Métaux critiques – Un thème d’investissement clé dans la transition énergétique

Les gouvernements du monde entier se sont engagés à atteindre leurs objectifs en matière de changement climatique. La capacité à réduire les émissions de carbone repose sur une transition réussie vers les énergies renouvelables et sur la réduction des émissions dans les transports et l’industrie manufacturière. Le monde aura besoin d’une quantité massive de métaux critiques, et il sera essentiel de sécuriser l’approvisionnement primaire. Répondre à cette demande nécessitera des capitaux importants, ce qui, selon nous, créera une opportunité d’investissement sur plusieurs décennies. Historiquement, l’industrie minière n’a pas été adoptée par les approches d’investissement responsable, mais la réduction des émissions de carbone ne peut se faire sans que l’industrie minière fournisse une contribution cruciale. Nous pensons qu’il existe un fort potentiel d’alignement entre le soutien à la transition énergétique et l’obtention d’un rendement élevé des investissements.

Croissance du nombre de véhicules électriques

Bien que la transition vers des émissions plus faibles concerne de nombreux domaines, cet article se concentre sur les véhicules électriques (VE) afin d’illustrer la complexité et l’ampleur du défi que représente la transition pour l’industrie minière. La production et la demande de VE augmentent rapidement. Selon Thunder Said Energy, les véhicules électriques représentaient 12,5 % de l’ensemble des nouveaux véhicules mondiaux en 2022, et devraient atteindre 50 % en 2030, soit 65 millions d’unités [1].

Les VE ont besoin de certains minéraux essentiels que les véhicules à moteur à combustion interne n’ont pas, tels que le lithium, le cobalt, le graphite, le nickel et d’autres composants pour leurs batteries. Compte tenu des attentes du marché concernant l’adoption des véhicules électriques, les métaux pour batteries devraient nécessiter une croissance significative de l’offre afin de répondre aux attentes de la demande. Les taux de croissance annuels de la demande pour la plupart des métaux utilisés dans les batteries, notamment le lithium, le graphite et le cobalt, sont de l’ordre de 5 à 10 %, ce qui est sans précédent. N’oublions pas l’uranium nécessaire pour les centrales nucléaires, qui seront nécessaires pour augmenter l’approvisionnement en électricité de base.

Source: Benchmark Mineral Intelligence, May 2023

Outre le cobalt, le nickel, le lithium et le graphite, le monde aura besoin de plus de cuivre pour le câblage. Les VE ont une intensité en cuivre plus élevée que les véhicules à moteur à combustion interne, et celle-ci sera nécessaire pour la mise en place d’une infrastructure de recharge. Selon le CRU et BMO Marchés des capitaux, la teneur en cuivre des véhicules légers est 3 à 4 fois supérieure à celle des véhicules à moteur à combustion interne actuels, les VE de la prochaine génération espérant ramener cette teneur à 1 à 3 fois d’ici à 2030 [1]. D’ici 2030, la demande totale en cuivre des véhicules devrait doubler, entre les VE et les véhicules à moteur à combustion interne [2].

La disponibilité des matières premières déterminera le rythme et l’industrie minière pourrait avoir du mal à livrer les matières premières

Dans une transition de cette ampleur, il y aura des revers qui perturberont l’équilibre entre l’offre et la demande. La croissance de la production tout au long de la chaîne de valeur devra être synchronisée pour éviter les contraintes. Le problème est que la capacité minière a un long délai de mise en œuvre et ne suit pas le même rythme que celui de la demande mondiale de batteries, de la capacité des stations de recharge des véhicules électriques et même de la pénétration des véhicules électriques sur le marché. Il faut de 2 à 5 ans pour construire une usine de batteries, alors qu’il faut de 5 à 25 ans pour développer les mines. Pour cette seule raison, la route vers la réduction des émissions pourrait être plus cahoteuse qu’on ne le pense.

Aujourd’hui, la Chine domine tous les segments de la chaîne d’approvisionnement en batteries et les tensions politiques s’accélèrent. Par conséquent, les gouvernements occidentaux s’efforcent d’être autosuffisants et indépendants. La loi américaine sur la réduction de l’inflation (U.S. Inflation Reduction Act, IRA) est le texte législatif le plus médiatisé visant à sécuriser la chaîne de valeur de la transition énergétique, mais d’autres pays lui emboîtent le pas. En effet, il y aura probablement deux marchés parallèles pour de nombreux métaux essentiels, et l’Occident devra rattraper son retard.

L’extraction des matières premières est toujours complexe, mais les taux de croissance nécessaires à la transition énergétique ajoutent encore à la complexité. Par exemple, le traitement des métaux critiques est souvent problématique, car chaque gisement est unique et nécessite une ingénierie avancée. De nombreux métaux sont également situés dans des juridictions présentant un risque géopolitique, ce qui ajoute une couche supplémentaire d’incertitude. La superposition des risques, notamment le manque d’expertise technique, risque de compromettre la capacité à répondre à la demande.

L’obtention d’un permis peut également être extrêmement complexe et prendre du temps. Le monde d’aujourd’hui accorde une importance accrue aux facteurs environnementaux, sociaux, et de gouvernance d’entreprise (ESG), ainsi qu’à ceux liés à la licence sociale d’opérer, et les nouveaux projets miniers ne peuvent pas être mis en œuvre à la hâte pour répondre à une quelconque urgence du côté de la demande. L’industrie devra veiller à ce que tous les aspects de ses projets miniers soient satisfaits.

Benchmark Mineral Intelligence (BMI), un groupe de réflexion de l’industrie, a mis en évidence une autre mesure surprenante : le nombre de nouvelles mines qui seront nécessaires pour approvisionner les gigausines de batteries projetées. BMI estime que d’ici à 2035, la capacité prévue des usines de batteries nécessitera la construction d’environ 50 à 100 nouvelles mines pour chacun des principaux métaux utilisés dans les batteries. Le secteur n’a jamais connu de tels taux de croissance [1].

Source : Benchmark Mineral Intelligence

L’opportunité d’investissement

Il est difficile d’investir dans cet environnement complexe et dynamique, mais les opportunités sont significatives, ce qui, selon nous, maintiendra l’intérêt des investisseurs pour ce secteur. Plus important encore, la croissance de la demande est significative et nécessaire, avec d’énormes besoins en capitaux. Il s’agit d’une transition mondiale de plusieurs décennies qui en est à ses débuts et, au fur et à mesure que cet environnement dynamique évoluera, il y aura des opportunités d’investissement significatives, ainsi que des avantages pour la société.

BMI calcule qu’au moins 514 milliards de dollars seront nécessaires d’ici à 2030 pour faciliter une augmentation de 3,7 fois de la capacité de stockage. Un montant supplémentaire de 406 milliards de dollars sera nécessaire entre 2031 et 2035 [1]. Wood Mackenzie, quant à lui, prévoit un investissement total de 1,2 billion de dollars américains d’ici à 2050 pour atteindre l’objectif de -1,5 degré Celsius fixé par l’AET (Accelerated Energy Transition) en matière de changement climatique [3].

Il est très peu probable que les différents éléments de la chaîne d’approvisionnement augmentent en même temps. Alors que le monde s’efforce d’opérer une transition rapide, il y aura probablement des excédents et des pénuries à tout moment. Par conséquent, la diversification à travers toutes les parties de la chaîne d’approvisionnement est une approche prudente.

Nous évaluons les opportunités d’investissement potentielles en nous basant sur la qualité technique des projets, la qualité de la gestion et la solidité économique. Notre approche active de l’investissement dans l’industrie minière peut contribuer à relever certains défis tout en générant des rendements attrayants pour nos investisseurs.

Sources

[1] Thunder Said Energy

[2] BMO Marchés des capitaux

[3] Benchmark Mineral Intelligence


Clause de non-responsabilité de l’AIR Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

Taxonomie canadienne du financement vert et de la transition : Qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs?

L’élaboration récente par le Canada d’une taxonomie du financement vert et de la transition s’inscrit dans un paysage mondial en évolution rapide. De nombreuses juridictions reconnaissent de plus en plus la nécessité de disposer de cadres de classification solides pour relever les défis du financement de la transition vers une économie plus durable. En fournissant des définitions claires et des seuils techniques, les taxonomies sont un outil permettant d’éviter l’écoblanchiment et de permettre aux investisseurs de prendre des décisions éclairées qui tiennent compte, de manière réaliste, des perspectives de croissance durable d’une activité économique.

Taxonomie du Canada

Le Conseil d’action en matière de finance durable (CAFD), un organe consultatif convoqué par le gouvernement fédéral et dont les membres comprennent 25 des plus grandes institutions canadiennes dans les secteurs bancaires, des pensions et de l’assurance, dirige l’élaboration de la taxonomie au Canada. En mars de cette année, le CAFD a rendu public son Rapport sur la feuille de route de la taxonomie. Selon le cadre proposé par le rapport, une activité économique peut être incluse dans une taxonomie « verte » ou « de la transition », dont les exigences spécifiques seront déterminées par des critères de sélection et des seuils d’émissions fondés sur des données scientifiques. Les entreprises émettrices doivent également avoir des objectifs zéro émission nette, des plans de transition et des informations sur le climat conformes aux nouvelles exigences réglementaires nationales et aux meilleures pratiques internationales afin d’être reconnues par la taxonomie. La catégorie verte englobe les projets à émissions faibles ou nulles appartenant aux niveaux 1, 2 et 3 qui devraient connaître une croissance significative de la demande dans le cadre de la transition mondiale vers une économie faible en carbone, comme la production d’hydrogène vert et la fabrication de véhicules à émissions nulles. La catégorie « transition » comprend des projets dont la durée de vie est bien définie et qui visent à décarboniser des secteurs dont les émissions des niveaux 1, 2 ou 3 sont historiquement élevées. Parmi les exemples d’activités de transition, on peut citer l’amélioration du captage, de l’utilisation et du stockage du carbone dans la production existante de sables bitumineux, ainsi que l’électrification de la production d’acier.

