Changements climatiques : Attitudes des investisseurs et propositions des actionnaires

6 mai 2021 | Maia Becker

L’apparition d’une nouvelle maladie à coronavirus (COVID-19) a été au cœur des préoccupations des investisseurs tout au long de 2020, puisque la maladie a perturbé les économies, les marchés financiers, les collectivités, les voyages et le commerce. Parallèlement, la sensibilisation des investisseurs aux critères environnement, société et gouvernance (ESG) a augmenté et l’intérêt de ces derniers à intégrer pleinement ces importants critères dans leur processus de placement s’est accru. Et parmi les facteurs qui retiennent leur attention, il y a les changements climatiques.

Dans le sondage sur l’investissement responsable 2020 réalisé par RBC Gestion mondiale d’actifs, qui étudie les attitudes des investisseurs institutionnels à l’échelle mondiale, les changements climatiques s’est avérée être la deuxième principale préoccupation des répondants sur le plan des critères ESG, après la lutte contre la corruption. Il reste par contre encore beaucoup à faire ; dans la meure où 60 % des répondants ont affirmé que la politique de placement de leur entreprise ne traitait pas des changements climatiques. D’ailleurs, il est intéressant de souligner que les résultats varient énormément d’une région à l’autre. Il n’y a seulement qu’en Europe (65 %) que la majorité des répondants ont déclaré que leur entreprise parlait des changements climatiques dans sa politique de placement. Or, seulement 31 % des investisseurs en Asie, 30 % des investisseurs au Canada et 17 % des investisseurs aux États-Unis en ont dit autant. Enfin, à l’échelle mondiale, 12 % des répondants ont reconnu ne pas savoir si la politique de placement de leur entreprise traitait de ce sujet ou non.

Ce sondage a en outre révélé les préférences des investisseurs en ce qui concerne les initiatives pour le climat. À l’échelle mondiale, la stratégie la plus populaire était d’investir dans les énergies renouvelables (55 %), suivie de près par des placements dans des sociétés carboneutres ou à faible émission de carbone (54 %), ainsi que dans sociétés à forte émission de carbone en voie de devenir des entreprises à faible émission de carbone (48 %). Les résultats du sondage portent tout de même à croire que les préoccupations entourant les changements climatiques continuent de croître. Le risque climat arrive au deuxième rang derrière les risques liés à la chaîne logistique parmi les répondants qui ont dit que la pandémie les avait incités à s’intéresser de plus près aux critères ESG.

Les entreprises affirment que leurs actionnaires leur demandent de prendre de plus en plus de mesures pour lutter contre les changements climatiques. Le Financial Times rapporte qu’aux États-Unis et au Canada, l’appui moyen accordé par les investisseurs aux résolutions des actionnaires qui concernent l’environnement a augmenté à 32,7 % au premier semestre de 2020, contre 21,9 % en 2019. L’appui donné aux résolutions relatives à l’environnement reste une tendance minoritaire, mais cette dernière semble s’accentuer rapidement.

Les votes par procuration réfléchis sur les propositions d’actionnaires concernant les changements climatiques sont l’un des moyens dont disposent les gestionnaires d’actifs pour aborder les risques et les occasions que présentent les changements climatiques pour les sociétés dans lesquelles ils investissent. RBC Gestion mondiale d’actifs (RBC GMA) a souvent vu dans le passé des propositions d’actionnaires liées au climat demandant que les sociétés rendent compte de leurs initiatives en matière de durabilité. Si nous avons continué de constater de telles propositions d’actionnaires lors de la période de vote par procuration 2020, nous avons également été témoin du dépôt de propositions demandant aux sociétés d’adopter une vue d’ensemble des changements climatiques dans le cadre de leur stratégie globale.

Un autre moyen dont disposent les gestionnaires d’actifs est celui de se regrouper. L’initiative Climate Action 100+, dont RBC GMA est signataire, est née de la collaboration d’investisseurs qui cherchent à entretenir un dialogue actif avec les principales sociétés ouvertes émettrices de carbone d’importance systémique à l’échelle mondiale, ou avec les sociétés qui présentent un grand potentiel d’accélération de la transition vers une économie à faible intensité de carbone. Depuis le lancement de l’initiative en 2017, 120 sociétés ont nommé, au conseil d’administration ou à un comité de surveillance, une personne responsable de la surveillance des enjeux liés aux changements climatiques, 50 sociétés se sont fixé pour objectif d’atteindre un bilan carbone d’ici 2050 ou avant, et 59 sociétés appuient les recommandations du Groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques. Au cours de la dernière période de vote par procuration, plusieurs propositionsd’actionnaires liées aux changements climatiques ont été déposées auprès de sociétés du secteur de l’énergie et du secteur manufacturier qui sont visées par l’initiative Climate Action 100+.2 Parmi les succès notables de cette initiative, notons le fait qu’une importante société énergétique américaine a commencé à divulguer de plus amples renseignements sur ses activités de lobbying se rapportant aux engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris.

Les effets des changements climatiques sont systémiques et sans précédent. Ils se font déjà sentir. À titre de gestionnaires d’actifs et d’investisseurs, et de gérants des avoirs de nos clients, nous croyons que la prise en compte des risques et des occasions engendrés par les changements climatiques dans notre méthode de placement peut améliorer nos résultats à long terme corrigés du risque. C’est pourquoi, en 2020, nous avons officialisé notre approche des changements climatiques, qui vise à intégrer pleinement les risques et les occasions associés aux changements climatiques dans les processus de placement, à faire de la gérance active en communiquant notre point de vue grâce à des votes par procuration réfléchis et à un dialogue avec les sociétés afin qu’elles envisagent des mesures d’adaptation aux changements climatiques et d’atténuation de leurs effets, puis à offrir des solutions axées sur les clients et à produire des rapports qui répondent à leurs besoins.

Cet article fait partie d’une nouvelle série fondée sur les résultats du sondage sur l’investissement responsable de RBC Gestion mondiale d’actifs en 2020. Ce sondage, intitulé « Investissement responsable : Adoption mondiale – divergence régionale », révèle des faits intéressants sur la prise en considération des critères environnement, société et gouvernance (ESG) par les investisseurs institutionnels mondiaux.

Sources :

[1] Financial Times, Climate change: asset managers join forces with the eco-warriors, 26 juillet 2020

[2] Période de vote par procuration 2020, Climate Action 100+, 2020.

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Auteur

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Maia Becker

Directrice générale, Gouvernance et investissement responsable
RBC Global Asset Management

Maia Becker Directrice générale, Gouvernance et investissement responsable RBC Gestion mondiale d’actifs Inc. En tant que directrice générale, Gouvernance et investissement responsable à RBC Gestion mondiale d’actifs Inc., Maia Becker est responsable de la conception de méthodes de mesure et de surveillance des changements climatiques pour les portefeuilles de placements. Elle aide les équipes des placements à comprendre les répercussions des changements climatiques sur l’économie et le système financier. Mme Becker a été récompensée par le prix Clean50 du Canada en 2019 pour avoir fait progresser la gestion des risques climatiques au sein des Institutions financières.