Un cadre simple pour électionner et intégrer les données ESG

Selon la Global Sustainable Investment Alliance (GSIA), les actifs étiquetés « ESG » ou « durable » gérés par des professionnels représentaient plus de 30 000 milliards de dollars dans le monde au début de 2018. Cette même année, ils représentaient plus de 50 % de tous les actifs gérés par des professionnels au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande, respectivement.

Au fur et à mesure que les actifs ESG gérés par des professionnels continuent de croître et que de plus en plus d’entreprises réfléchissent à la façon de les intégrer dans leurs processus quotidiens, elles doivent déterminer quelles sources d’informations ESG correspondent le mieux à leur approche d’investissement et à leurs flux de travail. La montée en puissance des initiatives de régulation financière liées aux facteurs ESG est un autre défi constant, car les entreprises sont obligées de réévaluer en permanence leurs stratégies de conformité. Quels que soient le type, la taille et le mandat de l’entreprise, il est particulièrement difficile de sélectionner les données ESG. En effet, il s’agit d’un espace nuancé et en évolution qui ne comporte pas un ensemble unique et définitif de normes sur la façon et les informations à mesurer et à communiquer.[1]

Certains besoins des investisseurs en matière de personnalisation peuvent être satisfaits par un fournisseur unique qui offre des notations ESG. D’autres souhaitent créer des scores personnalisés en combinant et en agrégeant plusieurs ensembles de données. Nous pouvons classer ces approches dans les categories suivantes :

  • Achat : Achat d’un ou de plusieurs ensembles de données qui incluent des scores ESG précalculés. Les investisseurs peuvent utiliser le score ESG de premier niveau fourni pour chaque entreprise ou personnaliser leur analyse en agrégeant les scores de catégorie sous-jacents offerts par le fournisseur.
  • Création : Création d’une mesure personnalisée des performances ESG plutôt que d’utiliser des scores ESG précalculés. Cela nécessitera des ressources supplémentaires et des mesures granulaires sur des questions ESG spécifiques telles que les pratiques de gouvernance et les impacts environnementaux. Créer un score ESG propriétaire garantira à l’investisseur une transparence totale dans le calcul et lui permettra d’adapter la méthodologie pour répondre à ses besoins.
  • Mélange : Personnalisation de l’analyse ESG et création d’une mesure personnalisée en combinant plusieurs ensembles de données ESG avec différents attributs et éléments de données. Cette approche se situe entre les deux catégories précédentes en ce qu’elle nécessite moins de ressources que la création et offre un niveau de personnalisation supérieur à l’achat. L’Association pour l’investissement responsable est un réseau d’investisseurs et de professionnels de l’investissement qui pratiquent et soutiennent l’investissement responsable (IR), qui fait référence aux investissements qui intègrent des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).

La décision d’utiliser l’approche de l’achat, de la création ou du mélange est souvent influencée par les ressources engagées dans la mise en œuvre des stratégies ESG et par l’échelle du projet. Ces ressources peuvent inclure le budget, la taille de l’équipe et l’expérience de travail avec les données ESG. L’échelle du projet dépend du fait que l’investisseur déploie un seul portefeuille ESG ou crée une suite complète de produits ESG ainsi que si l’équipe cherche à monétiser un score ESG personnalisé.

En comprenant les besoins de l’entreprise, les investisseurs peuvent cibler efficacement les fournisseurs qui répondent à leurs critères. Bien que les exigences spécifiques des investisseurs en matière de données varient, deux préoccupations concernent toutes les intégrations de facteurs ESG :

  1. Les réglementations liées aux facteurs ESG continueront sans aucun doute d’évoluer et d’influencer la manière dont les données ESG sont incorporées et évaluées.

    Maintenant que l’UE ouvre la voie avec un cadre réglementaire ESG complet, d’autres régions finiront par lui emboîter le pas. Les nouvelles réglementations obligeront les fournisseurs de données à adapter leur méthodologie ; ils exigeront également des investisseurs qu’ils réévaluent leur intégration de données, leurs mandats de gestion de portefeuille et leurs capacités concernant le reporting. Par conséquent, les investisseurs doivent faire preuve de curiosité dans le processus de sélection des données pour comprendre où ils se situent dans les considérations dont nous avons discuté ci-dessus. Ils devront également examiner comment les fournisseurs s’adapteront à la réglementation à l’avenir afin qu’ils (et leurs clients) puissent mieux comprendre ce qui va arriver.
  2. Les données ESG ne sont pas évaluées isolément et devront être connectées à d’autres contenus dans le processus d’investissement.

    L’épine dorsale de cette connectivité est un modèle de symbologie fiable. Même les données ESG les plus pertinentes sont inutiles sans un ensemble cohérent d’identifiants permanents pour garantir que les données de différents ensembles de contenus sont liées aux mêmes titres dans le temps. Cela est plus facile à dire qu’à faire pour de nombreuses entreprises, car les fournisseurs utilisent souvent des identifiants propres à leurs solutions, ce qui oblige les investisseurs à apprendre et à connecter plusieurs modèles de symbologie.

Alors que les actifs ESG gérés par des professionnels continuent de croître et que de plus en plus d’investisseurs entrent dans l’espace ESG, leur temps ne devrait pas être consacré à naviguer difficilement dans le paysage des fournisseurs de données ESG.

Le cadre établi ci-dessus vise à simplifier ce paysage et à souligner l’importance de comprendre les différenciateurs clés entre les produits ESG. S’il est suivi correctement, il peut être extrêmement utile pour établir des liens entre des considérations internes clés et des fournisseurs spécifiques sur le marché. Plus les entreprises d’investissement passent de temps à évaluer leurs propres besoins et à prendre les mesures nécessaires pour y répondre, plus elles peuvent être confiantes lors de l’élaboration des discussions avec les fournisseurs et de la sélection d’un fournisseur ESG.

Sources:

[1] https://advantage.factset.com/solving-the-esg-data-challenge

Clause de non-responsabilité de l’AIR
Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

ESG et COVID-19: quatre tendances du marché

La pandémie mondiale nous a tous touchés à un niveau profondément personnel. Elle a fait des ravages sur notre société et notre économie en détruisant la demande et en entraînant une quasi-interruption du commerce. Alors que la distanciation physique et les réunions par vidéoconférence sont la nouvelle norme pour les activités sociales, la volatilité et l’incertitude sont la nouvelle norme pour les marchés.

Fondamentalement, nous avons affaire à une crise de santé publique – une crise pour les gens. Pour les investisseurs à long terme, cela soulève des questions sur les mesures que les entreprises prennent pour assurer la sécurité, le bien-être et l’emploi de leur personnel. Après tout, les entreprises sont composées de personnes, et les entreprises les plus résilientes seront celles qui protégeront et conserveront leurs employés talentueux pour se mettre en position de réussir lorsque la reprise commencera.

La pandémie a une multitude d’impacts sur les marchés, y compris le marché de l’investissement responsable (IR), qui intègre des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Voici quatre tendances du marché à surveiller à la croisée de l’ESG et de la COVID-19.

Le « S » passe au premier plan

Comme Benjamin Franklin l’a dit un jour, « il faut beaucoup de bonnes actions pour se bâtir une bonne réputation, et une seule mauvaise pour la perdre ». Étant donné la nature axée sur les personnes de cette crise, la réputation des entreprises pourrait prospérer ou s’effondrer en fonction de la façon dont elles traitent leurs employés et leur communauté. Les études montrent que plus de 80 % de la valeur marchande est basée sur des actifs incorporels tels que la marque et la réputation. À l’ère de la COVID-19, cela met en lumière le « S » dans ESG.

Dans les crises passées, les employés étaient souvent considérés comme des ressources jetables. Mais à l’ère des médias sociaux, des divulgations ESG et des chefs de la direction dénonçant la primauté des actionnaires, il est moins acceptable pour une entreprise publique de construire une stratégie de marge basée sur les licenciements. Plus de 330 investisseurs institutionnels gérant plus de 9,5 billions de dollars d’actifs l’ont clairement exprimé dans une déclaration publique sur la manière dont les entreprises réagissent à la pandémie. Les bailleurs de fonds demandent aux entreprises de prendre toutes les mesures possibles pour retenir les travailleurs, car un chômage débridé ne fera qu’aggraver la crise.

La santé et la sécurité des employés, y compris le bien-être mental, passent également au premier plan. La flexibilité est devenue essentielle pour les considérations relatives à la garde des enfants. Ainsi, alors que les facteurs sociaux avaient auparavant été éclipsés par le changement climatique dans l’espace ESG, ils passent maintenant au premier plan alors que l’on se rappellera des entreprises pour la façon dont elles traitaient leurs employés et les communautés dans lesquelles elles opèrent.

Les investisseurs et les consommateurs peuvent suivre les bonnes actions des entreprises canadiennes dans une nouvelle base de données organisée par la Canadian Business for Social Responsibility and Upswing Solutions.

En outre, la discrimination raciale est devenue très visible ces derniers mois, alors que les journalistes citoyens partagent des vidéos de violence et de brutalité contre les communautés noires et autochtones, souvent aux mains de policiers. Mais l’injustice raciale va bien au-delà de la violence et de l’application de la loi. Des formes non violentes de discrimination raciale et d’iniquité sont présentes dans de nombreux aspects de la société, y compris les entreprises dans lesquelles nous investissons, soulignant encore l’importance des questions sociales dans l’investissement responsable. Apprenez-en davantage ici sur le rôle que les investisseurs peuvent jouer dans la promotion de la diversité et de l’inclusion.

