Trois enjeux ESG que les conseillers doivent connaître

L’investissement responsable (IR) semble s’imposer comme thème futur, il est donc important de savoir de quoi il en retourne. Dans un article publié sur Investment Executive, Dustyn Lanz évoque trois grands enjeux liés à ce type d’investissement : la gérance, la mesure de l’impact et le concept d’émission zéro.

La gestion des investissements

« [La gérance] incarne la notion selon laquelle les investisseurs sont des acteurs influents du marché qui ont le pouvoir de façonner les marchés, d’améliorer la gouvernance et de faire face aux risques et aux opportunités du marché qui affectent la santé de l’économie », peut-on lire dans un rapport publié en 2020 par KKS Advisors.

Ainsi, il faut comprendre que les conseillers et gestionnaires de portefeuille ont ainsi la responsabilité des actifs de leurs clients. Ils doivent les protéger et accroître leur valeur. Ils ont donc une influence sur le marché et potentiellement sur la croissance de l’IR.

KKS Advisors estime ainsi qu’il y a sept composantes pratiques à cette gérance :

  1. L’influence, soit tirer partie de la position des investisseurs au sein du système financier pour favoriser une économie durable;
  2. L’engagement : dialoguer avec les entreprises sur les questions ESG;
  3. Le vote : exercer son droit d’actionnaire pour promouvoir des pratiques plus durables;
  4. La promotion de la divulgation : encourage les entreprises à divulguer davantage d’informations;
  5. Le suivi : suivre les performances ESG et les nouvelles réglementations;
  6. La collaboration : se coordonner avec ses pairs pour maximiser son impact;
  7. L’éducation : s’engager en faveur de la formation en matière ESG.

Mesurer l’impact

L’investissement d’impact gagne en importance dans le secteur de la gestion d’actifs. En parallèle, on constate également une inquiétude grandissante quant à l’écoblanchiment. Pour rassurer les clients, il est donc important que les gestionnaires de fonds mesurent et rendent compte des impacts positifs que les actifs de leurs clients génèrent.

Pour le moment, il existe beaucoup de cadres de mesures d’impact crédibles sur le marché, mais aucune norme mondiale visant l’ensemble des catégories d’actifs. Toutefois, plusieurs acteurs, donc l’Impact Management Project, tentent d’établir un consensus mondial à cet égard. Ces projets prendront un certain temps à se concrétiser, mais d’ici les prochaines années, un niveau de convergence devrait apparaître.

En attendant, les gestionnaires peuvent utiliser les outils et les méthodes qui leur semblent les plus crédibles afin de rendre compte des impacts positifs que les actifs de leurs clients génèrent.

« Émission zéro »

Ce concept à la mode fait référence au fait que pour éviter les effets catastrophiques du changement climatique, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) estime que d’ici 2050, nous devons atteindre un niveau net d’émissions mondiales de carbone nul.

Les gouvernements du monde entier se sont engagés à réduire les émissions en fonction de ces objectifs. Évidemment, on peut s’attendre à ce que cette transition massive du système énergétique mondial crée des risques et des opportunités dans tous les secteurs.

Pour diminuer les risques et profiter de ces opportunités, nombre d’entreprises et d’investisseurs institutionnels s’engagent aujourd’hui à aligner leurs pratiques commerciales et d’investissement sur le principe d’émissions nettes nulles.

Des concepts liés

Ces trois concepts sont étroitement liés. La gestion responsable et l’investissement d’impact sont deux des stratégies les plus importantes à la disposition des investisseurs désireux de parvenir à des émissions nettes nulles.

La gestion responsable peut aider à atteindre des résultats plus durables et l’investissement d’impact peut aider à orienter les capitaux vers des industries, des entreprises et des projets qui contribuent à réduire les émissions.

Sachant tout cela, il ne vous reste plus qu’à agir.

Scénarios nets zéro : le point de vue d’un investisseur

Bien que le changement climatique soit une question complexe souvent abordée comme source de risques, il crée également un nouveau monde de possibilités pour les investisseurs. Cependant, pour réussir à long terme, ceux-ci doivent avoir la capacité d’identifier et de gérer efficacement ces risques et opportunités, ce qui nécessite une compréhension approfondie de la relation entre le climat et les marchés financiers, deux systèmes hautement dynamiques et en interaction.

L’empreinte carbone est l’un des outils disponibles pour aider à comprendre l’exposition historique aux risques liés à la transition. Associée à une connaissance approfondie de l’entreprise, elle fournit des indications précieuses sur la capacité d’une société à gérer les impacts du changement climatique futur. Cependant, les perspectives générées par l’analyse peuvent parfois être moins utiles pour évaluer la résilience future d’un actif ou d’un portefeuille. D’autre part, l’analyse de scénarios, qui inclut une gamme de résultats raisonnables en matière de transition climatique, peut fournir un meilleur aperçu des forces et des faiblesses d’un portefeuille ainsi que de son niveau d’alignement sur les résultats climatiques souhaités. Dans cet article, nous discuterons de l’application et de l’évaluation des scénarios climatiques pour les portefeuilles d’investissement.

Les investisseurs peuvent appliquer des scénarios aux stratégies d’investissement de la même manière que les entreprises appliquent des scénarios à leur processus de planification du capital pour tester la résilience dans le cadre d’une variété de résultats futurs potentiels. L’Agence internationale de l’énergie (AIE), le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et les Principes pour l’investissement responsable (PRI), soutenus par les Nations Unies, proposent tous un large éventail de scénarios calibrés en fonction des résultats liés au changement climatique, allant du « statu quo » à « net zéro d’ici 2050 ». Il y a trois considérations clés à tenir en compte lors de l’application de ces types de scénarios à l’investissement :

  • Scénarios ≠ Prévisions : Les scénarios impliquent des chiffres et une vision de l’avenir qui peuvent amener les investisseurs à supposer qu’il existe un chemin unique vers un résultat futur. Quel que soit le scénario, en particulier les scénarios climatiques sur plusieurs décennies, il existe une grande incertitude liée à des facteurs tels que la coordination internationale, le comportement des consommateurs, l’innovation technologique et les stratégies des entreprises. Par conséquent, la résilience des portefeuilles ne peut vraiment être testée qu’en utilisant une gamme de scénarios qui se concentrent sur ce qui « pourrait » raisonnablement se produire plutôt que sur ce qui « devrait » se produire. Les principaux résultats sont la distribution, l’ampleur et la probabilité des événements qui peuvent être rattachées à la création de valeur d’investissement à long terme et aux attentes actuelles du marché.
  • Paramètres pertinents pour l’investissement : La plupart des scénarios actuels nécessitent la connaissance d’une entreprise spécifique et une expertise dans la traduction de facteurs tels que le potentiel de réchauffement et le prix du carbone en paramètres pouvant influencer un modèle financier. Plus récemment, un effort conjoint a été lancé par les banques centrales et les gouvernements pour normaliser une série de scénarios qui permettront probablement de mieux définir les paramètres clés tels que le risque relatif au crédit et aux liquidités. Des scénarios encore plus granulaires comme le net zéro d’ici 2050 de l’AIE aideront également à combler le fossé existant.
  • Période de temps : Bien qu’il soit de l’avis général que les impacts du changement climatique sont plus imminents que jamais, les impacts les plus importants et les plus probables sur les bénéfices et les flux de trésorerie sont potentiellement encore en dehors de la période de détention moyenne de 5,5 mois pour des actifs comme les actions américaines. Cela dit, une approche plus réfléchie des taux de croissance implicites à long terme dans les multiples et les hypothèses terminales d’un modèle d’évaluation peut aider à intégrer des changements à moyen et long terme, même dans des investissements à court terme.

(Environ) net zéro

Compte tenu de la dynamique croissante des stratégies de transition des pays et des entreprises et de l’augmentation des changements physiques influencés par le changement climatique, il semble judicieux d’inclure un scénario net zéro dans l’éventail des options permettant de tester la résilience d’un portefeuille d’investissement. Cependant, le terme « net zéro » est utilisé de différentes manières par différents groupes. Le récent Net zéro d’ici 2050 de l’AIE fournit un exemple détaillé et économiquement pertinent d’un scénario qui définit « une » voie et qui applique une analyse supplémentaire examinant la sensibilité de leur scénario aux principaux domaines d’incertitude tels que les changements dans le comportement des consommateurs, l’innovation technologique, la sécurité énergétique et l’utilisation du nucléaire et de la capture du carbone. Quelle que soit l’étiquette, les investisseurs doivent évaluer de manière critique un certain nombre de paramètres pour comprendre les engagements pris par les entreprises et ceux qu’ils peuvent envisager pour leur propre portefeuille :

