« Connaître son client », c’est connaître son point de vue sur l’ESG

Les conseillers financiers canadiens inscrits auprès de l’OCRCVM devront désormais aborder régulièrement le sujet de l’ESG avec leurs clients particuliers, grâce aux nouvelles directives de l’organisme de réglementation.

La note d’orientation récemment publiée encourage les conseillers financiers à recueillir des informations auprès de leurs clients sur leurs objectifs d’investissement liés à des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance ou sur leurs autres valeurs personnelles. Cela signifie qu’en plus de recueillir des renseignements sur les objectifs d’investissement immédiats et à long terme de leurs clients, comme la planification de la retraite ou l’achat d’une maison, les conseillers apprendront également leurs préférences personnelles en ce qui concerne les facteurs ESG dans leurs placements. Par exemple, si un client est passionné par l’environnement ou souhaite soutenir des entreprises appartenant à des femmes, les conseillers sont encouragés à tenir compte de ces facteurs lorsqu’ils prennent des décisions d’investissement en leur nom.

Les nouvelles directives KYC, qui sont entrées en vigueur le 31 décembre de l’année dernière, sont le fruit d’années de plaidoyer de l’Association pour l’investissement responsable (AIR), y compris l’engagement direct de l’OCRCVM, conformément à nos priorités stratégiques. En acceptant la proposition de l’AIR, les règles actualisées de l’OCRCVM représentent une étape importante pour répondre à l’appétit des investisseurs de détail pour les opportunités d’investissement axées sur l’ESG et la durabilité.

Combler le fossé en matière d’IR

Historiquement, les investisseurs de détail canadiens qui s’intéressent aux questions ESG ou à la durabilité ont été particulièrement mal servis par leurs conseillers financiers. Le Sondage d’opinion des investisseurs 2021 de l’Association pour l’investissement responsable, basé sur une enquête menée auprès de 1000 investisseurs individuels au Canada, a révélé que 77 % des répondants souhaitent que leur fournisseur de services financiers les informe sur les investissements responsables conformes à leurs valeurs, mais que seulement 27 % d’entre eux se sont déjà fait demander s’ils étaient intéressés par la question. Les produits d’investissement responsable (IR) ne manquent pas pour satisfaire cette demande, mais les conseillers doivent comprendre les valeurs de leurs clients afin de les mettre en relation avec des investissements adaptés.

Pour la plupart, les conseillers semblent confiants dans leur capacité à répondre à la demande. Dans le Sondage d’opinion des investisseurs 2021 réalisé par l’AIR, une proportion stupéfiante de 85 % des 539 conseillers financiers canadiens interrogés affirme être à l’aise de parler de l’ESG, alors que seulement 37 % d’entre eux déclarent entamer régulièrement des conversations sur l’ESG et l’IR avec leurs clients. Les nouvelles lignes directrices permettront, nous l’espérons, d’amorcer ces conversations, mais de nombreux obstacles doivent encore être surmontés.

Notre sondage a également révélé que la volonté des conseillers de s’exprimer sur l’IR est liée au niveau de connaissance qu’ils considèrent avoir sur le sujet. Moins les conseillers prétendent connaître l’IR, moins ils sont susceptibles d’en parler à un client. De plus, de nombreux conseillers ont fait part de leurs préoccupations au sujet de l’écoblanchiment et du manque de normes, ce qui pourrait les empêcher d’engager des conversations liées à l’IR. Bien que l’intégration des valeurs des clients dans les directives KYC soit une grande victoire pour l’investissement responsable, la formation des conseillers et une normalisation accrue sont toujours nécessaires pour aligner les conseillers sur leurs clients.

Quelle est la suite?

Au cours des dernières semaines, les Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM) ont publié de nouvelles lignes directrices à l’intention des gestionnaires de fonds sur les divulgations ESG, et une consultation sur les nouvelles exigences proposées en matière d’information sur les risques climatiques pour les sociétés ouvertes est en cours. Ces nouveaux développements témoignent de la pertinence croissante de l’investissement ESG et responsable pour tous les acteurs des marchés financiers canadiens, y compris les conseillers financiers.

Les conseillers qui souhaitent en savoir plus sur les effets de ces nouvelles normes peuvent assister à notre session sur les réformes ESG, KYC et axées sur le client lors de la Conférence virtuelle de l’AIR 2022.

L’importance de la diligence raisonnable en matière de droits de l’homme dans la transition vers les énergies renouvelables

Pour atteindre l’objectif de zéro émission nette à l’échelle mondiale d’ici 2050, il faudra augmenter considérablement le déploiement des énergies renouvelables, notamment l’énergie solaire, d’ici 2030. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) indique que pour l’énergie solaire, cela équivaut à « installer le plus grand parc solaire actuel du monde pratiquement tous les jours ».

Actuellement, les principales sources d’énergie renouvelables dans le monde sont l’hydroélectricité, l’énergie éolienne, l’énergie solaire et d’autres énergies renouvelables telles que la biomasse, les déchets et la géothermie, l’hydroélectricité étant la plus grande source renouvelable représentant plus de 60 % de la production mondiale d’énergie, contribuant à 7 % de l’énergie mondiale en 2019. L’AIE prévoit que les énergies renouvelables représenteront près de 95 % de l’augmentation de la capacité énergétique mondiale tout au long de 2026, l’énergie solaire en fournissant plus de la moitié.

Avec de telles prédictions et le fait que le monde tente de résoudre les risques liés au changement climatique, il n’est pas surprenant que les énergies propres se soient exceptionnellement bien comportées sur les marchés financiers, surpassant non seulement les entreprises de combustibles fossiles, mais aussi les indices des marchés boursiers publics. Le financement des entreprises pour les projets solaires, y compris le financement par capital-risque, les marchés publics et le financement par emprunt, s’est élevé à 13,5 milliards de dollars américains au premier semestre de 2021, contre 4,6 milliards de dollars au premier semestre de 2020.

Bien que cela soit encourageant, la croissance exponentielle prévue dans le domaine des énergies renouvelables s’accompagne d’une série différente de préoccupations ESG : les impacts négatifs sur les droits de l’homme, allant du travail forcé à l’accaparement des terres en passant par les violations des droits des autochtones qui se produisent à différents niveaux de la chaîne d’approvisionnement, dont la la phase d’extraction des minéraux, la fabrication, et le développement des projets.

Droits de l’homme dans l’industrie des énergies renouvelables

Entre 2010 et 2021, le Business and Human Rights Resource Centre (BHRRC) a reçu plus de 200 allégations de violations des droits de l’homme liées au secteur des énergies renouvelables. Il s’agit notamment de litiges relatifs aux droits fonciers au Chili et en Éthiopie, d’assassinats de militants qui protestaient contre une centrale hydroélectrique au Guatemala, de travailleurs migrants sous-payés dans des parcs éoliens offshore en Écosse et de violations du principe du consentement préalable, libre et éclairé (CPLÉ) avec les populations autochtones au Kenya et dans d’autres pays.

En novembre 2021, le BHRRC a publié la deuxième édition de son Renewable Energy Benchmark, qui classe les plus grandes entreprises d’énergie renouvelable du monde en fonction de leur mise en œuvre des approches fondamentales en matière de droits de l’homme telles que définies par les Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme (UNGP). Le rapport tire la sonnette d’alarme, avec un score moyen de seulement 22 %. L’étude de référence a révélé que, malgré l’émergence de quelques entreprises de premier plan, les politiques d’entreprise relatives aux droits fonciers, aux droits des autochtones, à la propriété foncière, aux droits des communautés et au respect des défenseurs des droits de l’homme présentaient un déficit important. Parmi les mauvais résultats figurent des entreprises situées dans nos arrière-cours canadiennes et américaines.

L’industrie solaire, en particulier, suscite également des préoccupations importantes en matière de droits de l’homme et de travail forcé. Les panneaux solaires nécessitent du silicium polycristallin et près de 50 % de l’approvisionnement mondial en cette matière provient de la région autonome ouïghoure du Xinjiang, en Chine (« Xinjiang »). Le gouvernement canadien, les États-Unis, le Royaume-Uni et les Pays-Bas ont déclaré que le traitement des Ouïghours et les autres peuples à majorité musulmane du Xinjiang par la Chine constituaient un génocide et des crimes contre l’humanité. Ils font partie des pays qui ont imposé des sanctions en réponse à ces violations.  Une étude menée par la Sheffield Hallam University, qui a retracé les principales chaînes d’approvisionnement en énergie solaire, depuis les matières premières jusqu’à la production des panneaux, a mis en évidence des problèmes importants de travail forcé liés à la région pour 90 entreprises chinoises et internationales.

L’importance de la diligence raisonnable en matière de droits de l’homme

Malheureusement, selon le dernier Corporate Human Rights Benchmark (CHRB), 79 entreprises de différents secteurs n’ont toujours pas obtenu de points pour l’indicateur de diligence raisonnable en matière de droits de l’homme.

La diligence raisonnable en matière de droits de l’homme est un élément essentiel pour permettre aux entreprises de s’acquitter de leur responsabilité sur cette question, conformément aux principes directeurs des Nations Unies. Elle amène les entreprises à identifier, à évaluer et à intervenir sur ses risques en matière de droits humains. Le rapport Renewable Energy Benchmark du BHRRC paru en 2021 a noté que certaines entreprises du secteur des énergies renouvelables semblent confondre la diligence raisonnable en matière de droits de l’homme avec les audits. Cela n’est pas une erreur inhabituelle, cependant, si les audits sont des outils utiles pour évaluer la conformité à certaines politiques, ils ne sont pas conçus pour déterminer quels sont les préjudices en matière de droits de l’homme.