L’ESG apporte l’alpha

Les répercussions économiques de la pandémie ont été énormes. Alors que les marchés boursiers se sont effondrés dans le premier trimestre de 2020, ils ont rebondi dans second. Après l’explosion de l’ESG en 2019, motivée par l’idée que les facteurs ESG sont importants, il est naturel pour les investisseurs de se demander comment les investissements responsables se comportent par rapport au marché plus large en 2020.

Sur le marché canadien, les données pour le premier trimestre de 2020 indiquent que les fonds d’IR ont perdu moins que leurs homologues dans le ralentissement du marché, ce qui renforce encore les arguments en faveur de l’intégration des enjeux ESG dans les décisions d’investissement. Selon les données fournies par Fundata, 83 % des fonds d’IR ont eu un rendement supérieur au rendement moyen de leur classe d’actifs au premier trimestre, et 80 % des fonds d’IR ont connu une performance supérieure au cours de la période d’un an se terminant le 31 mars 2020. Alors que le marché a rebondi au deuxième trimestre, les fonds d’IR ont toujours bien résisté par rapport à leurs pairs issus de fonds conventionnels : 60 % des fonds d’IR canadiens ont surpassé le rendement moyen de leur catégorie d’actifs au cours de la période de trois mois, avec plus de 86 % des fonds d’IR surperformant sur la période d’un an se terminant le 30 juin 2020.

De même, sur le marché américain, une analyse de Morningstar a révélé que 72 % des fonds d’actions d’IR se classaient dans la moitié supérieure de leur catégorie au 2e trimestre et que les 26 fonds indiciels d’actions issus d’IR ont connu une performance supérieure à celle de leurs pairs respectifs issus de fonds indiciels conventionnels.

Les preuves suggèrent que les facteurs ESG apportent l’alpha dans les stratégies actives et passives. Dans le contexte d’une pandémie, ces données étayent l’argument selon lequel l’intégration des enjeux ESG dans les décisions d’investissement peut renforcer la gestion des risques et conduire à une surperformance financière.

Les actifs sont toujours versés dans les fonds ESG

Jon Hale, responsable de la recherche sur le développement durable chez Morningstar, a récemment analysé les flux vers les fonds communs de placement et les FNB sur le marché américain. Malgré le ralentissement, les données montrent que les fonds d’IR ont établi un record pour les flux entrants au cours du premier trimestre. Les 314 fonds d’IR sur le marché américain ont attiré des flux nets d’environ 10,5 milliards de dollars américains au premier trimestre, dépassant le précédent record établi au quatrième trimestre de l’année dernière. Des recherches de Morgan Stanley et Bloomberg ont révélé des tendances similaires.

Nous observons une tendance similaire au Canada, les entrées de fonds d’investissement responsable au premier trimestre dépassant l’ensemble de 2019. Les entrées nettes dans les FNB axés sur l’ESG ont atteint 740 millions de dollars, dépassant largement les 142 millions de dollars investis en 2019. Les données disponibles montrent que les investisseurs restent intéressés par les fonds ESG, et peut-être encore plus dans le contexte pandémique, qui crée un sentiment d’urgence autour des questions sociétales.

Les opportunités d’investissement d’impact sont à la hausse

La pandémie met en lumière les investissements d’impact, alors que des opportunités uniques se présentent aux investisseurs pour aider à résoudre la crise en allouant des capitaux aux organisations qui aident les personnes les plus touchées par la COVID-19. Par exemple, ImpactAssets, basé aux États-Unis, gère un fonds de bienfaisance (FDB) qui fournit un financement aux entreprises sociales naissantes et aux organisations à but non lucratif dans le besoin pendant la récession économique. La société estime qu’elle verra plus de 143 millions de dollars américains investis par son FBD d’ici la fin du second trimestre, soit plus que le total pour l’ensemble de 2019.

Ici, au Canada, Vancity a d’abord lancé un nouveau produit qui permet aux investisseurs de détail de soutenir directement les personnes les plus touchées par la COVID-19. La coopérative de crédit basée en Colombie-Britannique a lancé son dépôt à terme Vancity Unity le 23 mars « pour maximiser l’aide financière disponible pour les gens afin qu’ils puissent se remettre sur pied » pendant cette période de difficultés financières. Les investisseurs bénéficient d’un taux de rendement fixe tout en contribuant à faire face aux conséquences sociales négatives de la pandémie dans leur communauté.

Ces signaux du marché indiquent que les opportunités d’investissement d’impact sont à la hausse alors que les investisseurs cherchent à aider leurs communautés à traverser la crise.

Conclusion

Les preuves suggèrent que la COVID-19 a renforcé les arguments en faveur de l’intégration des facteurs ESG dans les décisions d’investissement, et que le mouvement général du marché vers l’ESG ne sera pas entravé par ce ralentissement. Au contraire, cette crise est susceptible d’accélérer l’adoption de stratégies ESG et d’impact à mesure que les enjeux sociaux passent au premier plan et que les investisseurs ressentent l’urgence de produire un impact et d’aligner leurs investissements sur les objectifs sociétaux.

Cet article a été initialement publié dans Investment Executive et a été republié avec autorisation.

L’alimentation, au cœur de la prochaine pandémie

La COVID-19 a laissé les investisseurs dans le secteur des protéines animales non seulement inquiets d’un choc économique à court terme, mais aussi des risques systémiques à long terme enracinés dans les chaînes d’approvisionnement de l’industrie.

Ces derniers mois ont placé le secteur mondial de la viande et des produits laitiers au centre de l’épidémie de coronavirus et les répercussions ont durement frappé le secteur.

Aux États-Unis, des milliers d’usines d’emballage de viande ont été contraintes de réduire drastiquement la production, plus de 20 000 travailleurs ayant contracté le virus à ce jour. Malgré cela, la plupart des usines restent ouvertes, semant la controverse, en raison d’un décret du Président signé en avril. La perturbation de la chaîne d’approvisionnement a causé des engorgements avec de nombreux producteurs d’animaux forcés d’abattre une immense quantité de bétail accumulé. Au moins deux millions d’animaux auraient été abattus dans des fermes aux États-Unis au cours des six premières semaines de la pandémie.

Les retombées financières de cette situation devraient se faire sentir pendant longtemps dans le secteur de l’élevage, les experts actuels de l’industrie prévoyant des pertes d’environ 20 milliards de dollars uniquement pour cette année. Le responsable des matières premières chez Goldman Sachs a classé le bétail aux côtés du pétrole comme l’un des deux produits les plus précaires pour les investisseurs l’année prochaine.

Éviter la prochaine pandémie

L’un des principaux problèmes de l’industrie est que le modèle d’agriculture industrielle n’est pas seulement vulnérable aux pandémies, il n’est malheureusement pas préparé à atténuer le risque de futures maladies zoonotiques. En effet, il est démontré que la pratique actuelle ouvre réellement la voie à l’émergence d’éventuelles pandémies futures. Un grand nombre d’animaux entassés dans des espaces confinés, combiné à des conditions de travail insalubres, une utilisation excessive d’antibiotiques et des chaînes d’approvisionnement mondiales tentaculaires, créent toutes les conditions idéales pour l’émergence et la propagation de nouvelles zoonoses.

Trois des quatre maladies infectieuses émergentes chez l’homme sont, comme la COVID-19, zoonotiques (c’est-à-dire qu’elles sont transférées entre les animaux et les humains). Malgré cela, un rapport récent de FAIRR, intitulé « Une industrie infectée », a montré que plus de 70 % des entreprises de viande, de poisson et de produits laitiers évaluées étaient mal équipées pour faire face à une pandémie future.

Et le risque de maladie n’est que le dernier d’une longue lignée de facteurs de risque impliqués dans la production intensive de protéines animales. Les émissions élevées et l’utilisation de l’eau continuent de susciter des inquiétudes tant chez les consommateurs que chez les investisseurs, les risques réglementaires et les coûts associés à ces problèmes étant susceptibles de s’accumuler pour l’industrie de la viande dans les années à venir.

Alternatives en hausse

Dans ce contexte d’étagères vides et de préoccupations sanitaires accrues, les substituts de viande à base de plantes ont bénéficié d’une augmentation des ventes des consommateurs pendant la pandémie actuelle. Les ventes de protéines à base de plantes ont explosé ces derniers mois pour connaître une hausse de près de 200 % en avril par rapport à 2019.

Il s’agit d’une occasion pour les entreprises de viande comme les Aliments Maple Leaf du Canada. L’analyse de 60 entreprises mondiales de viande, de poisson et de produits laitiers par le Coller FAIRR Protein Producer Index a révélé que Maple Leaf était devant ses pairs en matière de diversification vers des protéines alternatives et est actuellement le seul producteur de viande à divulguer les ventes de protéines végétales, qui représentent 4,3 % de ses ventes totales.

La concurrence provenant des protéines végétales est difficile à ignorer ; elles sont plus efficaces à produire, ont besoin de moins d’eau et produisent moins d’émissions de gaz à effet de serre par calorie de protéines que la viande. Ils viennent également sans les risques de zoonoses dangereuses associées au bétail. La volonté des consommateurs d’acheter des produits de remplacement semble être passée d’un événement « ponctuel » à une habitude d’achat plus permanente. La prise de conscience croissante du public sur le lien entre les zoonoses et l’agriculture animale intensive, ainsi que le lourd tribut environnemental de la production de viande, indique que cette transition vers les protéines d’origine végétale ne fera qu’augmenter à l’avenir.