L’inclusion de la catégorie « transition » dans la taxonomie canadienne est d’autant plus utile que l’économie locale est fortement tributaire des ressources naturelles. En 2023, le secteur du pétrole et du gaz représentait 7,2 % du PIB nominal du Canada, soit 168,2 milliards de dollars, et 27 % de ses émissions totales de gaz à effet de serre. Le secteur pétrolier et gazier emploie 593 000 personnes et le secteur de l’acier en emploie 123 000. La catégorie « de la transition » de la taxonomie reconnaît l’importance d’encourager la décarbonisation et le passage à des technologies, des pratiques et des modèles commerciaux plus écologiques dans ces industries, tout en maintenant la stabilité économique et la sécurité de l’emploi pour assurer une transition juste vers une économie à faibles émissions de carbone.

Des opportunités pour les investisseurs

Bien qu’il ne soit pas juridiquement contraignant, le cadre normalisé de la taxonomie devrait offrir de nouvelles opportunités aux investisseurs.

La taxonomie encouragera les entreprises à divulguer plus efficacement l’impact environnemental de leurs activités et de leurs produits. En se référant aux critères scientifiques et aux seuils d’émission de la taxonomie, les investisseurs peuvent plus facilement évaluer l’impact sur le développement durable d’un investissement et des activités commerciales des entreprises. Cela créera de nouvelles opportunités, pour les investisseurs institutionnels, de mener une gestion axée sur la taxonomie afin d’aborder systématiquement les enjeux de développement durable chez les émetteurs. La taxonomie offrira également aux investisseurs la possibilité de contextualiser les émissions financées déclarées au moyen de ratios liés à la taxonomie au niveau de l’entreprise ou du fonds.

Plus important encore, la taxonomie fournira un cadre clair et normalisé aux émetteurs canadiens qui envisagent d’émettre des obligations étiquetées (c’est-à-dire vertes et/ou de transition) dans le cadre d’une structure qui empêchera les accusations d’écoblanchiment, encourageant ainsi un plus grand développement de produits financiers verts. Globalement, l’amélioration de la transparence, de la crédibilité et de la responsabilité sur le marché financier apportée par la taxonomie devrait accroître la demande des investisseurs pour des produits financiers verts, tels que les obligations vertes et les fonds labellisés pour la durabilité, ce qui conduira à la croissance des opportunités d’investissement durable au Canada.

Émissions d’obligations vertes en pourcentage du total des émissions d’obligations par tous les émetteurs et par chaque type d’émetteur d’obligations dans l’UE, 2014-2022

Source : Agence européenne pour l’environnement, 14 juin 2023.

Depuis la mise en œuvre de la taxonomie de l’UE à la mi-2020 dans le cadre du Pacte vert pour l’Europe, un ensemble de politiques conçues pour aider l’Europe à atteindre ses objectifs climatiques d’ici 2030 et à devenir le premier continent carboneutre, l« UE a connu une augmentation rapide des émissions d’obligations vertes. Le total des obligations émises est passé de 4 % en 2019 à 7,8 % en 2021 et à 8,9 % en 2022. Les obligations vertes d’entreprise, en particulier, sont passées de 4,1 % du total des obligations d’entreprise émises en 2019 à 11,0 % en 2022. Si cette croissance rapide peut être attribuée à de nombreux facteurs du Pacte vert pour l’Europe, la taxonomie européenne joue indéniablement un rôle dans les efforts de l’UE en matière de développement durable.

Afin d’examiner comment les investissements peuvent s’aligner sur la taxonomie canadienne, voici un exemple de cadre en quatre étapes permettant aux investisseurs en titres à revenu fixe de déterminer si une obligation d’entreprise ou souveraine est « verte » ou « de la transition » en vertu de la taxonomie :

1) Évaluer la stratégie climatique de l’émetteur au niveau de l’entreprise pour déterminer s’il a mis en place des objectifs de zéro émission nette, des plans de transition et des informations sur le climat qui sont conformes aux exigences réglementaires nationales actuelles et aux meilleures pratiques internationales

2) Évaluer le cadre des obligations vertes/de transition de l’émetteur par rapport aux normes industrielles existantes, telles que les principes des obligations vertes de l’International Capital Market Association et la Climate Bond Initiative.

3) Analyser les projets sous-jacents qui seront financés par le produit des obligations afin de déterminer s’ils répondent aux exigences d’admissibilité pour la taxonomie verte ou de la transition, en suivant des critères scientifiques et des seuils d’émission stricts dans le cadre de la taxonomie.

4) Évaluer les projets sous-jacents qui seront financés par le produit des obligations en fonction du critère « ne pas causer de dommages significatifs » afin de s’assurer qu’ils sont conformes à la législation canadienne en vigueur (par exemple, environnement, droits du travail et droits des populations autochtones).

Conclusion

Pour atteindre les objectifs du Canada en matière d’émissions nettes nulles, des investissements substantiels seront nécessaires de la part des secteurs public et privé. En effet, pour que le Canada parvienne à zéro émission nette d’ici 2050, on estime que les investissements annuels devront passer de 15 à 25 milliards de dollars par an à 125 à 140 milliards de dollars par an. Cette taxonomie devrait offrir aux investisseurs de nouvelles possibilités de mobiliser et d’aligner les capitaux de manière à promouvoir la transparence, la crédibilité et la responsabilité dans le domaine de la finance durable et à soutenir la transition du Canada vers une économie à faibles émissions de carbone.

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Conséquences sociales de la transition vers une économie sobre en carbone

L’expression « transition équitable » a été pour la première fois formulée par des syndicats cherchant à intégrer dialogue et droits sociaux au milieu de travail tout en réfutant l’idée qu’un emploi convenable et que la protection de l’environnement soient contradictoires (opposition entre l’emploi et l’environnement). Sur le plan international, ce concept a été officialisé à l’occasion de l’Accord de Paris de 2015 pour ensuite poursuivre sur sa lancée à l’occasion de la 26e Conférence des Parties sur le changement climatique (COP26) en 2022.

L’espoir que suscite l’approche de la transition équitable repose sur la prémisse que la transition à une économie sobre en carbone aura plus d’effets positifs que ses prédécesseures.

Les risques liés à une transition inéquitable

L’arrivée d’une économie sobre en carbone sera nécessairement l’aboutissement de transformations économiques, industrielles et technologiques, autant de transformations inédites jusqu’ici. Ces transformations à grande échelle nécessiteront un vaste changement touchant l’ensemble du système. Malheureusement, son fardeau reposera de manière disproportionnée sur les épaules des peuples autochtones et des collectivités qui y seront directement confrontées.

À l’échelle internationale, les gouvernements comptent beaucoup sur des industries clés qui assureront cette transition, ce qui pourrait finir par exacerber les effets négatifs sur la société. De plus, l’abandon d’industries à fortes émissions de carbone pourrait entraîner la déstabilisation de l’économie et de l’emploi, ce qui soulève l’inquiétude des travailleuses et travailleurs et des collectivités sur le plan du transfert d’emploi et de la vie communautaire. Dans cet esprit, il est manifeste que les secteurs privé et public devront collaborer pour favoriser la transition vers des emplois et une économie « durables ».

La transition équitable à l’échelle mondiale

De toute évidence, la transition équitable ne sera pas uniforme et dépendra de plusieurs facteurs, dont la taille de l’organisme ou de l’entreprise, les données démographiques, la stratégie ou la conduite des affaires et, enfin, l’endroit où elle a lieu. Le processus de transition équitable nous amènera à surmonter plusieurs défis, dont la sécurité de l’emploi, la hausse des coûts énergétiques et la montée des problèmes de sécurité, le financement du processus, les effets sur les collectivités autochtones et l’égalité d’accès aux énergies propres.

De quelle manière les gouvernements et organismes de réglementation nord-américains appuient-ils la transition équitable?

Canada

Au Canada, la création de règlements appuyant la transition équitable se fait selon une approche descendante : du fédéral jusqu’aux provinces. Ces dernières années, le gouvernement fédéral a instauré plusieurs mesures réglementaires à l’appui de la transition équitable, notamment le processus de mobilisation pour une transition équitable (2021), qui renforce sa promesse d’une transition vers une économie propre et inclusive. Comme le Canada s’est engagé à atteindre un niveau net d’émissions de gaz à effet de serre (GES) nul d’ici 2050, l’une des pièces maîtresses du jeu consistera à délaisser graduellement les projets d’énergie fossile d’une manière qui tient compte des effets possibles sur l’économie. En outre, le ministre Jonathan Wilkinson va de l’avant avec les étapes préliminaires d’une loi sur la transition équitable, l’un des principaux mandats qu’il cherchera à réaliser en 2023.

États-Unis

À l’inverse, les États-Unis suivent une approche plus fragmentée, dans la mesure où bon nombre des politiques et programmes sont proposés par les États et les régions.

Divers États situés dans les plus importantes régions de production et de consommation de charbon ont présenté des lois – toutes au cours des cinq dernières années – liées à la transition équitable, dans le but de venir en aide aux travailleuses et travailleurs et de revitaliser les économies locales. Au Colorado, par exemple, l’Assemblée générale de l’État a adopté en Chambre, en 2019, un projet de loi bipartisan qui définit la transition équitable comme un impératif moral et met en place un plan visant à orienter les travailleuses et travailleurs vers des emplois verts et à investir dans les communautés charbonnières. Un petit nombre d’autres États ont emboîté le pas, promulguant des lois semblables et mettant en branle des plans étatiques visant la transition équitable.

Par contre, le gouvernement fédéral américain accuse un retard dans ses mesures entourant la transition équitable. En 2021, les représentantes et représentants démocrates au Congrès ont présenté le projet de loi Just Transition for Energy Communities Act, qui n’a donné lieu à aucun vote. Le projet de loi visait à mettre sur pied un programme fédéral proposant le versement de paiements aux États et tribus pour appuyer les initiatives de transition et de développement économique. Depuis lors, aucun autre projet de loi fédéral entourant la transition équitable n’a été présenté.

