Arguments en faveur des filtres carbone dans les portefeuilles et les fonds consacrés aux facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG)

27 janvier 2021 | Jonathan McGuire

Dans le lexique de l’investissement responsable, le concept d’empreinte carbone est reconnu comme un paramètre important pour l’analyse des activités d’une organisation, exprimé en poids d’émissions de dioxyde de carbone (CO2).

Vous serez peut-être surpris d’apprendre qu’une partie de son origine est une histoire typiquement canadienne. En 1996, le docteur William Rees, universitaire canadien, a publié l’ouvrage Notre empreinte écologique : Comment réduire les conséquences de l’activité humaine sur Terre, en collaboration avec Mathis Wackernagel, alors étudiant. Le livre et le concept d’« empreinte écologique » ont jeté les bases du développement d’outils quantitatifs pour mesurer l’impact humain sur l’environnement.

La popularisation du terme « empreinte carbone » a toutefois une genèse plus insolite : une campagne de relations publiques menée au début des années 2000 par British Petroleum (BP), intitulée Beyond Petroleum. À cette époque, des critiques affirment, dans des publications comme The Guardian, que BP attribue la responsabilité aux consommateurs plutôt qu’aux grandes entreprises qui pourraient apporter de réels changements. Pendant ce temps, BP a dévoilé un « calculateur d’empreinte carbone » permettant aux consommateurs d’évaluer comment leurs habitudes seraient responsables du réchauffement climatique.

Aujourd’hui, la mesure de l’empreinte carbone est devenue un moyen efficace de comparaison des entreprises et des secteurs pour les analystes des facteurs ESG. Elle est également devenue un outil de sélection de plus en plus populaire au sein des fonds d’investissement responsables.

Pour les raisons de rendement et de perception décrites ci-dessous, j’estime que les fournisseurs de fonds devraient adopter davantage le filtrage basé sur les émissions de gaz à effet de serre et que les investisseurs devraient le rechercher lorsqu’ils choisissent des fonds d’investissement responsables.

Filtres de faible émission de gaz à effet de serre et rendement

Sur une base annuelle, les stratégies qui tiennent compte des faibles émissions de gaz à effet de serre semblent avoir généralement donné de meilleurs résultats que les stratégies « vanille » qui ne tiennent pas compte de l’empreinte carbone. L’exemple ci-dessous est un écran de catégorie des FNB d’actions mondiales inscrites à la cote canadienne, où j’ai supprimé les FNB assortis de mandats thématiques et environnementaux, sociaux et de gouvernance (« ESG ») ou d’investissement responsable (« IR ») à l’aide des données de Morningstar Direct. Je les compare ensuite à l’univers des actions mondiales canadiennes qui se compose de stratégies ESG/IR. La barre verte représente le sous-ensemble des stratégies ESG/IR qui utilisent un filtre carbone.

Rendement par filtre

3 mois 6 mois CUM 1 an
Actions mondiales-ESG/thématique/faible émission de gaz à effet de serre 9,03 14,26 7,8 7,8
ESG + faible émission de gaz à effet de serre 8,27 16,81 16,54 16,54
Faible émission de gaz à effet de serre 9,82 19,3 21,62 21,62
Source: Morningstar Direct, as at December 31, 2020
Les taux de rendement indiqués sont des rendements globaux composés annuels historiques, qui tiennent compte des changements de valeur par part et du réinvestissement de tous les dividendes ou de toutes les distributions, mais qui ne tiennent pas compte des frais d’acquisition, de rachat, de distribution, des frais facultatifs, ni de l’impôt à payer par tout porteur de titres, qui auraient réduit les rendements. Les taux de rendement indiqués dans ce tableau ne prédisent pas les valeurs futures du FNB ni les rendements des placements dans les produits.

Le filtre de faible émission de gaz à effet de serre ajouté à un mandat ESG existant a accru davantage les rendements (la catégorie de faible émission de gaz à effet de serre semble à elle seule avoir surpassé l’ESG + faible émission de gaz à effet de serre). Mon hypothèse est que l’élimination complète des entreprises de production de combustibles fossiles a permis de supprimer un secteur clé de l’entrave au rendement en 2020. Bien sûr, avec la reprise naissante des stocks de combustibles fossiles, notamment des stocks énergétiques à la fin de 2020, je constate un certain rebond cyclique dans la catégorie des mandats d’actions non ESG/IR au Canada.