Il s’agit là d’un point essentiel pour les investisseurs qui engagent les entreprises sur les risques liés aux droits de l’homme et à la chaîne d’approvisionnement : il ne suffit pas de demander aux entreprises de réaliser des audits de fournisseurs et d’en rendre compte, par exemple, mais plutôt d’attendre d’elles qu’elles mettent en place un solide processus de diligence raisonnable en matière de droits de l’homme.

Ce que peuvent faire les investisseurs

Une diligence raisonnable robuste, plutôt qu’un audit, s’est traduite par une demande constante de la part des investisseurs des entreprises engagées dans le cadre de l’initiative collaborative des investisseurs sur le Xinjiang.1

L’Investor Alliance for Human Rights coordonne l’engagement collectif des investisseurs auprès des entreprises liées ou impliquées, par le biais de leurs chaînes de valeur, dans des violations des droits de l’homme au sein de tous les secteurs, et coordonne également un flux d’engagement avec les entreprises de panneaux solaires. L’Alliance a également publié un guide de l’investisseur sur la crise des droits de l’homme dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang, qui fournit des conseils aux investisseurs sur la manière de s’engager auprès des sociétés de leur portefeuille et d’autres parties prenantes pour lutter contre les violations des droits de l’homme.

Chez BMO GAM, nous avons donné la priorité à l’engagement lié à la diligence raisonnable en matière de droits de l’homme dans l’ensemble de nos actions mondiales en appuyant le Corporate Human Rights Benchmark (CHRB) et en intégrant ses conclusions dans les mises à jour de notre politique et de notre approche en matière de vote. En 2021, nous avons fait partie d’un groupe d’investisseurs qui ont envoyé des lettres à des entreprises ayant obtenu une note faible ou nulle sur l’indicateur de diligence raisonnable du CHRB en matière de droits de la personne pour les inciter à s’améliorer, et nous continuerons d’utiliser notre levier avec les sociétés dans lesquelles nous investissons pour encourager l’adoption de meilleures politiques, pratiques et divulgations.

Les investisseurs peuvent faire plus que de s’engager auprès des entreprises, notamment en plaidant pour des réglementations et des normes strictes en matière de droits de l’homme à l’échelle mondiale et sur les marchés clés. La finance durable, les normes sur les obligations vertes, les projets de compensation du carbone et les marchés du crédit carbone nécessitent une intégration plus robuste des normes relatives aux droits de l’homme. Et, comme le recommande le Guide de l’investisseur sur les droits de l’homme, les investisseurs eux-mêmes peuvent également s’engager à effectuer une diligence raisonnable sur les portefeuilles d’investissement afin de repérer les impacts négatifs sur les droits de l’homme.

Les investissements dans les énergies renouvelables vont sans aucun doute continuer à croître, et il est dans l’intérêt des investisseurs que cette croissance soit durable et bénéfique – plutôt que nuisible – pour les gens. Notre industrie devrait collectivement faire de la prévention et de l’atténuation des violations des droits de l’homme une priorité égale à celle de la prévention et de l’atténuation des effets néfastes du changement climatique.


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Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

Chefs de file, facilitateurs et sociétés en voie d’amélioration : étude de cas sur le rendement et le changement social positif

La pandémie a entraîné de nombreux changements pour les Canadiens. L’un de ceux-ci, et non le moindre, est un gain d’intérêt pour la manière dont leur argent est investi. Nous nous attendons à ce qu’à mesure où les épargnants se sensibilisent à l’investissement responsable, ils recherchent de plus en plus des portefeuilles de placements qui ont une incidence positive sur la société.

À notre avis, la solution réside dans la gestion de portefeuille active. Nous estimons que la manière la plus efficace de dégager des rendements attrayants consiste à mener des recherches fondamentales poussées et à dialoguer avec les dirigeants d’entreprises.

Accent sur le positif

Dans le cadre de nos mandats axés sur la durabilité, nous cherchons à faire honneur à notre tradition de gestion active dans la façon dont nous intégrons les facteurs environnementaux, sociaux et liés à la gouvernance (ESG). Notre expérience nous a appris que la méthode d’exclusion caractérisant la démarche passive peut faire rater de nombreuses occasions de placements fructueux ayant le potentiel d’apporter une contribution à la société.

Au contraire, en misant sur une approche active à l’égard des placements ESG, nous pouvons employer une méthode d’inclusion pour sélectionner les entreprises qui participeront le plus significativement à bâtir une économie durable.

Investissement durable – Avantages de ratisser plus large

Nous nous sommes notamment inspirés des objectifs de développement durable de l’Organisation des Nations Unies pour définir des thèmes et secteurs clés pouvant catalyser des changements positifs. D’autres importantes organisations vouées au développement ont aussi guidé notre approche.

Nous avons identifié cinq principaux thèmes de placement ESG qui, dans le cadre de notre démarche active, nous aident à trouver des entreprises bien positionnées pour générer à la fois des bénéfices accrus et des retombées positives pour la planète :  

  • production d’énergie durable;
  • consommation d’énergie efficace;
  • consommation et gestion responsables des déchets;
  • industries, infrastructures et communautés durables;
  • santé et bien-être.

Placements dans des chefs de file, des facilitateurs et des sociétés en voie d’amélioration – Une approche globale

Au sein de chaque thème, nous trouvons des entreprises qui agissent comme catalyseurs de changement pour la société et qui créent des occasions de placement nouvelles. Elles peuvent être classées en trois types : les chefs de file, les facilitateurs et les sociétés en voie d’amélioration. Nous investissons dans des entreprises qui font des avancées dans les thèmes clés cités plus haut et qui obtiennent de bons résultats financiers tout en visant une contribution positive à la société.

Les chefs de file sont des sociétés reconnues comme des meneuses dans au moins un thème et dans l’adoption de pratiques d’affaires durables. Pour illustrer ce concept, mentionnons par exemple une société canadienne de l’immobilier qui représente une figure de proue de la consommation durable d’énergie. Elle gère un vaste portefeuille de propriétés, dont plus de 95 % détiennent une certification environnementale comme celles de BOMA BEST ou de LEED. Or, la société va bien au-delà des critères de certification, ayant réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 38 % en 10 ans. Elle s’est aussi engagée à diminuer son empreinte carbone de 80 % sur 40 ans.

Nos mandats affichent une importante position dans une société d’ingénierie de pointe qui constitue un excellent exemple d’entreprise jouant le rôle de facilitatrice. Elle tire la majeure partie de son chiffre d’affaires de projets qui aident à améliorer le profil d’émissions et l’impact environnemental d’importantes infrastructures municipales. Au premier coup d’œil, on ne reconnaîtrait sans doute pas cette société comme une meneuse dans le domaine ESG, mais par son expertise dans l’amélioration de la conception, elle apporte une contribution notable au développement durable.

Les sociétés en voie d’amélioration jouent elles aussi un rôle crucial dans la réussite sociétale. Pour bâtir une économie durable, il est essentiel d’investir non seulement dans les chefs de file, mais aussi dans les entreprises qui s’efforcent d’améliorer leurs activités. Donnons l’exemple d’une société canadienne productrice d’énergie dans laquelle nous avons investi et qui a effectué une transition sur plusieurs années pour changer de combustible, d’abord entièrement du charbon, pour passer à une majorité de sources durables.

Bref, nous cherchons à inclure non seulement les entreprises qui portent le flambeau du développement durable, mais aussi celles qui mettent leur pierre à l’édifice en aidant les autres à atteindre leurs cibles ainsi que celles qui continuent à s’améliorer. Notre stratégie vise ainsi à alimenter notre portefeuille diversifié de titres d’entreprises travaillant à l’atteinte d’objectifs sociétaux.

Approche active de l’investissement responsable

Alors que les investisseurs cherchent de plus en plus à bâtir un portefeuille qui reflète leurs valeurs et génère des retombées positives pour la société tout en produisant les rendements désirés, nous croyons fermement que notre approche active permet d’offrir les solutions appropriées en matière d’investissement responsable. Notre processus ciblant les chefs de file, les facilitateurs et les sociétés qui effectuent des progrès dans l’un de nos thèmes de placement clés est essentiel pour parvenir à atteindre le bon équilibre au chapitre des entreprises, du risque et des rendements. Nous gérons les portefeuilles activement en regardant plus loin que la composition des indices ou les notations des agences. Par conséquent, nos placements s’inscrivent dans des thèmes de développement durable plus larges et ont de plus fortes répercussions positives sur la société.


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Quel est le lien entre intégration des critères ESG et devoir fiduciaire ?

Qu’est-ce qu’un représentant fiduciaire ? Un représentant fiduciaire est une entité à laquelle un pouvoir ou des biens sont confiés pour le compte d’une autre. Le devoir fiduciaire comprend le respect de la confidentialité, l’obligation d’éviter tout conflit et celle de ne pas tirer profit de sa position.

Lors de notre sondage annuel sur les attitudes à l’égard de l’investissement responsable, les investisseurs institutionnels ont cité le devoir fiduciaire comme raison principale de l’intégration des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans leur approche de placement.

