu’à ses désirs.

Cela nous amène vers des entreprises telles que Xylem Inc, qui se concentre sur la création de « systèmes d’eau durables, efficaces et autonomes », en augmentant l’utilisation de la technologie et de l’analyse des données. Puis nous avons Halma plc, qui se présente comme étant « un groupe mondial de sociétés technologiques qui sauvent des vies » , comprenant un groupe de sociétés d’analyse et de traitement de l’eau. L’une d’entre elles est Hydreka, qui produit des équipements et des logiciels pour l’optimisation et la surveillance de l’eau. Helma (et ses filiales, comme Hydreka) est un composant du FNB iShares Global Water Index (TSX: CWW), qui suit l’indice S&P Global Water, offrant une exposition à « 50 sociétés du monde entier qui sont impliquées dans des activités liées à l’eau ».

En ce qui concerne les entreprises alimentaires, beaucoup sont liées à l’agriculture et aux engrais, mais on peut facilement soutenir qu’elles contribuent en réalité à la surconsommation, et c’est un fait qu’elles contribuent à d’importantes émissions de gaz à effet de serre. Une étude de l’Université du Michigan a révélé que 10 à 30 % des émissions carbone d’un ménage proviennent de la nourriture, et, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, près de 15 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre proviennent de l’agriculture animale, dont 65 % du bœuf.

Ce que nous mangeons est important dans la lutte contre le changement climatique. Deux des plus grandes entreprises qui proposent des alternatives à la viande sont Beyond Meat Inc. et Impossible Foods. Beyond Meat est cotée en bourse mais ce n’est pas le cas d’Impossible Foods, je me concentrerai donc ici sur Beyond Meat.

L’ingrédient numéro un du produit « Beyond Burger » de Beyond Meat est la protéine de pois, dont la production entraîne des émissions de GES nettement inférieures à celles du bœuf. Selon Our World in Data, la production de 100 grammes de protéines de bœuf entraîne 50 kg d’émissions de GES, alors que 100 grammes de protéines de pois entraînent 0,44 kg d’émissions de GES.

Beyond Meat a demandé à l’Université du Michigan d’étudier le cycle de vie du Beyond Meat Burger et a constaté que « le Beyond Burger génère 90 % moins d’émissions de gaz à effet de serre, nécessite 46 % moins d’énergie, a >99 % moins d’impact sur la pénurie d’eau et 93 % moins d’impact sur l’utilisation des terres qu’un quart de livre de bœuf américain ». Le Fonds Desjardins SociéTerre Actions positives compte actuellement Beyond Meat parmi ses placements. Espérons que d’autres se joindront à Beyond Meat une fois que la société sera mieux établie.

Investir dans l’anti-consumérisme n’est pas facile, mais ce n’est pas impossible. En tant qu’investisseurs responsables, l’essentiel est de réfléchir à ce que produisent nos investissements et à comment ils favorisent le consumérisme, ou mieux encore, comment ils ne favorisent pas le consumérisme.


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Reid Baker

Vice-président des opérations analytiques et des données
Fundata

Reid Baker est vice-président des opérations analytiques et des données à Fundata. Avec son équipe, il est responsable de l'analyse des données, de la qualité des données et du développement de nouveaux produits analytiques, notamment : les Cotes ESG Fundata, les cotes de risque des fonds de couverture canadiens, et la méthodologie FundGrade A+. Il a également développé la méthodologie pour les Trophées FundGrade A+ IR, afin de reconnaître les fonds IR les plus performants. M. Baker a présidé le comité canadien des standards des fonds d'investissement pendant 8 ans, guidant le comité à travers de nombreux changements de politiques et de catégories, y compris plus récemment, un processus d'identification des fonds d'investissement responsable. M. Baker contribue fréquemment à des publications telles que Votre Guide FNB Investissement , Votre Guide Investissement Responsable et Current Trends and Issues in Financial Planning du CIFP. Il est apparu sur BNN Bloomberg et dans plusieurs panels de conférence. Il est titulaire du titre de Chartered Enterprise Risk Analyst (analyste agréé du risque d'entreprise - CERA) et du titre d'associé (ASA) de la Society of Actuaries.