IR 101: L’investissement axé sur les retombées

L’investissement responsable (IR) est l’intégration des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans les décisions d’investissement. Ce type d’investissement a grandement évolué au cours des dernières années, et l’on pourrait aller jusqu’à dire qu’il est sur le point de devenir monnaie courante. Ainsi, c’est près de 50 % des avoirs des grands investisseurs institutionnels dans le monde qui se sont engagés dans l’investissement responsable.

L’investissement responsable au cœur des stratégies de placement

Si l’IR semble avoir souffert au départ d’une certaine incompréhension de la part du public quant à ses retombées, tant sur le plan des critères ESG que du rendement proposé, il est évident que les investisseurs et les conseillers sont de plus en plus disposés à l’adopter. Plusieurs facteurs ont permis ces avancées, et parmi eux, on retrouve l’information sur les sujets ESG maintenant publiée par les émetteurs de titres. Ainsi, il est possible et de plus en plus courant de voir des stratégies de placement qui mettent, au cœur de leur design, un ou plusieurs critères ESG.

Dans le domaine de l’investissement responsable, la majorité des acteurs utilisent aujourd’hui des stratégies de mise en œuvre de l’IR pour réduire les impacts négatifs ESG découlant des activités des organisations dont les titres se retrouvent en portefeuille, ou encore pour choisir les bons joueurs, soit les titres qui sont positionnés avantageusement par rapport aux enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance.

Les objectifs de développement durable comme cadre de référence

C’est le 1er janvier 2016 que sont entrés en vigueur les 17 Objectifs de développement durable (ODD) du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Parmi eux, on compte notamment la promotion de l’égalité des sexes, de la santé et du bien-être et l’accès à une éducation de qualité pour tous. Ces objectifs furent adoptés par les dirigeants du monde en septembre 2015 lors d’un Sommet historique des Nations Unies. De ces 17 objectifs découlent des cibles, au nombre de 169, ainsi que 232 indicateurs, qui ont été révisés en mars 2017[1].

Il semble que les ODD deviennent un cadre de référence de plus en plus étudié. Il y a entre autres le regroupement des signataires des Principles for Responsible Investing (PRI) qui s’y attarde. En effet, dans un rapport intitulé « What do the UN sustainable development goals mean for investors?[2] », les PRI invitent les investisseurs à en apprendre davantage sur les ODD, à s’engager à intégrer les ODD dans leurs considérations de placement pour lancer un signal au marché et ainsi influencer les entreprises à en tenir compte et à se mettre en action.

Par exemple, le Fonds Desjardins SociéTerre Actions positives investi de façon à avoir un impact mondial en accord avec 13 des 17 ODD. Le Fond y parvient en investissant dans une société qui offre des tests qui peuvent servir au diagnostic de maladies infectieuses et non contagieuses, contribuant ainsi au 3e objectif, Bonne santé et bien-être, et dans un fournisseur de microfinance qui opère dans des pays émergents pour faciliter l’inclusion financière et réduire la pauvreté, contribuant au 1er objectif, Pas de pauvreté.

Dans l’industrie du placement, on fait la distinction entre les retombées qui peuvent être mesurables au sein des sociétés ouvertes, dont les actions sont cotées en bourses, et en dehors des marchés publics. Mais dans l’avenir, il faudra s’attendre à ce que l’écart entre les deux terrains se réduise, et à ce que l’on puisse parler de manière uniforme d’un impact, peu importe où il se produit. 

Un support de taille

Pour aider à l’élaboration de nouveaux produits de placement et de financement, le Programme des Nations Unies pour l’environnement et son module destiné aux institutions financières (UNEP-FI) a lancé en janvier 2017 les Principles for Positive Impact Finance[3]. Cela découle d’une constatation des Nations Unies : pour atteindre les ODD, il faudra entre 5 T$ US et 7 T$ US par année d’investissement, dont une grande partie proviendra du secteur privé. Comme les outils actuels offrent une possibilité limitée d’apport de capitaux, un groupe de banques s’est formé et a décidé d’élaborer un nouveau cadre de référence pour aider à la création de nouveaux produits. C’est du moins la promesse qu’offrent ces nouveaux principes, dont le travail commence à peine.