  1. Responsabilisation : Qui a le mandat d’atteindre l’objectif et comment sont-ils incités à l’atteindre? Pour les secteurs fortement exposés, cela pourrait impliquer la mise en place d’un comité spécifique au sein du conseil d’administration et des liens entre le climat et la rémunération des dirigeants.
  2. Alignement : Alignement avec les capacités et la création de valeur de l’entreprise (ou de l’investisseur) et les engagements pertinents des pairs et des gouvernements locaux. Le chemin vers le net zéro peut avoir différentes significations selon les industries et les régions.
  3. Année de référence : L’année de référence pour les émissions n’est généralement pas l’année en cours et doit être évaluée en fonction de la qualité des données disponibles et du pourcentage de réductions attendues à l’avenir.
  4. Portée : La décision de s’engager à réduire l’intensité ou le total des émissions dépendra de la trajectoire de croissance de l’entreprise ou du portefeuille. Cependant, on s’attend souvent à ce que les entreprises se concentrent sur les émissions totales au fil du temps. Selon la norme d’entreprise du GHG Protocol, les émissions d’une entreprise peuvent être classées en trois niveaux. Les réductions de Niveau 1 et 2 devraient être considérées comme des informations standard. Les émissions de Niveau 3 devraient faire l’objet d’une évaluation critique en ce qui concerne leur couverture, les données disponibles et leur caractère raisonnable, car elles sont volontaires et les plus difficiles à surveiller.
  5. Jalons : Au minimum, des objectifs et des jalons de haut niveau doivent être fixés pour 2030 et 2050, mais il serait bon de prévoir un processus itératif avec des fenêtres de 3 à 5 ans pour la réévaluation.
  6. Compensations et innovation : Il est difficile d’imaginer que l’on puisse atteindre l’objectif « zéro émission » d’ici à 2050, sans recourir à la compensation des émissions de carbone et aux nouvelles technologies. Les compensations doivent être évaluées en fonction de leur transparence, de leur contribution totale, du fait qu’elles évitent ou réduisent les émissions et du risque relatif d’inversion. La contribution de l’innovation devrait être transparente en ce qui concerne les incertitudes et le montant des réductions provenant des technologies de stade antérieur.

Conclusion :

Malgré les défis liés au type d’analyse requis, il est probable que les investisseurs et les autres parties prenantes trouveront un intérêt à essayer d’intégrer l’analyse des risques et des opportunités liés au changement climatique dans leurs portefeuilles. En fin de compte, les investisseurs qui réussissent sont ceux qui ont un accès plus grand ou plus rapide aux informations et qui trouvent les inefficacités, ce qui leur permet de mieux gérer le risque et de capter le rendement. La constitution de portefeuilles qui peuvent être résilients face à une variété de futurs climatiques différents peut être bénéfique pour les propriétaires d’actifs et la société dans son ensemble.

Clause de non-responsabilité de l’AIR
Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

Comment les investisseurs peuvent favoriser le changement dans les centres de soins infirmiers au Canada

Avant l’éclosion de la pandémie de COVID-19, les problèmes de soins de santé dans les centres de soins infirmiers étaient souvent négligés. La dernière année a clairement démontré que des conditions de travail inadéquates et des soins insuffisants prodigués aux personnes âgées constituent d’importants problèmes de droits de la personne qui doivent être traités de façon urgente. En tant qu’investisseurs, nous devons contribuer à favoriser des changements positifs dans ce secteur.

De nombreux employés de centres de soins infirmiers travaillent dans des environnements stressants. Ils gagnent souvent un salaire peu élevé et travaillent à temps partiel ou dans le cadre d’arrangements précaires – dans certains pays, ils ne sont pas rémunérés en cas de maladie et ne sont pas représentés par un syndicat. La plupart des employés sont des femmes, souvent issues de minorités ou de milieux marginalisés. Les centres de soins infirmiers ont du mal à attirer et à conserver suffisamment de travailleurs pour répondre à la demande actuelle, sans parler de la nécessité d’augmenter le nombre d’aidants naturels afin de répondre aux changements démographiques. Dans de nombreux centres, le ratio du personnel par rapport au nombre de résidents n’est pas suffisant pour fournir des soins de base aux résidents, sans compter la qualité des soins requis lors d’une pandémie.

Feu des projecteurs sur la COVID-19

Pendant la pandémie, le personnel des centres de soins infirmiers a pris soin des personnes les plus vulnérables au virus dans des environnements à très haut risque. Le secteur s’est retrouvé dans l’œil de la tempête, en grande partie à cause du manque de préparation à l’échelle mondiale pour une pandémie de cette ampleur et de l’incapacité des gouvernements à réglementer les centres de soins infirmiers et à soutenir leurs résidents. Cette situation a exacerbé les vulnérabilités inhérentes aux soins aux personnes âgées et donné lieu à des chiffres inquiétants :

  • Selon ce rapport, en moyenne 41 % de tous les décès survenus dans 22 pays se sont produits dans des centres de soins infirmiers.
  • Des centaines de milliers d’employés des centres de soins infirmiers ont été infectés pendant la pandémie, et bon nombre d’entre eux sont décédés ou font maintenant face à des séquelles durables.

Tout au long de la pandémie, les scandales liés aux centres de soins infirmiers ont été nombreux. Au Canada, ce rapport (en anglais seulement) publié par l’International Longevity Centre stipule que la diminution de la reconnaissance des droits fondamentaux des personnes âgées constitue l’incidence la plus grave liée à la COVID-19, une déclaration qui en dit long et qui est étayée par de nombreuses informations alarmantes sur la hausse des abus envers les aînés et sur l’âgisme, notamment des violations en matière de réglementation des soins de santé dans les centres de soins infirmiers.

Par ailleurs, les travailleurs de la santé de Rykka Care Centres, une entreprise affiliée à Responsive Group Inc., ont déposé une plainte en matière de droits de la personne (en anglais seulement) pour discrimination fondée sur le sexe et la couleur de la peau, demandant de meilleures conditions de travail et le remplacement de la direction des centres. Le gouvernement provincial a également été désigné comme intimé pour son incapacité à réglementer et à superviser adéquatement les activités des centres de soins infirmiers.

Au Royaume-Uni, Amnistie internationale a signalé qu’une série de décisions « scandaleusement irresponsables » prises par le gouvernement, y compris la décision de transférer des patients infectés dans des centres de soins infirmiers, ont mis en danger la vie de dizaines de milliers de personnes âgées et entraîné de multiples violations de leurs droits de la personne. Un an après le début de la pandémie, une étude menée par UNI a révélé que la plupart des travailleurs de la santé ne gagnent toujours pas un salaire décent et que près du tiers d’entre eux n’ont pas un accès suffisant à l’équipement de protection individuelle.

En quoi cela concerne-t-il les investisseurs?

À mesure que les centres de soins infirmiers se remettent du virus, nous devons tirer parti de cette occasion pour améliorer le secteur de façon permanente en développant un modèle de travail plus résilient et humain. Nous aborderons ainsi les enjeux fondamentaux liés aux droits de la personne et contribuerons à une société plus juste et plus durable pour nous tous.

Si les droits de la personne ne sont pas une raison suffisante pour montrer pourquoi l’amélioration de ce secteur est si importante, il faut aussi tenir compte des raisons d’affaires. De meilleures normes de travail favoriseront de meilleurs soins, ce qui contribuera à atténuer les risques juridiques, de réputation et opérationnels pour les entreprises de ce secteur. Par exemple, cet article de Bloomberg Canada (en anglais seulement) datant de mai 2020 fait état de la chute des actions de sociétés de soins de longue durée dans la foulée du scandale des soins de santé en Ontario, dans lequel un rapport des Forces armées canadiennes décrit en détail le traitement « horrible » infligé aux résidents.

Conseils pratiques à retenir et mesures concrètes à prendre pour les investisseurs

Les entreprises doivent relever les normes relatives aux conditions de travail et à la qualité des soins, mais le poids ne repose pas uniquement sur leurs épaules : les gouvernements et les organismes de réglementation doivent veiller à ce que les cadres réglementaires et les dispositions en matière de financement permettent aux centres de soins infirmiers de répondre aux normes plus élevées. En tant qu’investisseurs dans ce secteur, notre rôle est d’établir des attentes claires à l’égard des entreprises en ce qui a trait à l’amélioration de ces normes.

En collaboration avec 99 autres institutions financières et représentant un actif sous gestion et un actif sous services-conseils combinés de 3 500 milliards de dollars, nous avons élaboré la déclaration des investisseurs sur les attentes à l’égard du secteur des centres de soins infirmiers (en anglais seulement) d’UNI Global Union et nous l’avons signée. Il est encore possible pour les investisseurs de signer et d’appuyer la déclaration. Nous demandons aux sociétés émettrices :

  • d’élaborer et de mettre en œuvre des normes qui non seulement s’adaptent aux exigences réglementaires locales en matière de sous-effectifs, de santé et de sécurité, de salaires, de négociations collectives et de qualité des soins, mais qui vont au-delà de celles-ci.
  • qui possèdent des biens immobiliers utilisés pour les centres de soins infirmiers, par exemple les fiducies de placement immobilier, d’aider les exploitants à répondre à ces attentes en supervisant leurs propriétés et en contrôlant leurs processus de surveillance afin de s’assurer que nos normes sont respectées.

À BMO Gestion mondiale d’actifs, nous avons communiqué avec 13 sociétés et fiducies de centres de soins infirmiers pour les inciter à disposer d’un nombre d’employés approprié, à améliorer les normes de santé et de sécurité, à utiliser adéquatement l’équipement de protection individuelle, à offrir des salaires équitables, à verser une prime de risque en cas de pandémie et à permettre au personnel de se syndiquer. Au moment où nous écrivons ces lignes, trois d’entre elles ont répondu, et des dialogues devraient bientôt avoir lieu.

