Rénovations, R&D et bâtiments régénératifs: investir dans l’immobilier durable

Dans le débat sur le réchauffement climatique, le secteur immobilier doit s’imposer comme un acteur clé. Nos logements, nos bureaux, nos magasins, nos espaces de loisirs – autrement dit, l’ensemble des infrastructures physiques indispensables à notre prospérité et à notre bien-être – représentent en effet près de 40 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Et l’environnement bâti est à l’origine d’autres problèmes écologiques, à commencer par une consommation d’eau et d’énergie ainsi qu’une production de déchets excessives.

Fig 1: Empreinte considérable Secteur du bâtiment et de l’immobilier: estimation de la contribution à l’économie et à l’environnement

Source: Programme pour l’environnement de l’ONU, 2019


Comment réduire l’empreinte écologique du secteur immobilier ? Tel était le thème du Forum de Klosters de cette année, qui portait sur « l’avenir de l’environnement bâti ». Le Forum de Klosters est une organisation à but non lucratif basée en Suisse qui vise à accélérer le changement positif pour l’environnement en encourageant le dialogue et la collaboration. À l’occasion de sa réunion annuelle de trois jours en juin, notre collègue Zsolt Kohalmi, responsable des investissements dans l’immobilier et co-CEO de Pictet Alternative Advisors, a lancé le débat en mettant en évidence les difficultés liées à l’évaluation des caractéristiques environnementales de l’immobilier. Il a notamment évoqué la « valeur temporelle des émissions de carbone », représentative des complexités auxquelles les sociétés immobilières et les investisseurs sont confrontés à l’heure de la transition vers des pratiques plus durables.

Le carbone incorporé : le sombre secret de la construction

Si l’on prend en compte la durée de vie moyenne d’un bâtiment, jusqu’à 45% des émissions totales sont produites durant les deux premières années, c’est-à-dire pendant la phase de construction, qui comprend l’extraction de matières premières, leur transformation, le transport, l’installation et la gestion des déchets. Cette part d’émissions – aussi appelée carbone incorporé – dépasse largement les émissions de carbone opérationnelles, soit le volume de carbone émis chaque année après la mise en service du bâtiment.

Les participants au Forum de Klosters, qui comprenaient des architectes, urbanistes, start-ups de construction verte, scientifiques en sciences des matériaux et investisseurs, ont partagé leurs expériences personnelles, ainsi que leurs réflexions sur les mesures à adopter pour répondre aux enjeux environnementaux dans le secteur immobilier. Plusieurs thèmes en sont ressortis, notamment le rôle de la nature dans l’environnement bâti. Les participants se sont accordés sur la nécessité de reconnecter l’environnement bâti avec la nature. Ceci implique l’adoption de techniques de construction novatrices, passant par l’intégration d’éléments naturels et régénérateurs, l’expérimentation de matériaux biosourcés, tels que le bois et les algues, ou encore la mise en œuvre de stratégies de reforestation, de reboisement et d’autres méthodes de capture du carbone.

Mikolaj Sekutowicz, un participant au Forum et partenaire responsable du développement stratégique ainsi que de la culture au sein du Groupe Therme, une entreprise qui développe un nouveau projet du secteur riverain à Toronto, s’est référé à la phrase célèbre du botaniste italien Stefano Mancuso « Nous vivons dans une sorte d’aveuglement à l’égard des plantes et de la nature ». À quoi Sekutowicz a ajouté : « Nous devons intégrer la nature dans notre culture. Car culture et nature ne sont pas antithétiques ».

Rénover plutôt que démolir et reconstruire

La construction de nouveaux bâtiments, même au moyen de techniques durables, n’est pas forcément la panacée. Dans de nombreux pays développés, où les bâtiments ont été construits durant les dernières décennies, la rénovation du parc immobilier existant peut s’avérer une meilleure option pour réduire les émissions de carbone. En Europe, par exemple, où environ 90% du parc immobilier a été construit avant 1990, et 40% avant 1960, les émissions de CO2 liées aux rénovations seraient de 70% inférieures aux volumes associés aux nouvelles constructions, compte tenu du carbone incorporé.

Cela ne veut pas dire pour autant que pour d’autres régions du monde, construire ne s’avère pas nécessaire. Notamment, pour les économies asiatiques, africaines et latino-américaines qui auront besoin de surfaces résidentielles et commerciales supplémentaires pour répondre à l’augmentation de la population. Il n’existe pas de solution universelle en matière de bâtiments durables. Les approches adoptées doivent être décidées au cas par cas, en prenant compte des caractéristiques propres au lieu considéré, telles que les technologies de construction adaptées aux différentes géographies et les matériaux de base à disposition.

Venise : Approches modernes et classiques de la construction durable

Venise, ville italienne dont l’existence même est menacée par le changement climatique, peut être source d’inspiration.  Au moment de sa construction il y a 1600 ans, des aulnes résistants à l’eau, abondants dans les forêts voisines, avaient été utilisés pour édifier des fondations capables d’assurer la stabilité des bâtiments sur des sols marécageux. Aujourd’hui, c’est vers de nouvelles solutions basées sur la nature que la ville se tourne pour assurer son avenir. Par exemple, elle recourt aux matériaux naturels disponibles dans la région et à une main d’œuvre locale pour construire des fortifications dans la ceinture de marais salants, qui représente la meilleure protection contre les tempêtes et les courants marins. Les habitants et des entreprises locales contribuent par ailleurs à ce projet de bio-ingénierie, synonyme d’emplois et d’opportunités économiques pour la région.

Comme le montrent les efforts déployés à Venise, les gouvernements et les autorités municipales ont un rôle clé à jouer en matière de construction durable. Les participants au Forum prônent des politiques basées sur la stratégie de la carotte et du bâton – encourageant les sociétés et les projets favorables au climat et à la nature par le biais d’allègements fiscaux et de subventions intelligentes, tout en pénalisant ceux qui sont nuisibles.

Investir dans la R&D et les méthodes de construction durable

Augmenter l’investissement dans la recherche et le développement (R&D) doit également devenir une priorité si l’on entend renforcer la compétitivité, encourager l’innovation et accélérer la transition durable. Le secteur de la construction est traditionnellement considéré comme un secteur conservateur et peu axé sur la technologie, faute d’investissements suffisants en R&D (moins de 5% des revenus, contre 10% au moins dans les secteurs de la santé et des technologies de l’information, selon les estimations)¹. 

Le secteur financier a également un devoir. La transition durable dans le bâtiment offre des opportunités d’investissement importantes et croissantes sur le long terme. Le secteur doit notamment investir des capitaux privés dans les bâtiments durables afin de répondre à la demande toujours plus forte des investisseurs pour des solutions intégrant des considérations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) et/ou entraînant des changements positifs. Face à une demande de constructions éco-efficientes et respectueuses de l’environnement qui ne cesse d’augmenter, une approche plus réfléchie des processus de construction, de gestion, de rénovation et de démolition s’impose pour adapter l’environnement bâti au défi climatique et le rendre équitable pour tous.

Comme le disait l’ancien Premier ministre britannique Winston Churchill en 1944 : « Nous façonnons nos bâtiments ; par la suite, ils nous façonnent. ».

Source
[1] European Commission, OECD et Pictet Asset Management


Clause de non-responsabilité de l’AIR
Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

Le captage, l’utilisation et le stockage du carbone : une occasion de diversification des investissements

Au cours des deux dernières décennies, les énergies renouvelables et l’électrification des transports, en particulier les véhicules électriques, ont bénéficié d’une part importante du capital des investisseurs. Cette tendance à l’adoption d’énergies alternatives à faible teneur en carbone ne montre aucun signe de ralentissement, les sociétés se lançant dans une course contre la montre pour réduire leur empreinte carbone. Selon le récent rapport de BloombergNEF (BNEF) [Tableau 1], les investissements mondiaux dans la transition énergétique à faible émission de carbone ont atteint 755 milliards de dollars en 2021, marquant une augmentation de 27 % par rapport à 2020. On s’attend à ce que ce goût prononcé pour la réduction des émissions de carbone reste bien présent dans l’esprit des décideurs et des investisseurs à mesure que se rapproche l’échéance de 2030/2050 pour atteindre les émissions nettes nulles. L’atteinte de zéro émission nette constitue une occasion unique pour les investisseurs. Une solution potentiellement prometteuse dans ce secteur est le captage, l’utilisation et le stockage du carbone (« CUSC »).

Tableau 1: Investissement mondial dans la transition énergétique par secteur

Source : BNEF, Energy Transition Investment Trends 2022

CUSC désigne les technologies qui captent le CO2 à partir de sources ponctuelles importantes. Le plus souvent, ces sources sont des installations de production d’électricité ou des processus industriels qui utilisent des combustibles fossiles ou de la biomasse comme carburant, comme les installations de fabrication de ciment ou d’engrais. Il existe également de nouvelles technologies dans le cadre du CUSC qui permettent de capter le CO2 directement de l’atmosphère, connues sous le nom de « captage direct dans l’air », mais ces projets à grande échelle n’en sont qu’à leurs débuts. Certains projets visent à injecter et à stocker le CO2 de manière permanente sous terre, ce qui pourrait atténuer les rejets nocifs dans l’atmosphère. Grâce au CUSC, le CO2 capté est utilisé dans toute une série d’autres applications, telles que la production d’engrais, les serres, le traitement de l’eau, ou utilisé comme matière première dans les carburants synthétiques. 