Comme plusieurs organisations s’investissent activement pour promouvoir l’adoption de l’IR à travers le monde, il n’est pas surprenant que de nombreuses stratégies financières se dessinent pour ainsi créer de nouveaux produits. L’une des fonctions essentielles des marchés financiers consiste à offrir aux investisseurs des informations qui permettent une allocation efficace des capitaux. Or, les travaux qui sont en cours pour faire en sorte que les retombées soient mises de l’avant permettront certainement d’obtenir des informations plus justes, ce qui pourrait enrichir la prise de décision.

Sources:

Clause de non-responsabilité
Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

La faible empreinte carbone : un piètre outil d’amélioration de la durabilité de l’environnement

À l’heure de la prise de conscience sur les changements climatiques, les investisseurs se tournent de plus en plus vers des stratégies de placement pouvant offrir des rendements raisonnables tout en réduisant les émissions de dioxyde de carbone. Cependant, détenir un portefeuille uniquement centré sur la réduction maximale de l’empreinte carbone peut ne pas suffire pour créer une économie mondiale plus durable et pourrait même être un obstacle dans certains cas.

Cette inefficacité découle, du moins en partie, de la manière dont les émissions de carbone sont mesurées et utilisées. De nombreuses sociétés cotées établissent leurs propres données dont la qualité dépend des systèmes de collecte utilisés (mesure directe), ou estiment ces données en utilisant des modèles qui attribuent une intensité de carbone aux activités de production. Parallèlement, ces données ne sont ni vérifiées ni contrôlées par des organismes gouvernementaux, comme c’est le cas pour les émissions de sulfure et de dioxyde d’azote plus strictement réglementées.

Par ailleurs, lorsque les sociétés choisissent de ne pas recueillir elles-mêmes les données ou qu’elles ne disposent pas des compétences ni des ressources adéquates pour le faire, la quantité des émissions de carbone est souvent évaluée par des cabinets de recherche tiers dont les techniques d’évaluation ne sont pas normalisées et peuvent varier, selon l’institut.

En dépit des incertitudes inhérentes liées à la mesure des émissions de carbone, les données compilées revêtent une importance de plus en plus grande dans les décisions de répartition de l’actif et d’assemblage des portefeuilles. En effet, les actions en faveur d’une économie à faibles émissions de carbone se multiplient et les investisseurs souhaitent réduire le risque potentiel lié aux placements dans des sociétés dont l’empreinte carbone est élevée.

Dans certains cas, une stratégie à faibles émissions de carbone peut s’avérer utile et appropriée – par exemple, pour obtenir plus de visibilité sur les sources potentielles d’émissions élevées et sur les risques pouvant découler d’une réglementation (et d’une facturation) plus efficace des émissions.

Cependant, ces mesures non réglementées et imprécises sont trop souvent privilégiées dans la prise de décision, au détriment d’autres mesures réglementées, validées et plus fiables.

D’après notre expérience, les entreprises que créent des solutions favorisant la durabilité grâce à la fabrication d’équipement, d’appareils, de matériaux et d’autres biens sont souvent négligées en raison de l’attention obsessive accordée à l’intensité de carbone. Cela est vrai même si un grand nombre de ces entreprises pourraient bénéficier d’une transition vers une plus grande durabilité.

C’est pourquoi de nombreux portefeuilles sont souvent axés, sans le vouloir, sur des secteurs moins industriels comme la finance, les logiciels et les services, lesquels affichent une plus faible empreinte carbone alors qu’ils ne détiennent pas, ou peu, de titres de sociétés ayant un impact plus direct, comme les entreprises offrant des services de base comme l’eau, la nourriture, l’énergie et le traitement des déchets.

Ainsi, les gestionnaires de placement ont tendance à créer des stratégies qui semblent démontrer des caractéristiques financières et environnementales exemplaires, mais qui ne s’inscrivent pas réellement dans la promotion d’une empreinte carbone plus viable.

Par exemple, au cours des dernières années, cette mise en valeur inédite de l’intensité de carbone a bénéficié aux sociétés présentant peu d’actif immobilisé, comme les « FANG » (Facebook, Amazon, Netflix et Google), ou aux entreprises de paiements traditionnels comme Visa et MasterCard. Ces placements ont fortement gagné en popularité, tant du point de vue de la rotation boursière que de l’évaluation de carbone; profitant de pondérations et de rendements élevés dans de nombreux indices et stratégies de développement durable.

Cependant, un examen plus approfondi révèle que ces sociétés et les produits qu’elles offrent sont généralement dénués de pertinence dans une optique de développement durable et qu’en dépit de leur omniprésence, leur contribution est négligeable.

