Ensemble, nous devons : retour sur la conférence de l’AIR 2019

14 mai 2019 | Personnel de l’AIR

Excitation. Urgence. Responsabilité. C’est ce que vous avez ressenti si vous avez assisté à la Conférence de l’AIR 2019 à Montréal les 24 et 25 avril dernier.

Roger Beauchemin, PDG d’Addenda Capital et vice-président du conseil d’administration de l’AIR, l’a dit très simplement dans son discours d’ouverture; la participation croissante, avec un record de 570 inscriptions et une centaine de plus sur la liste d’attente, témoigne de l’importance de l’investissement responsable, non seulement pour les acteurs des marchés financiers au Canada, mais pour nous tous. « J’espère que vous quitterez cette conférence avec un regain d’énergie et de détermination à changer le monde, car ensemble nous pouvons, et honnêtement, ensemble, nous devons. »

De la gouvernance du changement climatique et des femmes dans les positions de leadership en passant par l’intelligence artificielle et le cannabis, l’événement bilingue de deux jours avait quelque chose pour tout le monde. Si vous avez manqué le plus grand événement ESG au Canada, voici un aperçu de ce qui s’est passé au cours des séances plénières.

Jour 1 de la Conférence de l’AIR 2019

Intelligence artificielle : perturbation responsable?

Il semble que de nouvelles applications pour l’intelligence artificielle (IA) se déploient quotidiennement, transformant nos tâches et occasionnant de nombreuses questions. Comment s’assurer que les données sont utilisées de manière responsable? Comment l’IA affectera-t-elle nos effectifs et à quoi ressemble une transition socialement inclusive? Premier vice-président – Technologies de l’information (CIO), Mouvement Desjardins, s’est joint à David Beauchemin, directeur régional chez Google Cloud, pour démystifier ce que l’IA signifie vraiment et où elle va. Que cela nous plaise ou non, la révolution est là : on estime que 75 % des applications commerciales utiliseront l’IA d’ici 2021.

Cependant, M. Beauchemin a souligné que ce n’est pas parce que nous pouvons l’appliquer que nous devrions – Google suit une approche fondée sur des principes qui limite l’IA aux applications socialement bénéfiques et évite celles qui causent un préjudice ou portent atteinte aux droits internationaux et aux droits de l’homme.

Le « S » dans ESG : le rôle des investisseurs dans le respect des droits de l’homme

Les participants ont eu le privilège d’entendre le professeur John Ruggie de l’Université Harvard, architecte du Pacte mondial des Nations Unies et des Principes directeurs de l’ONU relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme, dans un discours captivant. Le professeur Ruggie a abordé trois points principaux : l’importance cruciale des facteurs ESG dans notre économie mondiale extraordinairement turbulente, le besoin urgent de pousser l’ESG plus loin dans le courant dominant et comment un examen plus scrupuleux de la dimension humaine du « S » peut renforcer la cohérence des données et la confiance dans l’ensemble des facteurs ESG. « Vous ne pouvez pas résoudre un problème avec les outils qui l’ont créé. Nous avons besoin de nouveaux outils – et ESG est l’un de ces outils. »

Les ODD en action : comment allons-nous atteindre les objectifs de développement durable?

Des experts d’Unilever, des chemins de fer Canadien National, de Mercy Investments et de Patrimoine Aviso ont abordé la question : comment les investisseurs et les entreprises peuvent-ils travailler ensemble pour atteindre les ODD? Le modérateur Fred Pinto, V.-p. principal, chef de la gestion d’actif chez Patrimoine Aviso, a préparé le terrain avec l’idée que l’utilisation des ODD comme objectif commun permettra aux entreprises de créer un cadre pour construire un avenir plus durable grâce à de nouveaux produits et services. Tout le monde y trouve son compte.

Le panel a exploré l’idée qu’il ne s’agit pas seulement d’atteindre les ODD, mais également de mesurer la performance des entreprises dans le cadre des ODD. Si les ODD sont la carte mondiale de l’avenir de la prospérité humaine, de la santé et du bien-être, de l’égalité des sexes, de la résilience environnementale et de la sécurité financière, les entreprises doivent débloquer des moyens de réussir en leur sein.

Discours liminaire sur le capitalisme conscient

Bien que le capitalisme reste le meilleur système que nous n’ayons jamais connu pour créer la prospérité, la dure réalité est que « le capitalisme est brisé ». Les externalités négatives sont difficiles à avaler, mais ne peuvent plus être ignorées. Dans son discours liminaire de l’après-midi, Erika Karp, fondatrice et PDG de Cornerstone Capital, a entretenu l’auditoire avec une conversation bien nécessaire sur le fait d’être inconfortable.