Si le CUSC existe depuis les années 1970, les coûts élevés et le manque d’incitations économiques ont freiné son développement. Toutefois, l’avenir du CUSC est très prometteur compte tenu de l’élan récent qui a conduit à un développement et à un intérêt accrus pour celui-ci dans le secteur de l’énergie. Les principaux moteurs de cet élan sont l’explosion du nombre d’engagements « net zéro » de la part des gouvernements et des entreprises, l’augmentation de la confiance des investisseurs grâce aux politiques connexes et l’émergence de nouveaux modèles d’affaires. Parmi les partisans de la technologie CUSC et les acteurs les plus expérimentés dans ce domaine figurent certains des producteurs d’énergie parmi les plus grands émetteurs de CO2, dont un nombre croissant envisage la technologie CUSC comme un élément essentiel de leurs plans de transition vers une économie à faible émission de carbone.

Collaborations dans le cadre du CUSC

La Pathways Alliance, une coalition des six plus grands producteurs de sables bitumineux du Canada, qui représentent 95 % de la production de sables bitumineux du pays, collabore activement à la réalisation de l’objectif Net Zero d’ici 2050, qui consiste à éliminer 22 millions de tonnes d’émissions d’ici 2030 grâce à un investissement de 24 milliards de dollars dans des installations de captage et de stockage du carbone. Des coalitions similaires se sont également formées au sud de la frontière, telles que la Houston Carbon Capture & Storage Alliance (CCS) et la Washington D.C’s Carbon Capture Coalition, une collaboration non partisane de plus de 100 entreprises, syndicats, organisations de préservations et groupes de politique environnementale, visant à soutenir la politique fédérale de déploiement des technologies de gestion du carbone. 

Potentiel de croissance

Le CUSC présente également un potentiel de croissance économique important, comme l’a noté la Houston Carbon Capture & Storage Alliance, qui estime que les investissements privés pourraient atteindre plus de 60 milliards de dollars et permettre la création de plus de 18 000 emplois par an liés à ces projets dans le seul État du Texas. Avec l’acceptation croissante de la technologie CUSC, les acteurs du secteur de l’énergie sont passés du statut de lobbyistes contre le changement climatique à celui de champions du « Net Zero », soulignant que le CUSC est une opportunité viable de répondre aux besoins énergétiques et industriels tout en réduisant les émissions de CO2.

Soutien des gouvernements canadien et américain

L’activité dans l’espace a également augmenté, les décideurs politiques du monde entier ayant récemment affecté près de 18 milliards de dollars américains au développement et au déploiement du CUSC. À ce jour, le Canada et les États-Unis restent parmi les pays les plus actifs en matière de soutien au CUSC. Ensemble, les États-Unis et le Canada représentent 65 % de la capacité mondiale de captage du carbone, et de nouvelles politiques ciblées constituent des incitations positives pour le développement et le déploiement du CUSC Les facteurs favorables au CUSC comprennent la loi américaine sur la réduction de l’inflation (IRA), qui offre des incitations substantielles aux projets liés au CUSC en augmentant le montant du crédit (le double pour les centrales électriques et industrielles et le triple pour le captage direct dans l’air) et en prolongeant les délais de qualification de 7 ans, jusqu’en 2033.

Parallèlement, grâce à la loi américaine sur l’investissement dans les infrastructures et l’emploi, environ 12 milliards de dollars américains seront offerts à la chaîne de valeur du CUSC sous forme de financement de la recherche et du développement (R&D), de prêts et d’aide à l’obtention de permis. Au Canada, le gouvernement fédéral a proposé un crédit d’impôt à l’investissement remboursable pour les projets de CUSC évalués à 2,6 milliards de dollars canadiens entre 2022 et 2030. En outre, 319 millions de dollars canadiens seront investis dans la R&D pour faire progresser la viabilité commerciale du CUSC dans le cadre du budget fédéral de 2021. En outre, les commentaires récents des politiciens canadiens expriment un désir à court terme d’augmenter les crédits d’impôt canadiens pour les aligner sur ceux des États-Unis, ce qui accélérera et élargira probablement le potentiel de développement des projets de CUSC.

Tableau 2: Projets de captage du CO2 à l’échelle commerciale en cours de développement

Tableau 3: Dépenses historiques et potentielles annualisées pour les projets

Tableau 2 & 3 Source : IEA, World Energy Investment 2022

Selon le rapport de l’IEA intitulé World Energy Investment 2022, plus de 300 projets sont actuellement à différents stades de la chaîne de valeur du CUSC dans le monde entier [Tableau 2]. Les puissants courants porteurs de la politique législative et le soutien des acteurs du marché, tant publics que privés, ont préparé le terrain pour que le CUSC figure parmi les technologies les plus défendues dans la lutte contre le changement climatique. Alors que le monde entre dans une nouvelle ère de décarbonisation, tous les regards se tournent vers le potentiel du CUSC, qui offre aux investisseurs une possibilité de diversifier davantage leurs portefeuilles énergétiques au-delà et en complément des énergies renouvelables et des transports électrifiés. 


Clause de non-responsabilité de l’AIR
Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

Certification de l’information sur la durabilité : s’armer contre l’écoblanchiment

L’engouement pour les investissements faits en fonction de facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) ne se dément pas. En effet, selon Bloomberg Intelligence, la valeur des actifs de cette catégorie devrait connaître une forte augmentation au cours des trois prochaines années, pour passer de 35 à 50 billions de dollars américains.

Et c’est sans compter le marché mondial des instruments d’emprunt durables, qui enregistre une croissance phénoménale. Selon une étude menée par Comptables professionnels agréés du Canada (CPA Canada) et l’International Federation of Accountants (IFAC), les émissions d’obligations vertes, à impact social, durables et liées à la durabilité se sont chiffrées à 1 billion de dollars américains en 2021 – un record – et devraient atteindre 1,35 billion de dollars américains cette année.

Pour ces deux catégories, les investisseurs prennent leurs décisions en matière d’affectation du capital en se fondant sur une information relative à la durabilité dont la publication est, dans bien des cas, facultative. Pour l’heure, les organisations sont libres de choisir leurs indicateurs, de cibler les éléments qui les montrent sous un jour favorable, et donc de se dépeindre comme étant plus « durables » qu’elles ne le sont en réalité, ce qui fait craindre des pratiques d’écoblanchiment.

Selon une étude, plus de 90 % des plus grandes sociétés ouvertes présentent de l’information sur la durabilité, mais seulement 58 % d’entre elles font vérifier cette information, et pas nécessairement par des comptables. Pourtant, ces derniers sont sans doute les mieux placés pour certifier l’information financière. C’est pourquoi de nombreux investisseurs ont recours à des analyses indépendantes d’agences de notation et de fournisseurs de données ESG afin de prendre des décisions d’investissement selon leurs propres critères.

En ce qui a trait aux instruments d’emprunt durables, les investisseurs doivent évaluer les choix d’indicateurs de durabilité des émetteurs et se demander si ces indicateurs permettent de mesurer efficacement la performance d’un instrument. Il leur faut également vérifier si cette information a été certifiée et comment elle l’a été.

Pour lutter contre l’écoblanchiment et s’assurer que les investisseurs puissent prendre des décisions d’investissement éclairées, il est donc essentiel de se doter d’une information sur la durabilité de grande qualité, transparente et vérifiée de manière indépendante. Compte tenu de l’importance du capital en jeu, cette information doit être d’aussi bonne qualité que l’information financière des sociétés.

La durabilité : un état des lieux

L’IFAC a mené, en collaboration avec l’AICPA-CIMA, une étude comparative mondiale, intitulée The State of Play in Sustainability Assurance, de l’information sur la durabilité et des pratiques de certification de 1400 grandes sociétés ouvertes dans 22 pays.

Les résultats de cette étude sont révélateurs. On y constate que la nature des travaux de certification est généralement limitée et que les pratiques et les fournisseurs de services varient d’un pays à l’autre. Il en résulte possiblement un écart entre les attentes des investisseurs et la réalité, ce qui donne à penser que des progrès restent à faire. Voici les faits saillants de l’étude :

  • Plus de 90 % des sociétés présentent de l’information sur la durabilité, mais seulement 58 % d’entre elles la font certifier, et, dans bien des cas, la certification ne porte que sur une partie de l’information publiée. Lorsque ces sociétés font appel à des cabinets de professionnels comptables, ces derniers appliquent, dans 94 % des cas, les normes de l’International Auditing and Assurance Standards Board (IAASB), organisme qui établit les normes mondiales en matière d’audit, de certification et de gestion de la qualité. La majorité des autres fournisseurs de services appliquent des normes distinctes dans le cadre de leurs missions.
  • Il existe deux niveaux d’assurance : limitée et raisonnable. À l’heure actuelle, plus de 80 % des missions de certification de l’information sur la durabilité procurent une assurance limitée. Il s’agit certes d’un niveau valable, mais qui n’égale en rien celui d’un audit des états financiers. Dans le bulletin Alerte certification en durabilité : Expression d’une assurance par des tiers à l’égard de l’information relative à la durabilité, CPA Canada analyse ce thème plus en profondeur.

L’harmonisation des normes se poursuit à l’échelle mondiale

Presque 20 ans après le lancement par les Nations Unies d’une initiative historique, Who Cares Wins, ayant mené à l’apparition du terme « ESG », la nécessité de l’information sur la durabilité n’est plus à démontrer, tant pour les investisseurs que pour les sociétés de toutes tailles, quel que soit le secteur ou le pays. En revanche, déroutés par une profusion de référentiels d’application facultatifs entraînant complexité et confusion, les émetteurs ne savent pas quelle méthode employer pour présenter cette information.

En novembre 2021, l’IFRS Foundation a mis sur pied l’International Sustainability Standards Board (ISSB), qui œuvre de concert avec l’International Accounting Standards Board en vue de la création d’une base de référence mondiale en matière d’information sur la durabilité et de la mise à la disposition des investisseurs d’informations cohérentes et comparables de grande qualité.

Ce nouvel organisme avance rapidement. En mars 2022, il a publié les exposés-sondages de ses deux premières normes : IFRS S1 – Obligations générales en matière d’informations financières liées à la durabilité, qui énonce des obligations générales en vertu desquelles les entités seraient tenues de fournir des informations sur l’ensemble des possibilités et risques importants liés à la durabilité qui se présentent à elles; et IFRS S2 – Informations à fournir en lien avec les changements climatiques, qui énonce les obligations en matière d’identification, d’évaluation et de communication des informations en lien avec les changements climatiques.