Selon nous, cette approche manque de perspicacité et ne convient pas aux investisseurs qui souhaitent réellement promouvoir une économie plus viable.

Ce qu’il faut, ce sont de stratégies qui vont au-delà de la simple comparaison unilatérale de l’intensité carbone de deux entreprises ou secteurs, et qui privilégient les approches plus nuancées qui investissent dans des sociétés axées sur la résolution des questions de durabilité et non pas uniquement dans celles qui les évitent.

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Les commentaires que renferme le présent document sont fournis à titre de renseignement d’ordre général basés sur des informations disponibles au 21 août 2018 et ne devraient pas être considérés comme des conseils personnels en matière de placement, une offre ou une sollicitation d’achat ou de vente de valeurs mobilières. Nous avons pris les mesures nécessaires pour nous assurer de l’exactitude de ces commentaires au moment de leur publication, mais cette exactitude n’est pas garantie. Les conditions du marché peuvent changer et le gestionnaire de portefeuille n’accepte aucune responsabilité pour des décisions de placement prises par des individus et découlant de l’utilisation ou sur la foi des renseignements contenus dans ce document. Nous invitons les investisseurs à obtenir les conseils d’un conseiller financier.
Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

L’investissement d’impact au Canada prend de la maturité

Au cours des dix dernières années, l’industrie de l’investissement d’impact s’est définie et redéfinie à plusieurs reprises. Dans de nombreuses régions, l’investissement d’impact a la réputation d’englober toutes les formes de stratégies d’investissement responsable dans toutes les catégories d’actifs.

Mais au Canada, le concept a tendance à se diviser en fonction des catégories d’actifs, les stratégies « d’investissement d’impact » faisant référence aux investissements sur les marchés privés et les stratégies « ESG » et « ISR » aux investissements sur les marchés publics.

Comme tout préadolescent, l’investissement d’impact fait actuellement preuve d’une maturité toute juvénile. Le Canada pourrait être décrit comme un « tardif » par rapport à certains comparateurs mondiaux – moins mature, avec moins d’options d’investissement et moins de capital engagé. L’investissement d’impact entre dans l’adolescence, chargé d’émotions, alimenté par une croissance naissante et prêt à changer le monde. Le scepticisme reste élevé chez les « plus âgés et les plus sages », qui considèrent que l’investissement d’impact est une exubérance juvénile. Mais ils continuent à sous-estimer le potentiel du transfert massif de richesse d’une génération à l’autre ainsi que les priorités de la nouvelle génération, qui diffèrent grandement des leurs.

Alors, comment cette jeune industrie va-t-elle faire ses preuves et mûrir pour devenir l’adulte générateur de changement que nous attendons désespérément?

Concentrez-vous sur l’impact, pas sur le nom

Peu importe comment vous l’appelez, le principe fondamental est le même. Les investisseurs individuels et institutionnels souhaitent de plus en plus susciter des changements sociaux et environnementaux positifs grâce à leurs investissements, dans toutes les catégories d’actifs, et ils ne se soucient guère que ce concept soit nommé investissement « d’impact », « responsable », « durable », etc. Ils souhaitent, et continueront à exiger, des options pour toutes les classes d’actifs. Les investisseurs recherchent des opportunités d’investissement attrayantes offrant des rendements et un impact; ils ne veulent pas écouter un jargon compliqué ni se limiter à une classe d’actifs.

Oui, il est important de créer des conventions de dénomination appropriées, si cela ne fait pas obstacle à l’investissement.

Bâtir des produits et des stratégies d’impact

Jusqu’à présent, les investisseurs d’impacts se sont principalement concentrés sur le capital-investissement et la dette privée alors qu’ils exploraient cet espace émergent. Grand nombre d’entre eux incorporent également des alternatives telles que l’immobilier à vocation sociale, les infrastructures et l’agriculture dans leurs portefeuilles. La prochaine frontière de l’investissement d’impact est sans aucun doute les actions publiques. Les gestionnaires de placements innovants créent des portefeuilles personnalisés d’actions à impact élevé axées sur des domaines tels que les titres sans combustibles fossiles, l’énergie verte, l’égalité homme femme, la diversité dans les conseils d’administration et la justice sociale, pour ne citer que quelques exemples. Ce ne sont pas de simples stratégies ESG ou ISR, elles vont bien au-delà du filtrage négatif, du principe du « premier de classe » et de l’analyse des risques ESG.