Réglementation coûteuse et complexe

Pendant ce temps, les producteurs de protéines animales sont susceptibles d’être contraints de prendre un certain nombre de mesures perturbatrices pour empêcher la flambée de pandémies zoonotiques de devenir « la nouvelle norme ». Une annonce faite en Allemagne en mai 2020 a indiqué que les régulateurs exigeront des normes d’hygiène plus élevées, des régimes d’inspection améliorés ainsi que des amendes pour les violations des droits du travail par les procédés de transformation de la viande. Jusqu’à présent, les conversations réglementaires ont porté sur l’interdiction des exportations vivantes, la lutte contre la surutilisation des antibiotiques, les vaccinations standard et les contrôles d’assurance, et la mise en œuvre de moratoires sur les fermes industrielles. Compte tenu des nuances géographiques autour de la réglementation, les géants multinationaux de la viande auront besoin d’une approche holistique et stratégique pour respecter les normes afin de protéger les chaînes d’approvisionnement mondiales.

Au mieux, une nouvelle réglementation sera coûteuse pour le secteur de la viande. Au pire, le respect des meilleures pratiques s’avérera fondamentalement incompatible avec les modèles d’affaires de l’agriculture animale : l’atténuation à long terme la plus efficace des risques pandémiques passera par la diversification vers les protéines d’origine végétale.

Alors que le monde se reconstitue à la suite de la COVID-19, les investisseurs se tournent déjà vers l’avenir. Les tensions sur le secteur de la viande pendant cette période ont été révélatrices. Plus inquiétant encore, la COVID-19 n’était pas la première et, sans changements importants dans l’industrie de l’élevage intensif, ne sera probablement pas la dernière épidémie de maladie d’origine animale. Les investisseurs se pencheront sur les leçons apprises aujourd’hui pour les pandémies futures à venir.

Clause de non-responsabilité de l’AIR
Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

COVID-19, production alimentaire et rôle de l’engagement des investisseurs

La COVID-19 a eu des répercussions importantes sur la chaîne alimentaire mondiale. Les files d’attente chez les détaillants alimentaires, la pénurie de produits clés et la difficulté de faire ses achats en respectant les mesures de distanciation physique ont touché une grande partie de la population mondiale. Du côté de la production, en particulier dans les usines de transformation de la viande, le manque d’options de distanciation ou d’équipement de protection adéquat contre le virus a rendu beaucoup de travailleurs malades et forcé bon nombre d’usines à fermer. En outre, en raison de l’arrêt de la chaîne d’approvisionnement commerciale, nous avons aussi constaté une augmentation du gaspillage alimentaire.

Impacts sur l’approvisionnement alimentaire

Comme c’est le cas de nombreuses autres chaînes d’approvisionnement, les systèmes alimentaires sont complexes et mondiaux, et ils sont actuellement perturbés par une combinaison de facteurs :

  • Perturbation des récoltes: C’est la saison des récoltes dans bien des régions de l’hémisphère nord. En théorie, cela assure la disponibilité de nourriture locale pendant toute la saison. L’agriculture dépend énormément d’une main-d’œuvre bon marché, mais expérimentée et flexible. Les frontières étant fermées, la main-d’œuvre à faible salaire – venue, par exemple, de l’Europe centrale et de l’Europe de l’Est ou de l’Amérique du Sud (elle aussi en grande partie confinée) pour travailler chez leurs voisins plus riches – est devenue rare. Malgré les dérogations ayant rapidement été mises en place – comme des programmes particuliers de visa –, de nombreux agriculteurs craignent que de grandes parties de leurs récoltes soient gaspillées.
  • Perturbation de la production: La production a été totalement interrompue à divers endroits dans le monde à cause d’éclosions du virus au sein du personnel et de difficultés à mettre en œuvre des mesures de distanciation physique. Les usines de transformation du porc et d’emballage de viande, comme celles des producteurs américains Smithfield et Tyson, en sont des exemples. Pour d’autres, la production pourrait être interrompue en raison d’un manque d’approvisionnement en ingrédients.
  • Perturbation du transport et du commerce: Comme certains ports ne fonctionnent pas comme d’habitude, l’expédition peut être retardée ou annulée. Les trains et les camions de marchandises ne peuvent pas traverser certaines frontières, et certains pays ont suspendu tous les vols.
  • Restrictions à l’exportation: Même si le transport demeure permis, des restrictions à l’exportation peuvent perturber la livraison. La Turquie, qui fournit des citrons au tiers de la planète, limite leur exportation. La Russie, l’Ukraine et la Roumanie figurent parmi les pays qui ont stoppé les exportations de céréales. Bien que ces restrictions soient encore l’exception, leur effet se fait tout de même sentir. La réduction des exportations de céréales touche les éleveurs de bétail. En effet, certains d’entre eux ont déjà de la difficulté à trouver suffisamment de nourriture pour leurs troupeaux1.
  • Déplacement de la demande des entreprises aux détaillants: Les habitudes alimentaires ont changé du tout au tout, les gens mangeant à la maison plutôt qu’au travail ou au restaurant. La demande alimentaire s’est donc soudainement déplacée du secteur des entreprises à celui des commerces de détail. Cependant, les chaînes d’approvisionnement de ces deux secteurs présentent des différences fondamentales sur le plan des quantités, des dimensions, des formats de livraison et d’emballage et des mécanismes de commande, ce qui a donné lieu à une perte de revenus et de nourriture.

Ce sont les pays les plus défavorisés qui subiront les conséquences les plus graves découlant de l’incapacité à relever ces défis. Le Programme alimentaire mondial des Nations Unies signale2 que le nombre de personnes souffrant de la faim en raison de la crise de la COVID-19 pourrait passer de 135 millions à plus de 250 millions et que les pays les moins développés seraient les plus touchés3. La dimension humaine de cette pandémie va donc au-delà des personnes immédiatement touchées par le virus et menace gravement l’atteinte du deuxième objectif de développement durable, qui consiste à éliminer la faim. Dans certaines régions agricoles, des sécheresses et des invasions de criquets rendent la situation encore plus complexe.

Mobilisation

La mobilisation des investisseurs auprès des détaillants, des négociants et des producteurs en ce qui a trait aux systèmes alimentaires durables constitue une partie de la solution au problème. La pandémie confirme la nécessité de faire des simulations de crise dans la chaîne d’approvisionnement, d’avoir un plan efficace de continuité des activités et d’établir des relations solides avec ses fournisseurs au lieu de compter sur des tiers. Certaines entreprises, ayant reconnu les difficultés financières de leurs fournisseurs, payent leurs factures à l’avance ou appuient des programmes de garantie de prêts.

La protection des travailleurs est un élément clé. La chaîne alimentaire est exigeante en main-d’œuvre et se caractérise par des emplois mal rémunérés et souvent difficiles physiquement. Par nos efforts de mobilisation, nous devons aborder et approfondir les défis supplémentaires que la pandémie a posés, comme les difficultés liées à la mise en œuvre de la distanciation physique dans des environnements tels que les usines et les magasins d’alimentation. Cette mobilisation devrait encourager les auteurs de bonnes pratiques (comme les congés de maladie payés) à rendre celles-ci permanentes.

Nos autres options de mobilisation comprennent le fait d’encourager les institutions financières à soutenir les entreprises clientes du secteur de l’alimentation, notamment au moyen de subventions, du report de versements hypothécaires et d’entretiens sur l’allègement de la dette. La mobilisation relative aux dettes souveraines pourrait inclure des discussions sur la minimisation des restrictions à l’exportation et au commerce et sur la constitution responsable de réserves.

Conclusion

Assurer la sécurité alimentaire et la continuité des activités est une tâche complexe qui comporte des défis, notamment la protection des travailleurs, le déplacement de la chaîne d’approvisionnement des entreprises vers les détaillants, et le soutien financier des agriculteurs et des acteurs connexes du secteur.

La mobilisation des investisseurs n’est qu’une petite partie de la solution, mais vu l’ampleur du problème, elle est importante. Les investisseurs ne sont pas seulement des acteurs financiers, mais aussi des acteurs sociaux qui ont une responsabilité sociétale. Pour lutter contre la faim, il faudra que les programmes d’allègement de la dette mis en œuvre par le G20 soient reproduits sur les marchés financiers. Comme le demande le G204, les créanciers du domaine privé doivent étudier les options de suspension des paiements du service de la dette5 pour soustraire certains des pays les plus pauvres à leurs obligations de remboursement immédiat afin qu’ils puissent se concentrer à garantir et à distribuer de la nourriture pour leur population.

Sources:

[1] https://www.bloomberg.com/news/articles/2020-04-10/food-supply-fears-are-growing-as-romania-bans-grain-exports (en anglais)

[2] Rapport mondial sur les crises alimentaires 2020 (en anglais) : https://www.wfp.org/publications/2020-global-report-food-crises

[3] Les pays les plus touchés sont probablement le Yémen, la République démocratique du Congo, l’Afghanistan, le Venezuela, l’Éthiopie, le Soudan du Sud, le Soudan, la Syrie, le Nigeria et Haïti.

