Pour maximiser votre exposition à la transition énergétique, pensez thématique

6 mai 2021 | John A. Cook

Les propriétaires d’actifs connaissent et comprennent depuis des années les risques associés au changement climatique – la menace qu’il représente pour les entreprises, les pays et les gens. Et ils ne sont pas restés les bras croisés. Nous avons assisté à la signature des Principes des Nations Unies pour l’investissement responsable par de nombreux propriétaires et gestionnaires d’actifs et à un désinvestissement à grande échelle des combustibles fossiles par des particuliers et des institutions représentant plus de 14 billions de dollars américains.1

Mais si les signatures et le désinvestissement peuvent aider, ils n’alimenteront pas l’avenir. Sur la route qui nous attend, il y a un pas de géant économique et sociétal entre les anciennes méthodes de production et de consommation d’énergie et une nouvelle économie énergétique durable, efficace et qui ne ressemble en rien à ce qui est en place aujourd’hui.

Surnommé la « grande transition énergétique », ce saut de l’ancien au nouveau se produit maintenant et il est motivé par des thèmes puissants qui changent fondamentalement la façon dont nous produisons et consommons de l’énergie.

Cette transition est alimentée par un ensemble important et croissant d’industries, de secteurs et d’entreprises qui font et fabriquent ce qui est nécessaire pour soutenir la transformation. Nous pensons que cela représente une occasion sans précédent pour les propriétaires d’actifs d’investir dès le début et d’apporter une contribution significative à un avenir durable. Mais être exposé à ces occasions peut être un défi, surtout si les propriétaires d’actifs adoptent une approche d’investissement trop étroite.

Les gestionnaires environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) ont enregistré d’énormes afflux en 2020, même au milieu de la pandémie de COVID-19. En apparence du moins, une approche intégrée ESG semble cocher toutes les bonnes cases pour les propriétaires d’actifs lorsqu’il s’agit d’investir de manière durable. Lorsque nous l’examinons en profondeur, cependant, certaines limites deviennent évidentes.

Une comparaison côte à côte de l’exposition sectorielle dans les indices MSCI et MSCI ESG (principalement axé sur les entreprises ayant des comportements ESG positifs) montre que les deux se distinguent à peine l’un de l’autre (Graphique 1).

Figure 1 : Exposition du secteur – MSCI World par rapport à MSCI World ESG

Comparez cela à l’exposition sectorielle de notre Fonds d’actions environnementales mondiales Mackenzie et de FTSE Environmental Opportunities – où les industries et les services publics sont en tête, deux secteurs dans lesquels les entreprises font réellement le travail nécessaire pour passer à de nouvelles formes d’énergie (Figure 2).

Figure 2 : Exposition du secteur – MSCI World par rapport à FTSE EO par rapport au Fonds d’actions mondiales de l’environnement Mackenzie

Se concentrer uniquement sur les stratégies intégrées ESG peut limiter le potentiel des investisseurs à bénéficier de la croissance qui va accompagner la transition énergétique. D’autre part, nous pensons que les entreprises qui font les « choses » pour l’économie durable et à faible émission de carbone représentent une opportunité énorme pour les investisseurs, à condition qu’ils commencent à chercher au bon endroit.

Les stratégies thématiques environnementales identifient les industries et les entreprises en fonction des thèmes stimulant le changement climatique ainsi que les solutions pour faciliter le passage des anciennes aux nouvelles formes d’énergie. Ces opportunités tournent dans une large mesure autour de la façon dont nous créons et utilisons l’énergie – et elles sont vastes.

Aujourd’hui, le monde consomme environ 14 milliards de tonnes d’équivalent pétrole (160 000 TWh) en énergie chaque année pour alimenter notre économie mondiale de 88 000 billions de dollars.2 Une proportion étonnante de 84 % de cette énergie provient de combustibles fossiles.3 De plus, une grande partie de notre infrastructure électrique actuelle dépassera sa durée de vie opérationnelle et devra être remplacée, à un moment où la demande mondiale d’électricité augmente de 2,8 % par an.4

Bon nombre des solutions à ce problème se trouvent juste devant nous. Depuis 2012, l’énergie solaire et éolienne gagne des parts de marché. Et, bien que celles-ci représentent respectivement environ deux à trois pour cent et de cinq à six pour cent de la production mondiale actuelle, le coût de construction de nouvelles centrales représente la moitié de celui de la construction de nouvelles centrales au gaz ou au charbon.5 L’année dernière seulement, 90 % des nouveaux investissements dans la production d’électricité ont été consacrés aux énergies renouvelables.6