Par contre, parmi la minorité de ceux qui n’utilisent pas les principes ESG, beaucoup sont d’avis que cela n’est pas compatible avec l’obligation fiduciaire de maximiser les rendements. C’est aux États-Unis que ce point de vue est le plus courant, suivis du Canada et de l’Asie. La confusion entourant le devoir fiduciaire et l’intégration des critères ESG découle peut-être des récents changements dans le monde des placements et le droit.

Auparavant, les facteurs ESG étaient généralement considérés comme non financiers. Les juristes se sont donc demandé si les représentants fiduciaires devaient les ignorer afin de respecter leurs obligations. Autrement dit, ils ont posé la question : le devoir fiduciaire permet-il de tenir compte des facteurs ESG ? Certains investisseurs institutionnels, qu’ils soient propriétaires d’actifs ou gestionnaires de placements, limitent la portée de leur devoir fiduciaire et estiment que celui-ci exclut la prise en compte des facteurs ESG dans les processus de placement.

Le contexte juridique a commencé à changer en 2005. Cette année-là, l’Initiative financière du Programme des Nations unies pour l’environnement (IF PNUE) a commandé un rapport, surnommé le « rapport Freshfields ». Celui-ci affirmait que les gestionnaires pouvaient tenir compte des facteurs ESG sans enfreindre leur devoir fiduciaire. Après avoir examiné les lois d’un certain nombre de pays parmi les plus développés au monde, les auteurs du rapport ont conclu que l’intégration des paramètres ESG dans l’analyse des placements, dans le but de formuler des prévisions de résultats financiers plus fiables, est clairement autorisée, voire requise, dans tous les territoires.

Ce rapport a confirmé que les facteurs ESG peuvent être pris en compte et a préparé le terrain pour l’évaluation de leur importance relative. Dans son rapport de 2014 sur les devoirs fiduciaires des intermédiaires de placement, la Law Commission du Royaume-Uni a reconnu ces préoccupations et cherché à les dissiper. Elle a indiqué qu’elle souhaitait éliminer les préjugés une fois pour toutes. D’après elle, rien n’empêche les fiduciaires de tenir compte des facteurs environnementaux, sociaux ou de gouvernance lorsqu’ils sont, ou peuvent être, importants sur le plan financier. S’il autorise les représentants fiduciaires à prendre en considération les facteurs ESG, le rapport n’en fait pas une obligation. Ainsi, la Commission précise qu’elle ne croit pas utile de dire que les critères ESG ou les facteurs éthiques doivent toujours être pris en compte.

Le Royaume-Uni n’est pas le seul pays à composer avec ce genre de problèmes. En 2021, Freshfields a publié un rapport intitulé « A Legal Framework for Impact » (un cadre juridique pour l’impact) qui analyse le droit américain. Le rapport conclut que de l’avis général, surtout en ce qui concerne la gestion des caisses de retraite, lorsqu’un facteur environnemental, social ou de gouvernance a des répercussions substantielles sur l’atteinte des objectifs de placement d’un investisseur, celui-ci est tenu de le prendre en compte de façon appropriée dans l’exercice de ses fonctions visant la réalisation de l’objectif financier.

Aux États-Unis, deux règles du ministère du Travail (DOL) de 2020 ont mis en péril la prise en compte des critères ESG en vertu des devoirs fiduciaires exigés par la loi ERISA, une loi régissant l’épargne-retraite en milieu de travail. Les règles, qui portaient sur la prise en compte des facteurs pécuniaires et non pécuniaires dans la sélection des placements, et sur le rôle du vote par procuration dans le devoir fiduciaire, ont été établies vers la fin de l’administration Trump et considérées comme des obstacles à la prise en compte des facteurs ESG dans les décisions d’investissement et de vote. Cependant, sous l’administration Biden en 2021, le ministère du Travail a confirmé qu’il ne poursuivrait pas l’application de ces règles et en a finalement proposé de nouvelles, plus claires, faisant ainsi rapidement marche arrière.

Au Canada, l’Association pour l’investissement responsable (AIR) note : « L’évolution de la responsabilité fiduciaire en ce qui concerne les enjeux ESG a amené le gouvernement de l’Ontario à modifier la réglementation régissant les investissements des fonds de pension en 2016, obligeant les caisses de retraite à inclure dans leurs énoncés des principes et procédures en matière de placement des informations indiquant si et comment les facteurs ESG seront intégrés dans leur processus décisionnel. »

Pour les investisseurs signataires des PRI (Principes pour l’investissement responsable), une initiative de l’ONU qui promeut l’investissement responsable, les obligations fiduciaires de loyauté et de prudence exigent la prise en compte des questions ESG. Le groupe PRI fonde sa position sur trois points : 1) l’intégration des critères ESG est une norme de placement ; 2) les enjeux ESG sont importants sur le plan financier ; et 3) les politiques et les cadres réglementaires exigent de plus en plus l’intégration des critères ESG. Selon le groupe PRI, les investisseurs qui ignorent les enjeux ESG manquent à leur devoir fiduciaire et s’exposent de plus en plus à des poursuites.

Comme on peut le voir, les avis juridiques sur les critères ESG et le devoir fiduciaire évoluent rapidement. Mais les changements ne se limitent pas aux avis juridiques. Ils reflètent ceux que connaît le milieu des placements, où les grands enjeux ESG occupent une place grandissante dans le processus de prise de décisions.

À RBC Gestion mondiale d’actifs, toutes nos équipes des placements intègrent les critères ESG importants à leur approche de placement. Nous croyons pouvoir améliorer le rendement à long terme corrigé du risque de nos portefeuilles en agissant comme un gestionnaire actif, dynamique et responsable, conscient de son devoir fiduciaire.


Clause de non-responsabilité de l’AIR
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La croissance inclusive : un cadre multi-actifs sur les droits des autochtones et la réconciliation dans les investissements

Alors que le Canada continue de faire face à de dures vérités sur les expériences passées et présentes des peuples autochtones, les gouvernements, les entreprises et les particuliers cherchent à contribuer à la réconciliation de multiples façons, avec plus ou moins de succès. Le secteur de l’investissement peut être un important levier de progrès ; des sondages récents et des recherches universitaires se joignent à un chœur croissant exhortant les marchés des capitaux à en faire plus. Les gestionnaires de placements multi-actifs peuvent aborder les droits autochtones et le rapprochement dans le processus d’investissement en utilisant différents outils et véhicules de placement, propres à chaque catégorie d’actifs. Nous proposons ci-dessous des idées sur la manière dont les investisseurs peuvent intégrer les droits des autochtones dans une optique multi-actifs.

Gestion des risques liés aux placements en actions

La pertinence financière est généralement la principale optique à travers laquelle les investisseurs en actions considèrent les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Pour de nombreuses industries, les relations avec les Autochtones pourraient avoir une incidence sur les résultats des investissements. Les entreprises du secteur de l’énergie, des mines et des services publics sont depuis longtemps confrontées à des risques financiers, opérationnels et d’atteinte à la réputation liés à de mauvaises relations avec les autochtones. Les manifestations et les retards de construction, les contestations judiciaires et les sentiments négatifs du marché peuvent avoir des conséquences financières réelles pour les entreprises qui gèrent mal leur permis d’exploitation dans les communautés autochtones. Le Dakota Access Pipeline et le Keystone XL Pipeline sont deux des nombreux exemples récents qui illustrent ces risques en matière d’investissement. En effet, aux États-Unis, en mars 2021, le secteur des industries extractives était confronté au plus grand nombre de controverses concernant des impacts négatifs présumés sur les populations autochtones, tels que la dégradation de l’environnement, les problèmes liés aux droits de l’homme et les inégalités sociales.¹

Plusieurs outils sont disponibles pour mettre en place un processus d’investissement qui prend en compte et intègre les droits des autochtones et les relations avec ces peuples. Les données, par exemple, sont particulièrement importantes pour les gestionnaires d’actifs ayant de gros portefeuilles d’actions – c’est-à-dire potentiellement des milliers d’entreprises – dans des fonds actifs et passifs. Ces investisseurs doivent être en mesure d’identifier et de surveiller en permanence, de manière efficace et à grande échelle, les entreprises présentant un risque élevé ou des performances historiques médiocres dans ce domaine. Bien que le secteur extractif dans son ensemble soit généralement connu pour faire face à des risques associés aux relations avec les Autochtones, toutes les entreprises n’exercent pas nécessairement leurs activités dans des communautés autochtones, sur de terres autochtones traditionnelles ou à proximité de celles-ci. En outre, des données sur les entreprises qui ont mis en œuvre des politiques et des programmes de bonnes pratiques, comme celles qui sont conformes à la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA) et au Consentement préalable, libre et éclairé (CPLÉ), ou sur celles qui font l’objet de controverses, peuvent aider à cibler l’engagement. Elles peuvent également aider à suivre les progrès des entreprises du portefeuille au fil du temps.

Les activités d’intendance telles que l’engagement et le vote par procuration sont également des mécanismes efficaces pour exercer une influence sur les questions autochtones au sein des entreprises bénéficiaires. En plus de plaider en faveur de l’engagement envers la DNUDPA et le CPLÉ, les investisseurs pourraient encourager les entreprises à mieux signaler l’impact de leurs activités sur les communautés autochtones. La définition de lignes directrices claires en matière de vote par procuration et de politiques sur les relations avec les autochtones peut améliorer la communication des attentes des investisseurs. Le fait de soutenir des propositions connexes ou de voter contre des administrateurs dans des situations où des controverses sont présentes ou lorsque des politiques progressistes font défaut souligne également la responsabilité des investisseurs sur ce sujet.