Parallèlement, des initiatives d’information propres à certains pays ou territoires voient le jour. Celle de l’Union européenne est la plus aboutie. Au Canada, la création du Conseil canadien des normes d’information sur la durabilité (CCNID) a été annoncée en juin 2022. Ce dernier devrait entrer en activité en avril 2023. En matière de réglementation, les Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM) et la Securities and Exchange Commission (SEC) des États-Unis poursuivent leurs efforts en vue de la formulation de leurs propres propositions visant l’amélioration et l’uniformisation de l’information sur la durabilité. Des représentants des organismes de réglementation nationaux se rencontrent au sein de groupes de travail afin d’aplanir autant que possible les différences.

Une dynamique se dessine en faveur de normes de certification de l’information sur la durabilité d’application obligatoire

L’IAASB travaille à l’élaboration d’une norme distincte d’application générale, qu’il prévoit de publier pour commentaires au deuxième semestre de 2023. S’appuyant sur les normes et les indications existantes de l’IAASB, cette norme portera sur la certification de l’information qui a trait à tous les sujets liés à la durabilité et sur les référentiels d’information.

L’Organisation internationale des commissions de valeurs (OICV) a salué les importants travaux de l’IAASB, menés conjointement avec le Conseil des normes internationales de déontologie comptable (IESBA). « Ces normes amélioreront l’uniformité, la comparabilité et la fiabilité des informations sur le développement durable qui sont présentées, rehaussant ainsi la confiance à l’égard de ces informations », s’est réjoui l’OICV.

Les États-Unis et l’Union européenne envisagent déjà d’exiger que les travaux de certification de ce type d’information procurent un niveau d’assurance raisonnable. Si les acteurs des marchés souhaitent traiter l’information sur la durabilité sur un pied d’égalité avec l’information financière, le niveau d’assurance doit être relevé en conséquence.

En conclusion

L’influence des investisseurs a été décisive pour pousser à l’élaboration de normes de haute qualité en matière d’information sur la durabilité. Il faut maintenant se concentrer sur la certification de cette information afin qu’elle parvienne au même niveau de cohérence, de comparabilité et de fiabilité que l’information financière. Nous vous invitons à vous informer sur les initiatives de CPA Canada et de l’IFAC sur les facteurs ESG. N’hésitez pas à participer aux discussions et à donner votre avis, notamment lors des consultations. C’est ainsi que les changements iront dans le bon sens.


Clause de non-responsabilité de l’AIR
Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

Engagement climatique Canada : Comment les investisseurs s’appuient sur une initiative mondiale pour la transition vers la neutralité carbone

Alors que l’année 2022 continue d’être ponctuée de perturbations météorologiques et de catastrophes climatiques dans le monde entier, la pression s’accentue pour que les secteurs public et privé soutiennent et atteignent les objectifs de zéro émission nette. Cependant, le Canada occupe une position unique et est confronté à un défi dans le cadre de la transition mondiale vers une économie carboneutre.

En 2018, le gouvernement du Canada a nommé le Groupe d’experts sur la finance durable pour présenter une série de recommandations visant à mettre à l’échelle et à aligner « l’expertise, de l’ingéniosité et l’influence du secteur financier vers les défis et les possibilités que posent les changements climatiques » Parmi ces recommandations figuraient les suivantes : 

« Encourager les principaux gestionnaires d’actifs canadiens à mettre sur pied un programme national de mobilisation mené par les investisseurs, analogue au modèle de l’initiative Climate Action 100+, pour pouvoir tenir un dialogue plus cohérent et plus large avec les émetteurs canadiens. Responsable : La communauté canadienne de la gestion des actifs. » 

Climate Engagement Canada (CEC) est la réponse à cet appel à l’action, et vise à devenir le modèle canadien d’action climatique menée par les investisseurs. Cette collaboration nationale, la première du genre, s’appuie sur l’initiative mondiale Climate Action 100+ (CA100+), qui vise à faire en sorte que les plus grandes entreprises émettrices de GES prennent les mesures nécessaires pour lutter contre le changement climatique. CA100+ est une initiative dirigée par des investisseurs et axée sur des entreprises dont les émissions sont estimées ou déclarées élevées. Sur les 167 émetteurs avec lesquels CA100+ s’engage, seuls six sont canadiens : NRL, Enbridge, Imperial Oil, Suncor, TC Energy et Teck. En ce sens, ECC reprend là où l’initiative CA100+ s’arrête. 

ECC a été lancée en octobre 2021 pour favoriser le dialogue avec les entreprises canadiennes émettrices afin de promouvoir une transition juste vers une économie sans émission nette et, grâce à une collaboration constructive, gérer de manière ambitieuse les risques liés au changement climatique tout en tenant compte des facteurs propres au Canada. Alors que nous nous dirigeons vers un monde à émissions nettes nulles, il est primordial d’engager un dialogue constructif avec les principaux émetteurs pour assurer le succès de la transition du Canada vers une économie à faibles émissions de carbone et la prospérité à long terme des collectivités canadiennes. 

Principes directeurs de l’engagement

Les engagements d’ECC visent à discuter en collaboration avec les conseils d’administration des entreprises et les dirigeants des préoccupations et des attentes de la communauté financière concernant une transition rapide vers une économie à faible émission de carbone. Il s’agit notamment d’outils et d’approches d’engagement partagé, allant de lettres formelles à des réunions permanentes avec la direction de l’entreprise. Plus précisément, les engagements d’ECC s’articulent autour des objectifs suivants : 

  1. définir la responsabilité et la surveillance des risques et des occasions liés au changement climatique ; 
  2. développer une feuille de route claire ancrée dans des stratégies globales pour réduire leurs émissions de GES à travers leurs chaînes de valeur ; 
  3. fixer des objectifs mesurables et pertinents pour leur secteur ; 
  4. divulguer les données climatiques en s’alignant sur la meilleure norme du Groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques (TCFD) ; et 
  5. aligner les activités de plaidoyer, y compris celles menées par l’intermédiaire des associations industrielles, sur les objectifs de l’Accord de Paris. 

De CA100+ à ECC

ECC maintiendra les éléments de base de CA100+, tel que discuté par les dirigeants d’ECC lors d’une conversation en groupe à la conférence virtuelle de l’AIR. L’analyse comparative est un élément clé de cette approche. L’indice de référence Net Zero Company de CA100+ est utilisé pour évaluer les performances des entreprises par rapport à trois objectifs de haut niveau : la réduction des émissions, la gouvernance et la divulgation. ECC utilisera ce cadre robuste comme point de départ et trouvera des occasions de développer et d’intégrer, si nécessaire, une approche canadienne à ce cadre et à cette méthodologie. 

« L’un des grands avantages de cette initiative est que tous les travaux d’analyse comparative qui seront réalisés pourront être mis à profit par les organisations, et ce, de manière cohérente. Ce travail peut être utilisé dans nos décisions d’investissement et de vote par procuration. »  

– Barbara Zvan, présidente et chef de la direction, University Pension Plan Ontario et présidente du comité directeur d’ECC, lors de la discussion de groupe d’ECC de la Conférence virtuelle de l’AIR 2022.

Adapter l’approche au contexte canadien

Les investisseurs participants à ECC gèrent plus de 3 600 milliards de dollars d’actifs, et beaucoup d’entre eux participent également à des engagements dans le cadre de CA100+. ECC est mise en œuvre par plusieurs réseaux d’investisseurs, dont l’Association pour l’investissement responsable (AIR), l’Association des actionnaires pour la recherche et l’éducation (SHARE) et Ceres. L’initiative est également soutenue par les Principes pour l’investissement responsable (PRI). 

L’application du travail de pionnier de CA100+ à la transition vers une économie nette zéro au Canada s’accompagne de plusieurs défis et possibilités. Pour que la transition soit inclusive et réussie, il faut tenir compte de son impact sur tous les groupes. Les indicateurs de transition juste qui évaluent la prise en compte et l’atténuation des impacts de la transition sur la main-d’œuvre canadienne et les communautés autochtones font partie des considérations de l’indice de référence Net Zero Company Benchmark d’ECC. 

« Nous avons une économie autochtone remarquable et en plein essor. Nous devons avoir l’expertise nécessaire pour savoir où l’économie autochtone se développe et comment elle peut être incluse dans cette transition, et non pas simplement être écartée comme cela a été le cas dans toutes les manifestations précédentes de cette économie. »

Kevin Thomas, chef de la direction de SHARE, Secrétariat d’ECC, lors de la discussion de groupe d’ECC de la Conférence virtuelle de l’AIR 2022

Travailler ensemble pour établir des liens avec l’économie nette zéro

ECC est supervisée par ses participants par le biais de son comité directeur et de son comité technique, qui renforcent et orientent ses travaux. L’initiative fait appel aux principaux dirigeants du secteur financier par l’intermédiaire de son comité consultatif sur le leadership dans l’industrie, et s’associe à des institutions telles que la Bourse de Toronto pour assurer une communication de grande envergure avec les sociétés canadiennes émettrices. En outre, ECC engage et inclut l’expertise d’un large éventail d’expériences pour soutenir le succès collectif, y compris : les relations de travail et les transitions de la main-d’œuvre, les transitions justes, le savoir-faire et les affaires autochtones, les groupes de réflexion, les organisations environnementales, la gouvernance d’entreprise, la divulgation d’informations et les connaissances comptables, parmi d’autres thèmes stratégiquement pertinents.