Ils recherchent le caractère intentionnel de l’impact social ou environnemental inscrit dans l’ADN de l’entreprise détenue et ensuite mesuré. Toutefois, les portefeuilles personnalisés destinés aux investisseurs privés accrédités et aux fondations ne permettront pas à eux seuls d’atteindre l’ampleur du changement que nous visons. Pour que l’investissement d’impact devienne une « norme », il est nécessaire que les institutions financières et les gestionnaires d’actifs intègrent cette réflexion dans des produits destinés aux investisseurs particuliers et institutionnels.

Mesurer l’impact

La mesure de l’impact fait l’objet de nombreux débats. Les investisseurs d’impact sont divisés sur le concept, sa structure et sa nécessité. Du côté plus sophistiqué du spectre, les investisseurs ont mis sur pied une structure détaillée de mesure d’impact reposant sur des systèmes informatiques et liés à des rapports financiers et stratégiques. D’autre part (et plus généralement), les investisseurs ont du mal à suivre de manière cohérente une poignée d’indicateurs d’impact. Nous constatons un effet d’entraînement avec les cadres mondiaux tels qu’IRIS et les objectifs de développement durable, qui sont essentiels pour créer une approche commune de la mesure entre les investisseurs et les entités émettrices. Nous continuerons de voir une variété d’approches de mesure d’impact basées sur la capacité et la perspective. Ce qui est important, c’est que nous mesurions l’impact d’une manière ou d’une autre et que nous continuions à plaider en faveur d’investissements qui auront un impact toujours plus important.

Infrastructure de l’investissement d’impact

L’investissement à impact doit être soutenu par des mentors et des modèles exemplaires pour atteindre son plein potentiel au fur et à mesure qu’il se développe. L’investissement d’impact peut être extrêmement bénéfique en exploitant les plates-formes, systèmes et canaux de distribution sur lesquels repose la finance traditionnelle. Professionnels de la finance et de l’investissement, investisseurs, entrepreneurs : nous comptons sur votre sagesse, votre soutien, votre ingéniosité et votre ouverture d’esprit. L’investissement d’impact est la prochaine génération de l’investissement. Investissez dans son succès.

Grandir n’est pas facile : c’est maladroit et imparfait, caractérisé paradoxalement par l’insécurité et la confiance excessive. Pourtant, la jeunesse apporte clarté, perspective et innovation. Investir dans l’impact au Canada est sur le point d’engendrer des changements sociaux et environnementaux durables, mais il faut d’abord sortir de l’enfance et atteindre la maturité.

Le parcours ne sera pas sans embuches, mais pour notre bien-être et celui des générations à venir, il est important de garder le cap. La détermination, l’itération et le parti pris pour l’action verront l’investissement d’impact mûrir. Nous verrons l’impact pris en compte dans toutes les catégories d’actifs, dans une multitude de produits et de stratégies. Nous aurons des offres de services et une gestion d’actifs approfondies. Et plus important encore, nous aurons l’impact positif auquel nous aspirons. Cet adolescent sera un adulte bien plus vite que nous le croyons!

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Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

Le nucléaire convient-il à un portefeuille de placements responsables?

Débattre de l’énergie nucléaire d’un point de vue des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG)

Au fur et à mesure que le domaine ESG évolue, un certain nombre de sujets et d’enjeux devront être débattus. Par exemple, les Nations Unies mentionnent 17 objectifs de développement durable, l’un de ceux-ci étant la faim « zéro ». Dans nos recherches sur une entreprise comme Nutrien, qui produit des engrais, nous pourrions certainement la ranger dans la catégorie des entreprises qui essaient d’atteindre cet objectif. Cependant, Nutrien échoue ou reçoit une note négative à l’égard d’autres objectifs durables comme « eau propre et assainissement » et « vie terrestre ». Dans ces domaines, les engrais et les fabricants d’engrais contribuent au problème de la pollution.

L’énergie nucléaire occupe une zone grise similaire aux yeux de la communauté ESG, et c’est pourquoi nous pensons qu’il est important de débattre de ses mérites du point de vue des facteurs ESG. Le nucléaire a un grand potentiel en tant que source d’énergie, mais il est controversé pour de nombreux investisseurs.