Titres à revenu fixe et cadre d’impact

Pour les investisseurs en dette, l’exploitation des données et l’engagement sont également des moyens de gérer les risques de baisse découlant de mauvaises relations avec les autochtones, tant chez les émetteurs privés que chez les émetteurs non privés. Mais il existe des possibilités de contribuer à un impact positif plus directement dans le secteur des titres à revenu fixe. Le marché des obligations vertes, sociales et durables se développe rapidement. En 2021, les émissions de créances sous différents labels de durabilité ont dépassé 1 500 milliards de dollars américains à l’échelle mondiale, doublant ainsi par rapport aux 747 milliards de dollars américains de 2020. Certains analystes s’attendent à ce qu’elles atteignent 2,5 billions de dollars en 2022. Ces instruments ont le potentiel de faire progresser la réconciliation avec les communautés autochtones, pour autant que les obligations soient structurées conformément aux principes reconnus.

Les investisseurs qui souhaitent participer à ces obligations doivent appliquer un processus de diligence raisonnable fondé sur des cadres établis – tels que ceux définis par l’International Capital Market Association. Les cadres devraient préciser l’utilisation acceptable du produit pour s’assurer que l’impact des investissements répond aux besoins des communautés autochtones. Ils peuvent également inclure l’utilisation de catégories de procédures qui identifient les activités qui soutiennent le progrès socio-économique et l’autonomisation des peuples autochtones, et/ou des catégories comme le logement abordable et l’accès aux soins de santé. Les cadres obligataires devraient également inclure des mesures quantifiables et mesurables pour que les émetteurs soient tenus responsables des objectifs fixés.

Un partenariat réel dans des actifs réels

Si la prise en compte des droits et des questions autochtones dans les investissements en actions et en titres à revenu fixe peut produire des avantages socio-économiques pour les communautés autochtones, l’influence de l’investisseur sur les résultats réels est, au mieux, tangentielle. Cependant, dans les investissements alternatifs, en particulier dans les actifs réels, la capacité des investisseurs à contribuer à l’indépendance économique des peuples autochtones peut être beaucoup plus directe. Par exemple, les investisseurs immobiliers peuvent louer des terres directement aux peuples autochtones pour le développement de nouvelles propriétés – un arrangement à long terme qui peut générer de la richesse pour les investisseurs et la communauté locale. En outre, les stratégies immobilières peuvent établir des cadres de diligence raisonnable pour les gestionnaires et des critères de sélection qui tiennent compte des droits des autochtones, en particulier pour les gestionnaires et les propriétés situées au sein ou à proximité des communautés autochtones. 

Les projets d’infrastructure peuvent également être des occasions de collaboration avec les peuples autochtones. En fait, la capacité de remporter des contrats et d’obtenir l’approbation réglementaire des gouvernements peut dépendre de la propriété et de la participation des autochtones, via des sièges au conseil d’administration, par exemple, où ils sont en mesure de gérer ces projets aux côtés des investisseurs. L’approche et la structuration des projets de cette manière – en particulier les projets liés à l’industrie de l’énergie ou ayant un impact sur le capital naturel – peuvent être essentielles à une transition inclusive et équitable vers une économie à faible émission de carbone.

Il ne s’agit en aucun cas d’une liste exhaustive des moyens dont disposent les gestionnaires multi-actifs pour promouvoir les droits des autochtones dans le processus d’investissement. L’innovation en matière d’investissement peut jouer un rôle dans cet espace. Nous devons également aller au-delà des industries communes étant donné la nature systémique de cette question au Canada et à l’étranger. En outre, une véritable réconciliation exige que la communauté des investisseurs réfléchisse et agisse de manière significative au-delà des investissements – dans le cadre des efforts de diversité et d’inclusion des organisations, des politiques d’achat des fournisseurs et de l’engagement avec les organisations autochtones. Tout cela pour dire qu’il y a encore beaucoup de travail à faire.


Sources :
[1] Block, Samuel. (Avril 2021). Native Americans’ Pivotal Role in US Climate Change Agenda. Recherche ESG du MSCI. Ce rapport contient des informations (les « Informations ») provenant de MSCI Inc, de ses sociétés affiliées ou de fournisseurs d’informations (les « Parties de MSCI ») et peut avoir été utilisé pour calculer des scores, des notations ou d’autres indicateurs. Les informations sont destinées à un usage interne uniquement et ne peuvent être reproduites/rediffusées sous quelque forme que ce soit, ni servir de base ou de composant à des instruments ou produits financiers ou à des indices. Les Parties de MSCI ne garantissent pas l’originalité, l’exactitude et/ou l’exhaustivité des données ou des informations contenues dans le présent document et rejettent expressément toute garantie expresse ou implicite, notamment de qualité marchande et d’adéquation à un usage particulier. Les Informations ne sont pas destinées à constituer un conseil d’investissement ou une recommandation pour prendre (ou s’abstenir de prendre) une décision d’investissement et ne peuvent être considérées comme telles, ni comme une indication ou une garantie de performance future, une analyse, une prévision ou une prédiction. Aucune des Parties de MSCI n’est responsable des erreurs ou omissions liées aux données ou informations contenues dans le présent document, ni des dommages directs, indirects, spéciaux, punitifs, consécutifs ou autres (y compris le manque à gagner), même si elles ont été informées de la possibilité de tels dommages.


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Mesure de l’impact social : les placements au service des collectivités

En matière d’investissement durable, l’industrie de la gestion d’actifs s’est historiquement concentrée sur les facteurs de gouvernance et sur les facteurs environnementaux. Le mouvement vers la mesure de l’empreinte environnementale des entreprises est très visible : les engagements publics d’investisseurs de toutes tailles et formes, de gestionnaires d’actifs et d’entreprises à atteindre le zéro émission nette se multiplient. Cependant, la mesure de l’impact social des placements est tout aussi importante pour le secteur financier et les discussions qui ont lieu à l’échelle mondiale autour de la création d’un monde plus durable. Pour que les gestionnaires d’actifs accomplissent des progrès significatifs dans la réalisation des objectifs de durabilité, nous devons investir d’une manière qui tient compte non seulement de l’environnement, mais aussi des personnes et des collectivités.

Certaines initiatives, comme les Principes pour l’investissement responsable (PRI) et le Global Real Estate Sustainability Benchmark (GRESB), ont établi des cadres permettant à notre industrie de suivre les progrès autour des facteurs ESG. Auparavant privés de renseignements détaillés sur la diversité du personnel d’une entreprise ou les émissions de ses bâtiments à l’échelle mondiale, les investisseurs se tournent vers ces cadres pour suivre les répercussions de leurs portefeuilles sur le monde. Cela a mené à des rapports plus normalisés sur les facteurs environnementaux, de même que sur la diversité, l’équité et l’inclusion. En effet, les investisseurs arriment les questions de contrôle préalable aux normes mondiales les plus élevées.

Mais les impacts sociaux des placements ne sont pas toujours faciles à quantifier. Le gestionnaire d’actifs peut jouer un rôle important dans la collecte de renseignements sur le financement des projets et des entreprises. Il peut notamment aider ces entreprises à améliorer les façons dont elles affectent la vie des gens. En augmentant la quantité de données qu’il recueille sur l’impact social, tout en offrant aux investisseurs et à leurs placements des moyens d’influer positivement sur le monde, le gestionnaire d’actifs a la possibilité de faire œuvre utile.

Les sociétés de gestion d’actifs peuvent et doivent utiliser la technologie et les ressources à leur disposition pour sensibiliser les investisseurs aux impacts sociaux de leurs portefeuilles. Dans le cadre de ses travaux visant à rendre notre monde plus équitable, BentallGreenOak (BGO), qui fait partie de Gestion SLC, a mis au point un outil d’évaluation de l’impact social : c’est l’une des premières applications fondées sur des données propres aux facteurs sociaux dans le secteur des titres de participation et de créance immobiliers. Conformément aux objectifs de développement durable établis par l’Organisation des Nations Unies et à d’autres pratiques exemplaires internationales, la création de cet outil a aidé BGO à évaluer le profil social de ses actifs, y compris leur incidence sur la santé et le bien-être, la croissance économique et les inégalités dans nos collectivités. L’outil a été lancé en 2020 dans plus de 400 propriétés, qui représentent un actif géré de plus de 27 milliards de dollars US à l’échelle mondiale.

Grâce au temps et aux ressources consacrés à la création et à l’expansion de cet outil, nous avons une nouvelle perspective sur ce qui contribue à l’excellence du rendement social des actifs. Par exemple, nous réfléchissons davantage à l’évolution constante du transport urbain et à la façon dont nos bâtiments pourront accueillir davantage de vélos et d’autres moyens de transport écologiques. Nous constatons aussi à quel point nos investissements dans les espaces communs (salles de réunion, installations récréatives, options de restauration saine et de conditionnement physique, etc.) sont appréciés et sont devenus essentiels pour l’acquisition et la rétention des locataires. En outre, alors que nous nous lançons dans des plans de renouvellement des actifs, nous explorons comment nous pouvons favoriser la lumière naturelle, l’air frais et l’expression artistique dans nos environnements intérieurs. La nécessité de composer avec la COVID-19 nous a poussés à accélérer, à l’échelle de nos portefeuilles, nos plans de mise en place de pratiques d’exploitation exemplaires et de nouvelles dépenses en capital pour pallier les contrecoups actuels et futurs de maladies infectieuses.