Karp est sans aucun doute l’une des rares personnes capables de prononcer un discours avec un équilibre parfait entre la franchise et la légèreté. « Il y a beaucoup de choses avec lesquelles nous sommes très inconfortables, a affirmé Karp, faisant référence aux nombreux défis environnementaux et sociaux auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui. La clé est de les saisir et d’y remédier. » Heureusement, nous assistons déjà à une forte dynamique des différents coins du monde de la finance durable : adoption généralisée des normes de divulgation ESG, les médias sociaux favorisant une transparence sans précédent et un échange d’informations à grande vitesse, l’émergence d’un traitement puissant des données et une meilleure qualité des données, et la le plus grand transfert de richesse entre les mains de la génération la plus socialement consciente et la plus motivée qui soit. Et ce n’est que le commencement.

Gouvernance des changements climatiques

Dirigée par Sophie Lemieux, Vice-présidente, Marchés institutionnels, Fiera Capital la dernière session de la journée a été consacrée à l’émergence du changement climatique en tant qu’enjeu majeur de gouvernance d’entreprise pour les entreprises. Le fardeau de la preuve, a convenu le panel, qui comprenait des représentants de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et de Bâtirente, incombe aux membres du conseil d’administration. Ils ont souligné que les outils n’offrent que des lignes directrices, et non des règles, et qu’il appartient en fin de compte aux membres du conseil d’administration de faire face aux risques liés aux changements climatiques.

Des étapes clés, comme la COP21, peuvent également être utilisées pour guider la planification des changements climatiques pour les conseils d’administration, bien qu’une réglementation soit nécessaire pour créer des informations obligatoires sur cet enjeu. Ce n’est qu’alors que les investisseurs et les entreprises pourront mener une analyse appropriée et avancer systématiquement.

Jour 2 de la Conférence de l’AIR 2019

Avant de plonger dans une autre journée complète de discussions engageantes et de pauses de réseautage bien remplies, la foule a pu écouter les remarques d’ouverture encourageantes de Luc Fortin, président et chef de la direction de la Bourse de Montréal (MX) et chef, activités globales de négociation de Groupe TMX. Après avoir adhéré à l’initiative des bourses durables des Nations Unies (SSE) en février de cette année, TMX a fait preuve de leadership dans la promotion de la performance en matière de durabilité et de transparence sur les marchés financiers.

L’éducation et le dialogue avec l’industrie sont des priorités absolues, c’est pourquoi M. Fortin a été heureux d’annoncer que TMX venait de se joindre à l’AIR en tant que nouveau membre associé. « Pour TMX, la collaboration est essentielle et c’est le catalyseur ultime du succès, a déclaré M. Fortin. Nos clients et intervenants sont nos partenaires de confiance pour rendre les marchés du Canada plus forts et plus résilients. »

L’avenir de la finance durable au Canada : discussion avec le groupe d’experts

Il s’avère que les Canadiens sont encore plus généreux qu’on ne le pensait auparavant. Kim Thomassin, première vice-présidente, Affaires juridiques et Secrétariat à la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), et Tiff Macklem, doyen de la Rotman School of Management de l’Université de Toronto et ancien sous-gouverneur en chef de la Banque du Canada, a discuté avec Roger Beauchemin, PDG d’Addenda Capital, de la consultation approfondie du Groupe d’experts et des défis de la transition du Canada vers une économie faible en carbone.

En général, le public canadien a du mal à voir la durabilité comme une opportunité financière, et presque tous les participants à la table ronde ont soulevé la problématique des données dans l’évaluation des risques climatiques. Un partenariat public-privé axé sur la collecte d’informations climatiques et le développement d’outils analytiques pourrait faire partie de la solution. Le Groupe d’experts publiera son très attendu rapport final et ses recommandations en mai.

L’ESG à long terme : où en sommes-nous et où allons-nous?

Beaucoup considèrent Michael Jantzi, pionnier de l’ESG et chef de la direction de Sustainalytics, comme un leader communautaire dans le secteur de l’investissement responsable. Dans un discours captivant sur l’état actuel et futur de l’ESG, il a fait exactement ce qu’un leader communautaire ferait : reconnaître les progrès et affronter les problèmes. Du côté positif, l’ESG est là pour rester. Une base solide, construite par d’autres il y a plusieurs décennies, s’est traduite par des opportunités de croissance incroyables.

