De l’investissement dans des projets locaux à la consolidation du portefeuille : promouvoir la résilience pour assurer un rendement à long terme

La résilience climatique ne peut pas attendre. C’est un investissement intelligent et essentiel.

Le risque climatique n’est plus une menace lointaine, mais une réalité bien présente aux répercussions financières, sociales et environnementales concrètes. On ne peut plus simplement « s’assurer contre » ce risque, car les assureurs réévaluent leurs couvertures ou se retirent du marché en raison de la hausse des coûts, de l’incertitude croissante des modèles de risque traditionnels et de l’instabilité financière accrue. Les propriétaires d’actifs, des municipalités aux fonds de pension, doivent donc assumer tout le poids de la volatilité climatique. Le message est clair :

La résilience climatique n’est plus une option, mais une nécessité pour préserver la valeur à long terme d’un investissement.

Lorsque les assureurs fixent le prix des risques liés au climat, les détenteurs d’actifs doivent aller plus loin. Ils doivent protéger activement leurs actifs contre les répercussions des changements climatiques, plutôt que de compter uniquement sur les prestations d’assurance. Concrètement, cela signifie renforcer la résilience des portefeuilles et des projets en concevant et en modernisant les actifs physiques pour qu’ils résistent aux nouvelles réalités d’un environnement en mutation. Les preuves à l’appui de cette approche sont convaincantes.

Prenons l’exemple des milliards de dollars perdus à cause des récentes catastrophes au Canada. Les inondations de 2021 en Colombie-Britannique ont emporté des autoroutes et des voies ferrées, celles de 2023 en Nouvelle-Écosse ont endommagé des infrastructures essentielles et les incendies de forêt record en Alberta et au Québec ont détruit des collectivités et perturbé les chaînes d’approvisionnement. Rien qu’en 2024, le Bureau d’assurance du Canada a recensé 8,5 milliards de dollars de pertes assurées liées aux événements climatiques extrêmes. Ces pertes représentent des maisons détruites, des entreprises perturbées, des infrastructures endommagées et des communautés peinant à se remettre. Les coûts économiques et sociaux de l’inaction sont tout simplement trop élevés.

Il ne s’agit pas d’événements isolés, mais plutôt d’événements fréquents et récurrents qui ne ne feront que s’intensifier à l’avenir. Leur récurrence souligne l’urgence d’une réorientation du marché qui privilégie les investissements dans des projets axés sur la résilience. Pour les investisseurs institutionnels, ce contexte représente une nouvelle occasion importante : le marché de la résilience.

L’essor du marché de la résilience

Investir dans l’adaptation climatique, qu’il s’agisse d’investissements dans des infrastructures résilientes ou de solutions fondées sur la nature, peut apporter une stabilité et une valeur à long terme aux collectivités et aux économies locales et nationales, ainsi qu’aux investisseurs. Le marché de la résilience se concentre sur des projets qui réduisent les émissions et renforcent activement les collectivités contre les répercussions des changements climatiques.

Une grande partie de ce travail commence à l’échelle locale, où une stratégie d’investissement solide en matière de résilience comprend des investissements dans les systèmes énergétiques, les réseaux de transport, les installations communautaires et d’autres infrastructures locales. Le renforcement de la résilience de ces actifs essentiels joue un rôle central dans la protection des résidents, le maintien des économies locales et l’assurance d’une stabilité à long terme.

Le défi de cette approche repose souvent dans l’agrégation, la normalisation et la mitigation des risques des projets, car les projets municipaux individuels sont souvent trop petits ou trop complexes pour les investissements institutionnels traditionnels. C’est là que le financement mixte joue un rôle essentiel.

Le pouvoir du financement mixte

La combinaison de capitaux publics et privés peut être une approche très efficace pour mettre en œuvre des solutions à long terme. Les structures de financement mixte peuvent s’appuyer sur des décennies d’expertise du secteur public en matière de finances municipales, en utilisant des fonds publics catalyseurs pour remplir trois fonctions essentielles :

  • Développer un profil de risque et de rendement attrayant pour les partenaires privés;
  • Normaliser les structures d’investissement et créer une échelle;
  • Réduire les risques des projets en phase de démarrage, surtout dans de nouveaux secteurs comme la résilience et l’adaptation.

