Alors que l’année 2022 continue d’être ponctuée de perturbations météorologiques et de catastrophes climatiques dans le monde entier, la pression s’accentue pour que les secteurs public et privé soutiennent et atteignent les objectifs de zéro émission nette. Cependant, le Canada occupe une position unique et est confronté à un défi dans le cadre de la transition mondiale vers une économie carboneutre.
En 2018, le gouvernement du Canada a nommé le Groupe d’experts sur la finance durable pour présenter une série de recommandations visant à mettre à l’échelle et à aligner « l’expertise, de l’ingéniosité et l’influence du secteur financier vers les défis et les possibilités que posent les changements climatiques » Parmi ces recommandations figuraient les suivantes :
« Encourager les principaux gestionnaires d’actifs canadiens à mettre sur pied un programme national de mobilisation mené par les investisseurs, analogue au modèle de l’initiative Climate Action 100+, pour pouvoir tenir un dialogue plus cohérent et plus large avec les émetteurs canadiens. Responsable : La communauté canadienne de la gestion des actifs. »
Climate Engagement Canada (CEC) est la réponse à cet appel à l’action, et vise à devenir le modèle canadien d’action climatique menée par les investisseurs. Cette collaboration nationale, la première du genre, s’appuie sur l’initiative mondiale Climate Action 100+ (CA100+), qui vise à faire en sorte que les plus grandes entreprises émettrices de GES prennent les mesures nécessaires pour lutter contre le changement climatique. CA100+ est une initiative dirigée par des investisseurs et axée sur des entreprises dont les émissions sont estimées ou déclarées élevées. Sur les 167 émetteurs avec lesquels CA100+ s’engage, seuls six sont canadiens : NRL, Enbridge, Imperial Oil, Suncor, TC Energy et Teck. En ce sens, ECC reprend là où l’initiative CA100+ s’arrête.
ECC a été lancée en octobre 2021 pour favoriser le dialogue avec les entreprises canadiennes émettrices afin de promouvoir une transition juste vers une économie sans émission nette et, grâce à une collaboration constructive, gérer de manière ambitieuse les risques liés au changement climatique tout en tenant compte des facteurs propres au Canada. Alors que nous nous dirigeons vers un monde à émissions nettes nulles, il est primordial d’engager un dialogue constructif avec les principaux émetteurs pour assurer le succès de la transition du Canada vers une économie à faibles émissions de carbone et la prospérité à long terme des collectivités canadiennes.
Principes directeurs de l’engagement
Les engagements d’ECC visent à discuter en collaboration avec les conseils d’administration des entreprises et les dirigeants des préoccupations et des attentes de la communauté financière concernant une transition rapide vers une économie à faible émission de carbone. Il s’agit notamment d’outils et d’approches d’engagement partagé, allant de lettres formelles à des réunions permanentes avec la direction de l’entreprise. Plus précisément, les engagements d’ECC s’articulent autour des objectifs suivants :
- définir la responsabilité et la surveillance des risques et des occasions liés au changement climatique ;
- développer une feuille de route claire ancrée dans des stratégies globales pour réduire leurs émissions de GES à travers leurs chaînes de valeur ;
- fixer des objectifs mesurables et pertinents pour leur secteur ;
- divulguer les données climatiques en s’alignant sur la meilleure norme du Groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques (TCFD) ; et
- aligner les activités de plaidoyer, y compris celles menées par l’intermédiaire des associations industrielles, sur les objectifs de l’Accord de Paris.
De CA100+ à ECC
ECC maintiendra les éléments de base de CA100+, tel que discuté par les dirigeants d’ECC lors d’une conversation en groupe à la conférence virtuelle de l’AIR. L’analyse comparative est un élément clé de cette approche. L’indice de référence Net Zero Company de CA100+ est utilisé pour évaluer les performances des entreprises par rapport à trois objectifs de haut niveau : la réduction des émissions, la gouvernance et la divulgation. ECC utilisera ce cadre robuste comme point de départ et trouvera des occasions de développer et d’intégrer, si nécessaire, une approche canadienne à ce cadre et à cette méthodologie.
« L’un des grands avantages de cette initiative est que tous les travaux d’analyse comparative qui seront réalisés pourront être mis à profit par les organisations, et ce, de manière cohérente. Ce travail peut être utilisé dans nos décisions d’investissement et de vote par procuration. »
– Barbara Zvan, présidente et chef de la direction, University Pension Plan Ontario et présidente du comité directeur d’ECC, lors de la discussion de groupe d’ECC de la Conférence virtuelle de l’AIR 2022.
Adapter l’approche au contexte canadien
Les investisseurs participants à ECC gèrent plus de 3 600 milliards de dollars d’actifs, et beaucoup d’entre eux participent également à des engagements dans le cadre de CA100+. ECC est mise en œuvre par plusieurs réseaux d’investisseurs, dont l’Association pour l’investissement responsable (AIR), l’Association des actionnaires pour la recherche et l’éducation (SHARE) et Ceres. L’initiative est également soutenue par les Principes pour l’investissement responsable (PRI).
L’application du travail de pionnier de CA100+ à la transition vers une économie nette zéro au Canada s’accompagne de plusieurs défis et possibilités. Pour que la transition soit inclusive et réussie, il faut tenir compte de son impact sur tous les groupes. Les indicateurs de transition juste qui évaluent la prise en compte et l’atténuation des impacts de la transition sur la main-d’œuvre canadienne et les communautés autochtones font partie des considérations de l’indice de référence Net Zero Company Benchmark d’ECC.
« Nous avons une économie autochtone remarquable et en plein essor. Nous devons avoir l’expertise nécessaire pour savoir où l’économie autochtone se développe et comment elle peut être incluse dans cette transition, et non pas simplement être écartée comme cela a été le cas dans toutes les manifestations précédentes de cette économie. »
– Kevin Thomas, chef de la direction de SHARE, Secrétariat d’ECC, lors de la discussion de groupe d’ECC de la Conférence virtuelle de l’AIR 2022
Travailler ensemble pour établir des liens avec l’économie nette zéro
ECC est supervisée par ses participants par le biais de son comité directeur et de son comité technique, qui renforcent et orientent ses travaux. L’initiative fait appel aux principaux dirigeants du secteur financier par l’intermédiaire de son comité consultatif sur le leadership dans l’industrie, et s’associe à des institutions telles que la Bourse de Toronto pour assurer une communication de grande envergure avec les sociétés canadiennes émettrices. En outre, ECC engage et inclut l’expertise d’un large éventail d’expériences pour soutenir le succès collectif, y compris : les relations de travail et les transitions de la main-d’œuvre, les transitions justes, le savoir-faire et les affaires autochtones, les groupes de réflexion, les organisations environnementales, la gouvernance d’entreprise, la divulgation d’informations et les connaissances comptables, parmi d’autres thèmes stratégiquement pertinents.
Compte tenu du rythme des changements nécessaires pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, le rôle qu’ECC et ses divers intervenants peuvent jouer au Canada est à la fois passionnant et stimulant. Comme l’a résumé Karen Lockridge, directrice de l’investissement ESG du Régime de retraite de Postes Canada et présidente du comité technique d’ECC, au cours de la discussion de groupe d’ECC lors de la conférence virtuelle de l’AIR :
« Nous dépendons tous de la santé, de la résilience et de la prospérité de l’économie et du système financier canadiens. ECC y contribue en apportant un message cohérent de la communauté financière, en soutenant l’alignement de l’industrie et en apportant une approche collaborative et unifiée de l’engagement. »
Pour en savoir plus, la session d’ECC de la Conférence virtuelle de l’AIR 2022 est disponible en ligne.