Le gestionnaire d’actifs d’aujourd’hui est un mobilisateur socialement responsable qui doit être capable d’intégrer ses actifs dans le tissu social de sa collectivité afin de garantir une croissance et une valeur ajoutée à long terme. Nous sommes appelés de plus en plus à faire une introspection honnête sur les personnes et les talents que nous avons rassemblés pour mener à bien notre parcours ESG, et à réévaluer nos lacunes en matière de diversité, d’équité et d’inclusion. Dans la mesure où nous continuons à investir dans des établissements culturels et commerciaux dynamiques et cosmopolites, la composition de notre effectif doit également refléter cette même richesse et cette diversité. Ce sont nos investisseurs et nos locataires qui nous responsabilisent sur ce plan. Nous apprenons chaque jour à quel point nous sommes meilleurs lorsque des dirigeants de diverses origines, générations et identités contribuent aux décisions que nous prenons dans la salle du conseil et dans nos installations. Les immeubles peu performants qui deviennent désuets au fil du temps souffrent presque toujours d’un détachement de leur environnement communautaire et de leur cadre social. Être victime de ce phénomène est un véritable défi existentiel qui ne peut plus être pris à la légère.

En créant cet outil, nous avons également appris à intégrer des équipes ayant divers niveaux d’expérience en matière de placements ESG dans le processus de mesure de l’impact social. En tant qu’entreprises socialement responsables, nous sommes tous des adeptes de l’ESG et nous devons tous être parfaitement conscients du rôle que nous jouons en matière d’excellence dans ce domaine. Le chemin vers un monde plus durable est sinueux et les acteurs de notre industrie se sont engagés dans cette voie à différentes étapes de leur carrière et de différentes façons. En tant que gestionnaires d’actifs, nous devons aller à la rencontre de nos propres employés là où ils en sont dans leur parcours, en créant des outils et des programmes qui les aideront à revoir la façon dont ils abordent les impacts sociaux de leurs portefeuilles.

La maxime « c’est un marathon, pas un sprint » peut être appliquée aux défis externes qui se sont présentés lorsque nous avons lancé l’outil exclusif d’évaluation de l’impact social de BGO. Les données sociales, que les normes internationales incitent les investisseurs à demander, présentaient des lacunes. Mais plus important encore, un manque de compréhension de l’importance de mesurer les impacts sociaux dans un portefeuille est ressorti. Les normes de tierces parties peuvent aider à suivre les progrès des entreprises mondiales, mais elles ne leur fournissent pas toujours des moyens d’apporter des changements. Des plans d’action sont essentiels pour les entreprises des secteurs qui ont une empreinte sociale et environnementale importante dans le monde, comme les sociétés industrielles. Un des éléments clés de cet outil est qu’il fournit des stratégies sur mesure quant à la façon dont chaque actif et, en définitive, les portefeuilles peuvent améliorer leur impact social au fil du temps. À l’heure actuelle, le secteur financier n’a pas toutes les réponses quant à son rôle dans l’amélioration de ce paysage. Nous devons continuer à innover et à faire évoluer nos propres processus de placement afin que nos clients sachent comment leur argent est mis au service de nos collectivités. Nous devons être transparents dans nos communications avec les clients, en leur donnant plus de renseignements concrets sur les progrès que nous pouvons tous réaliser en matière d’équité sociale grâce aux placements.


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Carboneutralité : les moyens de l’atteindre doivent être inclusifs

Lorsqu’il s’agit de trouver une nouvelle solution, c’est généralement le « comment » qui suscite le plus de débats. Il en va de même avec la voie vers la carboneutralité. La plupart d’entre nous acceptent la science du réchauffement climatique. La plupart d’entre nous comprennent que sans mesures correctives, la planète et ses habitants seront en danger. Il existe un consensus sur le fait que nous devons réduire les émissions de gaz à effet de serre à zéro net d’ici 2050. Il n’y a aucune objection crédible à la raison pour laquelle nous devons agir. Ni lorsqu’il est question du « quand ». Là où le bât blesse, c’est le « comment ».

L’histoire, l’expérience et la position dans le monde façonnent les opinions. En tant que gestionnaire d’investissement actif, nous avons nos propres racines en Afrique du Sud. Nous avons été le premier gestionnaire d’investissement d’origine africaine à signer la Net Zero Asset Managers Initiative. Nous l’avons fait parce que nous croyons en l’objectif – et parce que nous croyons qu’il existe un chemin particulier vers sa réalisation.

Investir en vue d’un rendement actif et d’un rendement net nul dans le monde réel est un défi. Nous apprenons de nouvelles disciplines pour les industries et les entreprises que nous évaluons. Nous devons comprendre leurs modèles de durabilité et comment ils affectent les valeurs de l’entreprise. L’évaluation des voies de transition et de l’engagement des entreprises et des pays en faveur de l’objectif « zéro émission nette » nécessite une analyse, une connaissance approfondie du secteur et, surtout, un engagement actif.

C’est en appelant à un engagement actif que nous nous distinguons d’une approche de la carboneutralité qui est malheureusement encore courante dans les marchés développés.

De nombreux investisseurs des marchés développés sont d’avis que le moyen d’atteindre zéro émission nette consiste simplement à nettoyer les portefeuilles. En d’autres termes, en se désinvestissant de pays et en vendant des entreprises caractérisées par des émissions élevées. Oui, cela nettoiera sûrement un portefeuille. Ce que cela ne fera pas, c’est nettoyer le monde réel.

Voyons un peu.

Imaginez que la « pureté du portefeuille » devienne la norme. Nous nous retrouverions avec un ensemble de portefeuilles de pays développés concentrés sur un nombre restreint d’actifs. Au même moment, le reste de la planète serait laissé à lui-même, avec des actifs en proie à de mauvais propriétaires et à des pratiques irresponsables d’allocation de capital. Nous garantirions un monde de zéro net partiel, qui, à son tour, garantirait un zéro net nul. Les émissions ne seraient pas réduites d’ici 2050. Elles augmenteraient de façon exponentielle.

Le désinvestissement peut démontrer un manque de compréhension ou de sincérité à l’égard de la crise climatique, car il exacerbe la crise.

Alors que les émissions des marchés émergents augmentent, les États-Unis et l’Europe ont contribué à eux deux à 62 % des émissions historiques mondiales cumulées. Étant donné qui est le principal responsable des émissions au fil du temps, ce serait un acte de lâcheté de la part des pays riches, de leurs investisseurs, des propriétaires d’actifs et des institutions que d’abandonner le reste. Ce serait comme retirer l’échelle d’une maison en feu. Cela aurait pour effet de priver les marchés émergents de capitaux d’investissement au moment même où ils ont besoin de 2500 milliards de dollars supplémentaires par an pour financer leur transition énergétique.

L’électricité constitue un exemple principal d’un secteur où un engagement et un financement positifs pourraient entraîner des changements monumentaux.

De nombreux marchés émergents dépendent des combustibles fossiles pour la production d’électricité. L’électricité par habitant provenant de ces combustibles est de 89 % en Afrique du Sud, de 74 % en Inde et de 61 % en Indonésie. Entre-temps, en 2019, le prix de l’électricité produite par l’énergie solaire photovoltaïque et l’énergie éolienne terrestre est passé sous le prix de l’électricité produite par le gaz et le charbon. Oui, une transition vers les énergies renouvelables sur ces marchés serait une entreprise formidable. Mais oui, une transition doit aussi avoir lieu. Pas seulement pour le bénéfice de ces pays, mais pour s’assurer que le monde entier devienne carboneutre.

D’où notre point de vue selon lequel nous devons nous engager activement. Cela signifie qu’il faut rester investi, même dans certains pays à fort taux d’émission – mais avec les réserves essentielles que sont un horizon temporel fixe pour le changement et des objectifs immuables pour atteindre le net zéro. Nous devons exiger des entreprises des plans de transition clairs jusqu’en 2050 pouvant être mesurés et contrôlés. Ce que nous demandons, c’est de la patience, car une vraie solution prendra du temps.

En tant que communauté mondiale de l’investissement, nous devrions nous concentrer sur la facilitation et la fourniture de financements de transition.

En tant qu’investisseurs, nous encourageons l’engagement de capitaux pour aider à financer le vaste changement qui s’impose. Nous encourageons également un engagement à affiner les moyens de mesurer les progrès réalisés par rapport aux objectifs climatiques. Nous aimerions voir la création d’instruments financiers qui aident les allocateurs de capitaux à aligner les portefeuilles sur une décarbonisation réelle et inclusive. Ces instruments canaliseraient les capitaux vers les entreprises et les projets qui rapprocheraient l’économie mondiale de la neutralité carbone et laisseraient les pays les plus pauvres effectuer une transition vers le zéro net. Une transition inclusive, financée de manière juste et efficace, profitera à tous. Il n’y a pas d’alternative viable.


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Ninety One est un gestionnaire d’investissement indépendant et mondial, doublement coté à Londres et à Johannesburg. Créée en Afrique du Sud en 1991 sous le nom d’Investec Asset Management, la société s’est séparée du groupe Investec en 2020 et est devenue Ninety One. Ninety One gère plus de 190 milliards de dollars et propose des stratégies actives en matière d’actions, de titres à revenu fixe, d’actifs multiples et d’alternatives aux institutions, aux conseillers et aux investisseurs individuels du monde entier.