Compte tenu du rythme des changements nécessaires pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, le rôle qu’ECC et ses divers intervenants peuvent jouer au Canada est à la fois passionnant et stimulant. Comme l’a résumé Karen Lockridge, directrice de l’investissement ESG du Régime de retraite de Postes Canada et présidente du comité technique d’ECC, au cours de la discussion de groupe d’ECC lors de la conférence virtuelle de l’AIR :

« Nous dépendons tous de la santé, de la résilience et de la prospérité de l’économie et du système financier canadiens. ECC y contribue en apportant un message cohérent de la communauté financière, en soutenant l’alignement de l’industrie et en apportant une approche collaborative et unifiée de l’engagement. » 

Pour en savoir plus, la session d’ECC de la Conférence virtuelle de l’AIR 2022 est disponible en ligne.  

L’élimination progressive gérée : une alternative au désinvestissement pour les investisseurs

Face à l’évolution du paysage énergétique mondial et à la pression croissante des investisseurs, de nombreuses grandes sociétés pétrolières et gazières nord-américaines cotées en bourse se sont engagées à atteindre des émissions nettes de gaz à effet de serre nulles d’ici 2050, afin de limiter le réchauffement climatique à moins de deux degrés Celsius. 

Les engagements en faveur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre s’accompagnent de stratégies différentes sur la manière dont chaque entreprise atteindra ces objectifs. Une décarbonisation poussée dans un secteur à si forte intensité de carbone nécessite une allocation de capital importante et, pour certaines entreprises, un virage complet des combustibles fossiles vers les énergies renouvelables. 

Les défenseurs du climat devraient, à juste titre, se réjouir des engagements et des efforts de transition déployés par ces entreprises. Toutefois, ces mesures nous amènent à nous demander ce qu’il advient des actifs à forte intensité de carbone qui ont encore une durée de vie utile, comme les centrales électriques à combustibles fossiles, les pipelines et les puits, mais qui ne sont pas alignés sur les plans de décarbonisation d’une entreprise. Une approche consiste pour les entreprises à récupérer de la valeur pour les actionnaires et à progresser dans leurs ambitions climatiques en vendant ces actifs.  

Tendances des transferts d’actifs pétroliers et gaziers

Un document récent du Environmental Defence Fund[1] a démontré qu’au cours des cinq dernières années, ces actifs sont plus souvent acquis par des entreprises dont les engagements climatiques sont moindres ou inexistants par rapport aux entreprises qui s’en séparent. À l’échelle mondiale, entre 2017 et 2021, 155 transactions ont conduit au transfert d’actifs d’entreprises avec un objectif de neutralité carbone vers des entreprises sans objectif de cet acabit. De même, 211 transactions ont permis de transférer des actifs d’entreprises ayant un objectif de réduction du méthane vers des entreprises sans objectif en matière de méthane. 

Au total, 886 opérations ont permis de transférer des actifs de sociétés publiques vers des sociétés privées, contre 541 de sociétés privées vers des sociétés publiques. Lorsqu’un actif passe d’une société publique à une autre société publique, les investisseurs continuent de pouvoir dialoguer avec le propriétaire de l’actif. Cependant, lorsque l’actif passe d’une entreprise publique à un opérateur privé, les investisseurs en capital public perdent cette capacité. En outre, l’opérateur privé peut ne pas être soumis aux mêmes normes et exigences de divulgation que les entreprises cotées en bourse. Il peut ainsi devenir plus difficile de suivre les émissions réelles de cet actif ou de l’opérateur au fil du temps.  

Cela signifie que si les émissions de l’entreprise cédante peuvent diminuer avec la vente de l’actif, les émissions du monde réel peuvent rester les mêmes, diminuer ou même augmenter dans certains cas, en fonction des plans de l’entreprise acheteuse pour l’actif. En fin de compte, cette vente peut annuler tout impact positif sur le climat dans le monde réel. 

Gestion de l’élimination progressive  

En tant que fiduciaires, il est impératif que les gestionnaires d’actifs se tiennent au courant des meilleures pratiques pour gérer les risques et saisir les occasions liées à la transition vers une économie à faibles émissions de carbone. La Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ), une coalition mondiale d’institutions financières de premier plan engagées dans l’accélération de la décarbonisation de l’économie, a récemment publié The Managed Phaseout of High-emitting Assets, qui fournit un cadre permettant aux entreprises d’éliminer progressivement leurs actifs à forte intensité de carbone, plutôt que de s’en défaire. 

L’approche de l’élimination progressive gérée est basée sur l’idée que certains actifs à fortes émissions peuvent continuer à fonctionner jusqu’à une date de mise hors service alignée sur le zéro net comme une approche alternative à une trajectoire de diminution constante des émissions de gaz à effet de serre. Cette approche a l’avantage de promouvoir une transition ordonnée et permet aux institutions financières de rester engagées auprès des entreprises des secteurs à fortes émissions. 

Intégrer la gestion de l’élimination progressive et le transfert responsable des actifs dans les stratégies d’engagement

En tant qu’investisseurs soucieux de gérer le risque climatique, il est essentiel que nous donnions la priorité à la réduction des émissions réelles avec les émetteurs, par opposition aux simples transferts d’émissions. Il s’agit d’un point que nous devrions soulever lorsque nous nous engageons le dialogue auprès des entreprises qui possèdent des actifs à forte intensité de carbone et qui développent des voies pour atteindre leurs objectifs de réduction à zéro émission nette. Les questions clés que nous pouvons poser sont les suivantes : quel rôle le désinvestissement jouera-t-il à court et à moyen terme pour atteindre les objectifs intermédiaires? Et évaluez-vous les acheteurs potentiels à l’aide de critères environnementaux? 

Les transferts d’actifs sont un élément normal de la stratégie d’une entreprise et plusieurs facteurs entrent en ligne de compte dans toute décision de cession d’un actif. Une offre doit trouver un équilibre entre le besoin légitime de maximiser la valeur pour les actionnaires et les considérations liées au climat. 

En plus d’intégrer le transfert d’actifs responsable dans les stratégies d’engagement, les investisseurs peuvent encourager les entreprises pétrolières et gazières à effectuer des analyses de scénarios et à produire des rapports sur le risque de voir les actifs de leur entreprise subir des dépréciations inattendues. Il est essentiel que les entreprises comprennent les risques et élaborent des plans pour une élimination progressive gérée lorsque le transfert responsable des actifs n’est pas une option viable. 

Un regard vers l’avenir 

Alors que la transition vers la neutralité carbone se poursuit, il est essentiel que les investisseurs continuent de soutenir les efforts de décarbonisation des secteurs pétrolier et gazier tout en donnant la priorité aux réductions d’émissions dans le monde réel. Les investisseurs peuvent le faire en encourageant les entreprises bénéficiaires à adopter des politiques de transfert d’actifs responsables et à mettre en œuvre un cadre pour un retrait progressif géré des actifs à forte intensité de carbone.  

Sources
[1] © 2022 Environmental Defense Fund. Utilisé avec permission. Le matériel original est disponible à la page https://business.edf.org/insights/transferred-emissions-risks-in-oil-gas-ma-could-hamper-the-energy-transition/ 


Le présent document peut contenir des déclarations prospectives qui sont de nature prévisionnelle et pouvant comprendre des termes comme « prévoir », « s’attendre à », « compter », « croire », « estimer » ainsi que les formes négatives de ces termes. Les déclarations prospectives sont fondées sur des prévisions et des projections à propos de facteurs généraux futurs concernant l’économie, la politique et les marchés, comme les taux d’intérêt, les taux de change, les marchés boursiers et financiers, et le contexte économique général; on suppose que les lois et règlements applicables en matière de fiscalité ou autres ne feront l’objet d’aucune modification et qu’aucune catastrophe ne surviendra. Les prévisions et les projections à l’égard d’événements futurs sont, de par leur nature, assujetties à des risques et à des incertitudes que nul ne peut prévoir. Les prévisions et les projections pourraient s’avérer inexactes dans l’avenir. Les déclarations prospectives ne garantissent pas les résultats futurs. Les événements réels peuvent différer grandement de ceux qui sont exprimés ou sous-entendus dans les déclarations prospectives. De nombreux facteurs importants, y compris ceux énumérés plus haut, peuvent contribuer à ces écarts. Vous ne devriez pas vous fier aux déclarations prospectives.

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Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

En quête d’assurance : la possibilité pour les investisseurs soucieux du climat de façonner le boom minier

Lorsque l’on imagine un monde alimenté par des énergies renouvelables, on pense souvent à un paysage de collines vallonnées surmontées d’éoliennes tournoyantes, et non à une mine à ciel ouvert de plusieurs centaines de mètres de profondeur et d’un kilomètre de diamètre. Pourtant, la dure réalité est que la première image n’est pas possible sans la seconde. Les experts préviennent que si nous nous engageons à fond dans la transition vers les énergies renouvelables sans tenir compte de l’impact de l’extraction des matériaux nécessaires, nous risquons de faire plus de mal que de bien. 

Cet immense changement apporte des possibilités considérables. La demande des constructeurs automobiles, des entreprises technologiques et des fournisseurs d’énergie a le potentiel de générer des bénéfices à long terme pour les investisseurs et de transformer l’exploitation minière en une industrie plus responsable et durable.

Au cours de cette conversation entre Aimee Boulanger, directrice exécutive de l’organisation à but non lucratif Initiative for Responsible Mining Assurance (IRMA), et Jamie Bonham, directeur de l’engagement des sociétés chez Placements NEI et membre du conseil d’administration d’IRMA, nous discutons de la manière dont la norme IRMA peut servir de levier pour favoriser le changement dans le secteur et du rôle que doivent jouer les investisseurs pour encourager les sociétés à y participer.

JB : La transition énergétique suscite un regain d’intérêt pour le secteur minier, que les investisseurs aient une exposition directe aux mineurs ou que celle-ci soit indirecte par le biais des entreprises qui mènent la transition. Quels sont les principaux domaines à améliorer dans le secteur?