Nous avons également soutenu les questions posées lors de l’assemblée générale annuelle de Fresenius SE concernant les normes du travail, ainsi que les propositions d’actionnaires déposées par d’autres investisseurs d’entreprises comme Chartwell Retirement Residences, demandant plus de renseignements sur la gestion du capital humain et le versement d’un salaire de subsistance au personnel.

Dernières observations

Nous pensons que ces attentes arrivent à un moment crucial : la barre doit clairement être relevée pour ce qui est des conditions de travail et de la qualité des soins dans les centres de soins infirmiers, et nous avons hâte de collaborer avec les entreprises et les autres investisseurs afin de changer les choses pour le bien commun. Nous croyons que le fait de s’attaquer à ces problèmes améliorera la confiance des investisseurs, des organismes de réglementation, des travailleurs, des résidents et de leur famille dans le secteur des centres de soins infirmiers, en cette période de grande inquiétude et au-delà.

Clause de non-responsabilité du contributeur
BMO Gestion mondiale d’actifs est une marque de commerce qui englobe BMO Gestion d’actifs inc., BMO Investissements Inc., BMO Asset Management Corp., BMO Asset Management Limited et les sociétés de gestion de placements spécialisées de BMO.
MD/MC Marque de commerce déposée/marque de commerce de la Banque de Montréal, utilisée sous licence.
Clause de non-responsabilité de l’AIR
Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

Pouvons-nous exiger que les sociétés technologiques assument une responsabilité dans l’atténuation des risques sur les droits de la personne?

Aucune phrase ne résume sans doute mieux l’état du secteur des technologies dans les dernières phases de la pandémie de COVID-19 que cette citation de ESG Investor :

« Un secteur très rentable, novateur et à la portée immense, qui évolue dans une zone morale grise, en se comportant de façon objectivement non éthique, mais pas techniquement illégale. »

Que signifie exactement « objectivement non éthique »? Pour certains, il s’agit d’un « consentement » plutôt flou (quand pas totalement masqué) dont se prévalent les sociétés technologiques pour utiliser de toutes sortes de façons les données personnelles de leurs utilisateurs (et même les vendre). Pour d’autres, il s’agit d’une utilisation totalement incontrôlée des plateformes technologiques pour propager la haine. Pour d’autres enfin, il s’agit de l’utilisation des technologies numériques pour planifier et exécuter des activités perturbatrices dans le monde réel.

Les grandes sociétés technologiques n’ignorent pas du tout ces enjeux, puisque les droits numériques figurent en bonne place dans les programmes de nombre d’activistes et d’investisseurs. Pourtant, les Google et Facebook de ce monde (pour ne citer que celles-ci) semblent bien se traîner les pieds quand il s’agit de faire preuve de transparence en matière de suivi des règles suscitées par les préoccupations entourant leur modèle d’affaire sur la question des droits de la personne.

Dans une étude intitulée The ESG Imperative for Technology Companies, KPMG a découvert que même si 57 % des chefs de la direction reconnaissent qu’ils doivent « ne pas tenir compte seulement des aspects financiers pour obtenir une croissance à long terme de leur entreprise », la plupart d’entre eux identifient les changements climatiques (et non les droits de la personne) comme le principal risque en matière de développement durable. La connaissance par les sociétés technologiques de l’ensemble des risques ESG qui pèsent sur leurs activités apparaît au mieux incomplète, et trop souvent totalement inexistante. KPMG conclut son étude de la façon suivante : « Une prise de conscience accrue des enjeux ESG ne s’est pas encore totalement répercutée dans les pratiques d’affaires. » Ce décalage s’avère encore plus criant quand on sait que le traitement des risques pour les droits de la personne dans les modèles d’affaires constitue une priorité du Projet B-Tech (une émanation du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme qui se charge de mettre en œuvre les Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme).

Les risques des modèles d’affaires : un besoin de solutions radicales pour des problèmes radicaux

Ranking Digital Rights (RDR), un organisme qui œuvre à la promotion de la liberté d’expression et du respect de la confidentialité sur Internet, a fait remarquer qu’aucune société de son indice de responsabilité 2020 « fournissant collectivement des services d’information et de communication à des milliards d’êtres humains dans le monde n’atteignait la note de passage en matière de transparence et de responsabilité sur la base de ses normes internationales sur les droits de la personne ».

Pour les investisseurs responsables, ce constat est troublant à deux égards. Les sociétés technologiques représentent des positions de premier plan dans de nombreux fonds responsables, en grande partie parce qu’elles constituent une réponse favorable aux risques environnementaux. Au cours de la dernière année, en particulier du fait de la COVID-19, celles-ci ont procuré des rendements exceptionnels. En revanche, que penser des risques liés aux droits de la personne inhérents au modèle d’affaires de ces sociétés? Ils pourraient bien compromettre leurs efforts de développement durable, en menaçant potentiellement les principes mêmes des libertés civiles et de la démocratie, dont ces entreprises bénéficient au premier plan pour leurs activités.

Nous franchissons un cap. Si nous tenons à ce que les sociétés technologiques dans lesquelles nous investissons s’efforcent de créer de la valeur de façon durable, c’est à nous (en tant qu’investisseurs) de les tenir responsables de la façon dont elles gèrent les risques sur les droits numériques et les droits de la personne inhérents à leurs activités. Nous devons composer avec une réalité : ces risques constituent une caractéristique essentielle et intégrale du modèle d’affaires des sociétés technologiques, sur lequel s’appuie le succès financier dont les investisseurs ont bénéficié jusqu’à présent. On ne peut simplement fermer les yeux sur les implications sociales négatives de cette immense création de richesse.

Une forte influence vient avec une grande responsabilité

La difficulté particulière des produits et services technologiques ainsi que l’opportunité qu’ils représentent tiennent au fait que nous appréhendons l’une et l’autre selon différentes dimensions de façon innée comme investisseurs. Puisque nous utilisons tous la technologie, nous nous retrouvons exposés aux risques que nous essayons précisément de traiter, non seulement comme investisseurs, mais également comme consommateurs. Nous devons donc reconnaître les avantages de la technologie et de l’accès croissant aux applications numériques permises par Internet, du point de vue des placements, tout en reconnaissant le prix que nous payons. Il suffit de regarder à quel point les risques pour les droits de la personne se sont matérialisés l’an dernier et ont eu des implications réelles dans la société : attaque du Congrès du 6 janvier dernier, campagne lancée contre Facebook #stophateforprofit, préoccupations entourant l’utilisation des technologies pour faciliter la surveillance de masse, ou encore, enjeux éthiques posés par l’intelligence artificielle.

Nous n’ignorons pas les nobles intentions des fondateurs des sociétés technologiques d’aujourd’hui ou les indéniables services que celles-ci procurent dans la vie de tous les jours, mais les aspects positifs ne suppriment pas les mauvais.

Nous nous trouvons dans une position enviable pour exploiter nos connaissances en tant qu’utilisateurs et notre influence en tant qu’investisseurs pour susciter des conversations avec des sociétés technologiques sur la façon d’atténuer l’impact social négatif de leurs activités. La responsabilité d’inciter les compagnies à divulguer les informations dont ont besoin toutes les parties prenantes pour mieux comprendre la façon dont elles atténuent ces risques nous revient.

À notre avis, nous devons commencer en tant qu’investisseurs par exprimer clairement nos attentes d’un mécanisme de supervision des droits de la personne plus rigoureux dans les sociétés de technologies et de télécommunications. Chez NEI, nous plaidons en faveur de structures de gouvernance efficaces en matière de droits de la personne et adaptables, afin de répondre à l’évolution constante du secteur d’activité. Nous encourageons d’autres investisseurs à réfléchir aux étapes qu’ils pourraient mettre en œuvre pour faire progresser ces dialogues. Ils pourraient notamment recourir à des engagements en solo, à des initiatives collectives, à la formation de coalitions comme l’Alliance des investisseurs pour les droits de la personne et mettre en œuvre des procédures de vote par procuration ou soumettre des propositions. Désinvestir d’une société peut également constituer une réponse, à condition que cela améliore la marge de manœuvre des investisseurs restants. Chez NEI, nous ne misons pas sur la perte de notre siège au conseil d’administration pour susciter le progrès. Nous estimons que notre voix et celles du plus grand nombre possible d’investisseurs doivent se faire entendre dans les salles de réunion des grandes sociétés technologiques. En tant qu’investisseurs, nous devons faire en sorte que celles-ci assument leurs responsabilités et mettre nos compétences au service d’une exigence de transparence qui doit devenir obligatoire sur les risques entourant les droits de la personne.

Nous ne pouvons pas nous permettre de baisser la garde sur ce sujet. Des enjeux trop importants. Des risques trop élevés. Un impact trop fort.

Clause de non-responsabilité de l’AIR
Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

La flexibilité de l’emploi pourrait-elle être un tournant pour les femmes qui travaillent ?

Après des années de gains, les femmes ont subi le poids des licenciements liés à la pandémie

Au quatrième trimestre de 2019, la part des femmes dans l’emploi total a atteint 50 % pour la deuxième fois seulement dans l’histoire (la première étant en 2009-2010). À partir de ce pic, les femmes ont représenté près de 55 % du total des pertes d’emploi pendant la première vague de licenciements liés à la pandémie de COVID-19 et leur part dans l’emploi total est tombée à 49,1 % en mai 2020. Les femmes ont retrouvé un emploi à un rythme plus rapide que les hommes au cours des mois suivants et aujourd’hui, l’emploi féminin a rebondi pour atteindre 49,7 % du total.