[4] Le secteur privé devrait participer au plan d’allègement de la dette des pays pauvres (article en anglais), FT, mai 2020 : https://www.ft.com/content/f4de06d4-8af3-11ea-a109-483c62d17528

[5] Communiqué suivant la réunion des ministres des finances et des gouverneurs de banque centrale du G20, avril 2020 (en anglais)

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Se rajuster pour 2020 : une session de Q&R sur le paysage changeant pour l’investissement ESG

La pandémie de la COVID-19 et les troubles sociaux mis en évidence cette année aux États-Unis et ailleurs ont, plus que jamais auparavant, mis en relief la raison pour laquelle l’ESG est important pour les investisseurs.

Leur réaction et celle de leurs sociétés de portefeuille à ces événements sismiques sans précédent pourraient bien définir la prochaine génération d’investissements. Que font actuellement les institutions pour relever ces défis et comment l’industrie des données, des notations et de la recherche ESG répond-elle à ces besoins ? Et comment les institutions répondront-elles aux millénariaux naissants et à d’autres groupes démographiques importants dont les vues se forgent désormais dans le contexte des événements de 2020 ? Lors de cette séance de question avec Marija Kramer, responsable de la branche ESG chez ISS, qui est la branche d’investissement responsable du conseiller en investissement Institutional Shareholder Services, nous discuterons de ces sujets et d’autres questions urgentes.

Selon vous, quelle est la preuve que la pandémie de COVID-19 a accéléré le passage à l’ESG?

Au début de la pandémie, les experts ont prédit que l’une de ses conséquences serait une plus grande concentration des investisseurs sur les fondamentaux des entreprises au détriment de l’ESG et d’autres considérations extrafinancières. En fait, c’est le contraire qui s’est produit. En guise d’anecdote, nous avons eu de nombreuses conversations avec des clients et d’autres parties prenantes pour leur demander comment intégrer davantage les considérations ESG dans leurs processus actuels de prise de décision en matière d’investissement. Ils veulent s’assurer que leurs portefeuilles sont pondérés en fonction des entreprises axées sur le long terme et qui, par conséquent, sont davantage en mesure de traverser cette tempête que leurs pairs qui gèrent d’un trimestre à l’autre. Empiriquement, nos analystes ont mis en évidence la surperformance ESG depuis la pandémie et, enfin, nous avons vu un record de 18 votes majoritaires sur les propositions d’actionnaires environnementales et sociales au cours de la saison des assemblées annuelles aux États-Unis, contre 12 dans le calendrier 2019. Collectivement, cela représente pour moi une preuve claire que l’ESG gagne en importance à la suite de la pandémie.

Comment la pandémie affectera-t-elle les informations communiquées par les entreprises si, comme vous le faites remarquer, leurs actionnaires se concentrent plus fortement sur les facteurs ESG?

Dans l’ensemble de l’industrie, beaucoup attendaient que les organismes de réglementation progressent ou aient une idée de la nécessité de mandater et d’harmoniser la divulgation ESG des entreprises. C’est toutefois complexe ; le « E » est beaucoup plus critique pour certains secteurs tandis que pour d’autres, c’est le « S ». Mais pour en revenir à la pandémie, ce que nous avons constaté est, je dirais, une souplesse sans précédent de la part des autorités de réglementation pour publier des directives relatives à la COVID-19 sur des questions allant des divulgations de liquidités à la santé et à la sécurité des employés. Ce même niveau de réactivité peut se traduire par une action accélérée des organismes de réglementation sur les divulgations ESG, si la volonté y est. Et puisque l’ESG prend de l’importance, cela arrivera plus tôt que tard.

Les troubles sociaux aux États-Unis et ailleurs ont changé le calcul de certains complexes de fonds d’investissement traditionnels. Comment les investisseurs voient-ils maintenant la question de la race et comment ces changements de vues affecteront-ils leurs décisions d’investissement dans les mois et les années à venir?

Les investisseurs institutionnels sont aussi conscients de ce qui se passe dans les rues des grandes villes américaines que tout autre groupe. Tout comme nous l’avons vu ces dernières années, les investisseurs se concentrent sur la diversité des sexes et des compétences. Je prédis que nous les verrons également entrer dans ce domaine pour aider à combler le vide réglementaire et à attirer un groupe démographique plus jeune et socialement engagé. Je m’attends à ce que les notations, la recherche et les fournisseurs de données interviennent pour combler le vide actuel en ce qui concerne les informations dans ce domaine, y compris par le biais d’indices et de filtres pertinents pour les investisseurs passifs et actifs. Ici, je voudrais voir ISS ESG montrer la voie et je m’attends à ce qu’il le fasse.

Que voyez-vous et entendez-vous de la part des clients concernant leur besoin en termes de données et d’analyses sur le climat et comment cela a-t-il changé par rapport à avant la pandémie?

Le monde suit un cours intensif sur la pensée systémique et sur ce qu’une crise systémique se déroulant à l’échelle mondiale signifie. Les investisseurs sont très conscients que les défis du changement climatique ont des caractéristiques très similaires à ceux de la COVID, à savoir que la science le prévoit clairement comme un risque central à l’avenir ; l’incapacité à s’auto-isoler alors qu’elle se répand sur l’ensemble du globe et le délai entre nos actions et la matérialisation des risques. Tout au long de la crise des coronavirus, nous avons constaté un vif intérêt continu pour le sujet du climat, et je pense qu’une meilleure compréhension de la manière de penser les situations de crise et les événements extrêmes, c’est-à-dire les chocs qui ont une faible probabilité, mais un impact élevé, influenceront la réflexion pour les années à venir. Mon impression est que l’avantage que la COVID a donné aux investisseurs est la preuve que lorsqu’une menace est suffisamment imminente, les parties prenantes, y compris les investisseurs, peuvent avoir un impact direct.

Quelle est la probabilité que la réduction de l’utilisation des combustibles fossiles entraînée par la COVID ait un impact durable sur les efforts de lutte contre le changement climatique ?

La pandémie a en effet conduit à une réduction des émissions ; selon les premières études, les émissions ont diminué de 8,6 % au cours des quatre premiers mois de l’année par rapport aux niveaux de 2019. À court terme, c’est excellent. Mais en même temps, cela nous montre que le lien entre l’activité économique et les émissions continue d’être très pertinent et qu’il faut ultimement le rompre en dissociant la croissance économique des émissions. Le changement climatique est un défi à long terme et, dans le cadre plus large des choses, une année de faibles émissions ne fera pas de différence significative. Cependant, les investisseurs institutionnels peuvent utiliser la situation actuelle pour contribuer à effectuer des changements avec les sociétés de portefeuille et, par extension, modifier la structure sous-jacente de l’économie. Ce qui sera essentiel pour l’avenir, c’est donc d’assurer des plans de relance écologiques.

Qu’est-ce qui, à votre avis, est remarquable sur les obligations durables dans la foulée de la COVID-19?

Le marché s’est effectivement intéressé aux obligations durables dans le contexte de la crise du coronavirus, et celles-ci ont une fois de plus montré qu’elles pouvaient s’adapter à un défi émergent. Dans le contexte de la COVID-19, le changement le plus significatif est que les obligations sociales (appelées obligations COVID-19 et émises pour, par exemple, soutenir l’emploi et les infrastructures médicales) ont pris de l’importance. Ce qui sera intéressant à voir à l’avenir, c’est dans quelle mesure les obligations vertes seront utilisées comme instrument pour financer une reprise verte.

Clause de non-responsabilité de l’AIR
Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

Opter pour l’ESG : une étude de cas sur l’action d’une compagnie de croisière internationale

De la fuite de données de Facebook à la catastrophe du barrage de Vale en passant par le scandale des émissions de Volkswagen, nous avons vu comment un problème environnemental, social ou de gouvernance (ESG), en particulier lorsqu’il est négligé, peut éventuellement faire surface et avoir un impact considérable sur les performances d’une entreprise.

Il est devenu clair que le monde a moins de tolérance pour les mauvais comportements et les investisseurs sont à la recherche de stratégies qui offrent un bon rendement tout en faisant preuve d’un bon comportement. Alors que les considérations ESG ont été appliquées par certains investisseurs traditionnels, le secteur de la gestion de fonds alternatifs a été plus lent à l’adopter et l’accent a principalement été mis sur les fonds d’ISR et d’impact. Mais des changements dans la manière dont les fonds spéculatifs évaluent les entreprises sont en cours.

Lorsque nous avons commencé notre parcours d’apprentissage ESG, nous pensions que nous pourrions simplement acheter des données de tiers et les incorporer dans notre travail de fond ; cependant, nous avons rapidement découvert ce que nous croyons être les lacunes des agences de notation ESG. Par exemple, les fournisseurs de données utilisent souvent des informations statiques, rétrospectives et volontaires. Cela nous a amenés à développer notre propre cadre de notation propriétaire.

Notre cadre de 30 facteurs a été développé sur la base de la recherche de matérialité SASB, des objectifs de développement durable des Nations unies, des études de tiers et de nos propres critères subjectifs. Les facteurs sont uniformes d’un secteur à l’autre ; cependant, les « E », « S » et « G » sont pondérés différemment en fonction du secteur. Par exemple, dans les secteurs de l’énergie et des mines, le « E » est plus pertinent, tandis que c’est le « S » qui gagne en pertinence dans celui des produits de consommation tels que les producteurs de tabac. La classification GICS (Global Industry Classification Standard) compte 11 secteurs standards. Nous avons donc commencé avec 11 cartes de pointage différentes et avons continué à affiner celles des sous-secteurs à partir de là. Cela nous permet non seulement d’identifier les entreprises avec des scores et des pratiques ESG positifs, mais aussi d’efficacement vendre à découvert les mauvais acteurs.