En combinant stratégiquement les capitaux publics et privés, les structures de financement mixte peuvent relever ces trois défis afin de débloquer des projets qui autrement ne pourraient pas attirer les capitaux institutionnels. Les fonds publics peuvent servir à absorber le risque initial et rendre ainsi les projets plus attrayants pour les investisseurs privés, tandis que les capitaux privés peuvent ensuite être déployés à une échelle que les fonds publics seuls ne peuvent égaler.

Les nouveaux modèles d’investissement dans la résilience

Dans la pratique, il s’agit d’intégrer des stratégies d’investissement conjoint entre le public et le privé, ainsi que des stratégies d’adaptation qui renforcent les actifs. Investir conjointement avec les municipalités canadiennes et structurer des fonds qui débloquent des occasions d’investissement adaptées au risque permet d’ouvrir tout un monde de possibilités. En structurant les fonds de manière à réduire le risque de perte, il est possible d’attirer des capitaux privés pour développer et accélérer la réalisation de projets qui, autrement, auraient du mal à se financer.

Pour les municipalités souhaitant moderniser des infrastructures essentielles afin de renforcer et de maintenir la résilience de leurs collectivités, un modèle de financement mixte pourrait leur permettre de n’apporter qu’une partie du financement, le reste étant assuré par un investisseur institutionnel privé. Le financement public pourrait être structuré de manière à garantir un rendement minimum ou à couvrir un certain pourcentage des pertes, rendant ainsi le projet beaucoup plus attrayant pour un investisseur privé.

Un autre modèle consiste à créer un fonds qui investit spécifiquement dans des projets de résilience communautaire à travers le pays. Un tel fonds pourrait être constitué à partir d’un ensemble de capitaux publics et privés. La contribution publique serait alors axée sur la prise en compte des risques spécifiques à ces projets. Le fonds investirait dans un portefeuille de projets (digues des collectivités côtières, projets de verdissement urbain dans les villes, etc.), répartissant ainsi les risques tout en entraînant des répercussions positives et durables.

Étude de cas : Le programme de prêts Maisons Durables Ottawa, qui offre du financement pour les améliorations énergétiques des maisons et qui est remboursé au fil du temps sur les factures d’impôt foncier (modèle connu sous le nom de PACE, Property Assessed Clean Energy), a été étendu avec succès grâce à un partenariat de financement mixte. Après le lancement de ce dernier en 2021, la Ville d’Ottawa s’est associée à la Vancity Community Investment Bank (VCIB) dans le cadre d’un modèle de financement novateur du secteur privé qui a permis à la Ville d’Ottawa d’étendre le programme. Le partenariat avec la VCIB comprenait une facilité de crédit initiale de 3,9 millions de dollars qui a permis de lancer la première phase du programme, ainsi qu’une deuxième tranche de 30 millions de dollars pour étendre le programme à un plus grand nombre de résidents. L’injection de capitaux privés a permis à ce programme très populaire de continuer à se développer, tirant ainsi parti de l’intérêt du secteur privé pour financer l’action climatique locale essentielle.

Pour les investisseurs, ces nouveaux modèles financiers offrent une voie crédible vers un marché où la demande est démontrée et l’impact est durable, et qui génère de réels rendements financiers. En aidant les collectivités à s’adapter, les investisseurs protègent leurs propres investissements et créent du même coup de nouvelles sources de revenus stables.

Les collectivités obtiennent ainsi les capitaux indispensables pour renforcer les infrastructures contre les inondations, les incendies et les chaleurs extrêmes, protégeant ainsi leurs citoyens et leur économie. Pour le Canada dans son ensemble, cette approche harmonise l’adaptation aux changements climatiques avec la durabilité financière et économique, pour ainsi favoriser la résilience de nos collectivités et de nos portefeuilles.