Les inconvénients du nucléaire

L’énergie nucléaire, qui utilise l’uranium comme combustible, produit des déchets qui restent (pratiquement) à jamais radioactifs. Le stockage et la gestion à long terme des déchets radioactifs restent des préoccupations centrales.

Il existe diverses technologies d’énergie nucléaire; au Canada, nous avons notre propre technologie appelée CANDU (Canada Deutérium Uranium). Les barres de combustible sont remplacées tous les 18 mois environ, ce qui entraîne un problème d’élimination. C’est le principal inconvénient de l’énergie nucléaire : le casse-tête relatif à l’entreposage à long terme des barres de combustible irradié. Entreposées dans de grandes piscines, ces barres doivent être surveillées en permanence aux fins de sécurité ainsi que pour les protéger contre leur réutilisation pour la production d’armes nucléaires.

De plus, il y a eu plusieurs accidents largement publicisés mettant en cause l’énergie nucléaire, plus récemment à Fukushima au Japon. Malheureusement, il est impossible d’évaluer les risques de répétition d’un tel événement, dont les conséquences sont importantes, mais la probabilité qu’il survienne est faible. La Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) a établi un plan d’action quadriennal pour veiller à ce que les leçons tirées de l’accident de Fukushima soient appliquées au Canada afin d’améliorer la sûreté de nos installations nucléaires. La bonne nouvelle est que le groupe de travail de la CCSN a confirmé que les installations nucléaires au Canada sont capables de résister aux événements externes crédibles, tels que les tremblements de terre, et d’y répondre.

Les avantages du nucléaire

L’énergie nucléaire produit de l’électricité à partir de l’uranium, une ressource naturelle qui est extraite du sol. Les avantages de l’énergie nucléaire sont une faible pollution, des coûts d’exploitation bas (le coût du combustible est pratiquement nul par kWh) et une fiabilité élevée. L’énergie nucléaire crée un certain nombre d’emplois bien rémunérés dans la collectivité où est implantée une centrale nucléaire et produit de l’électricité sans émissions dans un cadre hautement réglementé.

I’l n’existe pas de source d’énergie idéale

Alors que nous envisageons un transport de l’avenir qui sera essentiellement électrique, il faudra absolument trouver une source d’électricité propre. Le gaz naturel produit moins de carbone que le charbon ou le pétrole, mais il produit des gaz à effet de serre, ainsi que d’autres émissions nocives, comme les oxydes d’azote.

Les panneaux solaires contiennent des éléments toxiques comme le cadmium, qui est utilisé dans les modules solaires en couche mince, une technologie très répandue. Le cadmium est l’une des six matières les plus toxiques et mortelles que l’on connaisse. Le cadmium des panneaux solaires (CdTe ou tellurure de cadmium) semble être moins toxique que le cadmium élémentaire, mais son niveau précis de toxicité est inconnu.

Même si un programme d’élimination réglementée pourrait tôt ou tard voir le jour, la sécurité à long terme des panneaux solaires contenant du tellurure de cadmium est un problème pour l’industrie solaire.

Évaluation des avantages et des inconvénients de l’énergie nucléaire

À notre avis, le principal problème de l’énergie nucléaire est l’élimination du combustible nucléaire irradié. Bien entendu, le problème de la gestion des déchets n’est pas propre au secteur nucléaire. L’industrie des panneaux solaires peut toutefois compter sur différentes techniques pour immobiliser physiquement les métaux lourds comme le cadmium afin qu’ils puissent être éliminés en toute sécurité dans un site d’enfouissement pour déchets dangereux. Malheureusement, il n’existe pas de méthodes similaires efficaces pour le combustible nucléaire.

Cela dit, nous nous consolons en sachant que le combustible nucléaire irradié est rigoureusement surveillé et réglementé. Même si l’entreposage à long terme des déchets nucléaires prend de l’espace, la quantité d’énergie produite est élevée. Par exemple, le combustible utilisé dans les 20 réacteurs nucléaires de l’Ontario est entreposé sur le site de Bruce Power, dans une piscine de la taille d’une piscine classique (bien qu’elle ait une profondeur d’environ 14 pieds); il est entreposé là pour 10 à 20 ans, après quoi il sera retraité ou placé dans des fûts d’entreposage à sec. Depuis les années 1960, la totalité du combustible irradié canadien occuperait l’équivalent de sept patinoires de hockey, depuis la surface de la glace jusqu’au haut de la bande1.

