Mesure de l’impact social : les placements au service des collectivités

22 février 2022 | Anna Murray

En matière d’investissement durable, l’industrie de la gestion d’actifs s’est historiquement concentrée sur les facteurs de gouvernance et sur les facteurs environnementaux. Le mouvement vers la mesure de l’empreinte environnementale des entreprises est très visible : les engagements publics d’investisseurs de toutes tailles et formes, de gestionnaires d’actifs et d’entreprises à atteindre le zéro émission nette se multiplient. Cependant, la mesure de l’impact social des placements est tout aussi importante pour le secteur financier et les discussions qui ont lieu à l’échelle mondiale autour de la création d’un monde plus durable. Pour que les gestionnaires d’actifs accomplissent des progrès significatifs dans la réalisation des objectifs de durabilité, nous devons investir d’une manière qui tient compte non seulement de l’environnement, mais aussi des personnes et des collectivités.

Certaines initiatives, comme les Principes pour l’investissement responsable (PRI) et le Global Real Estate Sustainability Benchmark (GRESB), ont établi des cadres permettant à notre industrie de suivre les progrès autour des facteurs ESG. Auparavant privés de renseignements détaillés sur la diversité du personnel d’une entreprise ou les émissions de ses bâtiments à l’échelle mondiale, les investisseurs se tournent vers ces cadres pour suivre les répercussions de leurs portefeuilles sur le monde. Cela a mené à des rapports plus normalisés sur les facteurs environnementaux, de même que sur la diversité, l’équité et l’inclusion. En effet, les investisseurs arriment les questions de contrôle préalable aux normes mondiales les plus élevées.

Mais les impacts sociaux des placements ne sont pas toujours faciles à quantifier. Le gestionnaire d’actifs peut jouer un rôle important dans la collecte de renseignements sur le financement des projets et des entreprises. Il peut notamment aider ces entreprises à améliorer les façons dont elles affectent la vie des gens. En augmentant la quantité de données qu’il recueille sur l’impact social, tout en offrant aux investisseurs et à leurs placements des moyens d’influer positivement sur le monde, le gestionnaire d’actifs a la possibilité de faire œuvre utile.

Les sociétés de gestion d’actifs peuvent et doivent utiliser la technologie et les ressources à leur disposition pour sensibiliser les investisseurs aux impacts sociaux de leurs portefeuilles. Dans le cadre de ses travaux visant à rendre notre monde plus équitable, BentallGreenOak (BGO), qui fait partie de Gestion SLC, a mis au point un outil d’évaluation de l’impact social : c’est l’une des premières applications fondées sur des données propres aux facteurs sociaux dans le secteur des titres de participation et de créance immobiliers. Conformément aux objectifs de développement durable établis par l’Organisation des Nations Unies et à d’autres pratiques exemplaires internationales, la création de cet outil a aidé BGO à évaluer le profil social de ses actifs, y compris leur incidence sur la santé et le bien-être, la croissance économique et les inégalités dans nos collectivités. L’outil a été lancé en 2020 dans plus de 400 propriétés, qui représentent un actif géré de plus de 27 milliards de dollars US à l’échelle mondiale.

Grâce au temps et aux ressources consacrés à la création et à l’expansion de cet outil, nous avons une nouvelle perspective sur ce qui contribue à l’excellence du rendement social des actifs. Par exemple, nous réfléchissons davantage à l’évolution constante du transport urbain et à la façon dont nos bâtiments pourront accueillir davantage de vélos et d’autres moyens de transport écologiques. Nous constatons aussi à quel point nos investissements dans les espaces communs (salles de réunion, installations récréatives, options de restauration saine et de conditionnement physique, etc.) sont appréciés et sont devenus essentiels pour l’acquisition et la rétention des locataires. En outre, alors que nous nous lançons dans des plans de renouvellement des actifs, nous explorons comment nous pouvons favoriser la lumière naturelle, l’air frais et l’expression artistique dans nos environnements intérieurs. La nécessité de composer avec la COVID-19 nous a poussés à accélérer, à l’échelle de nos portefeuilles, nos plans de mise en place de pratiques d’exploitation exemplaires et de nouvelles dépenses en capital pour pallier les contrecoups actuels et futurs de maladies infectieuses.