Un appel à mobiliser les investissements pour la résilience

La communauté canadienne des investisseurs responsables se trouve à un moment charnière. Forte de plusieurs décennies de succès dans la mobilisation de capitaux pour l’action climatique locale, elle a désormais une possibilité réelle d’adopter le financement mixte et de favoriser de nouveaux partenariats entre les secteurs public et privé. Le tout permettrait de débloquer les capitaux nécessaires pour bâtir un pays plus résilient. Grâce à cette approche, nous pourrions passer de la gestion des risques à la création active de valeur en intégrant la résilience climatique dans les fondements mêmes de nos portefeuilles, de nos collectivités et de l’avenir économique du Canada.

En tant que l’un des principaux bailleurs de fonds et investisseurs canadiens dans les projets municipaux de durabilité, le Fonds municipal vert (FMV) de la Fédération canadienne des municipalités (FCM) est idéalement placé pour promouvoir cette approche. S’appuyant sur sa dotation stable, des décennies de succès dans la mobilisation de capitaux pour l’action climatique locale, un solide réseau de plus de 2 100 municipalités membres et un bilan de plus de 1,6 milliard de dollars investis dans plus de 2 700 projets de durabilité depuis 2000, le FMV constitue un pont de confiance entre le capital public et privé.

En créant des opportunités bancables et axées sur l’impact, le FMV offre aux investisseurs une voie crédible vers des projets municipaux évolutifs et à faible risque, répondant à leurs attentes en matière de rendements stables et à long terme. Les investisseurs peuvent renforcer leurs portefeuilles grâce à des placements stratégiques et essentiels dans la résilience, générant une valeur durable tant pour eux que pour les collectivités.

Il est temps d’investir dans la résilience pour transformer les projets locaux en atouts durables pour votre portefeuille, générer des rendements stables et devenir un partenaire dans la construction d’un avenir plus durable et prospère pour tous.


Clause de non-responsabilité de l’AIR

Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

Gouvernance de l’IA : un cadre d’intendance

L’intelligence artificielle (IA) est en train de transformer rapidement les économies et les sociétés, offrant à la fois des opportunités et des gains d’efficacité considérables, mais posant également de profonds défis en matière de gouvernance. Il incombe aux investisseurs institutionnels non seulement de comprendre ces changements, mais aussi d’élaborer des cadres de gestion qui garantissent une création de valeur responsable et durable grâce à l’IA. Gestion de placements TD Inc. (GPTD) a entrepris une analyse exhaustive de la documentation disponible sur la gouvernance de l’IA du point de vue de l’intendance. Notre objectif est de dégager des informations exploitables et de mettre en place un cadre solide adapté à notre programme de gestion responsable, afin de clarifier à la fois l’alignement interne et l’engagement externe.

Gouvernance de l’IA et performance financière

Une gouvernance précoce et proactive au niveau du conseil d’administration est apparue comme un facteur de différenciation clé pour les entreprises intégrant l’IA. Certaines études révèlent que les organisations qui ont commencé tôt à se pencher sur la gouvernance de l’IA, en particulier au plus haut niveau, affichent des performances supérieures aux principaux indices de référence. Les facteurs à l’origine de ce succès sont multiples :

  • Surveillance des technologies dédiées : l’intégration de comités scientifiques, technologiques et d’innovation au sein de la structure du conseil d’administration permet une surveillance ciblée de la stratégie et des risques liés à l’IA. Ces comités jouent le rôle de relais d’expertise, permettant aux conseils d’administration de rester au fait des tendances technologiques et de leurs implications pour l’entreprise.
  • Alignement stratégique et gouvernance : les premiers à adopter des cadres de gouvernance solides sont mieux équipés pour identifier les lacunes stratégiques et de gouvernance, anticiper l’impact de la technologie sur les produits et services et rester agiles pour s’adapter aux changements du marché.
  • Acquisition de talents au sein du conseil d’administration : Les entreprises qui accordent la priorité à la gouvernance de l’IA attirent des administrateurs talentueux possédant des connaissances spécifiques au secteur et une compréhension nuancée du potentiel de transformation de l’IA. Cela favorise ensuite l’harmonisation à l’échelle de l’entreprise entre les stratégies commerciales, de gestion des talents, de confidentialité/cybersécurité/sécurité des données et opérationnelles.
  • Alignement de l’entreprise : les organisations les plus performantes ne considèrent pas l’IA comme une fonction isolée, mais comme un impératif à l’échelle de l’entreprise, veillant à ce que l’innovation s’aligne sur les priorités budgétaires, les améliorations opérationnelles, la stratégie en matière de talents et la sécurité des données.

