Comment les gestionnaires d’actifs poussent les sociétés à atteindre leurs cibles de carboneutralité

28 février 2023 | Vishang Chawla, Earl Davis

Les sociétés financières ont le pouvoir d’encourager les sociétés à prendre des mesures plus ambitieuses pour réduire leur empreinte carbone

Il ne reste que 27 ans avant 2050 – la date limite pour que les pays et les sociétés atteignent l’objectif de carboneutralité –, et des pressions énormes s’exercent sur les sociétés pour qu’elles réduisent les risques liés au climat. Il ne sera pas facile de passer à la carboneutralité : il faudra beaucoup de capital et la volonté d’apporter des changements. Cependant, les gestionnaires d’actifs sont particulièrement bien placés pour aider les sociétés à atteindre cet objectif.

De plus en plus, les gestionnaires croient que les sociétés qui tentent de réduire leurs risques environnementaux seront mieux positionnées pour l’avenir, ce qui est bon non seulement pour la planète, mais aussi pour le rendement des placements. Pourtant, les sociétés manquent de ressources et souvent d’expertise pour relever ce défi. C’est pourquoi certaines sociétés financières tentent maintenant de les aider à atteindre leurs objectifs en offrant des solutions climatiques qui tiennent compte des politiques, de la science et de la finance.

Même si certains sont toujours sceptiques quant à l’incidence du climat sur l’économie en général, de nombreux chefs d’entreprise reconnaissent l’importance du risque. Selon le premier sondage mené par l’Institut pour le climat de BMO auprès de petites et moyennes entreprises nord-américaines, 69 % des répondants s’attendent à ce que les effets physiques des changements climatiques perturbent les activités au cours des cinq prochaines années. Un autre tiers affirment que des conditions météorologiques extrêmes soulèvent déjà des difficultés.

Gestion du risque climatique

En ce qui concerne le risque lié au climat, nous croyons que les gestionnaires d’actifs doivent tenir compte des défis environnementaux. Les gestionnaires de titres à revenu fixe, en particulier, ne peuvent pas se permettre d’ignorer les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) lorsqu’ils évaluent le risque de crédit, affirme Vishang Chawla, directeur de portefeuille, Titres à revenu fixe à gestion active à BMO Gestion mondiale d’actifs.

« Lorsque l’on examine les facteurs ESG, il faut penser aux sociétés qui existeront dans 10, 20 et 30 ans, parce que nous achetons des obligations à 30 ans », note M. Chawla. « En tant qu’analyste, Crédit, lorsque vous faites un placement, vous devez vous demander si vous voulez détenir cette société pendant 30 ans. Il faut donc penser à la carboneutralité. »

Les gestionnaires d’actifs de titres à revenu fixe ne décident pas seulement quels placements détenir – ils mobilisent les dirigeants des sociétés pour qu’ils adoptent la carboneutralité. Contrairement aux actions, l’argent amassé par les obligations durables devrait être affecté à des projets spécifiques, explique M. Chawla. Par conséquent, les gestionnaires d’actifs peuvent analyser un plan axé sur la carboneutralité et évaluer s’il permettra d’atteindre les objectifs de la société en la matière. Les gestionnaires d’actifs ont donc l’occasion de fournir des conseils à la direction sur la façon de renforcer ses initiatives ESG s’ils constatent que ses projets sont insuffisants, ajoute-t-il.

« En tant que gestionnaires actifs de milliards de dollars de titres de créance, une partie de notre responsabilité consiste à communiquer avec la direction de ces sociétés, à poser les questions difficiles et à examiner le bilan », explique Earl Davis, chef, Titres à revenu fixe et marché monétaire, BMO Gestion mondiale d’actifs. « C’est à partir de là que l’on commence à voir des tendances et que l’on est capable de pousser ou d’influencer les entreprises. »

Les interactions entre les gestionnaires d’actifs et les sociétés peuvent être importantes. Lorsqu’une grande société canadienne du secteur de l’énergie amassait des fonds pour ses initiatives en matière de développement durable, BMO Gestion mondiale d’actifs a fait équipe avec elle pour l’encourager à adopter des objectifs plus vigoureux en matière de carboneutralité.

Avoir une incidence mesurable

Le Global Impact Investing Network estime que le marché des fonds d’impact, qui comprend les fonds durables, est d’environ 1 160 milliards de dollars américains. Les fonds durables cherchent à investir dans des sociétés qui sont attrayantes du point de vue du rendement financier et des facteurs ESG. L’émission d’obligations vertes, qui sont des instruments financiers conçus pour financer des projets ayant des effets positifs sur l’environnement ou le climat, a grandement contribué à cette croissance.