AB : Bien que l’attention mondiale portée à l’exploitation minière et à l’approvisionnement en matériaux soit sans précédent, les défis auxquels le secteur minier est confronté sont restés essentiellement les mêmes. De plus, bien que l’accent soit mis sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans les chaînes d’approvisionnement — qu’il est important de poursuivre dans le secteur minier — les émissions de carbone ne sont pas le plus grand risque auquel fait face l’exploitation minière. De graves préoccupations concernant la qualité et la quantité de l’eau, le déplacement des communautés, les violations des droits de l’homme, la perte de la biodiversité, les pratiques de travail déloyales, la perte du patrimoine culturel et le manque de transparence au nom de la sécurité des minéraux, entre autres, ont été mises en évidence. 

JB : J’ai l’impression que les investisseurs ESG savaient que ces problèmes étaient répandus depuis longtemps. Quelles sont les raisons qui expliquent que ceux-ci se produisent encore?

AB : Une gamme d’événements — des ruptures de barrages de résidus aux protestations communautaires en passant par les décès de travailleurs miniers — ont périodiquement servi de signaux d’alarme, mais franchement, après des efforts d’atténuation de courte durée et largement inefficaces, les gens finissent souvent par oublier. 

Nous pouvons faire mieux. Si nous évaluons les pratiques minières existantes par rapport à une définition solide des meilleures pratiques, nous pouvons comprendre les écarts entre les deux. Nous devons examiner un site minier de manière globale — engagement des parties prenantes, gouvernance, préparation aux situations d’urgence, plans de protection de la santé des communautés, gestion des impacts environnementaux, etc. — afin d’évaluer pleinement les possibilités et les risques.

La transition vers les énergies renouvelables va probablement concentrer l’attention des marchés mondiaux sur l’approvisionnement en minéraux pour les décennies à venir. Leur attention soutenue créera la demande permanente de pratiques plus responsables nécessaires pour empêcher les gouvernements et le secteur minier de s’assoupir à nouveau. Elle crée également des possibilités de profit pour les investisseurs.

JB : Comment IRMA s’intègre-t-elle dans ce tableau et quels sont certains de ses avantages?

AB : IRMA établit des exigences rigoureuses sur tous les aspects ESG pertinents pour l’industrie minière. Les sites miniers commencent par une auto-évaluation et apportent très souvent des changements après avoir comparé leurs pratiques aux nôtres. 

Lorsqu’un site minier est prêt, ils engagent des vérificateurs formés et approuvés par IRMA pour l’évaluer de manière indépendante et publier un rapport de vérification détaillant leurs performances dans tous les domaines. Ce rapport transparent et public est essentiel pour favoriser l’amélioration, car le site minier est alors responsable devant les communautés, les clients et les autres parties prenantes pour ajuster les pratiques et s’améliorer au fil du temps.

Il existe plusieurs systèmes de certification pour les matériaux extraits. En tant qu’investisseur, considérez-vous qu’IRMA se démarque?

JB : Essentiellement, une mine auditée par l’IRMA va répondre à toutes les questions relatives à l’ESG que je pourrais me poser. Suivre les cadres existants de l’industrie minière responsable est en grande partie une décision sans regret, mais elle n’apportera pas la certitude que les investisseurs recherchent. La rigueur et la crédibilité de la norme IRMA apportent un niveau de détail sans précédent ; l’audit est transparent et fournit des données très granulaires sur les performances ESG.      

Trois facteurs de différenciation clés sont :

  • L’égalité des pouvoirs de gouvernance. La consultation de plusieurs parties prenantes est une facette de nombreuses certifications, mais la caractéristique principale de la gouvernance de l’IRMA est que ces parties prenantes ont une gouvernance égale sur la norme, et pas seulement sur l’industrie. 
  • La rigueur. La structure de gouvernance conduit à une norme qui est véritablement de classe mondiale, qu’il s’agisse d’examiner les impacts sur l’eau, de respecter les droits de l’homme ou de rechercher le consentement libre, préalable et éclairé des communautés autochtones. 
  • La certification par une tierce partie. Tout est dans le nom! L’assurance par des tiers accrédités apporte une crédibilité inégalée et, par conséquent, une assurance. 

AB : Pouvez-vous nous donner un exemple de cas où ces différences sont apparentes pour les investisseurs?

JB : La transparence du processus d’audit, ainsi que l’attention particulière et l’inclusion des voix des travailleurs et des communautés concernées, apporte de la valeur aux investisseurs. Mais du point de vue de l’impact, le fait de procéder à l’audit d’une mine peut en soi entraîner un véritable changement sur le terrain, comme ce fut le cas pour la mine de plomb et de zinc de Carrizal au Mexique. Cette mine est exploitée par une entreprise relativement petite et a fourni des dizaines d’emplois, mais aussi les conséquences de l’extraction. 

L’entreprise a utilisé un audit IRMA pour comprendre où les meilleures pratiques mondiales dépassaient les réglementations nationales. Par exemple, les exigences de l’IRMA en matière de représentation des travailleurs sont plus complètes et plus solides que celles de la législation mexicaine. Ces pratiques n’avaient pas été identifiées auparavant comme des priorités pour Carrizal, car elles ne constituaient pas des exigences légales. Pour les petites entreprises, où le flux de trésorerie peut empêcher de progresser simultanément sur toutes les questions, les résultats de l’audit aideront les dirigeants à établir des priorités, que ce soit sur les exigences jugées les plus critiques dans la norme IRMA ou en consultant les travailleurs et les parties prenantes de la communauté pour traiter en premier lieu les questions qu’ils considèrent comme les plus urgentes. 

AB : Comment les investisseurs peuvent-ils stimuler l’adoption et la croissance d’IRMA?

JB : Commencez par en apprendre davantage sur IRMA. Consultez le site Web, obtenez le bulletin d’information, parlez à un membre du conseil d’administration (comme moi) ou contactez directement l’équipe. Comparez-la avec d’autres certifications et voyez si cela vous parle. Si c’est le cas, engagez-vous auprès des sociétés minières de votre portefeuille pour les encourager à s’évaluer par rapport à la norme. Discutez avec les utilisateurs finaux de minéraux pour leur demander comment ils s’assurent que les matériaux de leur chaîne d’approvisionnement sont extraits de manière responsable. Poussez-les à définir des attentes en matière de certification IRMA dans leur chaîne d’approvisionnement. 

Enfin, les investisseurs doivent faire entendre l’importance de l’exploitation minière responsable aux gouvernements, aux sociétés minières et aux industries qui génèrent la demande de minéraux. Si les investisseurs parviennent à rendre cette attente claire et à la maintenir, la valeur d’une norme comme IRMA sera évidente.


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Investissements actifs et solutions de marché pour les déchets plastiques

La réduction des déchets plastiques produits par l’économie ne se limite pas à l’interdiction du plastique. Les produits en plastique ont des fonctions importantes dans de nombreux secteurs de l’économie, notamment dans les technologies de préservation de la vie et dans les déchets alimentaires. Les emballages alternatifs au plastique ne sont pas toujours meilleurs en termes de réduction de l’impact sur l’environnement. Cela dit, il est indéniable que la société a un problème lié aux matières plastiques. Selon les données de l’OCDE, la production mondiale annuelle de plastique dépasse 460 millions de tonnes, et seuls 9 % sont recyclés.

Des solutions internationales


Les PRI de l’ONU ont créé un groupe de travail sur les plastiques afin de mettre en évidence les risques auxquels sont confrontées les entreprises de secteurs spécifiques et de fournir des lignes directrices sur la manière de s’engager auprès des entreprises en ce qui concerne les plastiques. Il suggère que les engagements avec les entreprises d’emballage prennent en compte les types d’emballages, leur conception, les préférences des consommateurs en matière de caractéristiques des produits et les lacunes en matière de données sur l’utilisation du plastique. Les lignes directrices des PRI de l’ONU sur les principaux risques sont une référence utile ; toutefois, nous considérons que les possibilités de générer des rendements élevés lorsque les entreprises investissent et innovent pour réduire les déchets plastiques sont tout aussi importantes. 

Approches des investisseurs

En tant que gestionnaire actif d’actifs fondamentaux, nos mandats axés sur la durabilité ont fait de l’objectif de développement durable des Nations Unies en matière de consommation responsable l’un des piliers de notre façon d’investir. Nos activités d’engagement auprès de nos entreprises de consommation, industrielles et de gestion des déchets soutiennent la transition vers un cycle des plastiques plus durable. En effet, nous faisons savoir à ces entreprises que la transition est pertinente pour nos décisions d’investissement et que nous pouvons leur fournir le capital nécessaire à cette transition à des rendements intéressants. 

Les propositions d’actionnaires et les votes par procuration soutiennent davantage les entreprises dans leur lutte contre la pollution plastique. De grandes entreprises telles que McDonald’s et Amazon ont présenté cette année des propositions d’actionnaire visant à élargir les divulgations sur la pollution plastique. Bien que ces deux propositions aient été rejetées lors du vote par procuration, une proportion significative d’actionnaires indépendants les a soutenues et a signalé aux entreprises que la pollution plastique est un problème important à traiter.

Les défis de l’industrie du recyclage

Historiquement, le marché n’a pas réussi à atteindre le niveau de recyclage des plastiques souhaité. En effet, les entreprises de gestion des déchets sous contrat avec les municipalités n’ont pas augmenté leur capacité de recyclage des plastiques au rythme nécessaire pour surmonter notre défi lié aux plastiques. Selon les données de l’OCDE, 15 % des déchets plastiques sont collectés à des fins de recyclage, mais 40 % d’entre eux ne peuvent être recyclés en raison de leur contamination, tandis que la grande majorité des plastiques collectés par les entreprises de gestion des déchets sont mis en décharge. Pour améliorer le taux de recyclage du plastique, les entreprises devront construire des installations à grande échelle et investir dans une technologie de tri de pointe pour séparer et recycler efficacement différents types de plastique. Les marques grand public font de plus en plus de publicité sur le contenu recyclé de leurs emballages afin d’attirer les consommateurs soucieux de l’environnement. Lors de nos rencontres avec des consommateurs, des industriels et des entreprises de gestion des déchets, nous avons appris que les marques grand public recherchent désespérément du plastique recyclé de haute qualité à des prix raisonnables, mais que l’offre est tout simplement insuffisante. Alors pourquoi les entreprises de gestion des déchets n’augmentent-elles pas leur capacité de recyclage des plastiques à un rythme suffisant pour répondre à la demande?