Comment les entreprises et les investisseuses et investisseurs peuvent soutenir la transition équitable?

Si les politiques publiques de transition prennent leur envol sur le plan national, on s’attend de plus en plus à ce que les entreprises tiennent compte activement des conséquences de leur plan de transition climatique sur leurs effectifs et les collectivités. Les entreprises qui ne le font pas risquent « non seulement de perdre des actifs, mais aussi d’abandonner leurs travailleuses et travailleurs, leurs collectivités et leur permis social d’exploitation. » Ce risque touche autant les entreprises individuelles que les portefeuilles de placement.

Ainsi, à mesure que la transition vers la carboneutralité mondiale se poursuit, les investisseuses et investisseurs s’attendent de plus en plus des entreprises qu’elles dévoilent les conséquences de leur plan de transition et agissent en conséquence (p. ex. en assurant l’actualisation des compétences et le recyclage professionnel de leurs effectifs) tout en instaurant des politiques et mécanismes de gouvernance pour renforcer ce processus. Bien que le classement des entreprises selon leurs progrès vers la transition équitable en soit encore à ses débuts, les organismes Engagement climatique Canada et Climate Action 100+ ont tous deux mis à jour leurs indices de référence net zéro en y intégrant de nouveaux critères détaillés à cet égard.

Soutenir une transition équitable est un impératif tant commercial que moral. L’écologisation de l’économie doit se faire de manière équitable et inclusive afin que nul ne soit laissé en plan. Davantage de politiques publiques doivent être mises en place pour aider les collectivités et les grandes sociétés à s’attaquer aux conséquences de la transition et aider les entreprises à établir des priorités à moyen et à long terme en matière de transition.


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Bâtir la confiance dans l’industrie de l’investissement responsable

Dans un contexte où les investisseurs sont de plus en plus nombreux à prêter attention aux retombées de leurs investissements, les médias examinent de plus en plus attentivement les déclarations des entreprises en matière d’ESG. Malheureusement, quelques scandales notables ont fait la une des journaux ces dernières années, ce qui a suscité la méfiance et l’inquiétude des investisseurs quant à l’exactitude des déclarations environnementales, sociales ou de gouvernance (ESG).

L’Association pour l’Investissement Responsable a constaté que la méfiance concernant l’écoblanchiment est le principal obstacle à la croissance de l’investissement responsable (IR). Il est donc essentiel que les acteurs de l’industrie prennent des mesures pour être aussi clairs et précis que possible dans leurs déclarations ESG. Mais comment pouvons-nous bâtir la confiance ?

Bâtir la confiance

Les autorités réglementaires du monde entier tentent d’apaiser les inquiétudes liées à l’écoblanchiment et de superviser les allégations liées à l’ESG.

L’Administration canadienne des valeurs mobilières (ACVM) a publié début 2022 un avis du personnel décrivant ses attentes en matière d’information ESG pour les fonds d’investissement. Ces attentes portent notamment sur le traitement des approches ESG d’un fonds dans les communications publicitaires.

Tandis que les régulateurs répondent à l’enjeu de l’écoblanchiment d’un point de vue réglementaire, les acteurs de l’industrie et les gestionnaires de fonds ont un rôle important à jouer. Ils peuvent être des acteurs de premier plan dans le maintien de la confiance du public à l’égard des déclarations ESG et faciliter une communication claire.

Il est important de mentionner que dans la plupart des cas, l’écoblanchiment n’est pas intentionnel. Des informations se perdent entre les équipes d’investissement et les équipes de communication ou de marketing. Il peut également y avoir un manque de formation sur les communications ESG, qui nécessitent un degré de spécificité plus élevé pour éviter les erreurs de communication.

Pour garantir l’authenticité et éviter les risques, il est essentiel de s’adresser aux personnes impliquées dans la promotion de l’investissement responsable en les sensibilisant aux préoccupations du public en matière d’écoblanchiment. Alors que les formations à l’IR destinées aux professionnels du secteur, et en particulier aux conseillers, se multiplient, il est crucial de ne pas oublier les professionnels de la communication et du marketing, ainsi que toute personne faisant des déclarations publiques dans le cadre de la promotion de l’IR. La sensibilisation au risque de perception d’écoblanchiment et la connaissance de l’IR doivent être intégrées dans l’ensemble du secteur d’activité afin de garantir la cohérence et l’exactitude des communications ESG.

Un guide de communication en investissement responsable

Pour combler cette lacune, Desjardins a élaboré un guide à l’intention des équipes non spécialisées sur les choses à faire et à éviter en matière de communication sur les questions ESG. Les recommandations comprennent les conseils suivants à l’intention des communicants :

1. Poser des questions

Lorsque vous créez des communications sur l’IR, mettez-vous à la place de l’investisseur qui pourrait avoir des doutes sur les affirmations. Les affirmations peuvent-elles être justifiées ? Sont-elles fidèles aux politiques actuelles ? Les affirmations peuvent-elle être interprétées comme trompeuses ?

2. Gérer les attentes

Bien que nous soyons souvent fiers des résultats obtenus par nos produits en investissement responsable, nous devons éviter de «sur-vendre» ce qu’ils réalisent réellement. L’exagération suscite la méfiance. En cas de doute, limitez les affirmations aux informations que vous pouvez vérifier.

3. Utiliser un langage simple et compréhensible

Les investisseurs individuels comptent sur nous, en tant qu’experts de l’investissement responsable, pour leur fournir les informations dont ils ont besoin pour prendre des décisions éclairées. Il se peut qu’ils ne disposent pas d’un langage spécialisé ou qu’ils ne connaissent pas toute la terminologie que nous connaissons, c’est pourquoi un langage simple et compréhensible permettra de s’assurer que le message n’est pas mal interprété ou trompeur.

Vérifier

Dans la mesure du possible, citez les sources. Par exemple, pour les données climatiques, il est important de mentionner la source car il existe différentes méthodologies pour calculer ces données. Les investisseurs disposent ainsi de la transparence et des outils nécessaires pour vérifier les informations et éviter toute confusion.

Être cohérent

Dans le cadre de notre engagement en faveur des progrès et des meilleures pratiques du secteur, nous insistons sur la manière de décrire les retombées en investissement responsable. Cette formation comprend notamment les lignes directrices suivantes :

– Documenter les retombées lorsqu’elles peuvent être étayées par des preuves – Éviter d’attribuer les retombées aux investisseurs individuels. – Utiliser le terme « impact » conformément aux meilleures pratiques méthodologiques du secteur.

Les commentaires reçus à la suite de ces recommandations confirment la nécessité de doter les équipes d’outils de communication sur les questions ESG. Nous continuons à former les employés à travers l’organisation, y compris nos agences de publicité partenaires, afin de mieux les équiper pour prévenir les situations de perception d’écoblanchiment. Des échanges réguliers permettront de se tenir au courant des meilleures pratiques et des nouveaux risques ou développements.

En gérant les communications liées à l’ESG de manière proactive et innovante, en ciblant les équipes qui ne sont généralement pas impliquées dans la formation à l’IR, les institutions financières peuvent s’assurer que les investisseurs ont la confiance nécessaire pour choisir de participer à l’IR. Ceci est essentiel pour la poursuite de la croissance d’une industrie dont le potentiel de retombées positives pour la planète et la société est important.


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L’engagement climatique véritable comprend l’intensification

Les investisseurs ayant des engagements carboneutres partagent un même défi en ce qui concerne les sociétés à forte intensité de carbone inclut dans leurs portfolios. Pour l’instant, la plupart des investisseurs canadiens choisissent, du moins en public, de s’engager plutôt que de se désinvestir comme façon de décarboner leurs portfolios. Mais il s’agit là d’un choix infécond, car il faut également intensifier ces engagements dites doux qui ne fonctionnent pas. Afin de décarboner son portfolio (et réduire les risques auxquels il est exposé), l’investisseur canadien doit développer davantage sa stratégie d’engagement climatique. C’est-à-dire être prêt à intensifier ses tactiques d’engagement pour les rendre plus robustes et, dans les cas où il a y a peu ou pas de progrès, de désinvestir.

L’état actuel de l’engagement climatique des investisseurs au Canada—tel que nous l’entendons du fait de notre travail de promotion d’actionnaires climatiques depuis deux ans—se caractérise par :

– des réunions à portes closes entre investisseurs et sociétés cotées en bourse ;

– certaines initiatives menées par les investisseurs, telles qu’Engagement Climatique Canada et CA100+ ;

– un certain nombre de votes en soutien à des résolutions d’actionnaires à thème climatique, bien que les investisseurs se montrent peu enclin à déclarer leur soutien d’avance et à déposer des résolutions (surtout en ce qui concerne les investisseurs plus importants) ;

– peu d’efforts pour tenir responsable les directeurs de toute inaction climatique ; et

– de la frilosité (et / ou l’absence de savoir-faire) à étendre ces engagements aux titres à revenus fixes et aux investissements privés.

Au Royaume Uni, le terme quelque peu insolent utilisé pour décrire l’engagement sans intensification est « tea and biscuits » (thé et petits fours)—c’est-à-dire un exercice qui consiste à passer un moment sympathique avec l’entreprise et s’en arrêter là. Il va sans dire que presque personne ne s’attend à ce que cette approche produise un changement. En effet, dès lors que nous considérons les projets des grandes compagnies pétrolières, dont celles au Canada, elles redoublent d’efforts dans l’expansion gazière et pétrolière, malgré l’engagement des investisseurs, éloignant d’autant plus les portfolios des investisseurs de leurs cibles carboneutres.