Une raison potentielle moins explorée de cette dynamique est la grande proportion de travailleuses dans les industries les plus touchées par la pandémie. En nous appuyant sur des recherches universitaires, nous avons classé les industries comme étant fortement ou faiblement exposées à COVID-19 en fonction 1) de la possibilité de travailler à distance, 2) du caractère essentiel et 3) de l’impact des chocs d’offre et/ou de demande liés à la COVID-19. Sans surprise, la grande majorité des mises à pied ont été concentrées dans des secteurs très exposés tels que les loisirs/l’hôtellerie et le commerce de détail. Ces industries ont également connu une reprise plus importante par la suite.

Tableau 1 : L’histoire de deux marchés du travail

L’exposition élevée et faible à la COVID-19 est basée sur des données au niveau de l’industrie mesurant notamment la capacité à travailler à distance, le caractère essentiel ou non essentiel, et les chocs d’offre et de demande résultant de la pandémie de COVID-19. La variation nette globale de l’emploi salarié dans ces industries est mesurée par rapport aux niveaux d’emploi maximaux de février 2020. Les industries fortement exposées à la pandémie de COVID-19 représentent environ 60 % de l’emploi salarié non agricole total avant la pandémie ; les industries faiblement exposées à la pandémie de COVID-19 représentent environ 40 % de l’emploi salarié non agricole total avant la pandémie. Données au 30 avril 2021. Source : Bloomberg, BLS, INET Oxford

Ce qui est surprenant, cependant, c’est qu’avant l’apparition de la COVID-19, les femmes représentaient 58 % des emplois dans les industries à forte exposition et seulement 38 % de la main-d’œuvre dans les industries à faible exposition (telles que la fabrication et la technologie). En d’autres termes, les femmes représentaient une part plus importante des emplois dans les secteurs les plus durement touchés par la pandémie, et une part plus faible dans les secteurs mieux protégés. Il est intéressant de noter que les femmes ont en fait perdu plus que la part d’emplois qu’elles occupaient avant la pandémie dans les secteurs fortement exposés, mais moins que leur part d’emplois avant la pandémie dans les secteurs faiblement exposés.

Il existe d’autres raisons pour lesquelles les femmes ont été plus touchées que les hommes par la pandémie sur le marché du travail. Des chercheurs de la Federal Reserve Bank of San Francisco ont récemment publié un article intitulé « Parents in a Pandemic Labor Market », qui met en évidence une divergence pandémique entre les pères et les mères en matière de participation à la population active (ceux qui occupent un emploi et ceux qui en recherchent activement un). Plus précisément, la participation au marché du travail avait diminué de 1,1 % pour les pères pendant la pandémie, contre une baisse de 3,4 % pour les mères. Alors que de nombreuses mères ont réintégré le marché du travail au cours du printemps et de l’été 2020, une baisse importante s’est produite à l’automne, lorsque l’école a repris (virtuellement pour beaucoup), comme le montre le Tableau 2. Environ un tiers des élèves de la maternelle à la 12e année fréquentent encore aujourd’hui une école hybride ou virtuelle, selon l’agrégateur de données Burbio.

Tableau 2 : Population active pendant la COVID-19 selon le statut parental

Données au 31 mars 2021. Source : Federal Reserve Bank of San Francisco.

Cela confirmerait l’idée que les responsabilités liées à la garde des enfants (y compris la supervision de l’apprentissage à distance) incombent davantage aux femmes qu’aux hommes. Certaines femmes ont dû faire le choix difficile entre un emploi et la prise en charge de leurs enfants en raison de la pandémie, ce qui a pesé sur le niveau d’emploi des femmes. En fait, 33 % des femmes non actives âgées de 25 à 44 ans ont cité les exigences en matière de garde d’enfants comme principale raison de quitter le marché du travail, contre seulement 12 % des hommes, selon le Census Bureau. Le document de recherche susmentionné constate également une forte corrélation entre les tendances de l’emploi féminin et les horaires de travail flexibles. Plus précisément, les industries avec une plus grande part d’emplois avec des horaires flexibles ont vu moins de pertes d’emplois féminins, tandis que les industries avec une plus faible part d’emplois avec des horaires flexibles ont vu des pertes d’emplois féminines plus importantes. Cette dynamique était moins prononcée chez les hommes.

L’aspect positif de la pandémie – Le travail à distance gagne du terrain

Nous pensons que ce résultat est encourageant, étant donné l’évolution post-pandémique croissante vers une plus grande flexibilité des milieux de travail. En outre, la normalisation de ces pratiques devrait être de bon augure pour l’emploi des femmes. Selon le Bureau of Labor Statistics, avant la pandémie, seulement 7 % de la main-d’œuvre américaine avait accès aux politiques de télétravail et aux avantages liés à la flexibilité. Au cours du pic du séjour du confinement à la maison au printemps dernier, il a été estimé que près de 50 % des Américains travaillaient à distance, et de nombreuses entreprises prévoient de maintenir des politiques de travail à domicile partielles ou même complètes une fois que la pandémie de COVID-19 se sera calmée.

Étant donné que de plus en plus d’Américains sont susceptibles de travailler à distance une partie du temps à l’avenir, les perceptions du travail à distance sont également susceptibles de changer. Selon Ellen Ernst Kossek, experte de Purdue sur les organisations inclusives, « les recherches [pré-COVID] montrent que si vous utilisez le télétravail et la flexibilité pour terminer un projet tard dans la nuit, les gestionnaires vous adorent ; si vous l’utilisez pour des raisons familiales ou personnelles, ils vous stigmatisent et pensent que vous n’êtes pas concentré sur votre carrière. » Comme beaucoup voient à quel point ils peuvent être productifs, la stigmatisation du travail à distance risque d’être atténuée à l’avenir.

Ces derniers mois, ClearBridge a activement collaboré avec les entreprises au sujet de la flexibilité du lieu de travail, les encourageant à tirer le meilleur parti de cette opportunité de changement. Bien que nous reconnaissions qu’il n’existe pas d’approche unique, nous demandons à toutes les entreprises de réfléchir aux nombreux impacts qu’un passage partiel au travail à distance pourrait avoir sur leur personnel. Parmi les sujets que nous abordons avec les équipes de direction figure l’impact du travail à distance sur les nouveaux employés, le mentorat et la culture, ainsi que l’évaluation des performances des travailleurs à distance. Nous croyons que les entreprises qui adoptent une approche holistique et réfléchie du travail à distance peuvent avoir un impact positif sur leur main-d’œuvre actuelle et attirer plus de talents, en particulier les femmes et les groupes sous-représentés.

Cela est de bon augure pour l’emploi des femmes à l’avenir et pour la croissance du PIB plus largement. Si davantage d’entreprises proposent un travail à distance et flexible et qu’il y a moins de connotation négative associée à ces avantages, nous éliminerons une raison courante pour laquelle de nombreuses mères quittent le marché du travail. Cela devrait permettre à davantage de femmes de participer à la population active, soutenant une croissance plus rapide du PIB au fil du temps. Historiquement, il existe une forte relation entre les variations de la participation des femmes au marché du travail et la tendance du PIB à moyen terme (cinq ans).

Tableau 3 : La participation des femmes au marché du travail est en corrélation avec la croissance économique

Données au 31 mars 2021. Source : U.S. Bureau of Economic Analysis, Bureau of Labor Statistics, Bloomberg.

À court terme, les tendances de la participation des femmes au marché du travail pourraient également soutenir une politique monétaire plus accommodante. L’été dernier, la Réserve fédérale a conclu un examen de son cadre de politique monétaire, révisant ses objectifs déclarés pour « souligner que l’emploi maximal est un objectif large et inclusif. Ce changement reflète notre appréciation des avantages d’un marché du travail solide, en particulier pour de nombreuses personnes vivant dans des communautés à revenu faible ou modéré. » En effet, cela signifie que la Fed est susceptible de regarder au-delà du taux de chômage global lors de la définition de la politique monétaire dans les années à venir tant que l’inflation ne s’enfuit pas.

Alors que le taux de chômage est remonté à 6,1 %, il serait de 7,2 % si la main-d’œuvre féminine était simplement restée constante pendant la pandémie au lieu de diminuer de près de 2 millions. Lors de la définition de la politique, la Réserve fédérale est susceptible de considérer à quoi ressemble un taux de chômage « normalisé ». En fonction du taux de retour des femmes sur le marché du travail, la Fed pourrait maintenir une politique monétaire plus souple plus loin dans le cycle économique par rapport à l’histoire.

Clause de non-responsabilité de l’AIR
Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

Obligations sociales : à quoi devraient s’attendre les investisseurs canadiens?

Lorsqu’elle émet son obligation sociale de 10 ans en juin 2020, recueillant 100 millions de dollars dans le cadre de son nouveau Programme de débentures sociales, la Ville de Toronto innove. Le Programme, le premier du genre dans les milieux municipaux canadiens, capte alors l’attention des investisseurs ESG, attirés par l’idée de financer des projets dans des domaines tels que le logement abordable, les infrastructures de base et l’accès aux services essentiels. C’était il y a un an déjà. Le paysage de la finance sociale pourrait maintenant écrire un nouveau chapitre, cette fois grâce au gouvernement fédéral. Le boom des obligations sociales que l’on voit ailleurs dans le monde arrive-t-il au Canada?