Un obstacle important à ce jour a été l’économie du recyclage. Historiquement, les entreprises de gestion des déchets collectaient et triaient efficacement le plastique gratuitement, puis gagnaient des revenus en vendant le matériau recyclé. Le prix des matières premières du plastique recyclé a été volatil, et la demande incertaine. Les entreprises de gestion des déchets ont eu du mal à justifier d’importantes dépenses d’investissement dans des installations dotées d’une technologie de tri de pointe, sans avoir la certitude de pouvoir obtenir un retour sur investissement. Pour diverses raisons, dont l’offre limitée, le plastique recyclé est généralement plus cher que le plastique neuf. 

Les investisseurs jouent un rôle

Le vote par procuration des investisseurs et leur engagement auprès des entreprises et des décideurs politiques peuvent avoir un impact. Il y a des raisons d’espérer que cette défaillance du marché sera surmontée grâce à de nouvelles réglementations qui créeront des incitatifs commerciaux pour que les entreprises privées mettent en place un certain niveau de capacité de recyclage des plastiques. Deux des formes de réglementation les plus importantes pour aider à résoudre le problème des plastiques sont la responsabilité élargie des producteurs (REP), qui oblige les producteurs d’emballages en plastique à payer une taxe qui sert à rembourser partiellement les coûts de recyclage, et le contenu minimal en matières recyclées (CMR), qui exige que les emballages en plastique contiennent un pourcentage minimum de plastique recyclé. 

Pour les producteurs d’emballages, la réglementation relative aux CMR les oblige à utiliser du plastique recyclé même s’il est plus cher que le plastique vierge. Ils seront donc incités à assurer un approvisionnement stable en plastique recyclé dont ils ont besoin pour répondre à tous leurs besoins en matière d’emballages. On s’attend à ce que nombre d’entre elles signent des accords d’écoulement avec des entreprises de gestion des déchets afin de garantir un approvisionnement en plastique recyclé à un prix raisonnable. Les accords d’écoulement conclus avec les producteurs d’emballages tels que les sociétés de consommation, combinés aux redevances découlant du règlement sur la REP, assureront aux sociétés de gestion des déchets les revenus sûrs dont elles ont besoin pour réaliser des investissements importants dans des infrastructures de recyclage de pointe. Ainsi, les entreprises privées sont incitées par le marché à mettre en place une économie circulaire des matières plastiques qui réduit considérablement les déchets plastiques. 

Amener du capital pour améliorer les résultats du recyclage


En tant que grands investisseurs, nous avons contribué à la recherche du Conference Board du Canada sur la manière d’attirer des capitaux privés pour la capacité de recyclage. Plus tôt cette année, nous avons également participé à une conférence au cours de laquelle nous nous sommes engagés avec des décideurs à différents paliers de gouvernement au Canada sur les politiques qui pourraient aider à attirer ces capitaux. Nos recherches ont permis d’identifier au moins douze États américains et dix provinces/territoires au Canada qui ont déjà adopté, ou qui sont en train d’adopter, des réglementations en matière de REP, sans compter les autres qui devraient suivre. Au moins trois États américains sont en train de développer des réglementations sur les CMR, et au Canada, le gouvernement fédéral a organisé une consultation publique en février 2022 pour soutenir le développement d’une réglementation sur les CMR. Pendant ce temps, des accords d’écoulement entre les producteurs de produits en plastique et les recycleurs sont signés régulièrement par des entreprises, notamment Berry Plastics, Dow Chemical, et Honeywell.

Au fur et à mesure du déroulement du processus, notre rôle en tant qu’investisseurs consiste à nous engager et à soutenir les entreprises concernées lorsque nous pensons que cela peut contribuer à améliorer leurs performances financières à tous les stades du cycle de vie des plastiques. Pour les entreprises de consommation, l’utilisation accrue de plastiques recyclés peut renforcer le pouvoir de leur marque au fil du temps. Il y a de l’argent à faire en fournissant des capitaux pour construire des infrastructures de recyclage et développer les innovations en matière de technologie de recyclage et de matériaux plastiques dans le cadre de notre rôle dans l’utilisation des outils des investisseurs pour réduire les déchets plastiques.


Clause de non-responsabilité de l’AIR
Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

Importance relative double, sesqui et « ordinaire » : Communication de l’information sur la durabilité et différents points de vue

L’importance relative désigne les risques ou les occasions d’affaires d’importance qui peuvent amener un investisseur à investir ou à ne pas investir dans une entreprise.  L’importance relative détermine les renseignements qui doivent être divulgués et ceux qui doivent être omis dans les rapports d’entreprise.  Ce concept est au cœur du débat actuel sur la meilleure façon d’élaborer des normes simplifiées et efficaces de comptabilité et de production de rapports en matière de durabilité pour les émetteurs publics dans un contexte d’augmentation des attentes. Les notions d’« importance relative simple », d’« importance relative double » et, maintenant, de « sesqui-importance relative » représentent différentes méthodes de filtrage de l’information qui reflètent les divers points de vue des investisseurs sur le type d’information dont ils ont besoin pour atteindre leurs objectifs. 

La production de rapports sur la durabilité se trouve à la croisée des chemins : la fondation des Normes internationales d’information financière (IFRS) et le Groupe consultatif européen sur l’information financière (EFRAG) proposent des normes comptables pour la communication de l’information sur la durabilité, et les deux présentent une interprétation différente de l’importance relative. Le choix d’une interprétation et d’une autorité en matière de normes aura une incidence sur les éléments suivants :

  • Le type de renseignements sur la durabilité que les entreprises seront tenues de divulguer et de gérer;
  • La mesure dans laquelle l’avis des parties prenantes sera pris en compte;
  • La capacité des marchés financiers à relever certains des plus grands défis de notre époque. 

Le présent article donne un aperçu général de chaque conception de l’importance relative, du contexte canadien et de ce que nous pouvons faire en tant qu’investisseurs pour participer au débat.

Comparaison des cadres comptables proposés en matière de durabilité et des points de vue sur l’importance relative

* https://www.reuters.com/business/retail-traders-account-10-us-stock-trading-volume-morgan-stanley-2021-06-30/

L’ISSB, l’importance relative simple et le point de vue selon lequel « les marchés se corrigeront eux-mêmes » 

Officiellement annoncé en novembre 2021 à la COP26, l’International Sustainability Standards Board (ISSB) est une fusion de plusieurs cadres de production de rapports sur la durabilité (déjà créés sur une base volontaire) dont l’objectif est d’élaborer, dans l’intérêt du public, une base de référence mondiale complète de normes de communication de l’information de grande qualité en matière de durabilité afin de répondre aux besoins d’information des investisseurs.

Supervisé par la fondation IFRS, l’ISSB applique ce qu’on appelle une approche fondée sur l’« importance relative simple » (ou une approche plus traditionnelle) qui accorde la priorité à un cadre universel de production de rapports portant sur les répercussions financières importantes (provenant de l’extérieur) touchant la valeur de l’entreprise et découlant de préoccupations relatives aux facteurs environnementaux, sociaux ou de gouvernance (ESG). Ces répercussions peuvent ainsi être plus facilement prises en compte dans les états financiers traditionnels.  Contrairement à la Global Reporting Initiative (GRI), qui est le cadre de production de rapports sur le développement durable le plus ancien et le plus largement adopté (lancé il y a plus de 20 ans), l’ISSB accorde la priorité à la communication de renseignements aux investisseurs traditionnels qui se préoccupent de la gestion des risques financiers importants que présentent les enjeux ESG pour la valeur de l’entreprise.  La GRI, en revanche, a toujours adopté une approche à intervenants multiples et priorisé la communication de l’information afin de comprendre les répercussions « provenant de l’interne » des activités sur la société et l’environnement, sans égard à leur incidence sur la valeur de l’entreprise.

L’accent mis par l’ISSB sur l’importance financière à l’échelle de l’entreprise en tant que fondement de la production de rapports sur la durabilité coïncide avec le point de vue selon lequel les marchés doivent être libres et sans contraintes ainsi qu’avec la confiance en la capacité des marchés à s’autoréguler grâce à la recherche de la maximisation des profits.  Ce point de vue a récemment été réitéré dans un billet de blogue par le président de l’ISSB, Emmanuel Faber, et cela semble être une stratégie pour apaiser les acteurs de la plus grande économie de marché au monde – les États-Unis –, qui ont récemment soutenu le blocage de la capacité de l’Environmental Protection Agency à réglementer l’émission de gaz à effet de serre en vertu du Clean Air Act, et qui critiquent également l’investissement ESG, le qualifiant de « capitalisme woke ».

Probablement en réponse aux préoccupations exprimées par de nombreuses personnes à l’autre bout du spectre idéologique, l’ISSB a annoncé en mars 2022 une collaboration avec la GRI afin d’élaborer un deuxième « pilier » dans son cadre de production de rapports en vue d’aborder la divulgation des répercussions « provenant de l’interne » des activités des entreprises sur les personnes et la planète.  Cependant, il n’est pas clair dans quelle mesure les rapports sur les répercussions seront intégrés de manière significative et uniforme à l’échelle des territoires, étant donné qu’il s’agit d’une priorité secondaire de la production de rapports dans le cadre de ce que les membres de l’ISSB décrivent comme une approche modulaire.  Au moment de son adoption éventuelle au Canada, nous aurons l’occasion de décider comment intégrer les normes finalisées en fonction des caractéristiques uniques du marché canadien en prenant notamment compte des considérations liées à notre économie fortement fondée sur les ressources et à la nécessité d’assurer le respect des droits et des titres inhérents des Autochtones, entre autres.  Le Conseil canadien des normes d’information sur la durabilité a récemment été mis sur pied pour appuyer ce processus.  