Il est intéressant de noter que nous avons observé que les entreprises technologiques prospères, dont le modèle économique repose essentiellement sur la technologie, ont tendance à répartir les responsabilités en matière de gouvernance de l’IA entre plusieurs comités. Cette approche distribuée reflète l’omniprésence de l’IA dans tous les aspects de leur activité. Pour d’autres secteurs, cependant, une surveillance ciblée est peut-être la meilleure pratique.

Gestion des risques

Les risques inhérents à l’adoption de l’IA sont multiples et vont bien au-delà des incidents très médiatisés liés aux violations de données ou aux amendes réglementaires. La perspective d’intendance de GPTD met l’accent sur les dimensions suivantes :

  • Risques techniques : les systèmes d’IA sont intrinsèquement complexes et opaques, ce qui soulève des défis tels que les hallucinations (génération de résultats faux ou trompeurs), les biais algorithmiques, les performances peu fiables et les conséquences imprévues, telles que les défaillances technologiques.
  • Risques réglementaires : Le paysage réglementaire de l’IA évolue rapidement. Les entreprises doivent rester vigilantes quant au respect des nouvelles normes, des lois sur la confidentialité des données, du droit du travail et des réglementations spécifiques à leur secteur.
  • Risques organisationnels : La vitesse d’adoption de l’IA peut dépasser la capacité d’adaptation d’une organisation. Sans structures de gouvernance, talents et surveillance des risques adéquats, les entreprises s’exposent à un désalignement stratégique, à des inefficacités opérationnelles et à une atteinte à leur réputation.
  • Risques systémiques : L’interconnexion des systèmes d’IA signifie que les défaillances dans un domaine peuvent rapidement se répercuter en cascade. Les risques systémiques comprennent les perturbations du marché, la désinformation généralisée et la volatilité du marché introduites par un déploiement de l’IA mal gouverné.
  • Risques environnementaux : Avec l’essor de l’IA, l’infrastructure nécessaire pour répondre à la demande a des implications environnementales, en particulier l’augmentation du nombre de centres de données. Ces centres consomment une quantité substantielle d’énergie et nécessitent des quantités importantes d’eau pour le refroidissement. Les risques découlent de leur emplacement, du stress qu’ils exercent sur leur environnement et des méthodes utilisées pour acquérir ces ressources nécessaires.

Une gestion efficace des risques exige une approche prospective et interdisciplinaire qui intègre les perspectives techniques, juridiques, éthiques et opérationnelles dans le cadre de gouvernance.

Problèmes systémiques et opportunités

L’intégration de l’IA dans le système financier et l’économie au sens large apporte des considérations systémiques. Celles-ci représentent à la fois des risques et des opportunités qui doivent être gérés activement :

  • Stabilité du marché : Le commerce et la prise de décision basés sur l’IA peuvent à la fois stabiliser et déstabiliser les marchés. Une surveillance est nécessaire pour s’assurer que les algorithmes agissent avec prudence et transparence.
  • Impact sociétal : L’IA peut favoriser l’inclusion et l’efficacité, mais peut également exacerber les inégalités ou automatiser des catégories entières d’emplois. L’intendance responsable doit tenir compte des répercussions plus larges sur le capital humain.
  • Éthique et confiance : Les entreprises qui privilégient l’IA éthique gagnent la confiance des parties prenantes, ce qui peut être une source durable d’avantage concurrentiel.
  • Innovation : L’IA ouvre la porte à de nouveaux modèles commerciaux, à des informations basées sur les données et à l’excellence opérationnelle, mais uniquement si les risques sont gérés avec prudence et si les opportunités sont saisies.