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Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

Il est temps de faire de l’Economie Circulaire une réalité

Les ressources naturelles de notre planète sont physiquement limitées. L’exploitation intensive de la nature, à un rythme toujours plus rapide, empêche celle-ci d’avoir le temps de se régénérer, conduisant à son épuisement et à son appauvrissement. Notre modèle économique linéaire, qui consiste à extraire, produire, consommer et jeter, participe fortement à la destruction de notre environnement.

Figure 1 – Notre modèle économique linéaire n’est pas durable sur le long-terme

Source: Amundi Asset Management

L’explosion démographique et économique que nous avons connue au cours du XXe siècle ainsi que l’avènement de la consommation de masse, qui a inondé le marché de produits peu chers et facilement remplaçables, ont exercé une pression trop forte sur notre environnement. Il est temps de tirer la sonnette d’alarme.

En effet, cette économie linéaire a négligé deux points importants : nos réserves naturelles sont limitées et la nature a besoin de temps pour se régénérer et continuer à produire. Selon les experts scientifiques, à ce rythme d’extraction, certaines matières premières ne seront plus disponibles d’ici 50 ans alors que la demande ne cessera d’augmenter, en partie due à une population mondiale qui devrait atteindre 9 milliards d’habitants en 2050.

Le modèle linéaire consistant à produire toujours plus et à jeter de grandes quantités de déchets, tout en recyclant de façon minime, est en contradiction avec les limites planétaires. La production mondiale de déchets était estimée à 1,3 milliard de tonnes par an en 2012 contre 2,01 en 2018 (+55%) et devrait atteindre 3,40 milliards de tonnes d’ici 2050 dans un scénario de statu quo (+160%). En 2018, on estime qu’à l’échelle mondiale, environ 37 % des déchets sont enfouis dans des décharges, 33 % sont mis en décharge à ciel ouvert, 11 % sont traités par incinération moderne et seulement 19 % font l’objet d’une valorisation des matériaux par recyclage et compostage. La société de consommation a donné naissance à une société de déchets.

Figure 2 – Près de 2 Terres étaient nécessaires au vu de la demande en biens de consommation en 2019 vs 1 en 1969

Source: EarthOvershootDay.org

Dans ces circonstances, comment aider les entreprises à passer d’un modèle linéaire à un modèle circulaire pour limiter les atteintes à notre environnement ?

L’avènement de l’Economie Circulaire

Il faut donc passer d’un modèle linéaire à un modèle circulaire qui limitera les atteintes à l’environnement et permettra à la nature de se régénérer. Ce modèle circulaire peut se faire par l’allongement de la durée de vie des produits et notamment par l’éco-conception, la réparabilité, la durabilité et le marché de l’occasion. Cette economie circulaire doit également inclure un meilleur traitement des déchets et permettre de réutiliser les matières premières pour créer de nouveaux produits… et ainsi boucler la boucle !

L’economie circulaire est une solution qui connaît un succès croissant ces dernières années : le concept s’est propagé d’un petit cercle d’initiés à un nombre croissant d’entreprises et de citoyens.

Cependant, définir l’economie circulaire n’est pas chose aisée et il n’existe pas aujourd’hui de définition universelle. Chez Amundi, nous considérons que l’economie circulaire est un changement de modèle économique qui permet de produire des biens de consommation durables, tout en protégeant la nature – en lui laissant le temps de se régénérer – et en assurant le bien-être des individus.

Ce nouveau modèle économique se traduit par :

  • Une meilleure gestion et utilisation des ressources naturelles
  • Des biens conçus et produits pour durer
  • Des consommateurs informés des impacts environnementaux de leurs achats et qui consomment de manière raisonnée
  • Un système plus efficace de traitement des produits en fin de vie permettant d’obtenir davantage de matières premières secondaires.

Chaque étape de la production d’un produit doit donc être revue à la lumière de la définition mentionnée ci-dessus :

Figure 3 – L’economie circulaire propose un nouveau modèle économique qui redéfinit chacune des étapes de production d’un produit

Source: Amundi Asset Management

Les investisseurs ont un rôle clé à jouer dans la concrétisation de l’economie circulaire

En tant qu’investisseurs, la promotion de l’economie circulaire est non seulement une occasion de dissocier croissance économique et dégradation de l’environnement mais aussi une opportunité financière de stimuler l’innovation et la compétitivité. En effet, les recherches montrent que l’economie circulaire offre une opportunité économique de 4,5 trillions de dollars en réduisant les déchets, en stimulant l’innovation et en créant des emplois.  Les nouveaux modèles commerciaux axés sur la réutilisation, la réparation, le reconditionnement et les modèles de partage offrent également d’importantes possibilités d’innovation.

Pour que ces perspectives se concrétisent, les entreprises doivent repenser l’ensemble de leur modèle économique et de leur stratégie commerciale, ce qui nécessite le soutien des investisseurs.

En effet, dans une vision court-termiste, les entreprises ont intérêt à perpétuer le modèle linéaire, car leur chiffre d’affaires est basé sur la production et la vente à grande échelle. L’economie circulaire, en revanche, propose un nouveau modèle dans lequel le bien a été conçu pour durer et dans lequel sa longévité est essentielle. Cette longévité se traduit à nouveau par l’éco-conception, la réparabilité, la durabilité et la recyclabilité et nécessitera une redéfinition complète de la stratégie des entreprises. Ce changement n’est pas simple et ne peut certainement pas se produire du jour au lendemain. C’est le rôle des investisseurs de soutenir et encourager cette transition circulaire.

Nos recommandations aux entreprises pour le déploiement d’une stratégie circulaire

Pour encourager la circularité, les investisseurs doivent affuter leurs recommandations et partager les bonnes pratiques pour inspirer aux entreprises la volonté de changer de modèle. Cependant, il est important de relever qu’il n’existe pas de modèle circulaire unique, mais plutôt une multitude de systèmes qui fonctionnent ensemble pour créer une stratégie circulaire. Ainsi, il n’y a pas une recette unique pour transformer le business-model d’une entreprise en un modèle circulaire vertueux. Cette mise en garde faite, il y a tout de même un ingrédient commun à toutes les recettes : le concept de circularité doit être au cœur de la stratégie de l’entreprise.

Sur la base de notre travail de Recherche et de campagnes d’engagements menées avec les entreprises, nous avons détaillé, ci-dessous, les principales bonnes pratiques identifiées pour la mise en place d’un modèle circulaire.

La promotion de l’economie circulaire doit être portée par la Direction de l’entreprise

L’economie circulaire doit être fortement intégrée dans le modèle commercial de l’entreprise. Cela signifie que la circularité n’est pas simplement assimilée à la stratégie ESG générale, mais qu’elle est au centre de la stratégie et sous la supervision directe du PDG et du conseil d’administration. Les mises à jour de la stratégie d’economie circulaire doivent être présentées au conseil d’administration au moins une à deux fois par an.

La stratégie economie circulaire doit se traduire en objectifs clairs

Les entreprises doivent établir des engagements forts et clairs en matière d’economie circulaire et définir des objectifs quantitatifs.

De nombreuses entreprises développent des objectifs pour augmenter la recyclabilité des matériaux utilisés mais elles doivent également se concentrer sur l’augmentation de la quantité de contenu recyclé utilisé dans les nouveaux produits (c’est-à-dire commencer à considérer les produits et matériaux de seconde main comme de nouvelles ressources et non comme des déchets).

Les objectifs quantitatifs doivent également aller au-delà des objectifs basés sur les matériaux et se concentrer sur des objectifs de produits entièrement circulaires. Si la théorie est évidente pour de nombreux secteurs, la pratique peut se révéler plus compliquée car techniquement difficile ou coûteuse à mettre en œuvre.

Quoi qu’il en soit, ces théories ne deviendront une réalité que si les entreprises consacrent des ressources, humaines et financières, pour lever ces derniers freins. C’est pourquoi nous soutenons la mise en place d’objectifs quantitatifs en nombre de produits lorsque les solutions circulaires sont techniquement possibles et que nous soutenons également le développement d’objectifs de R&D/Capex pour allouer les ressources aux domaines qui nécessitent des innovations.

La réussite d’une stratégie economie circulaire dépend de la mobilisation de tout un chacun au sein de l’entreprise

Une véritable stratégie circulaire nécessite que toute l’entreprise soit mobilisée. Cela inclut les équipes internes, les équipes de conception, le départements des achats ainsi que les équipes de logistique, de vente et de marketing.

Nous recommandons des formations internes pour permettre aux employés d’intégrer les principes de circularité dans leur travail quotidien, mais aussi des formations techniques, par exemple, pour approfondir le concept d’éco-conception dans la phase de conception de produits ou de communication avec les clients afin qu’ils deviennent une partie prenante active dans le processus circulaire.

La circularité nécessite également une collaboration avec les parties prenantes externes, y compris les fournisseurs et les experts tiers. Les entreprises doivent s’assurer que les fournisseurs sont des partenaires dans cette révolution circulaire. Nous avons remarqué que des partenariats solides avec un noyau dur de fournisseurs de longue date aident les entreprises à mieux intégrer la circularité dans leurs activités. Pour les domaines où l’innovation technique est encore nécessaire, nous encourageons les entreprises à travailler avec leurs pairs, les experts en circularité et les ONG pour aborder collectivement ces problèmes et trouver des solutions.