Le Columbia Center on Sustainable Finance (Centre Columbia de finance durable) vient de publier un excellent bilan des meilleures pratiques financières carboneutres (en anglais). Il déclare que, pour qu’une politique d’engagement soit efficace, elle doit « définir des cibles claires, publier ses stratégies et ses résultats d’engagement, communiquer et réaliser des stratégies d’intensification et mettre en œuvre des conséquences bien définies pour tout manquement de performance. » Toute politique d’engagement doit être bien armée afin de stimuler le changement. Le Columbia Center a rédigé la liste ci-dessous de meilleures pratiques pour intensifier l’engagement :

– Dans le cas de fonds publics, faire du lobbying afin d’avoir des politiques publiques et une application règlementaire plus sévères dans le but de rendre plus efficace l’engagement des clients. De plus, aller plus loin que des simples résolutions d’actionnaires pour se diriger vers des votes contre les bilans financiers, contre la rémunération des cadres et / ou contre les directeurs où il n’y a pas eu d’action sensible au sujet de résolutions d’actionnaires en lien au climat (par exemple, BCI est l’un des premiers investisseurs canadiens à agir ainsi, de façon publique, auprès d’Imperial cette saison).

– Dans le cas de détenteurs de dettes, « l’occasion se présente, dans les moments critiques de refinancement en particulier, où les émetteurs de titres pourraient être obligés à inclure des stratégies climatiques et des plans de transition dans leurs obligations créancières. »

– Dans le cas d’investissements privés, c’est l’occasion d’acheter et de restructurer « des sociétés non-alignées à 1,5ºC afin d’assurer une transition véritable et crédible vers 1,5ºC. Leurs échéances à plus long terme par rapport aux marchés publics ainsi que leur modèles de gestion par pleine propriété leur offre un levier de taille. »

– Les détenteurs d’actifs ont la possibilité de « choisir (ou de renvoyer) les gestionnaires d’actifs sur la base de leur stratégie d’engagement climatique ou de durabilité autre (qui peut être décrite dans le prospectus du fonds du gestionnaire d’actifs) ; le plus ceci se fait ouvertement, le plus cela aura de l’influence. »

– Les banques ont la possibilité d’utiliser des incitatifs et des sanctions financiers afin d’encourager les sociétés à décarboner.

L’engagement climatique est un outil important pour décarboner les émissions financées, mais il doit être associé à ce genre de stratégies d’intensification afin d’influencer les directeurs de gestion.

Cela nous ramène à l’infécondité de faire placer l’engagement inutile en opposition au désinvestissement. Quand l’engagement ne fonctionne pas et qu’il devient clair qu’une société n’a aucune intention ou possibilité véritable de faire la transition vers la carboneutralité, les institutions financières doivent se tenir prêtes à s’en laver les mains afin d’éviter les risques de transition associés à ces actifs. Rathbones, une entreprise d’investissement basée au Royaume Uni qui gère plus de GBP60 milliards, est un excellent exemple d’un investisseur qui accepte de désinvestir quand sa stratégie d’intensification échoue. Cette approche est essentielle pour tenir responsables les sociétés et aidera à réduire la liquidité disponible aux acteurs de mauvaise foi.

Cette année, nous nous attendons à voir une amélioration des pratiques d’engagement de la part des institutions financières canadiennes par le biais d’une mise en œuvre de stratégies d’intensification—à l’instar des tendances en Europe et parmi certains des investisseurs les plus progressistes en Amérique du Nord—car leurs clients et le public s’attendent à les voir appliquer leurs engagements climatiques. Afin de soutenir cette transition, les investisseurs pourraient tirer parti d’un plus grand nombre d’analyses indépendantes et de qualité des plans carboneutres des plus gros émetteurs, surtout des institutions financières et du secteur gazier et pétrolier. Nous notons plus particulièrement de l’intérêt pour plus d’informations au sujet des meilleures pratiques en engagement climatique associées aux investissements privés et aux investissements en obligations de sociétés. De plus, le fait de mettre la lumière sur les pratiques de vote par procuration des grands investisseurs canadiens aidera à tenir responsables les investisseurs en ce qui concerne leurs engagements déclarés en matière de climat. Les votes en soutien aux résolutions climatiques d’actionnaires est une approche d’engagement relativement douce, mais cela reste un premier pas essentiel dans une démarche d’intensification et est un moyen efficace de communiquer les priorités des actionnaires.


Clause de non-responsabilité de l’AIR
Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

Découvrir le Fonds de finance sociale

Avec le lancement récent du Fonds de finance sociale (FFS) du gouvernement du Canada, le secteur de la finance sociale au Canada est appelé à connaître une croissance significative. L’un des grossistes du FFS explique ce qu’il faut savoir sur cette nouvelle initiative importante.

En quoi consiste le Fonds de finance sociale?

En bref, il s’agit de créer au Canada un marché de la finance sociale beaucoup plus solide et plus à même de produire des résultats sociaux et environnementaux positifs. Le Fonds de finance sociale est une initiative du gouvernement canadien dotée de 755 millions de dollars. Elle fait partie de sa stratégie d’innovation sociale et de finance sociale, lancée publiquement en 2018. En mai 2023, le gouvernement a annoncé que trois gestionnaires de fonds de fonds (grossistes) allaient gérer des parties du fonds : Realize Capital Partners, Boann Social Impact et le Fonds de finance sociale – CAP Finance.

Quelle est la structure du Fonds de finance sociale?

Les gestionnaires de fonds de fonds ont reçu de l’argent à utiliser comme capital investissable ainsi que des fonds pour développer le marché. Chaque gestionnaire de fonds de fonds a sa propre stratégie et sa propre structure pour le déploiement du capital et la construction du marché. D’une manière générale, les capitaux circulent des gestionnaires de fonds vers les intermédiaires de la finance sociale (gestionnaires de fonds et produits structurés), puis vers les organisations à vocation sociale (entreprises, sociétés).

Chez Realize Capital Partners, nous avons structuré notre fonds (objectif : 405 millions de dollars) comme une société en commandite classique et nous investirons dans toutes les catégories d’actifs du marché privé. Grâce à cette approche, nous pouvons regrouper les besoins d’investissement des gestionnaires de fonds à impact plus petits, émergents ou établis, tout en opérant à une échelle investissable même pour les grands investisseurs institutionnels. Le gouvernement du Canada a fourni un financement sous forme de contribution à remboursement conditionnel pour réduire de manière significative les risques liés aux investissements privés dans cette structure. Elle participe sur la base du principe « premier entré, dernier sorti », son capital étant déployé avant celui des investisseurs privés et n’étant remboursé qu’après que les capitaux privés ont été remboursés avec un rendement minimum.

À quel point est-ce important pour le gouvernement du Canada et pour le secteur de l’investissement responsable au Canada? Quelle importance cela revêt-il pour le gouvernement du Canada et pour le secteur de l’investissement responsable au Canada?

Il s’agit d’un développement important. Nous pensons qu’il s’agit d’une démonstration claire de la part du gouvernement de sa volonté de permettre aux marchés d’obtenir de meilleurs résultats sociaux et environnementaux en même temps que les politiques publiques. Il s’agit d’une reconnaissance claire de la nécessité d’engager des capitaux privés à une échelle significative pour permettre la croissance des solutions existantes et nouvelles.

Il est également significatif pour le secteur de l’investissement responsable au Canada, car il soutient l’intégration de ce qui a été une partie relativement nichée des marchés de capitaux plus larges, dirigée par des fondations, certaines sociétés familiales et des gestionnaires d’actifs pionniers. Les investissements d’impact exigent une plus grande responsabilité en matière de mesure de l’impact et de résultats tangibles, et le secteur cherche déjà à progresser dans ce domaine avec des thèmes tels que le climat et la diversité, l’équité et l’inclusion.

Cette initiative est considérable, car elle soutiendra la maturité d’un plus grand nombre de gestionnaires de fonds et d’émetteurs de produits du marché privé, en développant à la fois l’échelle et les antécédents nécessaires à un engagement plus significatif de la part d’acteurs établis sur les marchés de capitaux.

Les investisseurs accrédités et institutionnels investiront aux côtés des gestionnaires de fonds de fonds, soit dans les fonds, soit directement dans les actifs sous-jacents. Il s’agit d’un mécanisme clé en main permettant d’investir dans une stratégie plus large et largement diversifiée qui prévoit d’investir dans une variété de stratégies du marché privé ayant un impact. Ainsi, cela produira des résultats positifs dans les communautés de tout le pays.

Nous pensons que les gestionnaires d’actifs qui ont envisagé de développer des produits plus performants sur le marché privé, mais qui n’étaient pas sûrs de la demande potentielle, vont maintenant envisager de saisir ces opportunités.

Pourquoi l’équité sociale est-elle au cœur de cette initiative?

Nous pensons que le gouvernement du Canada tente de créer une société plus équitable par le biais de cette initiative. Tous les gestionnaires de fonds de fonds se concentrent sur cet objectif. L’équité sociale est l’une des priorités du Realize Fund I, car nous pensons que cette optique est nécessaire pour favoriser des investissements plus efficaces dans les communautés à travers le pays, et parce que nous pensons qu’il existe des opportunités pour qu’une optique d’équité sociale génère un véritable alpha financier.

L’optique de l’équité sociale contribue à la sélection d’investissements à plus fort impact, car elle reflète le fait que les questions sociales et environnementales sont rarement ressenties de la même manière. Trop souvent, les communautés confrontées à une plus grande marginalisation socio-économique sont confrontées à d’autres problèmes de manière plus aiguë. Par exemple, les communautés en situation de précarité économique peuvent être touchées de manière disproportionnée par le manque de logements abordables et d’accès aux soins. En utilisant l’optique de l’équité sociale, les investissements affecteront directement ou indirectement les communautés qui bénéficient de l’équité, et les opportunités qui produisent des résultats sociaux ou environnementaux positifs devraient être privilégiées. Nous disons clairement que nous considérons que c’est la chose responsable et juste à faire.

Nous pensons également que cette optique peut corriger les biais de notre propre processus d’investissement et nous permettre d’investir dans des opportunités susceptibles de générer de meilleurs résultats financiers. Sur certains marchés mal desservis, nos partenaires sont souvent les premiers ou les seconds à intervenir et ont l’avantage de pouvoir travailler avec des entreprises remarquables, non découvertes, qui n’ont qu’un accès limité aux capitaux pour prospérer. L’optique de l’équité sociale peut nous permettre d’examiner les opportunités sous de multiples angles et de mieux comprendre s’il existe une différence entre le risque réel et le risque perçu. En mettant l’accent sur les marchés mal desservis présentant des opportunités inexploitées et en apportant une vision plus complète des risques, l’optique de l’équité sociale peut également favoriser la surperformance financière.

