Découvrir le Fonds de finance sociale

22 septembre 2023 | Lars Boggild

Avec le lancement récent du Fonds de finance sociale (FFS) du gouvernement du Canada, le secteur de la finance sociale au Canada est appelé à connaître une croissance significative. L’un des grossistes du FFS explique ce qu’il faut savoir sur cette nouvelle initiative importante.

En quoi consiste le Fonds de finance sociale?

En bref, il s’agit de créer au Canada un marché de la finance sociale beaucoup plus solide et plus à même de produire des résultats sociaux et environnementaux positifs. Le Fonds de finance sociale est une initiative du gouvernement canadien dotée de 755 millions de dollars. Elle fait partie de sa stratégie d’innovation sociale et de finance sociale, lancée publiquement en 2018. En mai 2023, le gouvernement a annoncé que trois gestionnaires de fonds de fonds (grossistes) allaient gérer des parties du fonds : Realize Capital Partners, Boann Social Impact et le Fonds de finance sociale – CAP Finance.

Quelle est la structure du Fonds de finance sociale?

Les gestionnaires de fonds de fonds ont reçu de l’argent à utiliser comme capital investissable ainsi que des fonds pour développer le marché. Chaque gestionnaire de fonds de fonds a sa propre stratégie et sa propre structure pour le déploiement du capital et la construction du marché. D’une manière générale, les capitaux circulent des gestionnaires de fonds vers les intermédiaires de la finance sociale (gestionnaires de fonds et produits structurés), puis vers les organisations à vocation sociale (entreprises, sociétés).

Chez Realize Capital Partners, nous avons structuré notre fonds (objectif : 405 millions de dollars) comme une société en commandite classique et nous investirons dans toutes les catégories d’actifs du marché privé. Grâce à cette approche, nous pouvons regrouper les besoins d’investissement des gestionnaires de fonds à impact plus petits, émergents ou établis, tout en opérant à une échelle investissable même pour les grands investisseurs institutionnels. Le gouvernement du Canada a fourni un financement sous forme de contribution à remboursement conditionnel pour réduire de manière significative les risques liés aux investissements privés dans cette structure. Elle participe sur la base du principe « premier entré, dernier sorti », son capital étant déployé avant celui des investisseurs privés et n’étant remboursé qu’après que les capitaux privés ont été remboursés avec un rendement minimum.

À quel point est-ce important pour le gouvernement du Canada et pour le secteur de l’investissement responsable au Canada? Quelle importance cela revêt-il pour le gouvernement du Canada et pour le secteur de l’investissement responsable au Canada?

Il s’agit d’un développement important. Nous pensons qu’il s’agit d’une démonstration claire de la part du gouvernement de sa volonté de permettre aux marchés d’obtenir de meilleurs résultats sociaux et environnementaux en même temps que les politiques publiques. Il s’agit d’une reconnaissance claire de la nécessité d’engager des capitaux privés à une échelle significative pour permettre la croissance des solutions existantes et nouvelles.

Il est également significatif pour le secteur de l’investissement responsable au Canada, car il soutient l’intégration de ce qui a été une partie relativement nichée des marchés de capitaux plus larges, dirigée par des fondations, certaines sociétés familiales et des gestionnaires d’actifs pionniers. Les investissements d’impact exigent une plus grande responsabilité en matière de mesure de l’impact et de résultats tangibles, et le secteur cherche déjà à progresser dans ce domaine avec des thèmes tels que le climat et la diversité, l’équité et l’inclusion.

Cette initiative est considérable, car elle soutiendra la maturité d’un plus grand nombre de gestionnaires de fonds et d’émetteurs de produits du marché privé, en développant à la fois l’échelle et les antécédents nécessaires à un engagement plus significatif de la part d’acteurs établis sur les marchés de capitaux.

Les investisseurs accrédités et institutionnels investiront aux côtés des gestionnaires de fonds de fonds, soit dans les fonds, soit directement dans les actifs sous-jacents. Il s’agit d’un mécanisme clé en main permettant d’investir dans une stratégie plus large et largement diversifiée qui prévoit d’investir dans une variété de stratégies du marché privé ayant un impact. Ainsi, cela produira des résultats positifs dans les communautés de tout le pays.