Mais ce n’est toujours pas assez. En 2009, l’International Energy Agency (IEA) avait prédit que le monde aurait besoin de 37 billions de dollars en investissements d’ici 2030 pour stabiliser les émissions de gaz à effet de serre à des niveaux durables et éviter les pires changements climatiques.7 Selon la propre analyse de l’OCDE et de l’équipe de Mackenzie Greenchip, des investissements annuels de l’ordre de 2,5 billions de dollars sont nécessaires pour atteindre ses objectifs en matière de changement climatique. Cependant, au cours de chacune des quatre dernières années, l’investissement n’a été que d’environ 800 milliards de dollars, laissant un écart de 1,7 billion de dollars.8

Pour comprendre où la grande transition énergétique a déjà un impact profond, il suffit de regarder comment certains grands secteurs évoluent et les investissements qui seront nécessaires dans les années à venir :

  • Transport : Les voitures et les bus seront de plus en plus alimentés à l’électricité.
  • Construction : Les ampoules DEL remplacent les ampoules incandescentes et fluorescentes tandis que les chaudières au gaz et au mazout sont remplacées par des thermopompes électrifiées optimisées avec des logiciels informatisés de gestion énergétique des bâtiments.
  • Fabrication : Des firmes d’ingénierie spécialisées redessinent les usines, remplaçant les anciens ventilateurs, emboutisseurs, bandes transporteuses par des moteurs à vitesse variable, des semi-conducteurs de gestion de l’énergie et des systèmes informatiques.
  • Agriculture : Les nouvelles technologies de précision changeront la façon dont nous fertilisons et irriguons l’agriculture.

Il convient également de noter que, si les stratégies thématiques offrent une exposition à certains grands noms comme Siemens, Hitachi ou Johnson Controls, la grande majorité des participations sont des entreprises qui ne sont probablement pas familières à la plupart des gens. Au lieu de cela, les investisseurs thématiques peuvent exploiter une opportunité qui comprend les fabricants d’infrastructures électriques et les entreprises qui produisent et vendent l’équipement nécessaire pour rendre l’économie plus résiliente pour l’avenir. Bien qu’elles ne soient pas de grandes marques, ces entreprises ont des produits et des services indispensables.

Compte tenu de l’éventail des opportunités, nous pensons que les propriétaires d’actifs ne peuvent pas être suffisamment exposés à cette transition par le biais de stratégies intégrées ESG typiques. Ils doivent également envisager d’affecter à des investissements plus directement impliqués dans la grande transition énergétique et dans une optique thématique environnementale. L’ESG doit être considéré comme un outil dans la boîte -mais ce n’est probablement pas la solution complète. Une approche thématique peut aider les investisseurs à se concentrer sur les thèmes qui comptent.

Le saut énergétique a créé une myriade de nouvelles façons de penser et de lutter contre le changement climatique – et c’est vraiment la voie à suivre pour un avenir durable.

Sources :

[1] Source : Go Fossil Free

[2] BP Statistical Review of World Energy 2020 & Our World in Data, 2019

[3] BP Statistical Review of World Energy 2020 & IEA, avril 2020

[4] Global Energy Statistical Yearbook 2020

[5] Lazard Levelized Cost of Energy Analysis 2020

[6] Tech Crunch November 2020 & Renewable energy defies Covid-19 to hit record growth in 2020, The Guardian, novembre 2020

[7] “World needs $48 trillion in investment to meet its energy needs to 2035.”, International Energy Agency, 2014.

[8] Private Finance for Sustainable Development. Remarks by Angela Gurria, OECD, 29 janvier 2020.

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Auteur

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John A. Cook

Vice-président principal, gestionnaire de portefeuille et engagement des investisseurs, co-chef d’équipe
Mackenzie Greenchip Team

La carrière de John dans le secteur des placements a commencé en 1991. Il était président de Greenchip Financial Corp. depuis sa création en 2007 et s’est joint à Placements Mackenzie en 2021. Avant Greenchip, John a dirigé le développement de l’entreprise dans l’un des plus grands centres d’innovation au Canada. Il a également occupé plusieurs postes de direction au sein de sociétés canadiennes de fonds communs de placement. John est titulaire d’un baccalauréat en administration des affaires de l’Université Queen’s et de l’accréditation de Gestionnaire de placements agréé (CIM).