Comment le Fonds de finance sociale va-t-il lutter contre l’écoblanchiment et le blanchiment d’impact (impact washing)?

Le Fonds de finance sociale exige une mesure et une gestion actives de l’impact pour tous les investissements. Il s’agit là d’une bonne occasion de créer un niveau plus élevé de normalisation autour d’exigences communes en matière de mesure de l’impact. Cela signifie également qu’il y aura une plus grande responsabilité en ce qui concerne l’obtention de résultats positifs dans toute une série de domaines. En agissant de manière transparente dans nos investissements et en respectant nos exigences en matière de suivi des investissements au fil du temps, nous éviterons la « dilution de l’impact » et démontrerons les avantages authentiques pour les communautés au Canada.


Clause de non-responsabilité de l’AIR
Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

C’est le moment de bien faire les choses : Conférence de l’AIR 2023

La progression constante de l’investissement responsable (IR) au Canada au cours de la dernière décennie a fait place à un flot de nouveaux développements. Les sociétés de fonds ont développé leurs équipes ESG et leurs produits d’investissement. Les régulateurs font progresser les normes concernant les divulgations, les rapports sur les risques et la terminologie. Les entreprises et les investisseurs s’efforcent de concrétiser leurs ambitions en matière de climat en plaçant leurs objectifs d’émissions nettes nulles au premier plan.

Les sujets qui étaient jusqu’à récemment le domaine des spécialistes de l’ESG deviennent essentiels aux stratégies d’investissement à long terme, les organisations de premier plan intégrant l’ESG du début à la fin et tout au long de la chaîne. La demande de rapports plus normalisés est également plus forte que jamais, les investisseurs étant confrontés à des préoccupations concernant l’écoblanchiment, la terminologie de l’IR et l’évolution des exigences en matière de divulgation, ce qui témoigne de la maturation de l’industrie.

L’investissement responsable est à un tournant où la théorie doit se transformer en pratique afin de remodeler l’économie canadienne C’est dans ce contexte unique que nous avons organisé la première conférence de l’AIR donnée en personne depuis 2019. Cette conférence couvre les sujets de pointe et émergents en matière d’ESG et de finance durable avec des experts nationaux et internationaux.

Du mardi 6 juin au mercredi 7 juin, nous avons accueilli le plus grand rassemblement de professionnels de l’IR au Canada pour 25 sessions dirigées par des experts, avec plus de 90 intervenants sur les sujets les plus importants de l’industrie.

Grandes tendances de l’IR

L’IR évolue à tous les niveaux, notamment en ce qui concerne les normes et de réglementations mondiales et régionales. Le Canada étant particulièrement bien placé pour jouer un rôle de premier plan dans les secteurs clés nécessaires à la transition vers une économie à zéro émission nette, tels que les minéraux essentiels, les batteries et les énergies renouvelables, il est important que nous tracions cette voie au lieu d’attendre que l’on nous dise comment procéder. Des investissements à grande échelle sont nécessaires pour assurer la transition de notre économie, mais le capital exige de la clarté et de la cohérence. Les normes en matière de divulgation et de développement durable sont essentielles pour mobiliser l’influence positive des investisseurs sur l’environnement et la société.

La conférence 2023 a présenté plusieurs groupes de discussion axés sur les défis d’ensemble, ainsi que sur l’établissement de meilleures définitions, notations et rapports, qui pourraient définir l’avenir de l’investissement responsable :

Advancing Sustainability Reporting Standards: An Update from the ISSB (Faire progresser les normes en matière de rapports sur le développement durable : une mise à jour de l’ISSB)
• Harmonizing RI Terminology: Progress Report on the CARET Project (Harmoniser la terminologie de l’IR : rapport sur l’état d’avancement du projet CARET)
• Regulators Roundtable: ESG in Focus (Table ronde des régulateurs : l’ESG en ligne de mire)
• Achieving Net Zero By 2050: Developments from SFAC & NZAB (Atteindre zéro émission nette d’ici 2050 : Développements du CAFD et du NZAB)

L’avenir investissable, maintenant

L’avenir de l’investissement responsable est étroitement lié à notre besoin de faire la transition vers une économie durable et inclusive. La prise en compte de la durabilité et de l’inclusivité est impérative, non seulement pour atténuer les risques, mais aussi pour identifier de nouvelles opportunités pour une société prospère et équitable. Plusieurs sessions (en anglais) ont exploré des opportunités spécifiques d’investissement durable et les défis qui y sont liés :

• Investing in a Circular Economy: Tackling Global Challenges and Capturing Opportunities (Investir dans une économie circulaire : relever les défis mondiaux et saisir les opportunités)
• Innovations in Agriculture : Towards More Sustainable Food Systems (Innovations dans l’agriculture : vers des systèmes alimentaires plus durables)
• Plugging into Electrification: Why and How to Expand and Decarbonize Canada’s Grid (Se brancher sur l’électrification : pourquoi et comment étendre et décarboniser le réseau électrique canadien)
• The Future of Energy: Deploying Capital for a Sustainable Future (L’avenir de l’énergie : déployer des capitaux pour un avenir durable)
• Critical Minerals: An Essential Input in the Energy Transition (Minéraux critiques : une contribution essentielle à la transition énergétique)

Changements et progrès de la société

Les tendances perturbatrices et les changements sociétaux ont des répercussions diverses sur notre mode de vie, qu’il s’agisse de la prévalence de l’intelligence artificielle, du vieillissement de la population ou de l’appauvrissement de la biodiversité. En surveillant, en atténuant et/ou en s’adaptant à ces changements, les investisseurs peuvent se positionner de manière à saisir les opportunités, à réduire les risques et à contribuer à un avenir plus durable et plus équitable. Nous avons réuni des experts sur les sujets suivants :

• AI is Transforming the World: What Does it Mean for Your Portfolio? (L’IA transforme le monde : qu’est-ce que cela signifie pour votre portefeuille?)
• Demographic Disruptions : Implications for the Financial Markets (Perturbations démographiques : implications pour les marchés financiers)
• Real Assets & Responsible Investing: Sustainable and Long-Term Opportunities (Actifs réels et investissement responsable : opportunités durables et à long terme)
• The Next Imperative: The Urgent Need for Investor Action on Biodiversity (Le prochain impératif : l’urgence d’une action des investisseurs en faveur de la biodiversité)

Connaissances pratiques pour les conseillers en IR

L’investissement responsable représente une occasion pour les conseillers de développer leurs activités. Les recherches montrent que les questions ESG sont de plus en plus importantes pour les investisseurs individuels, et les conseillers financiers ont besoin de connaissances et d’outils pour aider les clients à intégrer ces facteurs dans leurs décisions d’investissement. Les participants ont développé leurs connaissances et ont partagé des points de vue entre pairs lors de sessions telles que :

• Advisor Conversations : Engaging with Clients About RI (Conversations avec les conseillers : engager le dialogue avec les clients sur l’IR)
• Empowering RI Advisors: Unleashing Insights and Overcoming Challenges (Responsabiliser les conseillers en IR : exploiter les connaissances et relever les défis)

Investir avec un impact

En déployant stratégiquement des capitaux dans des entreprises, des organisations et des projets qui génèrent des résultats sociaux et environnementaux positifs, les investisseurs d’impact peuvent susciter des changements significatifs, encourager l’innovation et contribuer au développement durable des communautés et de la planète. La conférence 2023 de l’AIR a mis en lumière les initiatives et les cadres clés en matière d’impact dans les sessions suivantes :

• Halfway to 2030: Investor Action on Achieving the SDGs (À mi-chemin vers 2030 : l’action des investisseurs pour la réalisation des ODD)
• Accelerating Social Finance in Canada (Accélérer la finance sociale au Canada)

Se rapprocher de la communauté de l’investissement responsable et des leaders d’opinion

Outre les séances plénières, les participants ont eu l’occasion de nouer des contacts, de collaborer et de s’engager avec des collègues de l’industrie. La conférence 2023 de l’AIR a offert aux professionnels de l’IR une occasion unique d’obtenir des informations de pointe auprès de leaders d’opinion, de partager des connaissances, d’échanger des idées et de collaborer.

Inscrivez la conférence 2024 de l’AIR à votre agenda! Celle-ci se tiendra à Vancouver, en Colombie-Britannique, les 28 et 29 mai prochains!

Insécurité alimentaire au Canada : que peuvent faire les investisseurs?

Les prix des aliments augmentent partout. L’insécurité alimentaire est une tendance mondiale qui découle de plusieurs forces macroéconomiques importantes en jeu, mais certaines caractéristiques uniques du marché pourraient exacerber le problème au Canada. Si les revenus ne suivent pas le rythme de l’inflation, l’insécurité alimentaire au Canada risque de s’aggraver davantage. Nous décrivons la situation et suggérons sept mesures que les investisseurs peuvent prendre pour s’attaquer au problème.

Pourquoi les investisseurs devraient se soucier de l’insécurité alimentaire

Le Programme alimentaire mondial estime que 345,2 millions de personnes dans le monde seront en situation d’insécurité alimentaire en 2023, soit plus du double du nombre estimé en 2020. Les données de Statistique Canada montrent qu’en 2021, 5,8 millions de Canadiens (dont 1,4 million d’enfants) dans dix provinces vivaient dans des ménages en situation d’insécurité alimentaire. Le recours aux banques alimentaires a augmenté de 35 % entre 2019 et 2022, et on estime que ces dernières, ainsi que les autres organismes sans but lucratif qui distribuent des aliments gratuits, verront une autre augmentation de 60 % de la demande en 2023. Les experts pensent que le problème de l’insécurité alimentaire s’aggravera si les revenus ne suivent pas le rythme de l’inflation. Sans changement important, la précarité alimentaire s’intensifiera au Canada et à l’échelle mondiale.