En examinant le cas de l’action d’une compagnie de croisière internationale (« Société X »), nous démontrerons ce qui suit :

  • Comment un non-respect des facteurs ESG aura éventuellement un impact significatif sur l’évaluation boursière.
  • Comment les fonds spéculatifs peuvent intégrer l’ESG dans leurs évaluations et utiliser une « longue-courte » pour récompenser les « bonnes » entreprises et de vendre à découvert les « mauvais acteurs ».

Dans le cas de la Société X, l’un des plus grands acteurs de l’industrie mondiale de la croisière, nous avons vu l’impact imminent sur sa valorisation par des perturbations opérationnelles, réputationnelles et réglementaires ainsi que des coûts d’exploitation supplémentaires et des dépenses en capital.

La Société X détient 40 % du marché mondial et fait face à des obstacles environnementaux croissants, dont des réglementations plus strictes de la part d’organisations telles que l’Organisation maritime internationale (OMI), qui a statué qu’à compter du 1er janvier 2020, les émissions du secteur maritime dans les eaux internationales doivent être coupées. En 2019, une étude a révélé que l’air des navires de la Société X était aussi polluée que la ville de Pékin, faisant d’elle l’une des pires contrevenantes en matière de qualité de l’air. Les communautés de réglementation et d’investissement obligent les entreprises à respecter des normes plus élevées concernant leurs pratiques environnementales et sociales, créant de nouvelles implications pour des entreprises comme les actions des compagnies de croisière.

Nous examinons plusieurs scores tiers et les normalisons dans notre cadre pour arriver à un score tiers final. Dans le cas de la Société X, les tiers lui ont attribué un score ESG de -0,05, alors que chez Waratah Capital Advisors Ltd., elle a obtenu un score de -2,00, soit une position courte claire.

Malgré un examen négatif approfondi en 2019, y compris par un juge fédéral menaçant d’interdire à la société d’accoster dans les ports américains, la Société X a débuté 2020 en faisant encore une fois les grands titres, cette fois pour avoir violé une réglementation américaine, se retrouvant à nouveau sous les projecteurs en raison de sa pollution. Le Florida Department of Protection a confirmé que celle-ci a rejeté environ 5900 gallons d’« eau grise » dans l’océan. Les eaux grises sont des restes d’eau contenant des bactéries (parmi de nombreux autres éléments dangereux) provenant des bains, des éviers, des douches et des buanderies. La Société X est une récidiviste et a contourné la réglementation environnementale 10 fois. Bien que la société X aspire à être le leader du secteur en matière de meilleures pratiques et de responsabilité environnementale d’un point de vue politique, cet événement indique clairement qu’en réalité, elle ne s’engage pas à apporter des améliorations et continue de présenter un risque ESG élevé.

Avec l’incertitude macroéconomique mondiale liée à la pandémie de COVID-19, les croisières deviennent de plus en plus un élément discrétionnaire, ce qui entraîne une baisse des prix associée à une nouvelle capacité industrielle sans fin. Le 8 mars, le CDC a émis un avis public visant à « reporter tous les voyages en bateau de croisière dans le monde ». Pourtant, la Société X avait encore des passagers en mer début avril, soit près d’un mois après. Le directeur médical de la société a même émis des avertissements précoces contre le coronavirus ; cependant, la Société X a poursuivi ses activités normalement. Cela a donné lieu à de nouvelles poursuites judiciaires combinées à des problèmes sociaux liés à leur gestion du coronavirus tout en bloquant des milliers de clients et de travailleurs en mer. Plus de 1500 personnes sur les navires de croisière de l’entreprise ont été diagnostiquées avec le coronavirus et des dizaines en sont décédées. En tant que gestionnaire actif, Waratah était bien au courant des infractions qui continuaient à se produire avec la Société X. Ainsi, en réponse à ces événements, nous avons pu renoter la société, la faisant finalement baisser de -2,00 à -2,25.

Sur la base de notre évaluation, nous avons remarqué un schéma répétitif de la Société X qui tentait de dissimuler ses violations environnementales sous probation. Cela a donné lieu à l’un des facteurs d’ajustement les plus importants dans notre base de données de notation interne. Comme nous avons continué à surveiller la Société X, il a été remarqué que la gouvernance interne au sein de celle-ci ne s’améliorait pas, ce qui était évident par les violations et les controverses continues. Nous avons dégradé davantage la Société X, ce qui a également été fortement corrélé avec leur performance boursière négative.

La thèse d’investissement de Waratah consistait à raccourcir la position au nom de nos clients sur la base des risques ESG : préoccupations environnementales et poursuites judiciaires en raison de la violation répétée de règlements juridiques importants et de la mauvaise dynamique du secteur, qui ont finalement eu un impact sur les fondamentaux. La décision de notation pour notre position courte sur la Société X a été extrêmement avantageuse. Cela est évident grâce à la performance de leurs actions, le rendement YTD de la société étant de -70,88 %, soit une performance inférieure au marché boursier global de 71,03 %.

Si les entreprises sont plus que jamais exposées aux risques environnementaux, cela est d’autant plus vrai dans l’industrie des compagnies de croisière. Nous croyons qu’il est important d’y identifier les mauvais acteurs dès le début. Avec la prise de conscience croissante de la pollution et l’évolution des réglementations environnementales, les conséquences potentielles en ce qui concerne les amendes et des risques sont sans aucun doute plus élevées.

La Société X constitue une excellente étude de cas ESG dans laquelle elle a été placée en probation et condamnée à une amende de 40 millions de dollars fin 2016. La Société X a violé sa probation de façon répétée en tentant de falsifier des dossiers, de déverser des déchets dans l’océan et de déverser illégalement les eaux grises des navires. Par conséquent, la Cour a même menacé de restreindre leurs navires dans les ports américains. Cela a eu un impact important sur leurs finances, et a finalement joué un rôle dans le thème croissant des risques environnementaux qui affectent l’intérêt des investisseurs de même que ceux des clients. Ce changement de discours ESG des entreprises pourrait, espérons-le, pousser l’entreprise à réorganiser ses opérations pour assurer des opérations complètes transparentes, honnêtes et respectueuses de l’environnement.

Heureusement, il existe un lien convaincant entre les facteurs ESG, la performance et le risque, ce qui montre clairement que l’ESG est là pour rester. Les gestionnaires de placements peuvent obtenir un impact significatif ainsi que des rendements financiers significatifs à long terme en intégrant des facteurs ESG dans l’analyse fondamentale des investissements et la construction de portefeuille. Il est clair que les opportunités et les risques ne sont pas pris en compte si les facteurs ESG ne sont pas pris en compte dans l’analyse fondamentale. Une approche « longue-courte » permet aux gestionnaires de récompenser les « bonnes » entreprises et de vendre à découvert les mauvais acteurs, en augmentant leur coût du capital et en utilisant les marchés financiers pour encourager le changement.

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Waratah peut changer son point de vue sur les sociétés visées dans cet article à tout moment pour quelque raison que ce soit et décline toute obligation de notifier à toute partie de tels changements. Les informations et opinions contenues dans cet article ne sont pas et ne doivent pas être perçues comme des conseils en investissement ou une sollicitation d’achat ou de vente de titres. Waratah ne fait aucune représentation ou garantie, expresse ou implicite quant à l’exactitude ou l’exhaustivité des déclarations faites dans cet article et ne s’engage pas à corriger, à mettre à jour ou à réviser ces déclarations.
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Mieux reconstruire : leçons à tirer de l’investissement responsable en cette période de crise et d’incertitude

Il est clair que la tempête parfaite créée par l’ampleur, l’urgence et la gravité de la crise de la COVID-19 et l’effondrement des prix du pétrole a créé une incertitude importante pour les investisseurs face à l’avenir. Les cours des actions des sociétés cotées semblent déconnectés des perspectives économiques auxquelles les entreprises sont confrontées et qui ne peuvent pas être complètement expliquées par les mouvements d’allocation d’actifs en raison de rendements extrêmement faibles dans un avenir prévisible.

Alors que nous cherchons à reconstruire notre économie, quelles leçons pourrions-nous tirer, en tant que gestionnaires de placements et conseillers, de la crise de la COVID-19, ou bien de la crise climatique et de la crise sociétale du racisme systémique ?

La crise engendre une réflexion et un rappel des fondamentaux

En tant que cabinet de conseil et de gestion d’investissements travaillant exclusivement sur l’investissement responsable et d’impact dans toutes les classes d’actifs, nous avons pris le temps de réfléchir et d’évaluer nos hypothèses de base à la lumière des événements récents. La COVID-19 avait déjà mis en lumière des fissures dans un système de marché qui laissait de nombreuses communautés exclues des opportunités de prospérité économique, de l’inégalité croissante des revenus et de la charge disproportionnée du virus. Les décès récents de, entre autres, George Floyd et Breonna Taylor ont à nouveau mis en évidence le racisme systémique dans nos sociétés qui handicape les communautés noires, racialisées et structurellement exclues. Les appels à « mieux reconstruire » nous ont amenés à réfléchir à ce que nous faisons et à la manière dont nous contribuons à de meilleurs résultats en nous concentrant sur l’investissement responsable et d’impact.

