L’investissement responsable (IR) est l’intégration des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans les décisions d’investissement. Ce type d’investissement a grandement évolué au cours des dernières années, et l’on pourrait aller jusqu’à dire qu’il est sur le point de devenir monnaie courante. Ainsi, c’est près de 50 % des avoirs des grands investisseurs institutionnels dans le monde qui se sont engagés dans l’investissement responsable.
L’investissement responsable au cœur des stratégies de placement
Si l’IR semble avoir souffert au départ d’une certaine incompréhension de la part du public quant à ses retombées, tant sur le plan des critères ESG que du rendement proposé, il est évident que les investisseurs et les conseillers sont de plus en plus disposés à l’adopter. Plusieurs facteurs ont permis ces avancées, et parmi eux, on retrouve l’information sur les sujets ESG maintenant publiée par les émetteurs de titres. Ainsi, il est possible et de plus en plus courant de voir des stratégies de placement qui mettent, au cœur de leur design, un ou plusieurs critères ESG.
Dans le domaine de l’investissement responsable, la majorité des acteurs utilisent aujourd’hui des stratégies de mise en œuvre de l’IR pour réduire les impacts négatifs ESG découlant des activités des organisations dont les titres se retrouvent en portefeuille, ou encore pour choisir les bons joueurs, soit les titres qui sont positionnés avantageusement par rapport aux enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance.
Les objectifs de développement durable comme cadre de référence
C’est le 1er janvier 2016 que sont entrés en vigueur les 17 Objectifs de développement durable (ODD) du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Parmi eux, on compte notamment la promotion de l’égalité des sexes, de la santé et du bien-être et l’accès à une éducation de qualité pour tous. Ces objectifs furent adoptés par les dirigeants du monde en septembre 2015 lors d’un Sommet historique des Nations Unies. De ces 17 objectifs découlent des cibles, au nombre de 169, ainsi que 232 indicateurs, qui ont été révisés en mars 2017[1].
Il semble que les ODD deviennent un cadre de référence de plus en plus étudié. Il y a entre autres le regroupement des signataires des Principles for Responsible Investing (PRI) qui s’y attarde. En effet, dans un rapport intitulé « What do the UN sustainable development goals mean for investors?[2] », les PRI invitent les investisseurs à en apprendre davantage sur les ODD, à s’engager à intégrer les ODD dans leurs considérations de placement pour lancer un signal au marché et ainsi influencer les entreprises à en tenir compte et à se mettre en action.
Par exemple, le Fonds Desjardins SociéTerre Actions positives investi de façon à avoir un impact mondial en accord avec 13 des 17 ODD. Le Fond y parvient en investissant dans une société qui offre des tests qui peuvent servir au diagnostic de maladies infectieuses et non contagieuses, contribuant ainsi au 3e objectif, Bonne santé et bien-être, et dans un fournisseur de microfinance qui opère dans des pays émergents pour faciliter l’inclusion financière et réduire la pauvreté, contribuant au 1er objectif, Pas de pauvreté.
Dans l’industrie du placement, on fait la distinction entre les retombées qui peuvent être mesurables au sein des sociétés ouvertes, dont les actions sont cotées en bourses, et en dehors des marchés publics. Mais dans l’avenir, il faudra s’attendre à ce que l’écart entre les deux terrains se réduise, et à ce que l’on puisse parler de manière uniforme d’un impact, peu importe où il se produit.
Un support de taille
Pour aider à l’élaboration de nouveaux produits de placement et de financement, le Programme des Nations Unies pour l’environnement et son module destiné aux institutions financières (UNEP-FI) a lancé en janvier 2017 les Principles for Positive Impact Finance[3]. Cela découle d’une constatation des Nations Unies : pour atteindre les ODD, il faudra entre 5 T$ US et 7 T$ US par année d’investissement, dont une grande partie proviendra du secteur privé. Comme les outils actuels offrent une possibilité limitée d’apport de capitaux, un groupe de banques s’est formé et a décidé d’élaborer un nouveau cadre de référence pour aider à la création de nouveaux produits. C’est du moins la promesse qu’offrent ces nouveaux principes, dont le travail commence à peine.
Comme plusieurs organisations s’investissent activement pour promouvoir l’adoption de l’IR à travers le monde, il n’est pas surprenant que de nombreuses stratégies financières se dessinent pour ainsi créer de nouveaux produits. L’une des fonctions essentielles des marchés financiers consiste à offrir aux investisseurs des informations qui permettent une allocation efficace des capitaux. Or, les travaux qui sont en cours pour faire en sorte que les retombées soient mises de l’avant permettront certainement d’obtenir des informations plus justes, ce qui pourrait enrichir la prise de décision.
Sources:
- https://unstats.un.org/sdgs/indicators/indicators-list/
- https://www.unglobalcompact.org/library/4631
- http://www.unepfi.org/positive-impact/positive-impact/