Si l’on rattache tout cela aux objectifs de développement durable des Nations Unies, à savoir « Énergie propre et d’un coût abordable », « Industrie, innovation et infrastructure » et « Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques », il semble qu’on pourrait démontrer qu’il est possible d’envisager le nucléaire comme placement dans des portefeuilles ESG. Mieux encore, les sociétés d’ingénierie qui assurent la mise hors service d’installations nucléaires3 pourraient être très bien adaptées à un portefeuille ESG.

Sources:

  • nuclearsafety.gc.ca
  • Principes pour l’investissement responsable des Nations Unies
    La mise hors service d’installations nucléaires est le processus administratif et technique par lequel une installation nucléaire, comme une centrale nucléaire, un réacteur de recherche, une usine de production d’isotopes, un accélérateur de particules ou une mine d’uranium, est déclassée afin de faire en sorte qu’elle n’ait plus besoin de mesures de protection contre les rayonnements.
  • Clause de non-responsabilité:
Clause de non-responsabilité
Les opinions exprimées dans le présent article sont celles de Dominique Barker et non celles de Gestion d’actifs CIBC. Cet article vise à donner des renseignements généraux et ne vise aucunement à vous donner des conseils financiers, de placement, fiscaux, juridiques ou comptables, et il ne constitue ni une offre ni une sollicitation d’achat ou de vente des titres mentionnés. La situation personnelle et la conjoncture doivent être prises en compte dans une saine planification des placements. Toute personne voulant utiliser les renseignements contenus dans le présent article doit d’abord consulter son conseiller. L’information qui s’y trouve provient de sources jugées fiables et nous semble juste au moment de sa publication, mais nous ne pouvons en garantir l’exactitude, l’exhaustivité, ni la fiabilité. Sauf indication contraire, toutes les opinions et estimations figurant dans le présent article datent du moment de sa publication et peuvent changer. Certains renseignements que nous vous avons fournis pourraient constituer des énoncés prospectifs. Ces énoncés comportent des risques connus et non connus, des incertitudes et d’autres facteurs pouvant faire en sorte que les résultats ou les rendements réels diffèrent sensiblement des résultats ou des rendements futurs prévus explicitement ou implicitement dans lesdits énoncés prospectifs.
Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

Les investisseurs canadiens redoublent d’efforts pour lutter contre les changements climatiques

Au Canada, l’impact des changements climatiques devient de plus en plus manifeste.

L’année dernière, le sous-gouverneur de la Banque du Canada a prononcé un discours dans lequel il mentionnait des « effets importants et généralisés » sur l’économie canadienne, pointant la convergence d’un nombre croissant de phénomènes météorologiques liés au dérèglement climatique, depuis les feux de forêt, les tempêtes, les sécheresses, les espèces invasives et les fermetures de routes jusqu’aux cycles de réchauffement, autant d’éléments qui créent tous des risques potentiels pour les investisseurs.

Selon les travaux de recherche menés sous l’égide du gouvernement fédéral, le coût des changements climatiques pour l’économie canadienne est estimé entre 21 et 43 milliards de dollars d’ici 2050.  Il n’est donc pas surprenant d’observer les préoccupations croissantes des investisseurs face aux risques importants liés aux changements climatiques.

En décembre 2015, le Conseil de stabilité financière (FSB) a mis en place la TCFD afin de définir un ensemble uniforme d’informations relatives aux risques financiers liés au climat à publier par les entreprises sur une base volontaire pour informer les investisseurs, prêteurs, assureurs et autres parties prenantes. La TCFD a publié ses recommandations finales en 2017, à l’issue d’un processus collaboratif de consultations des parties prenantes dans le monde entier.

L’année dernière, dans le cadre de leur Reporting 2018, les PRI ont intégré à titre de test des indicateurs de reporting sur le climat en se fondant sur les recommandations formulées par la TCFD en juin 2017. L’objectif était d’améliorer les informations publiées par le secteur et de permettre aux investisseurs de mettre en œuvre les orientations de la TCFD. Au total, 480 signataires des PRI (sur 1449 à l’échelle mondiale) ont renseigné les indicateurs dans le Reporting 2018, dont 28 signataires canadiens (sur 88 signataires ayant rempli le reporting au Canada).

