3 tendances qui façonneront le paysage de la finance durable au Canada en 2021

27 janvier 2021 | Dustyn Lanz

L’année à venir devrait être un tournant pour la finance durable au Canada, alors que le gouvernement fédéral et les parties prenantes du secteur financier redoublent d’efforts pour adopter des politiques et des pratiques respectueuses du climat. Voici trois tendances qui façonneront le paysage de la finance durable au Canada en 2021.

Le gouvernment fédéral lance un conseil d’action en matiére de financement durable

En 2019, le Groupe d’experts sur la finance durable du Canada a formulé une série de recommandations pour que le gouvernement fédéral aligne le système financier canadien sur un avenir intelligent face au climat, et a conseillé au gouvernement de créer un Conseil d’action en matière de finance durable pour aider à mettre en œuvre ses recommandations. Le gouvernement a récemment réagi dans son Énoncé économique de l’automne en allouant 7,3 millions de dollars sur trois ans à la création du Conseil d’action, qui servira de mécanisme de coordination entre le gouvernement et le secteur financier.

Le Conseil d’action sera chargé de développer un marché de la finance durable qui fonctionne bien, de faire des recommandations « attirer et accroître la finance durable au Canada, y compris l’amélioration des communications sur le climat, l’accès à des données utiles sur la durabilité et les risques climatiques, et l’élaboration de normes à respecter pour qu’un investissement soit jugé durable. » Le Conseil d’action sera lancé au début de 2021, inaugurant une nouvelle ère de soutien fédéral à la finance durable.

Les autorités bancaires intensifient l’évaluation des risques climatiques

Au printemps 2020, la Banque du Canada a publié un rapport mettant en garde contre les risques économiques importants liés aux changements climatiques et à la transition vers une économie sobre en carbone. La Banque a noté qu’une action différée augmenterait le risque d’une révision brutale des prix des actifs, tandis qu’une action plus précoce laisserait plus de temps au marché pour s’adapter.

Par conséquent, la Banque intensifiera ses travaux sur les changements climatiques en 2021 alors qu’elle organise un projet pilote avec le Bureau du surintendant des Institutions financières (BSIF). Les deux organes de surveillance travailleront avec un groupe d’acteurs du secteur financier pour évaluer l’exposition du système financier aux risques liés à la transition vers une économie à faibles émissions de carbone. Le projet permettra aux autorités de mieux comprendre les pratiques de gouvernance et de gestion des risques des institutions financières en matière de changement climatique.

Un rapport sur ces travaux devrait être publié fin 2021. Par ailleurs, le BSIF prévoit lancer un document de travail sur le renforcement de la résilience financière face aux risques climatiques plus tôt dans l’année.

Nous assisterons à l’essor du « financement de la transition »

Le « financement de la transition » fait référence au financement qui aide les entreprises à forte intensité de carbone à passer à des modèles commerciaux à faible émission de carbone, en comblant le fossé entre la finance traditionnelle et durable. Ce concept est important pour le marché canadien, qui est fortement tributaire des industries extractives comme l’énergie et l’exploitation minière. Ces industries doivent transformer leurs modèles d’affaires pour réussir dans un monde à faibles émissions de carbone, mais elles ne peuvent pas accéder à un financement « vert » ou durable en raison de leurs profils d’émissions élevés. Les outils de financement de la transition, tels que les obligations assorties de taux d’intérêt liés à l’atteinte des objectifs de réduction des émissions, les aideront à effectuer ce virage.

Le Groupe CSA, un organisme canadien de normalisation, élabore une taxonomie du financement de la transition – un système de classification permettant d’identifier les activités commerciales admissibles au financement de transition. Ce cadre devrait être mis à la disposition des participants de l’industrie en 2021, ouvrant ainsi un nouveau marché pour la transition de l’économie canadienne vers la neutralité carbone. L’Association pour l’investissement responsable organisera la Semaine du financement de la transition du 18 au 22 octobre pour organiser des dialogues avec l’industrie sur le sujet.

Cet article est un extrait d’une chronique publiée dans Investment Executive. Lire l’article complet ici.

Auteur

author's photo

Dustyn Lanz

Chef de la direction
Responsible Investment Association

Dustyn Lanz est chef de la direction de l’Association pour l’investissement responsable (AIR) – une organisation canadienne qui fait la promotion de l’intégration des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans les décisions d’investissement. Il est chroniqueur pour Investment Executive, où il écrit sur des sujets liés à la durabilité et à l’investissement responsable. Dustyn est également membre du 30 % Club, un réseau de cadres qui vise à atteindre un équilibre entre les sexes dans le leadership d’entreprise.