La fin de vie des produits doit être pensée dès leur conception

Enfin, en ce qui concerne la fin de vie des produits, nous encourageons les entreprises à y penser dès le début (c’est une boucle après tout !). Concevoir un produit qui peut se désassembler afin de permettre la réparation et de récupérer les matières premières est essentiel pour donner le coup d’envoi de ce cycle circulaire.

Pour y parvenir, il faut prendre en compte un grand nombre d’éléments, notamment la recyclabilité et la longévité des composants individuels par rapport à la recyclabilité des produits dans leur ensemble. Il faut également tenir compte de la manière dont les produits et les composants sont collectés et de la manière dont ces matériaux sont réintégrés dans le système d’origine. Ce n’est certes pas une tâche facile, et ce d’autant plus qu’elle sera différente pour chaque matériau, produit, entreprise et secteur. Afin que ces étapes soient possibles, elles doivent être pensées dès le début, et non à la fin, par les équipes en charge de la conception du produit.

Conclusion

La véritable circularité est certainement plus facile en théorie qu’en pratique mais les impacts négatifs de notre modèle linéaire en font un modèle obsolète. Les entreprises doivent imaginer de nouvelles façons de produire, plus durables. La mise en place d’une stratégie circulaire répond à cet objectif et aidera les entreprises à atténuer leurs impacts négatifs sur l’environnement tout en étant compétitives.

Oui, des défis techniques existent, mais notre travail chez Amundi a montré que le déploiement de l’economie circulaire par les entreprises s’est accéléré au cours des dernières années et que des solutions techniques commencent à se généraliser pour passer du prototype à la production à plus grande échelle.

Ce sont finalement les entreprises ambitieuses dans l’adoption de stratégies circulaires qui sont les moteurs du changement et de l’innovation. Alors, nous osons dire aux entreprises : agissez maintenant !


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Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

Comment investir dans l’anti-consumérisme

La crise climatique nous rattrape rapidement, et au cœur de cette crise se trouve le consumérisme. C’est la raison pour laquelle la planète a trop de plastique et de CO2, perd trop d’arbres, et utilise plus d’eau douce que la Terre ne peut en produire. Selon The World Counts, sur une échelle mondiale, nous avons besoin de l’équivalent de 1,8 planète Terre pour répondre à notre demande de ressources et absorber nos déchets.   

Si tous les habitants de la Terre consommaient au même rythme que les consommateurs occidentaux, nous aurions besoin de cinq Terres pour subvenir à nos besoins. Et le nombre de consommateurs augmente rapidement. D’ici à 2030, le nombre de consommateurs à l’échelle planétaire sera de 5,6 milliards, contre 4,3 milliards à l’heure actuelle. The World Counts définit un consommateur comme étant « quelqu’un capable d’acheter des biens et services au-delà de la satisfaction des besoins de base. Il s’agit plus précisément d’une personne disposant de plus de 10 $US par jour pour vivre – également dite de classe moyenne ». Si rien ne change, nous serons à court d’eau douce, et nous n’aurons plus d’arbres et de fruits de mer dans les 30 à 80 prochaines années.

Il n’est pas facile d’écrire sur l’anti-consumérisme et l’investissement responsable. Fondamentalement, le principe général de l’investissement consiste à acheter des entreprises qui selon vous connaîtront une croissance de leurs ventes, en augmentant la production des biens ou des services qu’elles vendent. Investir dans l’anti-consumérisme semble être un paradoxe. Alors où se situe l’intersection entre investissement et anti-consumérisme? Existe-t-il une intersection?

Le secteur technologique semble être un bon point de départ, bien que les grandes entreprises technologiques puissent difficilement être considérées comme étant anti-consommation.

Apple Inc. promeut son objectif d’être neutre en carbone d’ici 2030, et a le mérite d’avoir réduit ses émissions de gaz à effet de serre chaque année depuis 2015, mais leur activité principale consiste à produire et à vendre des téléphones, des tablettes et des ordinateurs. Par conséquent, ils ont émis 22,6 millions de tonnes métriques de gaz à effet de serre en 2020.

Alphabet Inc. (la société mère de Google) et Meta Platforms Inc. (propriétaire du service de médias sociaux Facebook) tirent la majeure partie de leur argent de la publicité, des publicités qui favorisent la consommation, tandis que l’activité d’Amazon.com Inc. repose principalement sur la consommation. Les grandes sociétés technologiques jouent évidemment un rôle important, et elles ont leur place dans certains portefeuilles IR, mais pas pour promouvoir l’anti-consumérisme. La plupart des fonds technologiques détiennent une combinaison de certains acteurs technologiques à très forte capitalisation, voire la totalité d’entre eux. Là encore, il est difficile d’investir dans une perspective anti-consumériste.

Qu’en est-il des entreprises du secteur de l’alimentation et de l’eau? La nourriture et l’eau sont, tout d’abord, des nécessités de base pour la survie de l’homme, donc les entreprises du secteur de l’alimentation et de l’eau répondent au moins aux besoins de l’homme, plutôt qu’à ses désirs.

Cela nous amène vers des entreprises telles que Xylem Inc, qui se concentre sur la création de « systèmes d’eau durables, efficaces et autonomes », en augmentant l’utilisation de la technologie et de l’analyse des données. Puis nous avons Halma plc, qui se présente comme étant « un groupe mondial de sociétés technologiques qui sauvent des vies » , comprenant un groupe de sociétés d’analyse et de traitement de l’eau. L’une d’entre elles est Hydreka, qui produit des équipements et des logiciels pour l’optimisation et la surveillance de l’eau. Helma (et ses filiales, comme Hydreka) est un composant du FNB iShares Global Water Index (TSX: CWW), qui suit l’indice S&P Global Water, offrant une exposition à « 50 sociétés du monde entier qui sont impliquées dans des activités liées à l’eau ».

En ce qui concerne les entreprises alimentaires, beaucoup sont liées à l’agriculture et aux engrais, mais on peut facilement soutenir qu’elles contribuent en réalité à la surconsommation, et c’est un fait qu’elles contribuent à d’importantes émissions de gaz à effet de serre. Une étude de l’Université du Michigan a révélé que 10 à 30 % des émissions carbone d’un ménage proviennent de la nourriture, et, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, près de 15 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre proviennent de l’agriculture animale, dont 65 % du bœuf.

Ce que nous mangeons est important dans la lutte contre le changement climatique. Deux des plus grandes entreprises qui proposent des alternatives à la viande sont Beyond Meat Inc. et Impossible Foods. Beyond Meat est cotée en bourse mais ce n’est pas le cas d’Impossible Foods, je me concentrerai donc ici sur Beyond Meat.

L’ingrédient numéro un du produit « Beyond Burger » de Beyond Meat est la protéine de pois, dont la production entraîne des émissions de GES nettement inférieures à celles du bœuf. Selon Our World in Data, la production de 100 grammes de protéines de bœuf entraîne 50 kg d’émissions de GES, alors que 100 grammes de protéines de pois entraînent 0,44 kg d’émissions de GES.

Beyond Meat a demandé à l’Université du Michigan d’étudier le cycle de vie du Beyond Meat Burger et a constaté que « le Beyond Burger génère 90 % moins d’émissions de gaz à effet de serre, nécessite 46 % moins d’énergie, a >99 % moins d’impact sur la pénurie d’eau et 93 % moins d’impact sur l’utilisation des terres qu’un quart de livre de bœuf américain ». Le Fonds Desjardins SociéTerre Actions positives compte actuellement Beyond Meat parmi ses placements. Espérons que d’autres se joindront à Beyond Meat une fois que la société sera mieux établie.

Investir dans l’anti-consumérisme n’est pas facile, mais ce n’est pas impossible. En tant qu’investisseurs responsables, l’essentiel est de réfléchir à ce que produisent nos investissements et à comment ils favorisent le consumérisme, ou mieux encore, comment ils ne favorisent pas le consumérisme.


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Le parcours vers la carboneutralité sera circulaire

La nécessité d’atteindre nos objectifs de carboneutralité est au cœur des sujets qui retiennent l’attention des investisseurs à l’heure actuelle, et avec raison. Les changements climatiques sont sans doute la plus grande menace qui pèse sur notre société. J’emploie l’expression « sans doute », car la gravité d’une autre crise mondiale s’impose rapidement en tant qu’éventuelle menace plus directe et plus imminente; elle commencera assurément à occuper une place importante dans la conversation sur les facteurs ESG. Il s’agit de la crise de la biodiversité.

Mis à part la boucle de réaction que partagent ces deux enjeux (l’accélération des changements climatiques augmentera la perte de biodiversité et l’augmentation de la perte de biodiversité nuira à notre capacité d’atténuer les risques liés au climat), ils ont également ceci en commun : ils sont insurmontables à moins d’adhérer aux principes de la circularité.

Le concept de la circularité est plutôt simple. Il repose sur trois principes de base : éliminer les déchets et la pollution, conserver les produits et les matériaux en usage, et régénérer les systèmes naturels. Voilà les principes qui régissent le monde naturel.

Le problème est que notre modèle économique actuel est essentiellement linéaire. Nous récoltons une ressource naturelle, nous en fabriquons quelque chose et lorsque nous n’en avons plus besoin, nous jetons cette chose. Les exceptions à ce modèle tendent à confirmer la règle : la plupart des produits que nous créons sont destinés à un site d’enfouissement ou à un incinérateur, ou sont dispersés dans l’environnement sous forme de pollution. Songez à la prolifération des plastiques dans les océans; on s’attend à ce que d’ici 2050, il y ait plus de plastique dans nos océans que de poissons. Si quelqu’un se demande si nous sommes réellement en situation de crise de la biodiversité, les données à elles seules devraient dissiper tout doute.