Le gestionnaire d’actifs d’aujourd’hui est un mobilisateur socialement responsable qui doit être capable d’intégrer ses actifs dans le tissu social de sa collectivité afin de garantir une croissance et une valeur ajoutée à long terme. Nous sommes appelés de plus en plus à faire une introspection honnête sur les personnes et les talents que nous avons rassemblés pour mener à bien notre parcours ESG, et à réévaluer nos lacunes en matière de diversité, d’équité et d’inclusion. Dans la mesure où nous continuons à investir dans des établissements culturels et commerciaux dynamiques et cosmopolites, la composition de notre effectif doit également refléter cette même richesse et cette diversité. Ce sont nos investisseurs et nos locataires qui nous responsabilisent sur ce plan. Nous apprenons chaque jour à quel point nous sommes meilleurs lorsque des dirigeants de diverses origines, générations et identités contribuent aux décisions que nous prenons dans la salle du conseil et dans nos installations. Les immeubles peu performants qui deviennent désuets au fil du temps souffrent presque toujours d’un détachement de leur environnement communautaire et de leur cadre social. Être victime de ce phénomène est un véritable défi existentiel qui ne peut plus être pris à la légère.

En créant cet outil, nous avons également appris à intégrer des équipes ayant divers niveaux d’expérience en matière de placements ESG dans le processus de mesure de l’impact social. En tant qu’entreprises socialement responsables, nous sommes tous des adeptes de l’ESG et nous devons tous être parfaitement conscients du rôle que nous jouons en matière d’excellence dans ce domaine. Le chemin vers un monde plus durable est sinueux et les acteurs de notre industrie se sont engagés dans cette voie à différentes étapes de leur carrière et de différentes façons. En tant que gestionnaires d’actifs, nous devons aller à la rencontre de nos propres employés là où ils en sont dans leur parcours, en créant des outils et des programmes qui les aideront à revoir la façon dont ils abordent les impacts sociaux de leurs portefeuilles.

La maxime « c’est un marathon, pas un sprint » peut être appliquée aux défis externes qui se sont présentés lorsque nous avons lancé l’outil exclusif d’évaluation de l’impact social de BGO. Les données sociales, que les normes internationales incitent les investisseurs à demander, présentaient des lacunes. Mais plus important encore, un manque de compréhension de l’importance de mesurer les impacts sociaux dans un portefeuille est ressorti. Les normes de tierces parties peuvent aider à suivre les progrès des entreprises mondiales, mais elles ne leur fournissent pas toujours des moyens d’apporter des changements. Des plans d’action sont essentiels pour les entreprises des secteurs qui ont une empreinte sociale et environnementale importante dans le monde, comme les sociétés industrielles. Un des éléments clés de cet outil est qu’il fournit des stratégies sur mesure quant à la façon dont chaque actif et, en définitive, les portefeuilles peuvent améliorer leur impact social au fil du temps. À l’heure actuelle, le secteur financier n’a pas toutes les réponses quant à son rôle dans l’amélioration de ce paysage. Nous devons continuer à innover et à faire évoluer nos propres processus de placement afin que nos clients sachent comment leur argent est mis au service de nos collectivités. Nous devons être transparents dans nos communications avec les clients, en leur donnant plus de renseignements concrets sur les progrès que nous pouvons tous réaliser en matière d’équité sociale grâce aux placements.


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Anna Murray

Cheffe, facteurs ESG à l’échelle mondiale
SLC Management

Anna Murray est directrice générale et cheffe, facteurs ESG à l’échelle mondiale à Gestion SLC. Toute sa carrière, elle a développé des stratégies générales au sein d’importantes multinationales dans le monde entier. Elle continue aussi son travail auprès de BentallGreenOak, le gestionnaire de placements immobiliers de Gestion SLC. Elle y dirige l’équipe des placements durables, qui travaille à intégrer la gestion du risque et la création de valeur dans la gestion des placements et les décisions qui s’y rattachent. Anna est coprésidente du groupe de travail sur les biens du comité d’investissement de l’Initiative financière du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE FI). Elle est aussi fondatrice de l’organisme sans but lucratif Young Women in Energy. Elle siège au conseil d’administration du Conseil du bâtiment durable du Canada (CBDCa) et est coprésidente du comité sur l’environnement de la Pension Real Estate Association (PREA). Anna a reçu de nombreuses distinctions, dont celles des 40 Canadiens performants de moins de 40 ans et des 100 femmes les plus influentes du Canada. De plus, elle a remporté un prix Clean50 et le prix Making a Difference for Women. Elle est titulaire d’un MBA et d’un diplôme en droit avec spécialisation en justice environnementale et en durabilité.