La directive sur la publication d’informations en matière de durabilité par les entreprises (CSRD), l’importance relative double et le point de vue selon lequel « il faut dicter activement l’orientation des marchés »

En Europe, l’EFRAG a commencé à élaborer des normes simplifiées de production de rapports sur la durabilité juste avant l’ISSB.  Selon la CSRD que propose l’EFRAG, qui est fondée sur une approche d’importance relative double, la compréhension des répercussions les plus importantes des activités commerciales sur la société et l’environnement, sans égard à tout lien direct avec la valeur de l’entreprise, est considérée comme une première étape essentielle de la production de rapports sur la durabilité.   

Comprendre l’importance relative double est essentiel pour déterminer les priorités ESG

Source : Kearney analysis

La CSRD s’harmonise avec la GRI et reflète une vision du monde et une théorie du changement plus européennes, dans lesquelles on fait moins confiance à l’efficience naturelle des marchés, ce qui conduit à un cadre d’intervention active visant à atténuer les répercussions négatives sur la société et l’environnement avant qu’elles ne surviennent.  La CSRD exigera que les émetteurs publics communiquent de l’information sur leurs processus de diligence raisonnable en matière d’environnement et de droits de la personne, y compris les pratiques adoptées pour mobiliser les parties prenantes et détecter et comprendre les répercussions les plus importantes des activités commerciales, ainsi que les raisons pour lesquelles il faut prioriser ce qui est géré, et les méthodes pour ce faire, peu importe s’il existe un lien immédiat ou direct avec l’importance relative financière.

Les partisans de l’importance relative double soulignent la nature dynamique de l’importance relative et insistent sur la nécessité d’une gestion plus intentionnelle et proactive du risque et des occasions en matière de durabilité.  

Parmi les arguments contre l’importance relative double, mentionnons le fait que l’écart est trop grand entre celle-ci et les cadres de production de rapports actuels axés sur les investisseurs, ce qui aurait pour effet d’élargir de façon inappropriée la portée des politiques et de la réglementation, de générer des coûts supplémentaires importants pour les sociétés ouvertes, de fausser la répartition du capital et d’affaiblir la voix des actionnaires en matière de gouvernance d’entreprise.   

Investisseurs universels, sesqui-importance relative et le principe de la « gestion du risque systémique »

La sesqui-importance relative est la plus récente conception de l’importance relative dans les rapports sur la durabilité, qui se situe à mi-chemin entre l’importance relative simple et l’importance relative double (du mot latin sesqui qui signifie un et demi). Dans cette version de l’importance relative, on accorde la priorité à la nécessité d’établir des normes de durabilité visant à fournir des renseignements utiles à la prise de décision aux propriétaires universels (p. ex., les caisses de retraite et les autres investisseurs institutionnels largement diversifiés) dont les opérations représentent aujourd’hui environ 90 % des actions négociées à l’échelle mondiale. Les propriétaires universels détiennent un peu de tout dans l’économie et ont donc un intérêt direct à maintenir la santé des systèmes sociaux, environnementaux, politiques et économiques nécessaires pour générer une valeur à long terme qui pourrait être considérablement érodée par des externalités négatives.  

Les tenants de la sesqui-importance relative soutiennent que les coûts environnementaux et sociaux externalisés non comptabilisés qui sont liés aux activités des entreprises totalisent des milliers de milliards de dollars qui, au bout du compte, sont internalisés par les propriétaires universels à long terme.  Ils font valoir que la communication de l’information sur la durabilité qui est utile à la prise de décision doit aller au-delà de l’importance relative financière ayant un impact sur la valeur de l’entreprise afin d’orienter la gestion efficace du risque systémique (aussi appelé risque bêta) qui, selon des études, est responsable de 75 à 94 % de tous les rendements des portefeuilles.  La sesqui-importance relative place fermement la considération de l’ensemble des répercussions sur la société et l’environnement (externalités négatives) à l’intérieur des limites de l’obligation fiduciaire de gérer le risque systémique ou bêta.

Choisir sa position          

Nous encourageons les lecteurs à tenir compte de leur propre point de vue en ce qui a trait à ces conceptions d’importance relative dans l’élaboration de déclarations de durabilité appropriées pour les entreprises.  En disposant de données plus cohérentes, comparables et vérifiables sur les répercussions externes des enjeux ESG sur la valeur de l’entreprise conçues pour les investisseurs traditionnels, les marchés s’adapteront-ils eux-mêmes au rythme rapide nécessaire pour atténuer les risques liés aux changements climatiques et aux inégalités?  L’approche à importance relative double multilatérale est-elle un moyen plus direct de comprendre et d’atténuer les risques liés à la durabilité parce qu’elle s’écarte de la pratique traditionnelle qui consiste à privilégier le point de vue de l’actionnaire?  Ou est-ce que l’accent que met la sesqui-importance relative sur le besoin des propriétaires universels (dont les clients sont essentiellement des personnes admissibles à une pension de vieillesse éventuellement) d’avoir accès à des renseignements utiles à la prise de décision afin de mieux gérer les externalités négatives et le risque systémique est ce qui interpelle le plus? 

Les investisseurs pourraient avoir des occasions d’influencer l’approche du Canada

Ces questions aident à solidifier la distinction entre la gestion des risques ESG et l’investissement axé sur la durabilité et l’impact.  Les investisseurs devraient réfléchir à la position où ils se situent et suivre les progrès du Conseil canadien des normes d’information sur la durabilité et la mise en œuvre éventuelle des normes de l’ISSB au Canada.  Il pourrait y avoir des occasions futures d’influer sur les attentes à l’égard des communications de l’information sur la durabilité des émetteurs canadiens afin de s’assurer qu’elles correspondent aux caractéristiques et aux points de vue uniques du marché canadien.  

Par exemple, bien que le soutien aux mesures liées à la réconciliation avec les Autochtones continue de croître grâce au renforcement de la sensibilisation du public, de l’éducation et de l’application de la réglementation en matière de respect des droits et des titres des autochtones, les rapports d’entreprise sur les mesures de réconciliation avec les Autochtones demeurent malheureusement très insuffisants.       L’économie du Canada est principalement axée sur les ressources et dépend de plus en plus du développement de partenariats équitables avec les Premières Nations pour assurer une croissance économique durable.  De même, la capacité du Canada à atteindre ses objectifs nationaux de carboneutralité d’ici 2050 et la transition énergétique nécessaire pour y arriver nécessitent une gérance efficace des terres et un développement responsable des affaires.  La création de cadres efficaces de production de rapports sur la durabilité pour les sociétés émettrices peut contribuer à favoriser une gestion plus proactive des enjeux environnementaux et sociaux cruciaux, comme la réconciliation avec les Autochtones, qui aura une incidence sur la création de valeur à long terme. Nous avons tous intérêt à promouvoir une approche liée à l’importance relative en ce qui a trait aux normes comptables en matière de durabilité au Canada qui soutiendra le mieux possible notre capacité à atteindre notre objectif collectif d’un avenir plus durable.


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Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

L’engagement actif peut-il améliorer le rendement des investissements?

L’engagement ESG est un aspect de plus en plus important pour un gestionnaire de placements responsable. L’engagement peut être réalisé à la fois directement – lorsque le gestionnaire de contacte lui-même une entreprise (généralement au sujet de facteurs environnementaux, sociaux ou de gouvernance (« ESG ») qui peuvent nuire à la valeur actionnariale à long terme) – ou en collaboration – lorsque plusieurs gestionnaires mettent en commun leurs ressources et leurs préoccupations pour obtenir un impact positif plus important. Une question qui mérite d’être examinée consiste à savoir s’il existe un lien entre l’utilisation de l’engagement comme élément central d’une stratégie d’investissement et les rendements de cet investissement.  

L’équipe de Mackenzie Betterworld a cherché à déterminer s’il existait un lien entre les fonds qui utilisent une stratégie d’engagement et le rendement des placements en examinant les fonds de placement qui considèrent l’engagement ESG comme une stratégie de placement clé et ceux qui répondent aux critères d’un fonds d’actions durables.

Notre recherche a révélé que sur les périodes de 3 et 5 ans se terminant le 28 février 2022, le rendement moyen des fonds d’engagement mondial a surpassé celui de leurs groupes de pairs respectifs, et cette surperformance a été accrue lorsque nous avons examiné les fonds d’engagement mondial qui avaient également un objectif d’investissement durable.

Tableau 1 : Rendement relatif des fonds de participation par rapport à l’ensemble des Fonds activement gérés.

Dans notre étude, nous avons commencé par un univers de fonds d’action suivis par Morningstar et nous l’avons limité aux fonds gérés activement, en excluant les fonds indiciels et les FNB. Nous avons également éliminé les « fonds de fonds », les fonds qui ont moins de 20 participations et les fonds qui ont plus de 1 000 participations. Nous avons inclus tous les domiciles de fonds et avons examiné cette analyse pour trois groupes de pairs distincts, en fonction de leur orientation régionale en matière d’actions – Global Large Cap, US Large Cap et European Large Cap. Pour chacun de ces groupes de pairs, nous avons analysé les rendements de trois paniers de fonds : 

  1. tous les fonds, 
  2. les fonds d’engagement et,
  3. les fonds qui ont utilisé activement l’engagement et qui avaient également un objectif d’investissement durable.

Comment l’engagement affecte-t-il le rendement?