Au-delà des données récentes sur les rendements, des changements sociétaux transformateurs sont actuellement observés qui vont probablement amplifier cette tendance. La coopération internationale croissante et les initiatives politiques des gouvernements, y compris la taxation du carbone, la surveillance accrue et le désinvestissement des extracteurs de combustibles fossiles, ainsi que la domination continue sur le marché du secteur technologique relativement moins intensif en émissions de gaz à effet de serre sont autant de facteurs importants qui ont favorisé les entreprises à faible émission de gaz à effet de serre.

Principaux éléments à prendre en compte pour les fonds

Même dans le contexte actuel de la pandémie de COVID-19, les Canadiens soulignent que le changement climatique continue d’être considéré comme un problème « extrêmement grave » auquel nous faisons face. En ce qui concerne les placements, selon le sondage d’opinion 2020 de l’Association pour l’investissement responsable, 72 % des investisseurs canadiens sont intéressés par l’investissement responsable, qui intègre des facteurs sociaux, environnementaux et de gouvernance.

J’estime que la vérification des filtres d’empreinte carbone est une mesure nécessaire et objective pour un portefeuille véritablement responsable sur le plan environnemental, car elle présente aux consommateurs le contexte complet de l’incidence positive ou négative de leurs placements sur l’environnement.

Actuellement, il existe de nombreux fonds portant la mention ESG qui incluent des entreprises à forte empreinte carbone, y compris dans l’industrie pétrolière et gazière. Bien que certaines entreprises poursuivent peut-être des initiatives visant à réduire leur empreinte, je suis d’avis que les extracteurs de combustibles fossiles ne sont pas des entreprises respectueuses de l’environnement, surtout lorsque les 20 principales entreprises qui ont contribué aux émissions de gaz à effet de serre de 1965 à 2017, pour une valeur de 480 milliards de tonnes, sont toutes des entreprises d’extraction de combustibles fossiles.

Ces entreprises faisant partie d’une industrie à fortes émissions de gaz à effet de serre, je considère qu’il est peu probable qu’elles soient représentées au sein d’un fonds qui utilise des méthodes et un filtrage d’entreprises à faibles émissions de gaz à effet de serre. J’estime également qu’il est peu probable qu’un investisseur, soucieux de l’impact environnemental de son portefeuille, choisisse un fonds reconnu comme respectueux de l’environnement, mais comportant de grands pollueurs.

Conclusion

Il importe de noter qu’il n’existe pas d’approche unique pour le filtrage des sociétés émettrices de gaz à effet de serre. Par exemple, en plus d’autres méthodes de sélection, y compris l’exclusion des producteurs de combustibles fossiles, les entreprises faisant partie du FNB Horizons Indice chefs de file mondiaux en matière de durabilité (ETHI) doivent avoir une efficacité carbone qui les place dans le premier tiers des entreprises de leur secteur respectif. ETHI n’est pas seul dans cette catégorie. D’autres filtres fondés sur les émissions de gaz à effet de serre, y compris ceux avec un seuil d’émissions plafonné, pourraient ne pas tenir compte de certaines des entreprises détenues dans ETHI, estimant que les actions de géants mondiaux qu’il détient, comme Apple, ont une empreinte carbone trop élevée pour ses critères.

En fin de compte, je considère les filtres carbone comme un outil efficace qui a non seulement contribué au rendement supérieur constaté récemment par rapport aux fonds non soumis à un filtre carbone,[1] mais qui renforce également la légitimité et la perception des méthodes d’investissement respectueuses de l’environnement. J’invite les fournisseurs de fonds à étudier la possibilité d’adopter davantage le filtrage carbone dans leurs portefeuilles d’investissement responsable et les investisseurs soucieux de l’impact environnemental de leurs portefeuilles à rechercher activement des fonds qui incluent ce type d’investissement.

Tout placement dans le FNB Horizons Indice chefs de file mondiaux en matière de durabilité géré par Horizons ETFs Management (Canada) Inc. (le « FNB ») peut donner lieu à des commissions, à des frais de gestion et à d’autres frais. Le FNB n’est pas garanti, sa valeur fluctue fréquemment et son rendement passé pourrait ne pas se répéter. Le prospectus contient des renseignements détaillés importants au sujet du FNB. Veuillez lire le prospectus avant d’effectuer un placement.

Sources:

[1] Morningstar Direct, en date du 31 décembre 2020

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Auteur

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Jonathan McGuire

Directeur des communications d'entreprise
Horizons ETFs

Jonathan McGuire est le directeur des communications d'entreprise chez FNB Horizons. Il est un membre de l'Association pour l'investissement responsable et a obtenu le titre de Professionnel certifié en investissement responsable (RIPC).