Nous pensons que les gestionnaires d’actifs qui ont envisagé de développer des produits plus performants sur le marché privé, mais qui n’étaient pas sûrs de la demande potentielle, vont maintenant envisager de saisir ces opportunités.

Pourquoi l’équité sociale est-elle au cœur de cette initiative?

Nous pensons que le gouvernement du Canada tente de créer une société plus équitable par le biais de cette initiative. Tous les gestionnaires de fonds de fonds se concentrent sur cet objectif. L’équité sociale est l’une des priorités du Realize Fund I, car nous pensons que cette optique est nécessaire pour favoriser des investissements plus efficaces dans les communautés à travers le pays, et parce que nous pensons qu’il existe des opportunités pour qu’une optique d’équité sociale génère un véritable alpha financier.

L’optique de l’équité sociale contribue à la sélection d’investissements à plus fort impact, car elle reflète le fait que les questions sociales et environnementales sont rarement ressenties de la même manière. Trop souvent, les communautés confrontées à une plus grande marginalisation socio-économique sont confrontées à d’autres problèmes de manière plus aiguë. Par exemple, les communautés en situation de précarité économique peuvent être touchées de manière disproportionnée par le manque de logements abordables et d’accès aux soins. En utilisant l’optique de l’équité sociale, les investissements affecteront directement ou indirectement les communautés qui bénéficient de l’équité, et les opportunités qui produisent des résultats sociaux ou environnementaux positifs devraient être privilégiées. Nous disons clairement que nous considérons que c’est la chose responsable et juste à faire.

Nous pensons également que cette optique peut corriger les biais de notre propre processus d’investissement et nous permettre d’investir dans des opportunités susceptibles de générer de meilleurs résultats financiers. Sur certains marchés mal desservis, nos partenaires sont souvent les premiers ou les seconds à intervenir et ont l’avantage de pouvoir travailler avec des entreprises remarquables, non découvertes, qui n’ont qu’un accès limité aux capitaux pour prospérer. L’optique de l’équité sociale peut nous permettre d’examiner les opportunités sous de multiples angles et de mieux comprendre s’il existe une différence entre le risque réel et le risque perçu. En mettant l’accent sur les marchés mal desservis présentant des opportunités inexploitées et en apportant une vision plus complète des risques, l’optique de l’équité sociale peut également favoriser la surperformance financière.

Comment le Fonds de finance sociale va-t-il lutter contre l’écoblanchiment et le blanchiment d’impact (impact washing)?

Le Fonds de finance sociale exige une mesure et une gestion actives de l’impact pour tous les investissements. Il s’agit là d’une bonne occasion de créer un niveau plus élevé de normalisation autour d’exigences communes en matière de mesure de l’impact. Cela signifie également qu’il y aura une plus grande responsabilité en ce qui concerne l’obtention de résultats positifs dans toute une série de domaines. En agissant de manière transparente dans nos investissements et en respectant nos exigences en matière de suivi des investissements au fil du temps, nous éviterons la « dilution de l’impact » et démontrerons les avantages authentiques pour les communautés au Canada.


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Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

Auteur

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Lars Boggild

Gestionnaire de portefeuille
Realize Fund I

Realize Fund I est le mandat du Fonds de finance sociale géré par Realize Capital Partners, une entreprise commune entre Rally Assets et Relay Ventures. Travaillant en étroite collaboration avec le CIO de Rally Assets, Lars est responsable de la recherche en investissements privés, de la construction du portefeuille et de la stratégie, et contribuera activement à la gestion du portefeuille dans le cadre de cette stratégie de marché privé. Lars apporte une décennie d’expérience à ce poste, tant du côté de la demande que de l’offre sur le marché de l’investissement d’impact. Il a construit des produits et levé des capitaux importants, et a également été un investisseur qui alloue et déploie des capitaux. Avant de rejoindre Rally Assets, Lars était gestionnaire des investissements d’impact chez Vancity, où il était responsable de la gestion d’un portefeuille diversifié d’investissements dans des fonds canadiens axés sur l’impact.