En même temps, avec plus d’opportunités viennent plus de responsabilités. « L’ESG, à ce stade, n’a pas été examiné aussi attentivement qu’il va l’être », a averti Jantzi. Les problèmes les plus graves, cependant, bouillonnent sous la surface. « Nous assistons à un effritement de la civilité dans le discours », ajoute-t-il, faisant référence à la politisation et à la polarisation croissantes des enjeux ESG parmi la population générale. « Si vous pensez que [ces enjeux] sont importants pour pour la non-politisation, alors nous devons nous impliquer. »

Gérer le capital humain pour accroître la valeur actionnariale

La valeur d’une entreprise se mesure par les employés qui la composent. Alors, comment les investisseurs et les entreprises peuvent-ils travailler ensemble pour gérer efficacement le personnel et créer plus de valeur pour les employés, la direction et les actionnaires? Le modérateur Olivier Gamache, président du Groupe Investissement responsable (GIR), a été rejoint par les panélistes Armelle de Vienne, associée principale, analyse ESG chez Rockefeller Capital Management, Valérie Cecchini, vice-présidente et gestionnaire de portefeuille chez Mackenzie Investments, et Erica Coulombe, associée chez Millani, pour discuter des nombreuses formes de gestion du capital humain, notamment pratiques d’embauche, formation, le bien-être et la rétention des employés.

La discussion a porté sur le fait que la gestion du capital humain n’est pas un défi singulier, surtout si l’on considère les différences entre les industries et les régions. En raison de ces complexités, certaines entreprises ont du mal à créer une stratégie globale et à communiquer précisément les résultats. Cependant, la conclusion de la discussion était claire : il existe une corrélation entre une gestion efficace du capital humain et la performance financière.

Les femmes dans les postes de direction : comment les entreprises et les investisseurs peuvent-ils accélérer les progrès en matière d’égalité entre les sexes?

La diversité des sexes au niveau des conseils d’administration est au point mort au Canada et ailleurs. Il s’agit d’un enjeu ESG que les investisseurs et les entreprises sont en mesure de traiter très efficacement, améliorant ainsi le leadership et la diversité aux échelons les plus élevés de l’échelle de l’entreprise. Alors, comment pouvons-nous accélérer les progrès? Selon les panélistes Sherazad Adib, directrice principale de Catalyst, Tina Debos, consultante principale, diversité et inclusion chez Bell, Vicki Bakhshi, directrice principale, chef de la gouvernance et de l’investissement durable chez BMO GMA, et la modératrice Milla Craig, présidente et chef de la direction de Millani, les investisseurs ont plusieurs les outils à leur disposition, notamment :

  • l’introduction d’un nombre limite de mandats pour encourager le changement;
  • plus d’engagement des investisseurs pour encourager les objectifs de diversité au niveau de l’entreprise
  • la création de fonds communs de placement qui mettent l’accent sur la diversité des sexes
  • la mise à jour de la législation qui reflète le point de vue des investisseurs et des entreprises aujourd’hui
  • l’élargissement des qualifications pour les postes au conseil; et
  • une meilleure mesure et divulgation de la diversité et de l’inclusion.

L’alpha et le bêta de l’investissement ESG

Selon Thierry Roncalli, responsable de la recherche quantitative chez Amundi Asset Management, le moment est venu pour les investisseurs d’agir. Nous sommes confrontés à des enjeux mondiaux qui remettent en cause notre modèle économique, comme les changements climatiques, et bien que de nombreux investisseurs aient accueilli l’ESG dans leur stratégie d’investissement, d’autres restent hésitants. La question la plus courante pour les retardataires est peut-être la plus évidente : quel est le lien entre ESG et performance?

Roncalli suggère que les résultats sont mitigés. Jusqu’en 2014, les recherches ont montré que l’ESG pouvait nuire aux performances, mais les données plus récentes sont beaucoup plus positives, montrant une corrélation entre la valeur à long terme et les scores ESG positifs. Une partie du problème est que les scores ESG sont relatifs et non absolus. Par conséquent, lorsque vous les comparez à d’autres indicateurs, comme le score de crédit, ils sont moins cohérents.

Lorsque les investisseurs considèrent ces informations ESG supplémentaires, comme le risque extrafinancier et la gestion des risques à long terme, il existe un lien étroit entre l’ESG et la performance. Message de conclusion de Roncalli à un public de plusieurs centaines de professionnels de l’investissement : « Si nous évoluons collectivement, nous pouvons voir que nous sommes capables de déplacer le marché. »

Ceci est un résumé des sessions plénières de la Conférence de l’AIR 2019. Les diapositives de la conférence et plus d’informations sur certaines sessions sont disponibles ci-dessous :

La conférence de l’AIR 2020 se tiendra à Toronto du 8 au 9 juin. Inscrivez-vous ici pour des mises à jour sur l’inscription, les conférenciers et plus encore! Inscrivez-vous maintenant.

Avertissement
Les points de vue et opinions exprimés dans cet article reflètent ceux des intervenants et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’endosse, ne recommande ni ne garantit aucune des affirmations des intervenants. Cet article est destiné à fournir des informations générales.

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L’Association pour l’investissement responsable (AIR), une association canadienne de l’industrie qui se consacre à l’investissement responsable. Les membres de l’AIR comprennent des gestionnaires d’actifs, des propriétaires d’actifs, des conseillers et des fournisseurs de services qui appuient notre mandat de promotion de l’investissement responsable sur les marchés de détail et institutionnels du Canada.