Après réflexion, nous sommes fermement convaincus que la performance du marché à long terme sera finalement obtenue en investissant dans des entreprises qui peuvent offrir une meilleure performance financière.

Quelles entreprises sont-elles, exactement ? Celles axées sur les marchés et les secteurs qui ont de meilleures perspectives de croissance ; celles qui construisent de solides avantages concurrentiels durables, souvent appelés fossés économiques ; celles axées sur la réalisation des Objectifs de développement durable des Nations Unies, où 2 à 4 billions de dollars de capitaux sont nécessaires chaque année ; et celles avec une plus grande résilience pour résister et absorber les chocs, récupérer et continuer. Ce sont des entreprises qui ont investi dans l’instauration de la confiance, de la bonne volonté et du partage de la valeur avec leurs nombreuses parties prenantes – employés, fournisseurs, clients et communautés. Elles ont intégré la résilience dans leurs systèmes, leurs activités et même leur structure de capital lorsque les temps étaient bons.

Un rôle clé pour les conseillers

En tant que gestionnaires et conseillers en placement, la plupart d’entre nous sont appelés à rassurer et à réconforter les clients ; la valeur de ces conseils professionnels de confiance dans un monde incertain s’en trouve accrue. Un bon point de départ est de rappeler aux clients que l’investissement à long terme est toujours une stratégie solide, mais cela ne suffit pas. Nous devons communiquer les avantages de l’investissement pour générer un impact en tant que solution.

Plus précisément :

  • Investir dans des entreprises qui contribuent à créer un monde meilleur grâce à leurs produits ou services, et à leurs activités, améliorera les perspectives de rendements financiers sains et évitera des risques inutiles
  • Il y a des entreprises dans lesquelles investir, mais il faut des efforts, de la recherche et de la diligence pour séparer celles qui sont authentiques des prétendantes.
  • Comment et où vous allouez votre capital est un outil pour exprimer les valeurs qui sont importantes pour vous, tout comme là où vous donnez, ce que vous soutenez et où vous achetez

Confirmé par l’élan récent

Les preuves semblent indiquer que ce changement se produit déjà et qu’il s’accélère. Lorsque nous regardons les données du premier trimestre de 2020, nous voyons deux tendances importantes : plus de capitaux sont acheminés vers des fonds axés sur l’ESG par rapport à 2019 et il y a de plus en plus de preuves d’une association positive entre les investissements axés sur l’ESG et la performance.[1] Nous croyons que ce sont des tendances séculaires à long terme, car sont entraînées par de nombreux changements sous-jacents et de nombreux acteurs sur les marchés mondiaux.

En fait, nous nous attendons à ce que, dans leur quête de rendements durables à long terme, davantage d’investisseurs approfondissent leur attention et progressent dans le continuum allant de l’ESG à l’investissement responsable et, ultimement, à l’investissement d’impact. C’est pourquoi nous avons répondu à des demandes spécifiques de nos clients et lancé deux fonds d’impact en juin qui offrent au marché une option d’investissement d’impact multiactif et une option d’investissement d’impact actions mondiales*.

Le but de la création de richesse par l’investissement est d’assurer la prospérité, le plaisir et le bien-être des clients. Nous ne pouvons pas offrir ces avantages à ces clients si nous ignorons comment l’argent que nous investissons est utilisé par les sociétés dans lesquelles nous investissons. Si nous voulons faire face aux crises auxquelles nous sommes confrontés, qu’il s’agisse du changement climatique, de la COVID-19 ou du racisme systémique, nous devons mieux reconstruire en transférant plus d’argent vers l’investissement responsable. C’est le moment de doubler la vitesse, et non de changer de cap, afin de nous assurer que nous ne sommes pas animés par le désir de revivre le passé, mais plutôt par celui de construire un avenir meilleur.

*Ceci ne constitue pas une offre de vente, une recommandation d’achat ou une recommandation de tout titre ou tout autre produit ou service offert par Rally Assets. Les fonds de Rally sont disponibles uniquement pour les investisseurs accrédités. Vous devriez consulter votre conseiller en placement ou un autre professionnel approprié au sujet de votre situation particulière.

Sources:
[1] https://www.morningstar.ca/ca/news/202180/canadian-esg-funds-grew-faster.aspx
https://www.blackrock.com/corporate/about-us/sustainability-resilience-research

Clause de non-responsabilité de l’AIR
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Marchés émergents mondiaux: pouvons-nous nous adapter à la nouvelle normalité en matière de climat?

Une tempête est passée. Les gens ont trouvé refuge chez eux alors qu’une pandémie a coûté de nombreuses vies à travers la planète et ravagé les entreprises, les économies et les normes sociales.

Mais l’humanité a déjà traversé de graves crises et continuera de le faire. En tant qu’espèce, nous sommes des survivants. Nous nous adaptons.

À ce stade de la crise, les conséquences à court et à long terme pour les individus, les familles, les entreprises et les politiques sont difficiles à calculer, et une deuxième vague d’infections reste une menace. Nous apprenons à vaincre un nouvel ennemi.

Pourtant, l’humanité devra faire appel à toute son ingéniosité adaptative pour combattre la plus grande tempête qui se présente à nous.

La planète respire

La pandémie de coronavirus reste avant tout une tragédie humaine. Pourtant, les verrous ont brièvement eu des effets secondaires positifs sur l’environnement. La baisse de la production industrielle a amélioré la qualité de l’air même dans les régions les plus polluées, tandis que les avions cloués au sol et la réduction du trafic routier ont réduit les niveaux de fumées nocives et les émissions de dioxyde de carbone.

Les voies navigables, les rivières et les mers dans les zones touristiques populaires sont devenues plus claires – les canaux vénitiens, par exemple, n’auraient jamais été aussi propres de mémoire d’homme. En Inde, L’Himalaya est devenu visible depuis le district de Jalandhar du Pendjab. En l’absence de gens, les tortues luths sont revenues aux plages de Floride.

Ces signes que la nature peut rapidement se remettre du rythme rapide et de la consommation élevée de la vie moderne offrent un encouragement à ce que l’humanité puisse remonter le temps. Mais l’ampleur des tâches qui nous attendent – atténuer les changements climatiques et s’y adapter – est énorme. Encore plus accablant est le court délai dans lequel nous devons atteindre ces deux résultats.

Il y a un désir de changement ?

Avant que le coronavirus ne confine les populations, les taux d’émission de CO2 laissaient entrevoir une augmentation des températures mondiales de 1,5 °C et 2 °C au cours des 12 et 25 prochaines années. Ces estimations peuvent même être optimistes, car elles excluent les boucles de rétroaction comme la fonte du pergélisol arctique.

Même après avoir tenu compte des engagements des gouvernements et des entreprises de réduire suffisamment les émissions de carbone, le paradigme consenti de croissance économique continue risque de condamner le monde à un avenir beaucoup plus chaud… et plus effrayant.

Les rendements obligataires à long terme suggèrent que nous faisons face à des décennies de croissance inférieure à la normale. Dans cet environnement, il est peu probable que les gens soutiennent les efforts verts pour réduire les émissions qui pourraient encore ralentir la croissance.

Calibration du climat

Le climat se réchauffe à l’échelle mondiale. Si les efforts visant à atténuer le changement climatique s’avèrent insuffisants ou inefficaces, l’augmentation des températures pourrait sérieusement affecter le niveau de la mer, la chaîne alimentaire, la santé humaine et les moyens de subsistance. Les pays les plus menacés sont l’Inde, le Bangladesh, le Nigéria, le Pakistan, la Thaïlande et le Vietnam – pays classés parmi les plus chauds et les plus humides (déjà).

Prenons l’Inde – où 42 % de la main-d’œuvre est employée dans le secteur agricole et 3,8 % dans celui de la construction – qui risque de perdre le plus à mesure que le nombre de jours avec une chaleur accablante grimpe. Chez les travailleurs, le nombre effectif d’heures de travail en plein air perdues au cours d’une année moyenne pourrait augmenter de 15 % en 2030, entraînant une baisse de 2,5 à 4,5 % du PIB.

Chaque année, environ 10 % des Indiens, soit 120 millions de personnes, vivent dans des zones à risque de vagues de chaleur mortelles – définies comme des hausses de température de trois jours qui dépassent le seuil de survie pour un être humain sain à l’ombre, chaque année, et cette proportion devrait augmenter. D’ici 2030, entre 160 et 200 millions d’Indiens seront exposés à ce danger, et parmi eux, entre 80 et 120 millions ne disposeraient pas de logements climatisés.

D’ici 2050, ce sont de 310 à 480 millions de personnes qui pourraient se trouver dans cette zone de danger mortel. S’il est vrai que la plupart de la population devrait vivre dans des logements climatisés d’ici là, en l’absence d’innovations technologiques, la climatisation contribuera à réchauffer davantage l’environnement.

Illustration 1. Le nombre prévu d’heures de travail perdues* en raison de l’augmentation de la chaleur et de l’humidité en Inde et en Asie du Sud

Le prochain niveau de pays touchés par le changement climatique comprend l’Indonésie, les Philippines, l’Arabie saoudite et le Japon. Bien que ce dernier ne fasse pas partie de l’indice de référence des marchés émergents, il reste économiquement important pour la région asiatique. La Chine, le Brésil et le Chili jouissent de climats divers et présentent donc des niveaux de risque plus variés. Certains sont graves, mais en raison de la variation de leur géographie (et de leur économie), ils peuvent mieux faire face au changement climatique.