Bien que nous reconnaissions que la corrélation n’implique pas nécessairement la causalité dans le cas d’une performance supérieure pour les fonds d’engagement et de développement durable, nous pensons qu’il existe certaines explications raisonnables qui peuvent contribuer à cette surperformance historique.  

Des recherches antérieures sur l’engagement et la performance des fonds menées par la Society of Financial Studies ont montré que des engagements réussis sur les questions ESG sont suivis de rendements anormaux positifs et qu’« après des engagements réussis, en particulier sur les questions environnementales et sociales, les entreprises engagées connaissent une meilleure performance comptable, une meilleure gouvernance et une augmentation de la propriété institutionnelle ».  Nous pensons que ces améliorations sont entraînées par les éléments suivants :

  • L’engagement permet aux gestionnaires de fonds de mieux comprendre comment une entreprise perçoit les risques et dans quelle mesure elle peut les gérer. 
  • L’engagement ouvre un dialogue qui peut révéler des lacunes dans la gestion de l’entreprise et les rapports sur les questions ESG. 
  • Les investisseurs peuvent faire des suggestions de changement directement avec le conseil d’administration et la direction générale. 

Selon notre expérience, l’engagement ESG sur les questions de durabilité offre un avantage concurrentiel aux fonds d’investissement en intégrant les résultats de l’engagement dans le processus d’investissement. Les entreprises peuvent bénéficier de l’engagement des actionnaires en raison de l’attention croissante des investisseurs sur l’amélioration des performances ESG.

Graphique 1 : Cycle d’engagement actif et processus d’impact.

Source de l’image : Mackenzie Betterworld

Conclusion

Comme le montre le Tableau 1 ci-dessus, les fonds intégrant les critères ESG et s’engageant fermement sur les questions de durabilité et d’ESG ont connu un rendement supérieur à celui des fonds gérés activement sur les marchés européens, américains et mondiaux. Cette surperformance a été la plus forte sur les marchés américains, avec une différence de 2 % ou plus sur les périodes de 3 et 5 ans, suivie de près par les marchés européens, puis par les marchés mondiaux. Des recherches indépendantes semblent confirmer ces résultats en raison des caractéristiques propres aux fonds durables ayant un mandat d’engagement. Bien que l’engagement ne soit pas le seul moteur de la surperformance, nous pensons qu’il contribue à un cycle en trois parties : en fournissant des recommandations aux entreprises, celles-ci agissent et, à leur tour, récoltent des investissements et un intérêt accru de la part des investisseurs. 

L’engagement auprès des entreprises joue un rôle important pour maintenir non seulement la performance ESG des portefeuilles, mais aussi la responsabilité des entreprises et la promotion de modèles économiques plus durables. Tous ces éléments contribuent, selon nos recherches, à des rendements plus élevés à moyen et à long terme.


Avertissement

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Mettre la biodiversité à l’avant-plan dans les conversations : Contexte et étude de cas

Comme l’adaptation aux changements climatiques et leur atténuation sont de plus en plus prises en compte dans l’industrie, la discussion sur la perte de la biodiversité gagne également en popularité. Ces deux questions sont liées, car la gestion de la transition vers une économie nette zéro ne peut se faire sans s’attaquer à la crise de la biodiversité. Cet article fournira un contexte, une brève étude de cas et des exemples de la façon dont les investisseurs pourraient aborder la biodiversité. 

L’importance de la biodiversité

La Natural Capital Coalition définit la biodiversité comme les stocks de ressources renouvelables et non renouvelables qui fournissent des produits et des services essentiels au bien-être humain. Avec près d’un million d’espèces actuellement menacées d’extinction dans le monde, le déclin de la biodiversité a de graves répercussions pour l’humanité, telles que la perturbation de chaînes d’approvisionnement entières. Cela a un impact direct sur les investissements, car plus de 50 % du PIB mondial dépend de la biodiversité.

En 2019, l’écart entre les besoins financiers mondiaux pour la biodiversité et le financement réel s’élevait à 824 milliards de dollars US. Pour prévenir la destruction de la biodiversité et inverser les effets négatifs, il faudra une collaboration internationale. Une telle collaboration comprend des initiatives sur la biodiversité, comme Finance for Biodiversity Pledge et le Taskforce for Nature-related Financial Disclosure (TNFD), dont les objectifs sont de comprendre la biodiversité, nos possibilités, les risques et les impacts, ainsi que les plans prévoyant des mesures d’atténuation possibles. Les initiatives et les conférences permettent d’accroître la conversation pour restaurer, conserver et utiliser la nature de façon durable, en établissant une voie « favorable pour la nature ».

Conférence des Nations Unies sur la biodiversité

Dans le cadre de la COP26, on a souligné la nécessité de stimuler l’action climatique et de restaurer les terres déboisées en relevant le Bonn Challenge (défi de Bonn). Dans le cadre de la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité (COP15), qui a débuté en 2021 et se poursuit en 2022, on a établi un plan mondial potentiel pour « infléchir la courbe » de la biodiversité, en mettant fin à sa dégradation et à sa perte. La COP15 se tiendra à Montréal en décembre 2022, où des milliers de délégués du monde entier se réuniront pour convenir d’un nouvel ensemble d’objectifs pour la nature au cours de la prochaine décennie. La Convention sur la diversité biologique a conclu les pourparlers sur le cadre post-2020 et la loi sur la protection de la nature, tenus à Nairobi le 26 juin 2022. Cette réunion, en préparation de la COP15, a permis de créer un cadre écrit de quatre buts avec 23 cibles potentielles et des voies pour atteindre les objectifs. Tous les efforts visent à créer une vie en harmonie avec la nature, comme l’a dit Elizabeth Maruma Mrema, secrétaire exécutive de la Convention sur la diversité biologique. Le Canada sera à l’avant-garde de la COP15, défendant la collaboration internationale à l’égard d’un cadre ambitieux sur la biodiversité, qui cible 30 % des terres et des océans conservés d’ici 2030.

Approche de Desjardins Gestion internationale d’actifs (DGIA)  

En tant que l’un des plus importants gestionnaires d’actifs au Canada, DGIA a ajouté le thème de la biodiversité et de la protection du capital naturel à sa liste d’enjeux prioritaires en 2021. Notre équipe Investissement responsable continue de faire des recherches et d’analyser le thème pour bien comprendre son incidence financière et ses répercussions sur les entreprises que nous avons dans les portefeuilles de nos clients. Nous avons cerné trois domaines d’intérêt liés à la biodiversité : 1) Déforestation et réhabilitation des terres, 2) Quantité et qualité de l’eau, et 3) Agriculture régénérative. Les paramètres environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) pour ces sous-domaines sont intégrés dans notre grille d’évaluation interne dans le cadre du processus d’investissement et inclus dans nos dialogues avec les entreprises de produits de consommation, dans le cadre desquels nous leur demandons d’expliquer et de fournir des exemples de leurs diverses stratégies liées à la biodiversité. Le Forum économique mondial a déclaré que la biodiversité était l’une des trois principales menaces pour l’humanité avant 2030. Par conséquent, un appel à l’action s’impose pour concentrer notre attention. La nature est une ressource sous-évaluée que nous utilisons sans égard depuis trop longtemps, et des changements doivent être apportés pour réduire l’impact de la perte de la nature sur notre économie.

Étude de cas : Traçabilité des ingrédients avec une entreprise du secteur alimentaire

Au cours des deux dernières années, DGIA a travaillé activement avec un grand fabricant et distributeur canadien de produits laitiers et d’épicerie sur trois axes d’influence :

  1. le motiver à utiliser des ingrédients issus de sources durables;
  2. l’encourager à adopter un objectif visant à mettre fin à la déforestation dans sa chaîne d’approvisionnement; et
  3. l’exhorter à accroître son approvisionnement en protéines végétales.

DGIA n’était pas le seul investisseur à faire de telles demandes; la société avait reçu des propositions d’actionnaires similaires. 

L’entreprise ressentait une pression supplémentaire, car elle était en train d’être évaluée dans le cadre de l’intiative de Farm Animal Investment Risk and Return (FAIRR), un réseau de collaboration entre investisseurs qui se concentre sur les questions agricoles importantes, y compris la recherche et l’analyse ESG liées aux protéines animales et aux pratiques en matière de bien-être des animaux. FAIRR travaille en étroite collaboration avec des investisseurs pour effectuer des recherches, analyser des données provenant de plusieurs producteurs et fabricants de protéines animales et collaborer avec des entreprises alimentaires mondiales pour diversifier leurs sources de protéines afin de faire une transition systématique des portefeuilles de produits qui favorisent des régimes alimentaires plus sains et plus durables, tout en assurant la sécurité alimentaire à long terme. L’entreprise faisait également l’objet d’une évaluation par le Business Benchmark for Animal Welfare.

En 2021, les efforts collectifs de la communauté ESG ont porté leurs fruits : l’entreprise a annoncé des engagements liés à sa chaîne d’approvisionnement, notamment pour mettre fin à la déforestation, approvisionner durablement ses principaux ingrédients, et planifier l’obtention d’une certification de traçabilité d’un organisme reconnu pour certains de ses ingrédients clés. Ces mesures stimuleront la croissance et réduiront l’exposition aux risques tout en améliorant sa capacité à être concurrentielle et à innover dans un monde de plus en plus limité par les ressources.

En termes simples, le monde doit appuyer les efforts et agir pour protéger la nature. DGIA est une entité qui apporte sa voix et ses ressources pour soutenir diverses initiatives et agir pour la protection de la nature, mais elle n’est pas seule. De nombreuses institutions financières, sociétés et communautés scientifiques internationales font également entendre leur voix, incitant d’autres à accorder la priorité à la biodiversité et à un avenir favorable pour la nature. Nous espérons que nos efforts permettront à la biodiversité de faire partie de l’orientation ESG et du processus décisionnel.


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