Stratégies d’IA à l’épreuve du temps

GPTD croit que la pérennité ne consiste pas simplement à adopter la technologie, mais à bâtir des organisations résilientes et adaptables. Cela implique :

  • Gouvernance dynamique : Les cadres de gouvernance doivent évoluer parallèlement aux développements technologiques. Des examens réguliers, la planification de scénarios et l’analyse prospective sont essentiels.
  • Développement continu des talents : Développer l’expertise interne et perfectionner les compétences de la main-d’œuvre protège contre l’obsolescence et positionne les entreprises pour exploiter le potentiel de l’IA.
  • Engagement des parties prenantes : Un dialogue ouvert avec les régulateurs, les clients et les communautés renforce la confiance et permet un apprentissage partagé à mesure que l’IA mûrit.
  • Gouvernance robuste des données : Les données sont la pierre angulaire de l’IA. Les organisations doivent investir dans des pratiques de gestion des données sécurisées, éthiques et transparentes pour soutenir des systèmes d’IA fiables.

Conclusion

La gouvernance de l’IA n’est pas un exercice statique, mais un processus continu qui exige vigilance, adaptabilité et excellence en matière de gestion. Les avantages d’une gouvernance précoce et solide sont évidents : amélioration des performances financières, clarté stratégique et résilience opérationnelle. Inversement, les risques de négligence sont importants, non seulement pour les entreprises de manière individuelle, mais pour le système financier et la société.

Notre cadre d’intendance reflète une croyance en l’innovation responsable. Nous plaidons pour une gouvernance de l’IA transparente, éthique et tournée vers l’avenir, en soutenant à la fois les créateurs et les utilisateurs dans leur navigation dans ce paysage dynamique. Grâce à la collaboration, à l’apprentissage continu et à une attention constante aux risques et aux opportunités, nous visons à préserver la valeur à long terme de nos investissements.


Avis

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Clause de non-responsabilité de l’AIR

Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

Oubliez les gros titres : 2025 a été une bonne année pour l’action climatique

Si vous avez suivi les gros titres cette année, vous pourriez penser que l’action climatique stagne. Le bruit politique, les renversements de politiques et le ciblage des investisseurs et de leurs initiatives collaboratives en matière de climat ont dominé le récit.

Pourtant, sous la surface, les forces structurelles à l’origine de la décarbonation sont plus fortes que jamais. Des États-Unis à la Chine, 2025 a été une année de progrès silencieux.

Pour les investisseurs, ce n’est pas seulement une histoire de résilience, c’est la validation d’une opportunité de croissance structurelle sur plusieurs décennies.

États-Unis : malgré un retour en arrière politique, la transition se poursuit

Malgré la rhétorique du président Trump et ses slogans anti-climatiques — notamment le « green new scam » (nouvelle arnaque verte) —, son projet de loi phare, le One Big Beautiful Bill Act (OBBBA), s’est avéré meilleur que ce que l’on pouvait craindre. Si les généreux crédits pour les véhicules électriques ont été supprimés et les délais pour les crédits aux développeurs d’énergies renouvelables raccourcis, une grande partie de la loi sur la réduction de l’inflation (IRA) de l’ère Biden est restée intacte.

Et grâce au maintien en grande partie intact des règles d’antériorité, les promoteurs tels que NextEra Energy peuvent continuer à bénéficier des crédits de l’ère Biden jusqu’en 2030.[1]

Les énergies renouvelables dominent la nouvelle génération en 2025

Malgré le recul politique, la décarbonisation du secteur énergétique américain se poursuit. En février, alors que le président Trump reprenait ses fonctions, l’Agence américaine d’information sur l’énergie prévoyait que plus de 90 % des nouvelles capacités ajoutées à l’échelle des services publics seraient issues des énergies renouvelables et du stockage par batterie.[2]

Malgré le bruit qui a suivi, les dernières données publiées en août par la Federal Energy Regulatory Commission (FERC) montrent que l’énergie solaire et éolienne représentait 88 % de toutes les nouvelles capacités ajoutées.[3]

Source : FERC

Il ne s’agit pas d’un phénomène passager, mais d’un changement structurel. Des coûts compétitifs et une mise en œuvre rapide favorisent le développement des énergies propres, que le dernier revirement politique n’a pas réussi à freiner.

Qu’en est-il du gaz et du nucléaire?

Le gaz et le nucléaire continueront de faire partie du paysage énergétique à long terme, mais aucun des deux ne peut être développé rapidement. En ce qui concerne le gaz, bien que la demande soit certainement plus forte, une commande de turbine passée aujourd’hui ne sera pas mise en service avant les années 2030.

