Vous trouverez ci-dessous un bref résumé de la session de la conférence de l’AIR 2019 intitulée «L’avenir de la finance durable au Canada – Discussion avec le groupe d’experts».
De plus en plus, les gouvernements reconnaissent que le changement climatique pose plusieurs risques à la stabilité de l’économie mondiale. À la suite de l’établissement d’un groupe d’experts de haut niveau sur la finance durable par la Commission Européenne en décembre 2016, plusieurs pays, incluant la Chine, la France, et le Royaume-Uni, ont décidé de suivre l’exemple en établissant des groupes similaires au niveau national. Ces groupes ont souvent comme mandat de consulter plusieurs intervenants sur la finance durable, afin d’offrir des recommandations pour mieux diriger les capitaux publiques et privés vers les investissements durables et mieux protéger le système financier contre les risques environnementaux.
Au printemps 2018, la ministre de l’Environnement et du Changement climatique et le ministre des Finances se sont joints à leurs pairs internationaux en nommant 4 professionnels chevronnés pour former le groupe d’experts sur la finance durable au Canada. Deux de ses membres, dont Kim Thomassin, première vice-présidente des Affaires juridiques et Secrétariat à la CDPQ, et Tiff Macklem, doyen de l’École de gestion Rotman à l’Université de Toronto et l’ancien premier sous-gouverneur de la Banque du Canada, ont discuté de leur progrès avec Roger Beauchemin, Président et chef de la direction d’Addenda Capital, pendant une séance plénière à la Conférence de l’AIR 2019.
Depuis son développement, le groupe d’experts a publié un rapport provisoire résumant plusieurs tables rondes avec des représentants du secteur financier, des entreprises, du secteur public, et des milieux universitaires. Malgré l’enthousiasme de tous les participants, « nous constatons que le Canada ne semble pas être aussi proactif que certains de nos pairs face à la finance durable… Plutôt que de s’éparpiller sur plusieurs initiatives, il faut se concentrer sur celles que nous pouvons avoir un véritable impact », a mentionné Mme Thomassin. Le Canada se trouve dans une position délicate, ayant une économie largement dépendante des industries extractives. Le défi sera de concevoir des structures et des outils financiers qui pourront faciliter la transition vers une économie à faible émission de carbone.
Le processus de consultation a aussi mis en évidence le manque de coordination et de stratégie au niveau des différents acteurs, particulièrement dans le secteur financier. Par exemple, ce n’est pas difficile de comprendre pourquoi les entreprises dans l’industrie des assurances, surtout au niveau de l’assurance Incendie, Accidents et Risques Divers (IARD), sont les plus avancées pour analyser les effets du changement climatique sur leurs activités commerciales. Cependant, « quand nous regardons les banques, elles sont probablement les moins avancées », a indiqué M. Macklem. « Pour ces derniers, les actionnaires ne mettent pas autant de pression, l’horizon prévisionnel est quand même très court, et les organismes de règlementation ne les ont pas encore poussés très fortement ».
C’est clair que le Canada fait face à des problèmes complexes, ce qui nécessitera des solutions complexes. Le rapport final du groupe d’experts, prévu pour fin mai / début juin, constituera environ quinze recommandations, dont l’une d’elles est la création d’un « centre d’éducation pour l’information climatique et analytique ». Ce dernier répondrait à l’enjeu que ressent la plupart des intervenants en termes d’accès à des données centralisées, fiables, et non-dispendieuses. De plus, le groupe a considéré les risques politiques en créant leurs recommandations, dans le cas où il y aurait un changement de gouvernement. Pendant la période de questions, Mme Thomassin a clarifié : « Une de nos recommandations est qu’il y ait un organisme qui soit chargé de faire vivre nos recommandations, donc peu importe les changements politiques ou non, qu’il y ait une permanence qui soit créée suite à nos recommandations ». Enfin, la communauté financière décidera si elle veut mener, et non subir, la transition vers une économie durable, et alors un Canada responsable.