Alors que le pays sortait d’une pandémie qui a recadré les priorités de nombreux investisseurs, le gouvernement du Canada a utilisé son budget d’avril 2021 pour annoncer une consultation qui ne manquera pas de se faire remarquer. « Les obligations sociales sont l’occasion d’établir des liens entre les investisseurs socialement conscients et les obligations du gouvernement du Canada qui appuient des objectifs sociaux comme la réduction de l’itinérance et l’amélioration de l’accès à un système d’apprentissage et de garde des jeunes enfants de qualité », a écrit le ministère des Finances dans les documents du budget. Par conséquent, il a proposé « d’examiner la possibilité d’obligations sociales pour compléter le programme actuel de la dette du gouvernement », s’engageant à examiner le sujet « dans les consultations sur la Stratégie de gestion de la dette à l’automne ».

Les obligations sociales ont fait irruption sur la scène comme peu de classes d’actifs l’ont fait dans le passé. Selon une estimation de Linklaters, un cabinet d’avocats britannique, elles ont amassé 163 milliards de dollars dans le monde en 2020, soit dix fois plus qu’en 2019. Cette augmentation s’explique en grande partie par les vastes besoins engendrés par la pandémie de COVID-19 et ses impacts socio-économiques.

Voici quelques exemples :

À quoi ressemblent les obligations sociales?

Le marché des obligations sociales vise à financer ou à refinancer des « projets sociaux », qui « visent directement à résoudre ou à atténuer un problème social spécifique et/ou cherchent à obtenir des résultats sociaux positifs », a expliqué l’International Capital Market Association dans son édition 2021 des Principes applicables aux obligations sociales (SBP). Le cadre a été conçu pour promouvoir la transparence et l’intégrité des participants au marché. Le SBP fournit essentiellement une liste de besoins sociaux qui peuvent être financés par le produit des obligations tout en indiquant quatre « composantes de base » :

  • utilisation du produit ;
  • processus d’évaluation et de sélection des projets ;
  • gestion du produit ;
  • reporting.

De plus, les Principes applicables aux obligations sociales recommandent la nomination d’un examinateur externe pour assurer l’alignement des composants de base et de l’obligation, étape pouvant impliquer l’obtention d’une certification spécifique ou d’une notation. (Le SBP souligne que les obligations qui intègrent des projets sociaux et verts devraient être appelées obligations de durabilité et que celles-ci sont couvertes par un ensemble de principes différent.)

À ce stade de l’article, les lecteurs se posent peut-être des questions sur les prix et les rendements. Comment les obligations sociales se compareraient-elles aux obligations ordinaires si le gouvernement fédéral empruntait cette voie? En l’absence d’antécédents sur le marché canadien, nous croyons que tenter de répondre à cette question pourrait nous amener à spéculer. Cependant, l’investissement dans des titres à revenu fixe fait, en fin de compte, partie d’une stratégie de portefeuille plus large où les écarts de rendement au sein d’autres classes d’actifs peuvent être beaucoup plus importants.

Naviguer dans les définitions

La consultation de l’automne sur les obligations sociales ne sera pas la première fois qu’Ottawa sollicite des commentaires sur la finance sociale. En 2018, un comité directeur a émis 12 recommandations visant à « réaliser tout le potentiel de l’innovation sociale pour relever les défis sociaux et environnementaux les plus pressants du Canada ». Sans mentionner spécifiquement les obligations sociales, le rapport de 2018 a fait allusion aux « obligations à impact social » (SIB). Il s’agit d’un instrument différent, semblable à une obligation, qui lie la structure des paiements à la réalisation de certains résultats.

Comme c’est parfois le cas avec des produits financiers en constante évolution, c’est ici que les choses se compliquent. Il n’y a pas de définitions ou de normes claires, mais les SIB sont généralement considérées comme fondées sur un modèle où les investisseurs fournissent des capitaux d’avance pour un programme ou une initiative sociale. Si le résultat atteint ou dépasse certains objectifs prédéterminés (vérifiés par un tiers) l’émetteur, souvent un gouvernement ou une autre entité publique, rembourse aux investisseurs une somme préétablie.

Selon la Brookings Institution, 194 obligations à impact social ont été émises dans le monde entre 2010 et 2020, ce qui représente un investissement initial de 421 millions de dollars. Les pays ayant créé le plus d’obligations étaient le Royaume-Uni, les États-Unis, les Pays-Bas, le Portugal et l’Australie. Jusqu’à présent, le Canada n’a connu qu’une poignée de SIB, et le capital recueilli est relativement faible par rapport aux montants observés sur le marché plus large des « obligations sociales » dans d’autres régions du monde.

Anticiper le niveau de la demande

Tout cela soulève une question : quelle serait la demande des investisseurs si le gouvernement fédéral allait de l’avant avec les obligations sociales? Le temps le dira. Au cours du seul premier trimestre de 2021, les obligations sociales émises dans le monde ont amassé 90 milliards de dollars américains, selon des données récentes de Moody’s. Quiconque voudrait prédire l’appétit au Canada pourrait se pencher sur l’obligation sociale de l’année dernière émise par la ville de Toronto. Pour l’obligation de 100 millions de dollars, vendue à 99,98 $ pour un rendement sur 10 ans de 1,602 %, la Ville a récemment mentionné que « les manifestations d’intérêt dépassaient les 400 millions de dollars, avec un fort intérêt de la communauté environnementale, sociale et de gouvernance (ESG) ». Dans un monde où la COVID a incité de nombreux investisseurs à explorer des possibilités à thème social, un engouement pourrait être tout aussi probable.

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Lithium : Une perspective d’économie circulaire pour l’investissement et l’intendance ESG

La course au net zéro présente un défi et une possibilité pour l’économie circulaire, qui applique la conception régénérative à l’économie et vise la durabilité.

Pour atteindre les émissions de gaz à effet de serre (GES) net zéro d’ici 2050, de grands changements sont en cours. Bien qu’il soit primordial d’atténuer les changements climatiques, la transition vers une économie à faible émission ou carboneutre peut inclure des activités ayant d’autres impacts potentiellement négatifs si elles ne sont pas gérées adéquatement.

Par exemple, les transports représentant 15 % des émissions mondiales de GES à la fin de 2019, l’adoption de véhicules électriques alimentés par batterie (VE) aidera à atteindre les objectifs climatiques. Malgré la pandémie de COVID-19, les ventes de véhicules électriques ont augmenté de 54 % en 2020 par rapport à l’année précédente, et la demande de batteries lithium-ion devrait croître de 1030 % d’ici 2030, selon les prévisions de Bloomberg. Cela n’est pas surprenant compte tenu des réglementations existantes et à venir dans différentes régions, notamment le 13e Plan quinquennal de la Chine et les programmes de réduction des émissions de la Californie et de l’Union européenne.

Source : Bloomberg Finance LP, en date du 13 mars 2021

Cependant, les investisseurs dans les fabricants de batteries et les constructeurs automobiles, ainsi que des investisseurs directs dans des projets renouvelables, devraient tenir compte des impacts environnementaux et sociaux du lithium pour s’assurer que les entreprises de leur chaîne de valeur relèvent ces défis dans une mesure suffisante.

Production de lithium, consommation d’eau et contamination

Une batterie de voiture nécessite 6000 gallons d’eau. Le triangle sud-américain qui couvre certaines parties de l’Argentine, de la Bolivie et du Chili détient plus de la moitié de l’approvisionnement mondial en lithium. L’Amérique du Sud est également l’un des endroits les plus secs de la Terre. Dans le Salar d’Atacama, au Chili, les activités minières consomment 65 % de l’eau de la région, ce qui compromet les besoins en eau des agriculteurs et d’autres activités.[1] Cela pourrait provoquer une opposition de la communauté et les entreprises pourraient perdre leur licence d’exploitation.

L’extraction du lithium utilise également des produits chimiques nocifs. Selon le International Chemical Secretariat, l’exploitation minière du lithium produit 17 produits chimiques, y compris des retardateurs de flamme bromés [2]; ceux-ci sont cités sur la liste des produits chimiques dangereux, ce qui soulève la possibilité de restreindre leur utilisation. Ces produits chimiques nuisent à la vie aquatique et à la qualité de l’eau, affectant les communautés et leurs approvisionnements en eau, car ils polluent l’air et le sol.

L’intensité des émissions d’oxyde d’azote (NOx) et d’oxyde de soufre (SOx) de la société de produits chimiques de spécialité Albemarle, par exemple, est significativement plus élevée que les autres sociétés de produits chimiques de spécialité dans l’indice MSCI ACWI.[2] Les entreprises peuvent encourir des responsabilités si elles ne gèrent pas le risque de contamination.

De plus, si elles ne sont pas correctement recyclées, les piles rechargeables causent des dommages à l’environnement. Une fois dans une décharge, ces substances contaminent les eaux souterraines, le sol et l’air.