Et bien que le nucléaire suscite un vif intérêt, notamment de la part d’entreprises liées à l’IA telles que Microsoft, Google, Meta et Amazon, qui souhaitent disposer d’une énergie de base sans carbone, nous avons principalement assisté à la remise en service de centrales récemment mises à l’arrêt. Les nouveaux petits réacteurs modulaires (SMR) restent une perspective pour les années 2030.

Inflexion de la demande pour la première fois en 20 ans

Parallèlement à l’écologisation de l’offre, la demande connaît un revirement. Après des décennies de croissance stagnante, où la nouvelle demande d’électricité a été compensée par des gains d’efficacité, nous constatons aujourd’hui une augmentation de la demande absolue.

Pourquoi?

Nous avons observé trois facteurs structurels :

  • Centres de données et intelligence artificielle (IA) : Les centres de données sont gourmands en énergie. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que d’ici 2030, la demande des centres de données américains aura plus que doublé pour atteindre plus de 400 TWh, contre environ 180 TWh en 2024. C’est plus que la consommation annuelle de la Pologne.[4]
  • Électrification : même si l’adoption des véhicules électriques devrait ralentir en raison de la nouvelle politique américaine, elle s’accompagne d’une augmentation de la charge intersectorielle, avec le remplacement des chaudières à gaz par des pompes à chaleur électriques et l’électrification industrielle.
  • Relocalisation depuis la Chine : l’administration incite les industries à revenir aux États-Unis, ce qui entraîne avec elles des processus à forte intensité énergétique.

En fait, nous supposons que la volonté stratégique des États-Unis de prendre la tête dans le domaine de l’IA et de rapatrier leurs activités depuis la Chine explique pourquoi le recul politique de Trump en matière d’énergies renouvelables a été moins important que prévu. L’Administration se rend compte que les États-Unis ont besoin de toute l’électricité qu’ils peuvent obtenir.

Résultat : la demande d’électricité aux États-Unis devrait croître beaucoup plus rapidement maintenant qu’au cours des deux dernières décennies. Cela présente un vent favorable structurel pour les services publics, les développeurs de réseaux et d’énergies renouvelables et les fournisseurs de services.

Source : Munro Partners et recherche industrielle. Informations préparées en novembre 2024.

Alors, qui en profite?

Il existe de nombreuses façons d’investir dans l’écologisation structurelle en cours du réseau américain et la récente variation de la demande. Quanta Services, une participation de notre stratégie Global Climate Leaders, en est un excellent exemple.

Quanta est spécialisée dans le développement d’infrastructures de réseau et de projets liés aux énergies renouvelables. Avec un carnet de commandes de près de 40 milliards de dollars américains et des relations de longue date avec les principaux promoteurs immobiliers, l’entreprise est bien placée pour tirer parti de l’augmentation des dépenses consacrées au réseau électrique et aux énergies renouvelables.

Le contexte mondial : 195 moins 1 n’égale pas 0

Accord de Paris : les États-Unis se retirent, personne ne les suit

Au début de l’année 2025, les États-Unis se sont retirés de l’Accord de Paris de 2015 sur le changement climatique, mais la réaction mondiale a été éloquente : comme la dernière fois, personne ne les a suivis. Les 194 autres signataires restent engagés.

Aujourd’hui, même sans les États-Unis, les pays représentant environ les trois quarts du PIB mondial et des émissions se sont engagés à atteindre la neutralité carbone.[5] Dans de nombreux cas, ils accélèrent leurs efforts.

L’engagement de la Chine pour 2035 : l’équivalent de deux fois la décarbonation totale du Canada

La Chine reste le plus grand émetteur au monde, avec une contribution estimée à 29 % des émissions mondiales en 2024, selon la Commission européenne.[6]

Nos flux d’actualités étant centrés sur ce qui se passait aux États-Unis, il était facile de passer à côté du premier objectif absolu de réduction des émissions annoncé par la Chine en septembre : 7 à 10 % en dessous des niveaux maximaux d’ici 2035.