Du point de vue économique, la valeur à la fin de la vie linéaire d’un produit est nulle. Plus précisément, il s’agit d’une valeur négative, car il y a habituellement un coût associé à l’élimination adéquate. Toute la valeur intégrée au produit – de l’extraction à la conception à la fabrication – disparaît. Le modèle économique circulaire implique de repenser la conception des produits et de leurs composantes afin de réduire la consommation de ressources et l’utilisation de produits chimiques nocifs, en maintenant leur valeur maximale pendant la plus longue période possible au moyen de pratiques durables, de la réutilisation et de la réparation, pour ultimement régénérer le capital naturel. Selon le comité d’experts sur l’économie circulaire au Canada, à l’heure actuelle, notre économie n’est circulaire qu’à hauteur de 6,1 %. Nous avons encore beaucoup de chemin à faire.

Notre approche à l’égard des risques liés aux changements climatiques et à la biodiversité a également été linéaire : un prolongement inconscient de notre économie actuelle qui consiste à récolter, à fabriquer et à éliminer. Prenons la volonté de décarboniser notre système énergétique et de remplacer les combustibles fossiles par des énergies renouvelables. L’approche ne révolutionne pas les façons de faire établies – nous remplaçons tout simplement les intrants. De toute évidence, la familiarité, c’est justement ce qui rend l’approche intéressante. Sans sous-estimer l’ampleur de l’innovation réalisée à ce jour, force est d’admettre que cette innovation s’opère dans les limites d’un modèle économique que nous comprenons et avec lequel nous sommes à l’aise.

Amazon se prête à une étude de cas. La société a pour objectif une livraison neutre en carbone d’ici 2030, et sa récente entente avec le fabricant de camions électriques Rivian visant 100 000 fourgonnettes ne constitue que le début de cette transformation. Presque tous les grands constructeurs automobiles comprennent ce qui les attend et bon nombre d’entre eux promettant d’offrir des véhicules 100 % zéro émission d’ici les 15 prochaines années. De même, la volonté de décarboniser nos réseaux électriques au moyen du passage aux énergies renouvelables est un engagement de base des entreprises et des gouvernements. À première vue, ces engagements et ces cibles témoignent d’excellents progrès et nous en avons besoin. Mais leur logique demeure fondée sur le modèle économique linéaire et c’est là que doit se faire l’évolution.

Selon la Fondation Ellen MacArthur, un groupe qui s’est donné pour mission d’accélérer la construction d’une économie circulaire, la décarbonisation de notre système énergétique ne nous permettra d’atteindre que 55 % de notre objectif zéro net d’ici 2050. Les 45 % restants sont liés au carbone intégré dans la production de matériaux, de produits et d’aliments, et dans la gestion des terres. Autrement dit, en l’absence de changement dans la façon dont nous produisons les choses, un réseau 100 % sans carbone et un monde où ne circulent que des véhicules zéro émission nous amèneront seulement à mi-chemin du parcours vers l’objectif. Pour ce qui est d’Amazon, qu’arriverait-il si l’entreprise devenait un canal de réparation et de réutilisation, permettant aux consommateurs de prolonger la durée de vie d’un produit? Qu’arriverait-il si elle allait au-delà de la question de ses propres emballages, ce qui est important, et qu’elle abordait les répercussions en amont et concevait des plans de fin de vie pour les produits qu’elle expédie? Qu’arriverait-il si l’entreprise s’engageait non seulement à l’égard d’un bilan zéro émissions nettes, mais également à l’égard d’une politique zéro déchet? Amazon prend des mesures en ce sens et est désormais membre de la Fondation Ellen MacArthur. C’est une bonne chose.

De toute façon, un modèle économique circulaire pourrait nous être imposé, car notre approche de décarbonisation linéaire montre déjà des failles en raison des contraintes de ressources. La transition vers les véhicules électriques, le stockage d’énergie à grande échelle, les parcs solaires et éoliens et la progression de l’économie numérique en général représentent une croissance exponentielle de la demande de minéraux clés. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), une voiture électrique type nécessite six fois plus de ressources minérales qu’une voiture traditionnelle; un parc éolien terrestre nécessite neuf fois plus de ressources minérales qu’une centrale au gaz. Selon le scénario de développement durable de l’AIE, la demande de lithium est multipliée par 40, et celle du graphite, du cobalt et du nickel, par 25. La demande de cuivre augmente quant à elle de plus du double.

Les répercussions sur la biodiversité, la sécurité de l’eau et les droits des Autochtones et des collectivités de la croissance effrénée du secteur minier visant à répondre à cette demande devraient être suffisantes pour nous amener à repenser notre approche. Même si nous étions prêts à revivre les erreurs du passé, il est peu probable que nous puissions répondre à cette demande uniquement par l’exploitation minière. La disponibilité des ressources finira par nous arrêter. La dure vérité de l’offre et de la demande laisse entrevoir une tendance circulaire.

La nature nébuleuse de l’économie circulaire constitue un défi de taille pour le milieu des placements. Elle ne peut pas se résumer à des mesures simples comme des tonnes d’émissions de CO2. De plus, le principe présente certains des défis systémiques que les investisseurs ont eu beaucoup de mal à relever dans d’autres domaines. La promesse d’une économie circulaire exige un changement systémique, des politiques et règlements gouvernementaux à l’établissement de normes sectorielles, en passant par la création d’un écosystème commercial circulaire. Les investisseurs ont jusqu’à présent eu du mal à aborder les enjeux systémiques, et les changements climatiques nous forcent maintenant à réfléchir en fonction des systèmes. Cela dit, le moment est peut-être opportun.

Malgré les difficultés inhérentes, la circularité recèle des occasions d’affaires. Selon Accenture, la transition vers une économie circulaire pourrait générer une production économique annuelle de l’ordre de 4,5 billions de dollars américains d’ici 2030. Une étude réalisée par l’Initiative financière du Programme des Nations unies pour l’environnement auprès de 222 sociétés européennes de 14 secteurs révèle que plus une société devient circulaire, plus le risque de défaut de paiement sur sa dette diminue sur des horizons d’un an et de cinq ans. L’économie circulaire comporte à la fois un volet offensif et un volet défensif. Par où commencer?

Il serait utile de définir les bonnes mesures; si nous n’avons pas encore atteint la fatigue liée au cadre ESG, nous nous en rapprochons certainement. Le moment est peut-être mal choisi pour proposer la création d’un « groupe de travail sur les divulgations financières liées à la circularité » (les violations de marques de commerce à elles seules devraient nous mettre en garde). Mais je ne crois pas que ce soit nécessaire.

Heureusement, la terminologie de l’économie circulaire se prête bien au monde des facteurs ESG. Tout repose sur les flux de matériaux, les ressources et les intrants énergétiques, les risques liés à la chaîne d’approvisionnement et l’innovation des modèles d’affaires. Alors que nous nous dirigeons vers la normalisation des cadres ESG (nous pouvons remercier le Conseil des normes internationales d’information sur la durabilité), les investisseurs doivent s’assurer que les mesures de la circularité sont à l’avant-plan. Le secteur bancaire devrait être un allié naturel à cet égard. Dans le cadre des efforts visant à harmoniser les portefeuilles de prêts et les produits financiers avec un avenir net zéro, les investisseurs devraient demander aux banques de mesurer activement, de divulguer et de fixer des cibles pour l’économie circulaire. Nous devrions veiller à ce que les engagements du secteur financier visant à stimuler la croissance des technologies à faible intensité carbone incitent également ces secteurs de croissance à adopter la circularité.

Le plastique est un autre segment propice à l’économie circulaire. Le Pacte canadien sur les plastiques (PCP) constitue une initiative importante à laquelle les investisseurs devraient adhérer et ceux-ci devraient encourager les sociétés de leur portefeuille à en faire autant. Le PCP est une collaboration entre plusieurs intervenants qui réunit des entreprises, des gouvernements, des ONG et d’autres acteurs clés de la chaîne de valeur du plastique qui travaillent ensemble vers l’atteinte d’un ensemble de cibles exploitables pour 2025, comme augmenter le taux de recyclage du plastique, d’un faible 9 % à l’heure actuelle à 50 %; atteindre un contenu recyclé de 30 % pour tous les emballages en plastique; et s’assurer que tous les emballages en plastique sont conçus pour être réutilisables, recyclables ou compostables. Les investisseurs devraient encourager les sociétés de leur portefeuille à adhérer au PCP afin de constituer la masse critique nécessaire pour provoquer des changements au niveau des systèmes.

Il existe de nombreuses autres occasions d’intégrer le concept de la circularité à notre réflexion. Circular Economy Leadership Canada fournit un leadership éclairé, une expertise technique et des plateformes de collaboration pour accélérer la transition vers une économie circulaire au Canada, et il s’agit d’une excellente ressource que nous devrions tous utiliser et soutenir. La circularité est un sujet naissant en matière d’investissement et d’engagement, mais elle cadre parfaitement avec les efforts vers un bilan net zéro et l’urgence de contrer la perte de biodiversité. Si vous sentez qu’il manque quelque chose à bon nombre des engagements en faveur d’un bilan net zéro et de la biodiversité actuellement formulés, c’est le cas, il manque la circularité. Il s’agit d’un sujet dont nous n’avons pas suffisamment parlé, mais nous devons vraiment commencer.


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