Cette expérimentation sera poursuivie dans le Reporting 2019 qui intégrera des indicateurs sur le climat fondés sur les travaux de la TCFD. Les indicateurs seront mis à jour pour tenir compte du retour d’expérience des signataires, et notamment de la nécessité d’une simplification et de conseils pratiques supplémentaires. Les PRI continueront d’accompagner la mise en œuvre des recommandations de la TCFD sur les marchés, en encourageant les régulateurs, les entreprises et les investisseurs à poursuivre leurs efforts dans ce domaine.

L’année dernière, les PRI ont, avec le concours de Baker McKenzie, réalisé une analyse locale qui portait sur le point de vue des Canadiens à l’égard des recommandations.

L’analyse a montré que les réglementations en vigueur au Canada en matière d’informations à publier sur le climat ne sont pas encore cohérentes entre les différents secteurs ou qu’elles diffèrent par le champ d’application ou les outils du reporting. Dans la mesure où le Canada a fait preuve d’une relative lenteur dans la mise en œuvre de réglementations exhaustives encourageant ou obligeant les entreprises à prendre en compte l’exposition au risque climatique et à publier des informations à ce sujet, l’adoption d’un référentiel clair et cohérent avec les recommandations de la TCFD devrait aider de manière appréciable les entreprises à comprendre le périmètre idéal des informations à publier, à prendre conscience du risque climatique dans le cadre de leurs activités et à l’intégrer dans leurs systèmes de reporting existants (ou en cours de développement).

Ce référentiel améliorerait la qualité et la cohérence des informations communiquées aux investisseurs, en particulier pour apprécier le degré de vulnérabilité des entreprises, et identifier celles qui considèrent la transition comme une opportunité d’amélioration de leur viabilité à long terme et de leur attractivité pour les investisseurs.

Alors que la réglementation évolue lentement sur le sujet des informations relatives au climat, leur publication dans le cadre du dépôt habituel des états financiers non seulement garantira la qualité de ces informations, mais permettra également de promouvoir et de normaliser leur prise en compte et leur importance dans le milieu des entreprises et des investisseurs au Canada. En outre, des informations détaillées et commerciales permettront de conserver, voire d’améliorer la confiance des investisseurs, en raison des possibilités d’analyse qui en résulteront et de la fiabilité des informations dont la publication est recommandée par la TCFD pour tous les secteurs, notamment au regard de la prise en compte du risque climatique au niveau du conseil d’administration de l’entreprise, de la manière dont les risques et opportunités liés au climat sont envisagés dans la stratégie de l’entreprise et dans ses processus de gestion des risques, et de la qualité des méthodes utilisées par l’entreprise pour évaluer et contrôler les impacts de ces risques et opportunités sur son activité.

Le référentiel d’informations à publier pourrait être largement adopté par les différents secteurs, permettant ainsi des comparaisons plus claires et plus cohérentes entre les entreprises au sein d’une juridiction. Il contribuerait vraisemblablement à renforcer la transparence des informations publiées par les entreprises canadiennes et à améliorer la compréhension de celles-ci par les investisseurs malgré la multiplicité des juridictions infranationales.

Compte tenu de la position unique du Canada au regard des risques climatiques, notamment de l’étendue de son territoire, des nombreux impacts physiques potentiels des changements climatiques et de la dépendance de son économie à l’égard des ressources naturelles, l’adoption d’un référentiel fiable et transparent d’informations à publier sera un élément central pour la transition en douceur du Canada vers une économie bas-carbone et le maintien de la stabilité des marchés financiers pendant cette période.

Le rapport recommandait que les régulateurs fédéraux et provinciaux, notamment les Autorités canadiennes en valeurs mobilières, approuvent les recommandations de la TCFD, et que la Bourse de Toronto et la Bourse de croissance TSX y fassent référence dans leurs orientations de reporting.

Le rapport indiquait en outre que les informations publiées au Canada par les entreprises étaient limitées en matière de questions « ESG », ou de facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance, éléments utilisés pour évaluer la viabilité à long terme et l’éthique d’une entreprise. De surcroît, les changements climatiques tendent à être regroupés dans la rubrique des obligations liées à l’environnement, mais ne font pas l’objet d’un traitement à part entière. Le rapport en concluait que la publication d’informations relatives au climat « progressait relativement lentement » au Canada.

La mise en œuvre des recommandations de la TCFD aidera le secteur financier et les parties du secteur non financier qui seront exposées de manière accrue aux risques, pendant et après la transition vers une économie mondiale bas-carbone, à comprendre les risques importants liés au climat et à agir efficacement pour y répondre.

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