Les détracteurs affirment que cet objectif est modeste, mais l’ampleur est importante : réduire les émissions de 10 % en Chine d’ici 2024 équivaut à décarboniser complètement le Canada non pas une, mais deux fois![7]

Parallèlement, la Chine vise à porter la consommation d’énergies non fossiles à 30 % et à étendre sa capacité éolienne et solaire à 3 600 GW d’ici 2035. Encore une fois, pour avoir une idée de l’ampleur, cela représente plus de trois fois la capacité totale de production d’électricité des États-Unis (selon les niveaux enregistrés en 2023).[8]

Encore une fois, cela représente une énorme opportunité pour les entreprises qui y parviendront et pour leurs investisseurs.

Le stockage de l’énergie : l’épine dorsale du réseau vert de la Chine

Les ambitions de la Chine en matière d’énergies renouvelables ne reposent pas uniquement sur l’énergie solaire et éolienne, mais aussi sur les solutions de stockage d’énergie (SSE). La Chine a besoin de systèmes de stockage d’énergie (SSE) car une grande partie de la capacité solaire déjà installée est réduite (et donc essentiellement gaspillée) en raison d’une offre supérieure à la demande.

À titre d’exemple, au cours du premier semestre de cette année, 33 % de l’énergie solaire produite dans la région occidentale chinoise du Tibet a été réduite. S’ils disposaient de plus de SSE, ils pourraient stocker cet excédent pendant la journée et l’utiliser pendant les pics de consommation en soirée.

Pour y remédier, la Chine a récemment annoncé des politiques de SSE ambitieuses visant à augmenter la capacité de près de 30 % par an à 180 GW d’ici 2027, nécessitant un investissement de 35 milliards de dollars américains, une énorme opportunité de revenus pour les développeurs et les fabricants de batteries.[9]

Alors, qui en profite?

Contemporary Amperex Technology Limited (CATL), une autre société détenue par Global Climate Leaders, surfe sur cette vague. Champion national chinois, CATL détient aujourd’hui la plus grande part de marché mondial (plus d’un tiers) dans le domaine des batteries. Ils prédisent maintenant que la croissance des batteries pour les SSE dépassera celle des véhicules électriques d’ici la fin de la décennie.

Source : Prospectus CATL a1, Rapport GGII (mai 2025). Graphiques préparés en septembre 2025.

Au-delà du bruit

2025 a été une année de contradictions. Les gros titres crient au recul, mais la réalité sur le terrain murmure résilience et inflexion.

Aux États-Unis, la réalité est que, même aujourd’hui, les énergies renouvelables sont beaucoup plus utilisées que les combustibles fossiles. La pénurie d’alternatives bon marché, rapides à déployer et disponibles, et l’inflexion de la demande d’électricité, fournissent un soutien continu.

En dehors des États-Unis, nous constatons que les ambitions en matière de décarbonation sont de plus en plus ambitieuses. L’objectif de la Chine de réduire ses émissions de deux fois celles du Canada d’ici 2035 offre aux investisseurs l’occasion d’investir dans une transformation générationnelle et d’en tirer profit.

Pour ceux qui sont prêts à regarder au-delà des gros titres, 2025 n’est pas un revers pour l’investissement climatique, mais plutôt la confirmation d’une solide opportunité de croissance structurelle sur plusieurs décennies.

Sources:

[1] NextEra Q3 2025 results presentation

[2] https://www.eia.gov/todayinenergy/detail.php?id=64586

[3] https://cms.ferc.gov/media/energy-infrastructure-update-august-2025

[4] Per Ember data https://ember-energy.org/data/yearly-electricity-data/

[5] https://zerotracker.net/

[6] https://edgar.jrc.ec.europa.eu/report_2025

[7] In 2024, Canada’s emissions were 768 mtCO2e, and 10% of China’s emissions was 1,554 mtCO2e https://edgar.jrc.ec.europa.eu/report_2025

[8] In 2023, the U.S. had 1,189 GW of generation capacity: https://www.eia.gov/energyexplained/electricity/electricity-in-the-us-generation-capacity-and-sales.php#:~:text=At%20the%20end%20of%202023,electricity%2Dgeneration%20capacity%20in%202023.

[9] UBS


Clause de non-responsabilité de l’AIR

Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.