Possibilités de recyclage

Avec la demande de batteries qui grimpe en flèche et les risques liés à la contamination, le recyclage offre des possibilités à l’industrie. Les rapports indiquent que le marché du recyclage des batteries atteindra 137 millions de dollars d’ici 2027 en Amérique du Nord. La majeure partie du recyclage actuel se produit dans le secteur de la consommation; cependant, compte tenu des tendances en matière d’électrification dans de nombreux secteurs, ce chiffre de croissance peut être plus élevé.

Émissions de GES des véhicules électriques

De l’exploitation minière et du transport à la fabrication de batteries, en passant par l’expédition et la fabrication de voitures, les véhicules électriques ont leur propre empreinte carbone. De nombreuses entreprises travaillent avec leurs fournisseurs pour réduire les émissions de Niveau 3* en adoptant l’énergie renouvelable dans leurs opérations. Les émissions de Niveau 3 représentent plus de 90 % de l’inventaire de GES d’un fabricant d’équipement automobile. Toutefois, les progrès concernant les émissions de Niveau 3 restent préliminaires.

Une approche de l’économie circulaire

Les actionnaires, les investisseurs directs et les créanciers des entreprises impliquées dans la chaîne d’approvisionnement des véhicules électriques peuvent aider à adopter une approche de l’économie circulaire en matière de durabilité en tenant compte de ces considérations :

Investisseurs du marché public (actionnaires et créanciers) :

  • Établir les meilleures pratiques dans les chaînes d’approvisionnement en lithium grâce à l’analyse ESG des sociétés en exploitation.
  • Encourager la recherche et le développement pour stimuler les innovations en matière de réutilisation, de recyclage et d’élimination.
  • Adopter des pratiques exemplaires dans les programmes d’intendance des produits et les plans d’élimination progressive des produits chimiques dangereux.
  • Encourager l’établissement d’objectifs de réduction des émissions nocives. Les paramètres clés à suivre peuvent inclure les émissions de GES, de NOx, de SOx et d’autres effluents.
  • Comprendre les risques politiques et de gouvernance des régions d’où proviennent les minéraux des batteries.
  • Intégrer les performances ESG des entreprises dans l’analyse des investissements et les modèles financiers (grâce à un taux de réduction pour les retardataires ESG afin de tenir compte des coûts opérationnels potentiels plus élevés ou des coûts des litiges causés par des impacts environnementaux et communautaires négatifs).
  • Collaborer avec les entreprises pour mieux comprendre leurs pratiques, leurs cibles, leurs indicateurs de performance, leurs plans visant à minimiser les impacts environnementaux et sociaux et leurs plans de recherche et développement sur les technologies durables.

Investisseurs en actifs directs/réels :

  • Intégrer les facteurs ESG dans la planification et le développement de projets – par exemple, les évaluations d’impact initiales ainsi que le consentement libre, préalable et éclairé.
  • Effectuer régulièrement des évaluations de l’impact environnemental et social, y compris les effets sur la biodiversité et les ressources communautaires.
  • Établir des pratiques exemplaires opérationnelles et des rapports de rendement sur les questions ESG pertinentes pour le secteur, telles que la gestion des déchets, les émissions atmosphériques, les pratiques et le rendement en matière de santé et de sécurité, les responsabilités ESG en matière de rémunération des dirigeants et la diversité des compétences au niveau du conseil d’administration.
  • Comprendre les risques ESG dans leurs chaînes d’approvisionnement.

En s’engageant avec les entreprises sur des questions et des indicateurs qui garantissent une vision globale de leur performance ESG, les investisseurs peuvent aider à atténuer les bulles ESG créées par des thèmes spécifiques et faciliter une transition juste vers une économie nette zéro.

Sources:

[1] Juan Ignacio Guzmán, Patricio Faúndez, José Joaquín Jara, Candelaria Retamal (2021), Role of Lithium mining on the water stress of the Salar De Atacama Basin.

[2] Rapport de notation ESG MSCI pour Albemarle Corporation de mars 2021

* Niveau 1 : Émissions directes de l’entreprise
Niveau 2 : Émissions provenant de l’énergie achetée par l’entreprise
Niveau 3 : Émissions générées tout au long de la chaîne d’approvisionnement et par l’utilisation finale des produits/services

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Favoriser les possibilités d’investissement social en dehors du logement abordable

Il semble qu’il n’y ait pas assez de possibilités d’investissement à impact social pour satisfaire l’appétit des investisseurs au Canada.

Si nous supprimons les possibilités d’investir dans l’énergie verte et analysons plutôt les possibilités d’investir dans les communautés, nous voyons très peu d’investissements. Compte tenu de l’état du paysage de l’investissement à impact social, comment les investisseurs désireux d’avoir un impact peuvent-ils financer des opportunités qui créent un changement social durable tout en générant un rendement équitable ?

La première étape consiste à prendre conscience des opportunités qui existent actuellement au Canada. Le fait est que les organismes à vocation sociale sont en retard dans la création d’entreprises, de programmes et de projets sociaux qui peuvent être financés par l’investissement à impact social. Cependant, plusieurs organisations ont tiré parti du financement des fondations et du gouvernement pour créer des possibilités d’investissement viables :

Fonds à impact social

Des organisations comme Windmill Microlending et Access Community Capital ont tiré parti de la dette privée pour créer des programmes de microcrédit destinés aux communautés confrontées à des obstacles.

Windmill Microlending offre des micro-prêts pour aider les immigrants et les réfugiés qualifiés à poursuivre leur carrière au Canada. Il s’agit notamment d’aider les clients à obtenir les licences canadiennes requises pour travailler dans leur domaine, à payer les examens, les frais de réinstallation et les frais d’association professionnelle. Ces soutiens financiers sont complétés par des services de conseil en carrière qui aident les clients à choisir la bonne voie pour atteindre leurs objectifs professionnels, un soutien pour naviguer dans le système financier canadien et un mentorat continu.

Access Community Capital se concentre sur le soutien aux entrepreneurs émergents avec des prêts à faible taux d’intérêt. Ces programmes ciblent les communautés marginalisées qui ne sont peut-être pas admissibles au financement traditionnel et sont complétés par des accélérateurs et des services d’encadrement.

Les programmes d’accompagnement que des organisations comme celle-ci coordonnent pour soutenir les prêteurs contribuent à maintenir des taux de remboursement élevés. À mesure que les organisations cherchent à élargir leur impact communautaire et à créer des opportunités d’investissement, les programmes et fonds de prêts ciblés deviendront plus courants.

Obligations communautaires

Des organisations comme Solar Share, le Centre for Social Innovation et, plus récemment, Sketch Working Arts, démontrent que les obligations communautaires sont une forme de financement par l’emprunt qui peut activer les partisans individuels de la communauté et les transformer en investisseurs.

SolarShare est la principale coopérative d’énergie renouvelable du Canada, qui développe des installations d’énergie solaire à l’échelle commerciale dans tout l’Ontario. En s’appuyant sur les obligations communautaires, SolarShare permet aux investisseurs particuliers d’investir dans ces projets par le biais d’une « obligation solaire » de 5 ans qui rapporte un taux d’intérêt annuel de 5 %. Le gouvernement de l’Ontario achète l’énergie de ces installations dans le cadre d’un contrat de 20 ans, créant ainsi un flux de revenus stable pour le remboursement des obligations.

Le Centre for Social Innovation (CSI) est un centre d’innovation sociale qui offre un espace de coworking et un incubateur pour les organisations à vocation sociale. En 2010, l’organisation a levé 2 millions de dollars grâce à des obligations communautaires pour acheter son premier bâtiment, l’annexe du CSI. En 2014, l’organisation a levé 4,3 millions de dollars supplémentaires par le biais d’obligations communautaires pour acheter son deuxième bâtiment, CSI Spadina.

Grâce à un engagement précoce avec les investisseurs institutionnels, lors de la structuration de l’obligation, les organisations ont veillé à ce que leur offre puisse répondre aux objectifs d’investissement d’un large éventail de parties prenantes.

Plateformes d’investissement en ligne

Bien qu’elle soit encore limitée par la disponibilité des opportunités d’investissement, SVX a créé une plateforme d’investissement qui promet de fournir un point d’accès unique pour lever des capitaux et réaliser des investissements pour les investisseurs qui recherchent un impact social et environnemental. Au fur et à mesure que le nombre d’organismes de bienfaisance, d’organisations à but non lucratif et d’entrepreneurs sociaux créant des opportunités d’investissement augmente, les plateformes comme SVX joueront un rôle important en mettant en évidence les opportunités d’investissement.

Bien que certaines organisations soient devenues des pionniers de l’entreprise sociale, il reste des défis à relever pour attirer l’attention sur les opportunités viables. Au-delà du bien social généré, les investisseurs sont peu enclins à accepter les rendements inférieurs au taux du marché qu’offrent de nombreuses opportunités d’investissement d’impact. En outre, le risque perçu d’investir dans des organisations à vocation sociale peut être dissuasif.