Entreprise en surchauffe

Les entreprises des marchés émergents sont particulièrement vulnérables, compte tenu de leur nombre généralement élevé de travailleurs extérieurs et de leur faible niveau d’épargne et de revenu par rapport aux marchés développés. Non seulement la productivité des entreprises sera affectée, mais aussi la capacité de certaines à rester opérationnelles si leur emplacement actuel devient trop exposé à la chaleur.

Sur la base de notre analyse et de nos engagements, nous avons déterminé que les sociétés de notre portefeuille de marchés émergents n’ont pas prêté suffisamment d’attention aux risques qu’une hausse de température moyenne mondiale comprise entre 2 °C et 4 °C pourrait faire peser sur leurs activités.

Nous reconnaissons que les conseils d’administration et les équipes de direction répondent déjà à de nombreuses demandes de divulgation ESG des investisseurs, en plus de leurs tâches quotidiennes de mise à jour financière et stratégique, et se sentent donc tendus à mesure que de nouvelles demandes d’informations et d’adaptation arrivent. Il est difficile de suivre un objectif de « durabilité » toujours en mouvement d’autres exigences peuvent être considérées comme gênantes. Mais en tant qu’investisseurs à long terme, nous croyons que l’adaptation au changement climatique est plus qu’un défi de durabilité : elle est appelée à devenir un défi de survie. Grâce à nos engagements, nous encourageons les entreprises dans lesquelles nous investissons à se préparer à un monde plus chaud et à aider là où nous le pouvons.

Comment les investisseurs peuvent-ils réagir ?

Nous pensons que, malheureusement, les efforts de la société pour empêcher le réchauffement de la terre ne sont pas destinés à un succès absolu. Compte tenu de cela, nous pensons que les investisseurs devraient accorder autant d’attention à l’adaptation qu’à l’atténuation. L’adaptation peut être définie comme les mesures que les nations, les villes, les entreprises et les particuliers doivent prendre pour se préparer à vivre dans un environnement dégradé. Il peut s’agir de projets d’immobilisations à grande échelle ou même de la réinstallation d’infrastructures et de populations essentielles, et nous devons en examiner les implications dès maintenant.

Le réchauffement climatique est un vaste problème. Nous pouvons aider à disséquer le problème, comme le McKinsey Global Institute, en définissant cinq dimensions clés :

  • Habitabilité et ouvrabilité : les travailleurs extérieurs et les personnes sans épargne ou sans revenu adéquat seront les plus touchés. Les vecteurs de maladies se déplaceront.
  • Systèmes alimentaires : les inondations et la sécheresse peuvent entraîner des défaillances des greniers alimentaires ou réduire les rendements des cultures.
  • Actifs physiques : les biens immobiliers et les infrastructures pourraient être endommagés par les inondations, les tempêtes extrêmes et les incendies de forêt.
  • Services d’infrastructure : la chaleur, le vent et les inondations peuvent perturber les services d’électricité, d’eau et de transport.
  • Capital naturel : les perturbations des écosystèmes peuvent mettre en danger les chaînes alimentaires, les habitats et l’activité économique.

Adaptation anthropique

Depuis que l’humanité est apparue sous sa forme actuelle il y a 300 millénaires, nous nous sommes adaptés pour résister à un large éventail de menaces – guerre, maladie, famine, catastrophes naturelles, dépression économique et terrorisme – et avons souvent utilisé l’expérience et les connaissances acquises afin d’améliorer la vie des générations futures.

Mais le phénomène anthropique du réchauffement climatique mettra à l’épreuve notre capacité à éviter le danger mortel plus que jamais auparavant. La capacité d’adaptation de l’humanité, à laquelle nous avons excellé, doit à nouveau être mise en évidence.

Nous encourageons tous les investisseurs à faire du changement climatique un thème central de leurs interactions avec les entreprises : toutes les entreprises, pas seulement celles dans lesquelles nous investissons, doivent commencer à se concentrer sur l’adaptation aux intempéries à venir.

Pour en savoir plus sur la manière dont les marchés émergents mondiaux peuvent s’adapter à cette nouvelle normalité, lisez le numéro complet du deuxième trimestre 2020 de Gemologist.

Sources:

[1] « Emission budgets and pathways consistent with limiting warming to 1.5 degrees C, » par Ricard J. Millar et al.,publié by Nature Geoscience, volume 10, en 2017. Cité dans « Climate risk and response: physical hazards and socioeconomic impacts, »publié par McKinsey Global Institute en janvier 2020, à la p.35

[2] « Climate risk and response: physical hazards and socioeconomic impacts, » publié par McKinsey Global Institute en janvier 2020

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Les points de vue et opinions contenus dans ce document sont ceux de l’auteur et ne représentent pas nécessairement les vues exprimées ou reflétées dans d’autres communications. Cela ne constitue pas une sollicitation ou une offre à quiconque d’acheter ou de vendre des titres ou des instruments financiers connexes.
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Investir dans les Obligations Vertes : Mais à Quel Point Sont-Elles « Vertes » ?

Selon l’International Energy Agency, la production d’électricité à base de carbone a contribué à plus de 30 % du total des émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2018, de loin la plus grande source d’émissions mondiales de GES.

Pour minimiser l’impact du changement climatique et atteindre l’objectif de l’Accord de Paris de limiter l’augmentation du réchauffement climatique à 2 °C, Morgan Stanley Research estime que le monde doit dépenser 50 billions de dollars américains au cours des 30 prochaines années en énergies et technologies propres. Quant à elle, l’International Renewable Energy Agency prévoit que 750 milliards de dollars par an seront nécessaires pour les seules énergies renouvelables au cours de la prochaine décennie.

Comment les obligations vertes peuvent-elles aider les investisseurs à lutter contre le changement climatique ?

La question qui préoccupe de nombreux investisseurs n’est pas de savoir s’il faut participer à cette croissance, mais comment canaliser les capitaux vers des projets éoliens, solaires, hydroélectriques, bioénergétiques, d’efficacité énergétique et géothermique pour aider à ralentir et à atténuer les changements climatiques. Les obligations vertes représentent une opportunité passionnante pour les investisseurs soucieux de la société et de l’environnement qui veulent s’assurer que leurs dollars vont à la protection et à la restauration de l’environnement.

Les investisseurs peuvent réduire l’intensité carbone de leurs portefeuilles de nombreuses manières, grâce à des fonds qui excluent les combustibles fossiles, en intégrant des facteurs ESG ou en se concentrent sur l’impact positif. Malgré les aspects positifs de ces approches, de nombreux fonds ne fournissent pas un « pur artifice » aux énergies renouvelables et incluent encore souvent des industries à forte intensité de carbone. De nombreux fonds axés sur l’énergie propre investissent dans des sociétés de services publics diversifiées qui, en plus de leurs projets d’énergie propre, comprennent également des quantités importantes de production et de distribution de combustibles fossiles. Pour les investisseurs qui recherchent un « pur artifice », il y a deux options principales à privilégier : les sociétés d’énergie renouvelable « pures », telles que les sociétés cotées en bourse comme Boralex, Brookfield Renewables, Innergex et RE Royalties, et les obligations vertes

Alors qu’investir dans des actions présente un certain risque compte tenu des fluctuations des marchés boursiers et de la performance des entreprises individuelles, les obligations vertes proposent une autre façon d’investir dans le secteur des énergies renouvelables en offrant un rendement de style revenu fixe plus prévisible. Contrairement à l’achat d’actions et à la détention d’une part d’une entreprise d’énergie renouvelable, les obligations vertes sont un prêt de l’investisseur à une entreprise qui doit être utilisé exclusivement pour investir dans des projets verts.

L’investisseur reçoit des revenus d’intérêts sur son investissement (généralement plus élevés qu’un compte d’épargne ou un CPG) sur une période définie, autrement connue sous le nom de durée de l’obligation. À la fin du terme, l’investisseur reçoit l’intégralité de la valeur du capital. En général, les obligations présentent un risque plus faible que les actions, car le remboursement a priorité légale (également connu sous le nom d’ancienneté) sur les fonds propres. Cela dit, la plupart des obligations vertes ne sont pas garanties contre les projets eux-mêmes, en particulier dans le cas des énergies renouvelables. Pour plus de sécurité pour les investisseurs, certaines obligations vertes sont « de premier rang garanti » contre les actifs sous-jacents, mais celles-ci sont rares (environ 4 % dans le monde).[1] Alors que les obligations vertes offrent plus de prévisibilité et de sécurité, leur seul inconvénient est qu’elles sont généralement non liquides, ce qui signifie que l’investisseur doit généralement attendre la fin du terme pour que le principal total soit remboursé.

Comment les investisseurs peuvent-ils savoir si un projet est vraiment vert ?

Le marché des obligations vertes se développe de façon spectaculaire à mesure que le sentiment des investisseurs envers les questions environnementales s’intensifie, mais l’industrie et les normes évoluent toujours. Les investisseurs se demandent à quel point les projets financés sont vraiment verts. Selon BNN Bloomberg, environ 90 % des obligations vertes[2] émises font l’objet d’un examen externe afin de s’assurer que le produit est utilisé pour financer ou refinancer des projets verts. Les investisseurs doivent rechercher des obligations vertes qui suivent un cadre établi avec une vérification par un tiers reconnu.