La lutte contre l’insécurité alimentaire et la faim, en plus d’être un impératif moral, est un enjeu pour les investisseurs. Le Rapport sur les risques mondiaux 2023 du Forum économique mondial indique que la crise du coût de la vie constituera le principal risque pour l’économie mondiale au cours des deux prochaines années. À l’échelle mondiale, les pénuries alimentaires et la hausse des prix des aliments sont liées à l’agitation sociale, ce qui peut déstabiliser les marchés. Les « émeutes alimentaires » en sont un excellent exemple : en 2011, lorsque l’indice des prix des produits alimentaires de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a atteint un sommet, des émeutes ont éclaté dans 48 pays. À titre de référence, cet indice FAO n’a jamais été plus élevé qu’en mai 2022, même par rapport au sommet de 2011.

Bien qu’il soit peu probable que l’insécurité alimentaire au Canada entraîne des troubles sociaux dans le pays, elle a des répercussions négatives. Pour de nombreuses personnes, les prix élevés des aliments et l’inflation réduisent la capacité d’économiser. Lorsque les prix des produits alimentaires augmentent fortement, la capacité des Canadiens à épargner en vue de la retraite, des études ou des urgences diminue également. Les investisseurs particuliers qui éprouvent des difficultés financières pourraient accorder la priorité aux dépenses du ménage plutôt qu’aux placements dans des fonds d’investissement. Une réduction des dépenses discrétionnaires des consommateurs canadiens peut également avoir une incidence négative sur les revenus des sociétés émettrices que les investisseurs détiennent.

Le prix des produits alimentaires au Canada

En janvier 2023, les prix des produits alimentaires au Canada avaient augmenté de 11,4 % par rapport à l’année précédente, soit près du double du taux d’inflation global de 5,9 %. Cette hausse est attribuable à de nombreux facteurs. La COVID-19 et les conflits géopolitiques ont perturbé les chaînes d’approvisionnement, tandis que les événements climatiques remettent en question le statu quo en matière d’agriculture et de quantité d’aliments produits. L’escalade des coûts de l’énergie et des engrais est également un facteur contributif.

En 2021 et en 2022, les bénéfices des chaînes d’alimentation au Canada ont considérablement augmenté dans un contexte de hausse de l’inflation mondiale. Les recherches qui examinent la tendance montrent que certains épiciers canadiens ont affiché au premier semestre de 2022 des bénéfices supérieurs à leurs résultats moyens des cinq dernières années.

Inflation du secteur de l’épicerie

Selon Statistique Canada, bien que l’inflation sur 12 mois soit de 7,1 % pour l’ensemble des produits, l’épicerie a augmenté de 9,7 %. Source : IPC de statistique canada des aliments achetés en magasin. Graphique Toronto Star

Une plus grande transparence est exigée de la part des épiciers quant au lien entre l’augmentation des prix des aliments, les coûts de la chaîne d’approvisionnement et la provenance de la hausse des profits. Les principaux épiciers eux-mêmes remarquent que les profits excédentaires peuvent être attribués aux ventes dans des segments non alimentaires, comme le maquillage et les produits pharmaceutiques, et pas seulement à la hausse des prix des aliments, et qu’ils assument en fait plus de coûts qu’ils n’en répercutent aux consommateurs. L’amélioration de la communication de l’information par segment opérationnel pour mieux déterminer si les profits proviennent du secteur pharmaceutique, du secteur de l’alimentation ou d’autres secteurs pourrait entraîner la divulgation de renseignements sensibles sur le plan de la concurrence. Cela dit, la possibilité de voir les chiffres pour vérifier la source des profits contribuerait à dissiper les préoccupations.

Selon les pratiques actuelles, les principaux épiciers du Canada ne ventilent pas les renseignements par segment opérationnel (c.-à-d. les articles alimentaires par rapport aux articles non alimentaires), malgré l’exigence des Normes internationales d’information financière (IFRS) selon laquelle les renseignements doivent être ventilés en cas de divergence entre la nature des produits et des services et les moyens par lesquels ils sont produits. Les investisseurs peuvent utiliser leur position d’influence pour encourager les détaillants en épicerie à améliorer la communication de l’information, à atténuer les risques liés aux prix des aliments et à contribuer à la lutte contre l’insécurité alimentaire.

Dynamique du marché canadien et code de conduite des épiceries

Cinq grands détaillants contrôlent environ 80 % du marché de détail de l’alimentation au Canada. Le Bureau de la concurrence du Canada enquête actuellement pour déterminer si la concurrence dans le secteur joue un rôle dans l’augmentation des prix des produits alimentaires, et son rapport devrait être publié en juin 2023. Certains s’attendent à ce que le Bureau recommande au gouvernement fédéral de modifier la loi afin de lui donner plus de pouvoir pour répondre aux préoccupations en matière de concurrence.

Les complexités de la chaîne d’approvisionnement alimentaire au Canada, y compris les tarifs douaniers provinciaux, maintiennent également certains prix alimentaires artificiellement élevés ou, dans certains cas, entraînent des pertes alimentaires forcées (voir la section Pleins feux).

Pleins feux L’industrie canadienne des produits laitiers, de la volaille et des œufs est un exemple frappant qui illustre les difficultés liées au travail dans la chaîne d’approvisionnement alimentaire du Canada. Le Canada a un système de gestion de l’offre hautement controversé qui réglemente l’offre et impose des tarifs douaniers et des taxes élevés pour ces trois groupes alimentaires. Bien qu’en théorie, ce système protège les agriculteurs canadiens, il a été démontré qu’il comporte des lacunes et qu’il ne résiste pas aux pressions socioéconomiques découlant d’une inflation élevée. Les producteurs laitiers, par exemple, sont forcés de jeter du lait afin de maintenir les niveaux d’approvisionnement du marché dans les quotas établis. Récemment, ces producteurs laitiers se sont élevés contre les politiques qui incitent à jeter du lait, affirmant qu’une offre accrue pourrait faire baisser les prix. Une augmentation de l’offre pourrait également soulager la pression subie par les banques alimentaires.

De plus, on estime que 12 % des pertes et du gaspillage alimentaires évitables au Canada surviennent pendant la phase de vente au détail de la chaîne d’approvisionnement. Les détaillants en épicerie peuvent jouer un rôle clé dans la réduction des pertes et du gaspillage alimentaire, notamment en influençant leurs chaînes d’approvisionnement, par exemple au moyen de pratiques d’approvisionnement.

La crainte que les inégalités dans la dynamique du pouvoir entre les détaillants en épicerie et les fournisseurs minent la résilience des chaînes d’approvisionnement alimentaire du Canada a également mené à des efforts visant à élaborer un code de conduite des épiceries afin d’améliorer la transparence, la prévisibilité et l’utilisation équitable dans le secteur. La publication volontaire de ce code est prévue d’ici la fin de 2023. L’une des intentions du code est d’établir une administration plus équitable des frais de détail que les fournisseurs paient aux détaillants pour vendre leurs produits. Les pratiques actuelles ont été décrites comme rétroactives, imprévisibles, unilatérales (qui désavantagent considérablement les petits fournisseurs) et défavorables à la production d’une plus grande variété de produits, à l’innovation et à la résilience de la chaîne d’approvisionnement au Canada.

Le code de conduite des épiceries ne réglementera pas directement les prix ni les commissions que les détaillants établissent pour les transformateurs d’aliments, mais il établira des obligations contractuelles pour un partage accru des risques, y compris l’exigence d’une plus grande collaboration en matière de prévision des commandes d’approvisionnement.

Le Code comprendra également un mécanisme de résolution des différends, un processus de prise de décision, des modèles de médiation et d’arbitrage, ainsi que des mécanismes d’exécution. Tout cela contribuera à promouvoir un commerce équitable et éthique entre les détaillants en épicerie et leurs fournisseurs au Canada, ce qui, au bout du compte, contribuera à renforcer la résilience de la chaîne d’approvisionnement nationale. Un code de conduite des épiceries pourra également contribuer à promouvoir de meilleures conditions de travail au sein des chaînes d’approvisionnement alimentaire du Canada en apportant une plus grande stabilité pour soutenir, par exemple, l’offre d’un salaire de subsistance et de conditions de travail sécuritaires.

Que peuvent faire les investisseurs?

Les investisseurs qui profitent de la hausse des profits de l’épicerie de détail ont leur propre obligation de faire preuve de diligence raisonnable envers les détaillants en épicerie qu’ils détiennent afin de s’assurer que les gains à court terme ne sont pas prioritaires par rapport aux implications à plus long terme qu’une inflation alimentaire aiguë pourrait avoir sur les rendements de tous les investissements en portefeuille.

Les investisseurs peuvent encourager l’adoption de sept meilleures pratiques par les entreprises en amont et en aval de la chaîne de valeur alimentaire et les décideurs :

1) Communiquer avec les épiciers et les distributeurs de produits alimentaires au Canada afin d’encourager une transmission de l’information plus claire et conforme aux normes IFRS, ce qui améliorerait la transparence à l’égard des bénéfices par segment.

2) Encourager les détaillants en épicerie détenus au Canada à contribuer de façon proactive au futur code de conduite des épiceries et à en respecter les principes.

3) Étant donné que l’insécurité alimentaire est susceptible de s’aggraver si les revenus ne suivent pas le rythme de l’inflation, il est important de mobiliser les entreprises de tous les portefeuilles pour qu’elles s’engagent à offrir des salaires de subsistance. Envisager également de soutenir des initiatives comme la Workforce Disclosure Initiative, qui établit des normes de production de rapports pour les entreprises sur les questions liées à l’effectif, y compris les niveaux de salaire et les avantages sociaux.

