La résistance aux antimicrobiens : Une menace à la santé mondiale sous-estimée

5 novembre 2020 | Kelly Hirsch

Très souvent, les plus grands défis auxquels la société est confrontée sont détectés tôt par des spécialistes, mais leurs cris d’alarme ne sont parfois pas entendus, si bien que des problèmes complexes, mais résolubles, dégénèrent en crises majeures. Le meilleur exemple est celui des changements climatiques, qui ne seraient probablement pas devenus la menace existentielle qu’ils représentent aujourd’hui si nous avions pris des mesures plus audacieuses il y a plusieurs décennies.

Ce danger émergent pour l’humanité pourrait causer des dommages aussi considérables que les changements climatiques : la résistance aux antimicrobiens (RAM) menace la stabilité des systèmes de santé à l’échelle mondiale et pourrait très bien nous ramener à une époque où une simple coupure au doigt peut entraîner une maladie grave et même la mort. Heureusement, nous avons le temps de contenir ou même d’éradiquer cette menace mais, pour ce faire, nous devons redoubler d’efforts pour améliorer la prise de conscience et agir de façon décisive pour s’attaquer à la racine du problème.

Comprendre la RAM

La RAM survient lorsque des bactéries et autres microbes pathogènes développent une résistance à des médicaments auparavant efficaces. Aux États-Unis, les centres de contrôle des maladies (Centers for Disease Control [CDC]) estiment que la RAM est la cause d’au moins 2,8 millions de maladies et de plus de 35 000 décès par année. La RAM fait en sorte que les antibiotiques pourraient même finir par ne plus fonctionner pour traiter les infections courantes.

Un large éventail d’actes médicaux repose sur des traitements antibiotiques efficaces, y compris les transplantations d’organes, la chimiothérapie et la dialyse des patients atteints de maladie rénale en phase terminale. Les médicaments antibiotiques, antifongiques, antiviraux et antiparasitaires sont l’épine dorsale de la médecine moderne, ce qui illustre bien l’urgence à laquelle la communauté des soins de santé doit faire face pour lutter contre la RAM. Les Nations Unies (ONU), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et des autorités nationales telles que les CDC nous disent qu’il faut agir.

La RAM se répand de plusieurs manières. L’utilisation d’antibiotiques pour favoriser la croissance et prévenir les maladies du bétail préoccupe particulièrement les organismes de réglementation et les consommateurs. D’après le secrétariat américain aux produits alimentaires et pharmaceutiques (U. S. Food and Drug Administration), 70 % des antibiotiques prescrits aux États-Unis sont utilisés sur des animaux. Les doses sous-thérapeutiques utilisées pour prévenir les maladies et favoriser la croissance sont plus susceptibles d’entraîner le développement d’une résistance qu’un traitement plus court et à forte dose. La prévalence accrue de la RAM dans la chaîne alimentaire menace directement la santé humaine, car les maladies causées par des bactéries résistantes sont habituellement plus graves et les traitements sont plus limités.

Les règlements qui régissent l’utilisation d’antibiotiques sur les animaux se multiplient. Par exemple, en Californie, les agriculteurs doivent obtenir une ordonnance pour utiliser des antibiotiques importants pour la médecine sur les animaux. L’Union européenne, dans son ensemble, a interdit l’utilisation d’antibiotiques pour favoriser la croissance des animaux et l’OMS a publié des lignes directrices qui recommandent fortement de cesser d’avoir recours à ces antibiotiques pour favoriser la croissance et prévenir les maladies en l’absence de diagnostic.

Ces premiers pas encourageants découlent en partie de la sensibilisation et des préoccupations accrues du public. Les sondages montrent régulièrement qu’une majorité de consommateurs préfère les viandes d’animaux élevés sans antibiotiques. Cela s’est reflété par la hausse des ventes de viandes d’animaux élevés sans antibiotiques estimée par la société d’analyse de données Nielsen, avec un taux de croissance de 28,7 % par année entre 2011 et 2015, contre 4,6 % pour la viande conventionnelle.

Cependant, la RAM se développe de façon beaucoup plus insidieuse et beaucoup moins comprise. Une étude phare réalisée en 2017 a démontré que le ruissellement des eaux usées des grandes usines de fabrication de produits pharmaceutiques situées à l’étranger est un terreau fertile pour la RAM. L’étude a révélé que « la présence de résidus de médicaments dans l’environnement permet aux microbes qui y vivent de développer une résistance aux ingrédients contenus dans les médicaments qui sont censés les tuer, les transformant en ce que nous appelons des superbactéries. Les microbes résistants voyagent facilement et se sont multipliés en grand nombre dans le monde entier, ce qui engendre une grave urgence de santé publique et, c’est du moins ce que l’on croit, tue déjà des centaines de milliers de personnes chaque année. » (traduction libre)

Apporter des changements significatifs aux façons de faire sera une tâche ardue, compte tenu des normes environnementales très souples qui encadrent les fabricants étrangers. Un pilier clé d’une des solutions envisagées est d’exercer des pressions sur les entreprises nationales qui externalisent la fabrication de leurs produits. Les gouvernements pourraient aussi se servir des accords commerciaux et autres pour persuader les pays récalcitrants d’adopter et de respecter les meilleures pratiques de gestion des déchets.

Investir dans une solution

Vancity Investment Management (VCIM), sous-conseiller des Fonds IA Clarington Inhance PSR, possède un solide programme d’engagement des actionnaires qui comprend notamment un engagement sérieux à trouver des solutions concrètes au problème de la RAM.

Au cours de la dernière décennie, VCIM a pris contact avec des sociétés plus de 200 fois, communiquant en 2019 seulement avec 30 sociétés. Sa contribution dans le domaine de la RAM consiste à avoir un rôle actif dans le cadre de l’initiative Farm Animal Investment Risk and Return (FAIRR). À cet effet, VCIM participe à un engagement collaboratif avec 20 entreprises alimentaires mondiales pour leur demander de mettre au point des politiques relatives aux antibiotiques et d’éliminer l’usage routinier, prophylactique des antibiotiques dans toutes les chaînes d’approvisionnement avec des cibles et des délais bien clairs pour leur mise en application.

Nous considérons que grâce à ces actions, et d’autres semblables, nous pouvons réduire la souffrance causée par la RAM et faire en sorte que les bienfaits de plus d’un siècle de progrès médicaux continuent de contribuer à prolonger la vie des gens et leur permettent de vivre plus heureux.

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Auteur

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Kelly Hirsch

Analyste principale, ESG
Vancity Investment Management Ltd.

Kelly est chargée de l’analyse des politiques et pratiques ESG des sociétés dans lesquelles les Fonds IA Clarington Inhance PSR investissent. Elle a obtenu un baccalauréat en sciences de l’environnement à la University of Guelph et un diplôme en comptabilité à la University of British-Colombia. Elle possède le titre d’analyste financière agréée (CFA) et est titulaire de la certification de spécialiste de l’investissement responsable (RIS) de l’Association pour l’investissement responsable.