Les cadres les plus utilisés sont les Green Bond Principles, approuvés par l’International capital Market Association (ICMA) et la certification Climate Bonds Initiative. Le plus grand vérificateur tiers par rapport à ces normes, le Center for International Climate Research (CICERO), s’appuie sur les lignes directrices pour donner aux investisseurs une indication de la façon dont les projets sont « verts » sur la base des projets financés. CICERO utilise trois nuances de vert : 1) le vert foncé est destiné aux projets qui correspondent à un avenir à long terme sobre en carbone et résilient au climat, comme les énergies propres et renouvelables ; 2) le vert moyen est destiné aux projets qui représentent des étapes vers une vision à long terme, mais qui n’y sont pas encore, comme les autobus hybrides rechargeables ; et 3) le vert clair est destiné aux projets environnementaux qui ne contribuent pas à eux seuls à la vision à long terme, tels que des infrastructures de combustibles fossiles efficaces. Ces normes aident les investisseurs à sélectionner des investissements en fonction du niveau d’impact environnemental qu’ils souhaitent faire dans leurs portefeuilles.

Les obligations vertes sont un instrument financier innovant et important pour aider à atteindre les objectifs d’émissions mondiaux et nationaux. Le marché des obligations vertes a connu une croissance rapide au cours des dernières années. En 2019, 9,6 milliards de dollars canadiens d’obligations vertes ont été émis au Canada et 255 milliards de dollars américains ont été émis à l’échelle mondiale.[3] Bien que cela représente encore une petite partie des nouvelles émissions d’obligations, ce secteur émergent devient de plus en plus courant et sur le radar pour les investisseurs soucieux du climat. Pour les investisseurs désireux de prendre des mesures pour le climat, les obligations vertes offrent un investissement stable, prévisible et à revenu fixe avec des avantages mesurables.

Sources:

[1] Green with Envy: Canada’s Green Bond Market is Growing into a Global Player. https://www.dbrsmorningstar.com/research/344968/green-with-envy-canadas-green-bond-market-is-growing-into-a-global-player

[2] BNN Bloomberg – Canada leads in green bond deals as 2019 issuance hits $9.6B, above past years.
https://www.bnnbloomberg.ca/video/canada-leads-in-green-bond-deals-as-2019-issuance-hits-9-6b-above-past-years~1854214

[3] BNN Bloomberg – Canada leads in green bond deals as 2019 issuance hits $9.6B, above past years.
https://www.bnnbloomberg.ca/video/canada-leads-in-green-bond-deals-as-2019-issuance-hits-9-6b-above-past-years~1854214

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Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

Protection et sécurité des renseignements personnels en temps de pandémie mondiale : Considérations pratiques

Par suite de l’épidémie de COVID-19, les entreprises et les gouvernements ont dû prendre des mesures exceptionnelles pour protéger leurs employés, leurs clients et le public. Parmi ces mesures, le recours à la technologie a facilité le télétravail et offert de nouvelles façons de collecter, traiter et communiquer des renseignements personnels.

Les entreprises traitant des renseignements identificatoires, financiers ou relatifs à la santé doivent adopter des systèmes de cybersécurité robustes minimisant le risque d’atteinte à la vie privée. Elles doivent aussi tenir compte, durant et après la pandémie, des points suivants : types de données recueillies, méthode de collecte, utilisation dans la prise de décisions, lieux d’entreposage et durée de conservation.

En quoi consiste la protection des renseignements personnels et comment a-t-elle évolué au fil du temps ?

Le droit à la vie privée est un « droit humain fondamental » reconnu dans la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies, dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et autres traités internationaux et régionaux. Les définitions varient et peuvent comprendre la confidentialité des renseignements personnels (p. ex., dossiers médicaux), la protection du corps humain (p. ex., dépistage de la consommation de drogues) et de l’espace personnel (p. ex., résidence), et le caractère privé des communications personnelles (p. ex., courriels et conversations téléphoniques). La sécurité des données consiste à protéger l’ensemble des renseignements personnels recueillis, utilisés ou entreposés, contre toute utilisation non autorisée.

Au cours de la dernière décennie, les gouvernements et les consommateurs ont accordé de plus en plus d’attention à la protection et à la sécurité des renseignements personnels. Cet intérêt grandissant s’explique surtout par la montée de la mondialisation, les progrès technologiques, l’utilisation d’outils multimédias et l’évolution des modèles d’affaires qui tirent une valeur financière de données personnelles.

Les préoccupations suscitées par la protection et la sécurité des données ont d’ailleurs incité les gouvernements à adopter une nouvelle génération de règlements. Ainsi, en 2016, l’Union européenne (UE) a promulgué le Règlement général sur la protection des données (RGPD), qui régit la collecte de données sur les résidents de l’UE par les entreprises situées en Europe et ailleurs. Le non-respect de la réglementation et des exigences en matière de protection des renseignements personnels peut entraîner des coûts exorbitants. Par exemple, en cas d’infraction au RGPD, les entreprises s’exposent à des amendes pouvant aller jusqu’à 20 millions d’euros ou à 4 % de leur chiffre d’affaires annuel (selon le plus élevé des deux montants).[1] Au cours des dernières années, plusieurs entreprises ont écopé d’amendes pour atteinte à la confidentialité des données. C’est notamment le cas de British Airways (205 millions d’euros en 2019), de Marriott International (110 millions d’euros en 2019) et de Google Inc. (50 millions d’euros en 2019),[2] qui ont été condamnées en vertu du RGPD. La Federal Trade Commission (FTC) a quant à elle sanctionné Facebook (5 milliards de dollars américains en 2019),[3] ainsi que Google et sa filiale YouTube (170 millions de dollars américains).[4]

Comment les entreprises peuvent-elles assurer la protection des renseignements personnels ?

Les risques liés à la confidentialité des données pour une entreprise dépendent largement de son modèle d’affaires, ainsi que de la nature, du traitement et de l’entreposage des données recueillies. Pour assurer la protection et la sécurité des renseignements personnels, une entreprise doit :

  1. définir les responsabilités du conseil d’administration et ses obligations en matière de surveillance
  2. connaître les lois et les règlements et s’y conformer
  3. recueillir uniquement les données nécessaires
  4. obtenir le consentement et comprendre son principe
  5. adopter des pratiques rigoureuses pour gérer la sécurité des données
  6. sensibiliser les employés à la protection des renseignements personnels.

En quoi la confidentialité et la protection des renseignements personnels seront-elles différentes par suite de la COVID-19 ?

Malgré le rôle important des données et de la technologie aidant les entreprises et les autorités à cerner, à suivre et à surveiller la propagation de la COVID-19, la protection et la sécurité des renseignements personnels doivent demeurer au centre des préoccupations. Une fois que les besoins immédiats suscités par la crise auront été comblés, les entreprises et les gouvernements doivent :

  • veiller au respect des lois sur la vie privée: les données susceptibles d’avoir été obtenues en vertu de lois sur les mesures d’urgence, de lois modifiées ou de lignes directrices précises liées à la COVID-19, doivent être répertoriées et évaluées pour s’assurer que leur collecte, traitement ou communication respectent les lois applicables.
  • réitérer le consentement des personnes et les droits relatifs aux données: Même si le consentement implicite ou la transmission volontaire de certaines informations peuvent avoir été appropriés durant la crise en vertu de changements apportés à la législation ou aux exigences, le consentement explicite pourrait être requis une fois la crise terminée, surtout si l’objectif de la collecte des données change. [5]
  • vérifier la protection et la sécurité des données: durant la crise, des solutions technologiques ou d’autres mécanismes, comme les vidéoconférences, l’accueil à distance ou les vérifications numériques, peuvent avoir été adoptés, sans avoir été soumis au processus habituel de gestion du risque lié aux tiers. Les entreprises doivent combler les éventuelles lacunes de leur processus de vérification, pour éviter toute infraction aux lois sur la vie privée et toute violation des mécanismes de sécurité.

La qualité et l’efficacité des systèmes de protection et de sécurité des données qu’adoptent les sociétés figurent parmi les facteurs dont nos équipes des placements tiennent compte dans l’intégration des critères ESG. Elles incluent les processus de collecte et d’utilisation des données, l’obtention du consentement et la monétisation, la rigueur des politiques sur la confidentialité des renseignements, les responsabilités de l’équipe de direction, les audits sur la confidentialité et la sécurité, la formation du personnel, la présentation de l’information et la supervision du conseil d’administration. Pour en savoir plus sur la démarche de RBC GMA en matière d’investissement responsable, consultez le site www.rbcgam.com/ir.

Sources:

[1] Règlement (UE) 2016/679 du Parlement européen et du Conseil, 27 avril 2016, droit de l’Union européenne (Link)

[2] GDPR Enforcement Tracker, suivi par CMS. Law. Tax, consulté le 28 avril 2020 (Link)

[3] Facebook fined $5 billion by FTC, must update and adopt new privacy, security measures, 24 juillet 2019, USA Today (Link)

[4] Google and YouTube Will Pay Record $170 Million for Alleged Violations of Children’s Privacy Law, 4 septembre 2019, Federal Trade Commission (Link)

[5] COVID-19, Managing privacy and cyber issues, mars 2020, McCarthyTetrault

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