4) Encourager les détaillants en épicerie détenus à mettre en œuvre des pratiques efficaces de diligence raisonnable en matière de droits de la personne afin de prévenir et d’atténuer les répercussions négatives réelles ou potentielles des activités commerciales sur les droits de la personne. Dans le cadre d’une approche de diligence raisonnable en matière de droits de la personne, les entreprises devront enquêter sur les répercussions négatives des activités à l’échelle de la chaîne de valeur. L’accès à l’alimentation en tant que droit humain fondamental serait un sujet clé pour les entreprises du secteur de la vente au détail de produits alimentaires.

5) Rester à l’affût du rapport du Bureau de la concurrence du Canada en juin afin de déterminer si des occasions de mobilisation découlent des recommandations de celui-ci et de promouvoir une politique alimentaire fondée sur les droits de la personne auprès des gouvernements.

6) Encourager les entreprises à promouvoir au sein de leur secteur une dynamique de marché plus favorable au Canada, ce qui pourrait contribuer à réduire les prix des aliments (comme dans l’exemple de l’industrie du lait, de la volaille et des œufs).

7) Encourager les pratiques des détaillants en épicerie afin de réduire le gaspillage alimentaire et de faire don d’excédents d’aliments aux banques alimentaires, conformément à la recommandation du gouvernement canadien visant à réduire le gaspillage alimentaire chez les détaillants en épicerie au Canada.

L’accès à la nourriture est un droit humain fondamental inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. En tant qu’investisseurs responsables dont l’approche consiste à investir ou à se mobiliser pour obtenir des résultats durables, nous pouvons prendre des mesures comme celles mentionnées ci-dessus pour contribuer au deuxième objectif de développement durable des Nations Unies (Faim « zéro ») d’ici 2030, tant à l’étranger qu’au Canada.


Clause de non-responsabilité du contributeur Tout énoncé qui repose nécessairement sur des événements futurs peut être une déclaration prospective. Les déclarations prospectives ne sont pas des garanties de rendement. Elles comportent des risques, des éléments d’incertitude et des hypothèses. Bien que ces déclarations soient fondées sur des hypothèses considérées comme raisonnables, rien ne garantit que les résultats réels ne seront pas sensiblement différents des résultats attendus. L’investisseur est prié de ne pas se fier indûment aux déclarations prospectives. Concernant les déclarations prospectives, l’investisseur doit examiner attentivement les éléments de risque décrits dans la version la plus récente du prospectus.

Le présent document est fourni à titre informatif seulement. L’information qui s’y trouve ne constitue pas une source de conseils juridiques ou de placement et ne doit pas être considérée comme telle.

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Clause de non-responsabilité de l’AIR Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

Comment les titres de créance liés à la durabilité peuvent aider les entreprises à atteindre leurs objectifs ESG

L’augmentation progressive des émissions d’obligations vertes au cours des années 2010 s’est accélérée et transformée en un raz-de-marée d’émissions de titres de créance labellisés ESG au début des années 2020 (Tableau 1). Le concept initial d’obligation verte s’est développé pour devenir une catégorie d’affectation du produit qui comprend les obligations vertes, sociales et de développement durable. Cette catégorie fonctionne bien pour les émetteurs gouvernementaux et les entreprises ayant des projets verts qui satisfont les critères des obligations vertes et peuvent être vérifiés par des fournisseurs d’opinion indépendants. Les titres de créance liés à la durabilité constituent l’un des meilleurs moyens de s’assurer que les entreprises atteignent leurs objectifs ESG ainsi que leurs objectifs de durabilité.

Tableau 1. Les émissions mondiales d’OVSDLD devraient atteindre entre 900 milliards et 1 billion de dollars en 2023. (Émissions annuelles d’OVSDLD par type d’instrument)

Remarque : Exclut les émissions de financement structuré. F—S&P Prévisions de l’agence Global Ratings. OVSDLD – Obligations vertes, sociales, durables, liées à la durabilité.
Sources : Environmental Finance Bond Database, S&P Global Ratings
©2023 par Standard and Poor’s Financial Services LLC. Tous droits réservés.

Le nouveau concept des titres de créance liés à la durabilité comporte une structure de coupons liés aux objectifs ESG et aux indicateurs clés de performance ESG définis lors de l’émission. Ces titres sont appelés « obligations liées à la durabilité » et « prêts liés à la durabilité ». Tout émetteur ayant des objectifs ESG d’entreprise pertinents et des rapports cohérents sur les indicateurs clés de performance ESG (Tableau 2) peut participer à cette catégorie.

Tableau 2. Classification de l’industrie : Structures liées à la durabilité

Source: Bloomberg, Environmental Finance Data, Mackenzie Research
Historical Data 2019-2022 – 308 SLB assessed

Les entreprises sont généralement motivées à émettre des obligations liées à la durabilité pour faire concorder leur stratégie de financement et leur stratégie de durabilité. Certains critiques estiment qu’il n’est pas suffisant pour les entreprises de définir leurs propres objectifs et d’en rendre compte, mais cela n’entraîne pas nécessairement des résultats médiocres. Les entreprises qui ont des objectifs ambitieux et qui comprennent les risques et les occasions liés à leur approche ESG peuvent bien faire les choses. Les objectifs ESG et les indicateurs clés de performance des obligations liées à la durabilité n’étant pas tous suffisamment pertinents et ambitieux, les analystes de crédit et les analystes ESG sont en mesure de faire la différence entre les « bonnes » et les « mauvaises » obligations liées à la durabilité.

En général, ce qui est mesuré est géré. Les mécanismes comme les titres de créance liés à la durabilité garantissent la transformation des paroles en action et la médiatisation des échecs vers l’atteinte des objectifs ESG, ce qui porterait une nette atteinte à la réputation des dirigeants et de l’entreprise — ainsi qu’une légère pénalité sur les taux d’intérêt. L’avantage pour l’émetteur est principalement de renforcer sa réputation et ses qualifications en matière de durabilité. Au cours des dernières années, les entreprises ont fixé des objectifs à même leur cadre d’obligations liées à la durabilité allant de la réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’utilisation accrue de l’énergie renouvelable, en passant par des objectifs particuliers liés à l’égalité des sexes et à la diversité raciale et ethnique (Tableau 3).

Tableau 3. IPC – Indicateurs de performance clés (OLD – Couverture des données ∼ 96 %)

Source: Bloomberg, Environmental Finance Data, Mackenzie Research
Historical data 2019-2022 – 308 SLB assessed that include 394 KPIs
Figure 3 shows % of the 394 for each type of KPI

Un univers disponible de plus de 300 obligations liées à la durabilité montre que la moitié des émetteurs utilisent au moins un indicateur clé de performance et la moitié en utilise plus d’un (Tableau 4). Nous présentons ci-dessous un exemple de la façon dont les indicateurs clés de performance ESG les plus fréquents peuvent être utilisés.

Tableau 4. Nombre d’objectifs – IPC (Univers OLD)

Source: Bloomberg, Environmental Finance Data, Mackenzie Research
Historical data 2019-2022 – 308 SLB assessed
Figure 4 shows % of the 308 that have 1, 2, 3, 4, or 5 KPIs

Indicateurs clés de performance ESG KPI — Objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) pour 2025 et 2030

Les entreprises peuvent suivre les objectifs gouvernementaux de réduction des émissions de GES ou choisir leurs propres objectifs d’ici 2030, en tant que jalon clé vers leur engagement de carboneutralité d’ici 2050. Les objectifs de réduction des émissions de GES sont les plus populaires, avec plus de 50 % (Tableau 3) des obligations liées à la durabilité ayant au moins un objectif lié à la réduction des émissions de GES. Les entreprises se concentrent sur les émissions de portée 1 et 2 même si certaines ont commencé à inclure les émissions de portée 3, qui reflètent mieux leur empreinte carbone totale (Tableau 5). La portée 3 est plus difficile à estimer. Les entreprises ne peuvent généralement pas en avoir un contrôle direct parce qu’il s’agit des émissions en amont de leurs chaînes d’approvisionnement et des émissions en aval de leurs clients.

Tableau 5. Objectifs de réduction des GES – Type

Source: Environmental Finance Data, Mackenzie Research
Historical data 2019-2022 – 308 SLB assessed

Les quelques obligations liées à la durabilité émises jusqu’à présent au Canada sont des exemples d’indicateurs clés de performances ESG. Les trois émetteurs d’obligations liées à la durabilité ci-dessous représentent l’ensemble des émetteurs d’obligations liées à la durabilité au Canada, mais beaucoup d’autres devraient s’ajouter au cours des prochaines années à la liste croissante des émetteurs d’obligations liées à la durabilité des États-Unis, d’Amérique latine et d’Asie-Pacifique.

Conclusions et recommandations

L’équipe des placements à revenu fixe Mackenzie estime que les émetteurs de titres de créance de sociétés devraient se concentrer sur 2 ou 3 indicateurs clés de performance ESG à inclure dans leurs cadres, leurs émissions et leurs rapports d’obligations liés à la durabilité. Selon nous, les émetteurs devraient sélectionner leur indicateur clé de performance environnemental le plus important, leur indicateur social le plus important et tout autre indicateur particulier et significatif pour leurs activités. Un certain nombre des projets d’entreprise peuvent être financés par des obligations vertes, sociales et durables. Le risque de leurs besoins en matière de financement ou de refinancement de la dette peut être couvert par des obligations et des prêts liés à la durabilité. Nous commençons à voir des entreprises qui se dirigent vers une dette labellisée ESG à 50 % ou même à 100 %, ou qui l’ont déjà fait, en utilisant une combinaison de titres de créance à affectation du produit verts, sociaux et durables et de titres de créance liés à la durabilité.

Les entreprises devraient sélectionner les indicateurs les plus importants pour elles et pour leur secteur. Ce processus devrait commencer à l’échelon supérieur de l’entreprise avec l’élaboration d’une stratégie ESG d’entreprise par l’équipe de direction et le conseil d’administration. La stratégie de l’entreprise et les objectifs connexes doivent compter pour le chef de la direction et le chef des services financiers qui s’occuperont de les communiquer à toutes les parties intéressées, démontrant ainsi à toutes les parties prenantes l’engagement de l’entreprise en faveur du développement durable.