Les gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux ont plusieurs outils à leur disposition pour rendre les opportunités d’investissement à impact social plus attrayantes et jouent un rôle secondaire clé dans la création d’un environnement d’investissement à impact plus actif au Canada. À l’instar des programmes incitatifs qui ont stimulé l’innovation dans l’industrie de l’énergie verte et qui ont donné lieu à des possibilités d’investissement plus favorables, le gouvernement doit prendre des mesures proactives pour encourager les investisseurs à soutenir l’innovation et l’investissement financier dans le secteur social. Au Canada, cela pourrait inclure :

La création de zones d’opportunité et de fonds d’opportunité qualifiés

Comme le souligne l’Ontario Realtor Party, les Opportunity Zones créent une incitation financière à investir dans les communautés en difficulté économique. Aux États-Unis, c’est la loi de 2017 sur les réductions d’impôts et les emplois qui a servi à établir le programme de « Qualified Opportunity Zones ». Grâce à ce programme, les communautés sont désignées par un État et certifiées par le département du Trésor comme pouvant bénéficier du programme. Le programme permet ensuite aux investisseurs de reporter un gain en capital et d’investir ces dollars dans des fonds de zones d’opportunités qualifiées.

Comme le programme est relativement jeune, il est trop tôt pour dire quel sera le véritable impact de ces fonds sur les communautés défavorisées. Toutefois, l’argent de ce programme est utilisé aux États-Unis pour soutenir des investissements dans tout le pays, notamment de nouveaux logements, des épiceries, des cliniques médicales, des infrastructures à large bande et la création de districts d’innovation locaux. Les « Opportunity Zones » ont le potentiel de garantir que les communautés qui ont le plus besoin de soutien bénéficient d’un investissement équitable.

Garantir les initiatives et les projets dirigés par la communauté

Afin de réduire le risque perçu lié à l’investissement dans les possibilités d’impact social, les organismes gouvernementaux et les organismes subventionnaires non gouvernementaux pourraient soutenir les organisations en se portant garants. Un garant accepte d’assumer l’obligation d’une partie ou de la totalité de la dette si l’emprunteur fait défaut. Cela permettrait d’offrir un niveau de protection contre les pertes aux investisseurs souhaitant investir dans des initiatives et des projets dirigés par la communauté et susceptibles de générer des revenus. Pour les organismes qui accordent régulièrement des subventions aux organisations, le fait de devenir garants pourrait servir à la fois à encourager les organisations à rechercher des opportunités d’investissement et à motiver les investisseurs à financer ces opportunités.

Inciter les fondations à accroître leur portefeuille d’investissements à impact social

Cette année, de plus en plus de voix se sont élevées pour demander au gouvernement d’augmenter le quota de décaissement (QD) des fondations caritatives à 10%. Compte tenu de la pression accrue sur les organisations à but non lucratif due à la COVID-19, et du taux annuel moyen d’appréciation des actifs des fondations, les appels à un soutien accru sont justifiés. Cependant, comme l’indique le rapport publié par la Task Force for Social Finance, les fondations ont également la possibilité d’augmenter la part de leur capital dans les investissements liés à la mission (MRI). Cela peut se traduire par un investissement à impact social et peut contribuer à l’impact social plus important que les défenseurs d’un QD accru aimeraient voir.

Bien que les possibilités d’investir dans un véritable impact communautaire soient limitées, elles existent. Avec une plus grande volonté des investisseurs d’explorer des opportunités uniques, un engagement plus proactif des gouvernements pour rendre ces opportunités plus viables et une activité accrue du secteur à but social pour créer des opportunités, l’écosystème peut se développer rapidement.

Il faudra que toutes les parties fassent preuve de créativité et sortent un peu de leur zone de confort pour créer l’impact qui est possible.

Clause de non-responsabilité de l’AIR
Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

Sélection et surveillance des gestionnaires tout en tenant compte des facteurs ESG

L’analyse d’un placement dans l’optique des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) peut soulever plusieurs choses. Une telle démarche pourrait révéler qu’une société a une approche efficace de la durabilité environnementale, ou possiblement que des risques inhérents menacent son modèle d’affaires. Il faut donc se poser la question : qu’arrive-t-il si on analyse de pareille façon l’approche ESG du gestionnaire d’investissement lui-même?

Déterminer l’étendue de l’engagement d’un gestionnaire envers les facteurs ESG importe de plus en plus car à partir d’aspirations se forment des principes directeurs, qui sont ensuite systématiquement appliqués. Maintenant, un grand nombre de gestionnaires ont un énoncé d’engagement et sont résolus à placer la barre haute. Bloomberg estime qu’en 2025, les actifs gérés selon les facteurs ESG représenteront plus d’un tiers des actifs financiers totaux projetés de 140,5 billions $ US (d’après une croissance de 15 % – la moitié du rythme des cinq dernières années).

Premièrement, l’analyse de l’approche ESG d’un gestionnaire peut refléter dans quelle mesure il croit en l’atteinte des cibles ou en l’application de sa politique régissant les facteurs ESG. Certes, les soi-disant fondamentalistes en matière d’investissement responsable (des gestionnaires de placement qui ont fermement incorporé la durabilité et la voient comme étant la seule avenue vers la sécurité financière et le bien-être) sont susceptibles d’adopter une approche robuste pour intégrer les facteurs ESG dans leur analyse. Et leurs objectifs sont sans doute appuyés par un modèle de gouvernance clairement défini. Ils peuvent également bénéficier du soutien important de hauts dirigeants qui ont des responsabilités face au conseil d’administration.

Que doit-on surveiller pour déterminer à quel point un gestionnaire est résolu à intégrer les facteurs ESG? L’historique des analyses ESG régulières et continues des portefeuilles; les ressources ESG attitrées; la collaboration à l’interne et à l’externe; les programmes de formation officiels, notamment.

Il va de soi que les valeurs du gestionnaire dans son ensemble doivent appuyer l’intégration des facteurs ESG; cela crée une culture propice. Une telle culture pourrait davantage responsabiliser les gestionnaires en les encourageant à intégrer les facteurs ESG dans tous les aspects de leurs décisions de placement. Un soutien indéfectible de la sorte favorise la sensibilisation et la réflexion, ce qui peut entraîner la construction de portefeuilles qui intègre encore mieux les facteurs ESG.

Cependant, même lorsqu’elles sont soutenues au niveau de l’entreprise, les approches de placement intégrant les facteurs ESG peuvent se brouiller. Par exemple, un nombre croissant de gestionnaires (titres publics et privés) veulent élargir leur offre de portefeuilles à émissions faibles ou nulles en carbone. D’autres envisagent différemment les placements dans des secteurs comme celui de l’énergie. Tout dépend de qui applique le cadre ESG.

Car d’un côté, il y a ceux qui croient que les sociétés du secteur de l’énergie peuvent soutenir la transition à une économie à faibles émissions, étant donné l’envergure et les moyens technologiques du secteur. Notamment par le développement de méthodes de capture du carbone et l’utilisation du gaz naturel, plus propre, le temps d’instaurer les ressources renouvelables.

Donc d’un côté, certains gestionnaires recherchent les émissions réduites ou nulles, tandis que d’autres y vont de façon nuancée. Pour l’investisseur, il est important de comprendre pourquoi et comment un gestionnaire intègre la multitude de facteurs ESG qui sont intrinsèquement reliés.

Évaluer la philosophie d’un gestionnaire à l’égard de l’engagement actionnarial proactif peut aussi en dire long. L’engagement actionnarial proactif auprès des sociétés représentées au sein d’un portefeuille au nom des investisseurs témoigne non seulement de la culture d’investissement, mais de la sensibilisation du gestionnaire aux facteurs ESG. Une approche proactive en la matière peut ultimement favoriser la résilience du portefeuille à long terme. Les firmes d’investissement et les investisseurs y gagnent.

Surveillance et communications continues

L’intégration des facteurs ESG ne se fait pas du jour au lendemain. Pour en suivre l’évolution, il faut une surveillance continue des mesures prises en ce qui touche l’intégration systématique des facteurs ESG dans la stratégie de placement.

Il peut s’agir d’une analyse quantitative du portefeuille. Ou encore, d’avoir recours à des tiers pour évaluer les caractéristiques ESG de chaque portefeuille. Une telle évaluation impliquerait de surveiller la façon dont les caractéristiques des fonds changent, au fil du temps et par rapport aux pairs, pour relever les cas où le fonds semble s’éloigner de son énoncé ESG.

Le degré de transparence d’un gestionnaire dans ses rapports sur les résultats ESG obtenus aide aussi à comprendre les approches (la sienne et celle du gestionnaire). Il convient d’abord de déterminer si le gestionnaire est signataire des Principes pour l’investissement responsable des Nations Unies. Si elle l’est, on lui exige de rapporter clairement ses progrès chaque année. Ensuite, l’organisme permet de rehausser encore la transparence en vérifiant et en évaluant les progrès rapportés.

Pour terminer, demandez si un gestionnaire contribue aux pratiques d’investissements durables en échangeant sur les meilleures pratiques avec l’ensemble des acteurs du secteur. Il peut s’agir de participer à des groupes de travail ou à des initiatives axées sur la durabilité. S’impliquer à plus grande échelle dans les questions de principes directeurs et de réglementation, notamment, peut faire avancer les choses et entraîner des changements importants et avantageux pour de nombreux intervenants.

Mise en œuvre : rôle des facteurs ESG dans la sélection et la surveillance des gestionnaires

Une analyse approfondie favorise la conntinuité des activités d’engagement

Liste de vérification – Gestionnaire : Évaluation des gestionnaires selon l’engagement de la société envers les facteurs ESG, la mise en œuvre de la stratégie et la gérance active.