Les fonds d’obligations durables offrent un moyen efficace de tirer parti du marché des obligations vertes. Grâce à ces fonds, vous avez accès à des sociétés qui ont utilisé des obligations vertes pour apporter des changements à des projets précis. Ces projets comprennent la volonté de Brookfield Asset Management de prolonger la durée de vie et à accroître la capacité de Shepherds Flat, l’un des plus importants projets d’énergie éolienne terrestre aux États-Unis. En remplaçant les turbines existantes par des turbines ayant des pales plus longues et une technologie plus moderne, la société s’attend à ce que le projet augmente sa capacité de production d’énergie propre d’environ 25 % par an, soit à peu près 400 gigawattheures. Bell Canada en est un autre exemple. La société du secteur des télécommunications a récemment émis une obligation liée au développement durable; cette obligation est destinée à financer divers projets d’énergie renouvelable afin de compenser l’empreinte carbone de la société tandis qu’elle met son réseau à niveau avec la 5G.

Adopter une vision à long terme

Les gestionnaires d’actifs doivent avoir une vision à long terme des répercussions des changements climatiques, mais le secteur subit des pressions pour que les rendements à court terme passent en premier. Certains gestionnaires sont préoccupés par le fait que la course vers la carboneutralité s’oppose à l’objectif d’obtenir le meilleur rendement corrigé du risque. Au moins un grand gestionnaire d’actifs a cédé à ces pressions en se retirant d’une initiative de lutte contre les changements climatiques du secteur des placements, en affirmant que le fait d’avoir une position sur la carboneutralité entre en conflit avec sa capacité à rester indépendant.

M. Davis estime que ce recul par rapport à la carboneutralité résulte d’une vision à court terme. « Lorsque nous investissons, nous le faisons du point de vue de la valeur actualisée nette, et à partir de là, nous examinons les flux de trésorerie à venir », dit-il. Cette perspective ne signifie pas que vous devez sacrifier les rendements, ajoute-t-il, en soulignant que les profils de risque et le rendement de nombreux fonds d’obligations durables sont semblables à ceux des fonds d’obligations ordinaires.

La différence tient à la façon dont les gestionnaires évaluent le risque. Les risques que les gestionnaires de titres à revenu fixe recherchent ne font peut-être pas les manchettes aujourd’hui, mais s’ils augmentent à l’avenir, ils pourraient avoir une incidence importante sur le rendement d’une entreprise. « Notre rôle consiste en partie à assurer des rendements financiers durables à l’avenir », dit-il.

Pour M. Davis, de BMO Gestion mondiale d’actifs, il s’agit de travailler avec les sociétés pour trouver des solutions intelligentes qui donneront des résultats. « Dans l’ensemble, lorsque l’on réfléchit globalement à la carboneutralité, aucune personne ni aucune institution ne pourrait y arriver seule », dit-il. « Cet effort doit être mondial. »


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Vishang Chawla

Gestionnaire de portefeuille, Titres à revenu fixe à gestion active
BMO Gestion mondiale d’actifs

M. Chawla s’est joint à BMO Gestion mondiale d’actifs en août 2020 à titre de gestionnaire de portefeuille responsable des obligations de sociétés de catégorie investissement et à rendement élevé. Il compte plus de 13 ans d’expérience en placement, dont plus récemment à titre de gestionnaire de portefeuille adjoint de titres à rendement élevé à la Gestion d’actifs CIBC, où il a travaillé 5 ans. À la Banque CIBC, il était responsable de la stratégie, de la négociation et de la recherche sur le crédit. Avant de se joindre à la Banque CIBC, M. Chawla a travaillé à AGF Management Ltd. pendant plus de huit ans, d’abord à titre d’analyste au sein de l’équipe d’analyse de portefeuille, puis à titre d’analyste de crédit de titres à revenu fixe au cours de ses cinq dernières années en poste. Au cours de sa carrière, il a couvert les titres de catégorie investissement de divers secteurs, les titres d’emprunt à haut rendement, le marché monétaire et le crédit aux entreprises des marchés émergents. M. Chawla est titulaire du titre de CFA et d’une maîtrise en finance de la Rotman School of Management.

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Earl Davis

Chef, Titres à revenu fixe et marché monétaire, Gestion active des titres à revenu fixe
BMO Global Asset Management

M. Davis s’est joint à BMO Gestion mondiale d’actifs en 2020 et compte plus de 25 ans d’expérience dans les titres à revenu fixe. Avant de se joindre à BMO Gestion mondiale d’actifs, il a dirigé une division de placement responsable de plus de 85 milliards de dollars d’actifs à revenu fixe dans une société de retraite de premier ordre où il supervisait les portefeuilles des marchés obligataires provinciaux, nominaux, inflationnistes et mondiaux. Notamment, il a travaillé en étroite collaboration avec la direction de la gestion des risques pour réécrire les politiques et procédures sur les mises en pension, l’effet de levier et la liquidité à la suite de la crise financière mondiale. M. Davis siège actuellement au comité consultatif technique sur le secteur des régimes de retraite de l’Autorité ontarienne de réglementation des services financiers (ARSF), où il participe à l’élaboration de directives de l’ARSF en fournissant des conseils sur les questions techniques et les projets de loi et de réglementation au Canada. Il est titulaire du titre de CFA et d’une maîtrise en administration des affaires de l’Ivey School of Business de l’Université Western.