Clause de non-responsabilité du contributeur Le contenu de cet article (y compris les faits, les perspectives, les opinions, les recommandations, les descriptions de produits ou titres ou les références à des produits ou titres) ne doit pas être pris ni être interprété comme un conseil en matière de placement, ni comme une offre de vente ou une sollicitation d’offre d’achat, ou une promotion, recommandation ou commandite de toute entité ou de tout titre cité. Bien que nous nous efforcions d’en assurer l’exactitude et l’exhaustivité, nous n’assumons aucune responsabilité quant à son utilisation.

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Meilleures pratiques d’intégration ESG pour les investisseurs en dette immobilière commerciale

Alors que l’intégration des enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans les décisions d’investissement immobilier est devenue courante au cours de la dernière décennie, le rôle des prêteurs dans cette évolution a souvent été négligé. Les prêteurs immobiliers intègrent de plus en plus les considérations ESG dans les processus d’origination, de souscription et de diligence raisonnable, et s’engagent avec les emprunteurs sur les questions de durabilité tout au long de la durée du prêt. L’identification et l’intégration dans le processus de prêt des facteurs ESG qui sont importants – c’est-à-dire que l’omission, l’occultation ou la déclaration erronée de ces facteurs pourrait raisonnablement influencer les décisions des investisseurs – peuvent contribuer à atténuer les risques au stade de la souscription et, en fin de compte, à réduire le risque des actifs tout au long de la période de détention jusqu’à l’échéance du prêt.

Prêts axés sur l’ESG et amélioration du profil de risque

Les prêteurs qui s’appuient uniquement sur des transactions comparables sur le marché pour la souscription, sans intégrer les facteurs de risque ESG matériels et les informations non financières importantes, peuvent ne pas traiter les problèmes qui se transforment en risques financiers tangibles. Par conséquent, les investisseurs qui ne tiennent pas compte des considérations ESG peuvent mal évaluer les opportunités d’investissement et subir des dépréciations ou des pertes plus importantes sur les prêts.

En outre, en engageant les emprunteurs sur les questions ESG importantes tout au long de la période de détention, les prêteurs peuvent avoir la possibilité d’améliorer la sécurité et la prévisibilité des revenus et peuvent inciter les emprunteurs à améliorer leurs performances ESG de manière mutuellement bénéfique, ce qui permet d’obtenir des résultats positifs au niveau de l’immobilier, tels qu’une meilleure attraction et rétention des locataires.

Intégration de l’ESG dans la dette immobilière : Guide du professionnel

De nombreuses approches d’intégration ESG issues de l’investissement en actions dans l’immobilier sont transférables aux prêts hypothécaires commerciaux. La clé de l’adaptation des pratiques axées sur les capitaux propres à l’investissement dans la dette consiste à déterminer comment dimensionner les demandes d’informations ESG et rationaliser l’approche de l’intégration. L’intégration de l’ESG doit être envisagée à trois stades du processus d’émission de la dette hypothécaire commerciale :

1) Origination/souscription : La collecte et l’évaluation des informations ESG à ce stade sont cruciales pour contextualiser une opportunité de prêt hypothécaire commercial. Les prêteurs avertis utilisent de plus en plus des listes de contrôle ESG lors de la souscription afin d’obtenir une meilleure visibilité sur les questions ESG importantes, ce qui a un impact significatif sur l’attractivité du prêt hypothécaire et les conditions négociées. Les facteurs à considérer incluent (mais ne sont pas limités à) :

a) Certifications de bâtiments axées sur le développement durable : Ils peuvent offrir une validation par une tierce partie des caractéristiques environnementales et/ou sociales d’un bien immobilier, et le rendre plus compétitif du point de vue de l’attraction/rétention des locataires et de l’exploitation (par exemple, amélioration de la qualité de l’air à l’intérieur).

b) Performance opérationnelle de l’actif sous-jacent : Des mesures objectives de l’efficacité opérationnelle, telles que le score ENERGY STAR Portfolio Manager (la référence du secteur pour les bâtiments commerciaux), ainsi que l’intensité de la consommation d’énergie et les coûts d’exploitation, peuvent influencer la capacité de l’emprunteur à assurer le service de sa dette.

c) Réputation : La réputation d’exploitation de l’emprunteur, les relations existantes avec la communauté et les parties prenantes et les controverses potentielles (par exemple, les antécédents de « réno-évictions » pour les propriétaires d’immeubles collectifs) peuvent avoir un impact sur les perspectives d’un prêteur quant au potentiel de revenu et de création de valeur du bien immobilier.

d) Proximité des commodités et des transports en commun : Des mesures objectives telles que les scores de marche, de vélo et de transport en commun d’un bien immobilier peuvent influencer sa capacité à attirer et à conserver des locataires solides.

2) Diligence raisonnable : À ce stade, certaines mesures ESG sont mesurées, évaluées et intégrées à la thèse d’investissement. Les signaux d’alarme à ce stade modifieront souvent la trajectoire de l’investissement, nécessitant au minimum un réexamen de la souscription. Par exemple, les prêteurs peuvent publier une étude ou une liste de contrôle ESG qui s’appuie sur les informations recueillies au cours de la phase de souscription, telles que :

a) Les capacités de gouvernance du groupe emprunteur, y compris l’évaluation de ses politiques et de ses structures de gouvernance par le biais d’entretiens avec le groupe emprunteur.

b) Les considérations relatives à l’état des biens et à la résilience climatique par le biais d’un examen des rapports d’évaluation de l’état des bâtiments établis par des tiers et des évaluations de l’exposition aux risques naturels (par exemple, sismiques) et aux risques climatiques physiques (par exemple, inondations, incendies de forêt, élévation du niveau de la mer), tout en veillant à ce qu’une couverture d’assurance adéquate soit mise en place.

c) L’évaluation de la contamination environnementale ou du risque lié à la pollution, en veillant à ce qu’un rapport d’évaluation environnementale du site et des conclusions détaillées soient pris en compte.

d) Le respect des exigences réglementaires en matière de rapports sur l’utilisation de l’énergie, la consommation d’eau et/ou les émissions de gaz à effet de serre, qui pourraient entraîner des amendes ou des pénalités pour le propriétaire en cas de non-respect de ces exigences.

3) Post-souscription (période de détention) : Les considérations de durabilité peuvent être intégrées dans les processus de gestion de portefeuille principalement par le biais d’un engagement avec l’emprunteur. Par exemple :

a) Parallèlement aux demandes d’états financiers annuels, les prêteurs peuvent demander des informations sur le développement durable spécifiques à la propriété (par exemple, les projets d’amélioration du développement durable prévus et les initiatives en cours) afin de faciliter un dialogue constructif sur les possibilités d’amélioration du développement durable pour la propriété.

b) Les prêteurs peuvent discuter des améliorations opérationnelles axées sur le développement durable ou des possibilités de financement des rénovations (par exemple, les « prêts verts »).

En engageant de manière proactive les emprunteurs sur les considérations ESG pendant toute la durée du prêt, les prêteurs se positionnent non seulement pour réussir pendant la période de détention, mais aussi pour d’éventuels renouvellements de prêts hypothécaires et des opportunités de financement ultérieur.

Étude de cas : L’intégration de l’ESG dans la souscription peut conduire à de meilleures conditions de financement

Propriété : Nouvelle construction, bureau du centre-ville de Toronto

Caractéristiques notables : Certification Platine du Leadership in Energy and Environmental Design (LEED), le système de construction écologique le plus largement utilisé, avec des énergies renouvelables sur site

La propriété a été construite en 2016 pour dépasser de loin les exigences du code du bâtiment avec des caractéristiques axées sur l’efficacité énergétique et l’utilisation rationnelle de l’eau. En conséquence, il réalise des coûts d’exploitation (hors taxes foncières) environ 25 % inférieurs aux propriétés concurrentes. Cette réduction a permis à l’emprunteur de rester concurrentiel tout en pratiquant un loyer net plus élevé. En cas de turbulences sur le marché et de baisse des loyers, les flux de trésorerie de l’emprunteur resteront probablement plus résilients que ceux de ses concurrents. Le prêteur a également pris en considération la certification LEED Platine, le plus haut niveau d’évaluation de LEED, afin de se protéger davantage contre les risques de baisse en répondant aux exigences de plus en plus élevées des locataires en matière de développement durable.

Grâce aux caractéristiques de durabilité du bien, l’emprunteur a pu augmenter le produit du financement d’environ 10 % tout en maintenant les bases du prêt à un niveau de prix conforme à celui du marché. Par conséquent, la compréhension globale des impacts ESG par le prêteur lui a permis d’être plus compétitif que ses pairs, dont la souscription était uniquement basée sur les normes du marché.

Conclusion

Comme nous l’avons souligné, les prêteurs ont de bonnes raisons d’étendre leur influence en ce qui concerne l’engagement ESG dans les prêts hypothécaires commerciaux. Il s’agit notamment de créer un portefeuille de prêts plus résilient, de bénéficier des tendances plus larges du marché grâce à des primes ou des réductions d’évaluation basées sur le profil ESG d’un bien immobilier, et de reconnaître que les locataires ont de plus en plus de poids dans certains types de biens immobiliers pour imposer des concessions. L’intégration des considérations ESG peut contribuer à fournir une protection en cas de baisse et à renforcer les relations avec les emprunteurs par le biais d’un dialogue constructif.


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Le présent document peut contenir des déclarations prospectives. Les déclarations prospectives reflètent les attentes et les projections actuelles concernant des événements et/ou des résultats futurs, sur la base des données actuellement disponibles. Ces attentes et projections peuvent se révéler incorrectes à l’avenir, car des événements qui n’ont pas été anticipés ou pris en compte dans leur formulation peuvent se produire et conduire à des résultats qui diffèrent matériellement de ceux exprimés ou sous-entendus. Les déclarations prospectives ne sont pas des garanties de performance future et il convient d’éviter de s’y fier.

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