La société Placements mondiaux Sun Life, en tant que gestionnaire fonds de fonds, est bien placée pour observer et évaluer les pratiques ESG des gestionnaires et l’évolution de leur démarche. Le rythme du parcours ESG ne fait que s’accélérer, et la collaboration deviendra fort probablement la norme.

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Besoins et occasions : Ce que la COVID-19 a mis en lumière au sujet des infrastructures sociales

La pandémie mondiale a démontré que de nombreuses collectivités partout dans le monde ne disposent pas des installations nécessaires — comme des installations de soins de santé accessibles et des logements abordables — pour lutter efficacement contre les menaces comme la COVID-19.

Les installations de soins de santé et d’éducation, les logements sociaux et les édifices de services civiques dynamiques sont souvent la pierre angulaire des collectivités saines et résilientes. Ces structures à vocation sociale peuvent contribuer à la croissance économique et à la cohésion de la société tout en fournissant des services essentiels. Malheureusement, ces installations sont sous-financées dans bien des pays. Il est nécessaire de mettre en place de meilleures infrastructures sociales pour se préparer aux urgences mondiales futures.

Un financement public insuffisant

Les investissements publics dans les infrastructures sociales ont fortement chuté après la crise financière mondiale de 2008-2009, période où les politiques d’austérité ont étouffé les apports en capitaux, comme l’illustre la figure 1.

Impact mondial del’austérité sur les investissements publics dans les secteurs sociaux

Figure 1 : Dépenses sociales en % du PIB dans les pays de l’OCDE, variation annuelle ($ US)* (Entre 2009 et 2018)

Sources : Franklin Templeton, OCDE, Macrobond. En date de novembre 2020.
*Remarque : L’Australie n’a pas fourni les données de 2017-2018; le Japon n’a pas fourni les données de 2016-2018.

Un rapport de 2018 du Groupe de travail de haut niveau sur l’investissement dans les infrastructures sociales en Europe indique que le manque à gagner annuel dans ce secteur est d’au moins 142 milliards d’euros (167,7 milliards de dollars américains).

Les changements démographiques, notamment le vieillissement des populations, entraînent également des défis pour les infrastructures sociales. Selon les prévisions, en Europe, la proportion de personnes âgées de 65 ans ou plus devrait passer de 18,9 % en 2015 à 29 % en 2060. Au Japon, où 28 % de la population avait 65 ans ou plus en 2019, les lacunes sont considérables en matière d’investissement dans les infrastructures sociales. La Banque asiatique de développement a estimé, en 2016, que le Japon doit investir entre 10,3 et 13,5 billions de yens pour répondre aux besoins d’ici 2030 en matière de construction, de remise en état, de remplacement et d’exploitation des infrastructures sociales.

Au fur et à mesure que les pays sortent de la crise de la COVID-19, le manque d’investissements de la part des gouvernements dans les infrastructures sociales risque d’empirer. Les ratios dette/produit intérieur brut (PIB) des gouvernements partout dans le monde sont énormes. Le Fonds monétaire international signale que la dette gouvernementale brute des « pays riches » est passée de 6 000 milliards de dollars américains à 66 000 milliards de dollars américains à la fin de 2020 (soit de 105 % du PIB à 122 % du PIB). Dans les économies en développement, la Banque mondiale estime que la dette a atteint une valeur record de 55 000 milliards de dollars américains en 2018.

La nécessité d’obtenir du capital privé

Les manques à gagner en matière de dépenses publiques, conjugués à un besoin amplifié en période postpandémique, créent des occasions attrayantes pour les placements privés dans les infrastructures sociales. Heureusement, l’intérêt des investisseurs institutionnels envers les placements d’impact dans l’immobilier était en croissance avant la COVID-19. La plupart des investisseurs d’impact s’attendent à maintenir ou augmenter leurs engagements envers l’investissement d’impact, selon un sondage réalisé par le Global Impact Investing Network (GIIN). De plus, un sondage de 2020 mené par Preqin a démontré que 61 % des investisseurs s’attendent à ce que l’investissement d’impact devienne plus répandu d’ici les trois prochaines années. Comme 8 billions de dollars américains étaient gérés par des sociétés de capital privé en date de septembre 2019, les investisseurs privés ont amplement l’occasion de jouer un rôle de premier plan dans la foulée de la COVID-19.

Bien faire en faisant le bien

Les infrastructures sociales sont une occasion importante à l’échelle institutionnelle pour les investisseurs privés qui souhaitent que leurs portefeuilles apportent des avantages pour les sociétés et qui désirent obtenir un rendement financier concurrentiel. Selon notre expérience, les placements dans les infrastructures immobilières sociales offrent des rendements prévisibles et ont tendance à être moins exposés aux risques du marché et aux risques systémiques.

De plus, ces placements pourraient être moins corrélés avec les indices du marché en général et avec d’autres investissements dans l’immobilier. Cette corrélation moindre découle de la sécurité des revenus. Les services offerts par les locataires des infrastructures sociales sont souvent essentiels, ce qui les rend moins vulnérables à la volatilité des marchés. Par conséquent, ces placements dépendent moins des activités économiques quotidiennes qui se déroulent à proximité immédiate des infrastructures.

Cette caractéristique peut soutenir la certitude d’obtenir des revenus en période de bouleversements. Par exemple, immédiatement après le début de la pandémie, les évaluateurs immobiliers ont ajouté une clause sur l’incertitude à toutes leurs évaluations. Cette clause a fini par être retirée pour les secteurs immobiliers présentant des revenus stables, comme les infrastructures sociales, alors que les secteurs commerciaux plus traditionnels ont conservé ces règles d’exception en raison de l’incertitude accrue qui y est associée.

Aux États-Unis, la demande des investisseurs pour les commerces de détail traditionnels a considérablement diminué (voir la figure 2). À l’inverse, les actifs essentiels comme les installations de soins de santé et d’éducation ont relativement bien performé. Par exemple, à la fin de l’année 2020 en Europe, notre stratégie s’est soldée par un taux de perception de loyers de près de 100 % auprès des locataires de nos propriétés d’infrastructures sociales.

Les vents défavorables de la COVID-19 ont pesé sur le rendement de l’immobilier commercial de détail en 2020

Figure 2 : Rendements totaux annualisés de l’indice du National Council of Real Estate Investment Fiduciaries (NCREIF) par secteur ($ US)

Sources : Franklin Templeton, NCREIF, Macrobond. Les indices ne sont pas gérés, et il est impossible d’investir directement dans un indice. Ils ne tiennent pas compte des frais, dépenses ou frais de vente. Les rendements passés ne sont pas représentatifs ou garants des rendements futurs.

Le plus récent sondage annuel du GIIN auprès des investisseurs d’impact indique que le taux de rendement brut interne moyen des investissements d’impact réalisés en actifs réels (pas seulement en immobilier) est de 13 % dans les marchés développés et de 8 % dans les marchés émergents pour les investisseurs axés sur le taux de rendement du marché.

Selon ce même sondage, la répartition des placements dans les actifs réels a augmenté de 21 % entre 2015 et 20198. De plus, des données démontrent la résilience des infrastructures sociales par opposition à celle des actifs immobiliers commerciaux. Toujours du côté de l’Europe, si nous utilisons comme approximation les cours des actions des fiducies de placement immobilier (FPI)** pendant la période de volatilité très marquée des marchés entre janvier 2020 et juillet 2020, nous voyons, à la figure 3, que les secteurs des infrastructures sociales ont affiché une hausse, alors que les secteurs commerciaux traditionnels ont enregistré une baisse allant jusqu’à 50 %.

Les placements dans les infrastructures sociales ont fait preuve de résilience dans les vents défavorables de la pandémie

Figure 3 : FPI européennes : Un outil pour estimer le rendement des infrastructures sociales (Du 1er janvier au 30 juillet 2020)

Source : BNP Recherche. Les rendements passés ne sont pas représentatifs ou garants des rendements futurs.

Un brillant avenir

Investir dans les infrastructures sociales en mettant l’accent sur l’impact peut non seulement produire des rendements découlant des taux des marchés, mais aussi créer une résilience financière qui améliore les résultats financiers. En raison des fluctuations dans les autres secteurs pendant la pandémie, les investisseurs institutionnels auront probablement un intérêt accru envers l’immobilier à revenu pour lequel la capacité des locataires à payer le loyer présente une corrélation moindre avec l’activité économique. Selon la gravité des retombées économiques de la COVID-19, on pourrait observer une augmentation des occasions de vente et de cession-bail, dans un contexte où les municipalités à court d’argent cherchent à amasser des fonds en vendant les propriétés inscrites à leur bilan.

La pandémie a mis en lumière l’importance des infrastructures sociales résilientes et des collectivités durables; elle a également entraîné une demande accrue pour les capitaux axés sur l’impact. Les besoins en matière d’infrastructures sociales améliorées et suffisamment financées sont un phénomène international qui a désormais capté l’attention du monde entier.

** Les FPI sont des sociétés qui détiennent ou financent des immeubles à revenu d’une vaste gamme de secteurs de propriétés. Ces sociétés immobilières doivent répondre à un certain nombre d’exigences pour se qualifier à titre de FPI. La plupart des FPI sont inscrites aux grandes bourses et peuvent offrir plusieurs avantages aux investisseurs.
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