Comment les gestionnaires d’actifs poussent les sociétés à atteindre leurs cibles de carboneutralité

Les sociétés financières ont le pouvoir d’encourager les sociétés à prendre des mesures plus ambitieuses pour réduire leur empreinte carbone

Il ne reste que 27 ans avant 2050 – la date limite pour que les pays et les sociétés atteignent l’objectif de carboneutralité –, et des pressions énormes s’exercent sur les sociétés pour qu’elles réduisent les risques liés au climat. Il ne sera pas facile de passer à la carboneutralité : il faudra beaucoup de capital et la volonté d’apporter des changements. Cependant, les gestionnaires d’actifs sont particulièrement bien placés pour aider les sociétés à atteindre cet objectif.

De plus en plus, les gestionnaires croient que les sociétés qui tentent de réduire leurs risques environnementaux seront mieux positionnées pour l’avenir, ce qui est bon non seulement pour la planète, mais aussi pour le rendement des placements. Pourtant, les sociétés manquent de ressources et souvent d’expertise pour relever ce défi. C’est pourquoi certaines sociétés financières tentent maintenant de les aider à atteindre leurs objectifs en offrant des solutions climatiques qui tiennent compte des politiques, de la science et de la finance.

Même si certains sont toujours sceptiques quant à l’incidence du climat sur l’économie en général, de nombreux chefs d’entreprise reconnaissent l’importance du risque. Selon le premier sondage mené par l’Institut pour le climat de BMO auprès de petites et moyennes entreprises nord-américaines, 69 % des répondants s’attendent à ce que les effets physiques des changements climatiques perturbent les activités au cours des cinq prochaines années. Un autre tiers affirment que des conditions météorologiques extrêmes soulèvent déjà des difficultés.

Gestion du risque climatique

En ce qui concerne le risque lié au climat, nous croyons que les gestionnaires d’actifs doivent tenir compte des défis environnementaux. Les gestionnaires de titres à revenu fixe, en particulier, ne peuvent pas se permettre d’ignorer les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) lorsqu’ils évaluent le risque de crédit, affirme Vishang Chawla, directeur de portefeuille, Titres à revenu fixe à gestion active à BMO Gestion mondiale d’actifs.

« Lorsque l’on examine les facteurs ESG, il faut penser aux sociétés qui existeront dans 10, 20 et 30 ans, parce que nous achetons des obligations à 30 ans », note M. Chawla. « En tant qu’analyste, Crédit, lorsque vous faites un placement, vous devez vous demander si vous voulez détenir cette société pendant 30 ans. Il faut donc penser à la carboneutralité. »

Les gestionnaires d’actifs de titres à revenu fixe ne décident pas seulement quels placements détenir – ils mobilisent les dirigeants des sociétés pour qu’ils adoptent la carboneutralité. Contrairement aux actions, l’argent amassé par les obligations durables devrait être affecté à des projets spécifiques, explique M. Chawla. Par conséquent, les gestionnaires d’actifs peuvent analyser un plan axé sur la carboneutralité et évaluer s’il permettra d’atteindre les objectifs de la société en la matière. Les gestionnaires d’actifs ont donc l’occasion de fournir des conseils à la direction sur la façon de renforcer ses initiatives ESG s’ils constatent que ses projets sont insuffisants, ajoute-t-il.

« En tant que gestionnaires actifs de milliards de dollars de titres de créance, une partie de notre responsabilité consiste à communiquer avec la direction de ces sociétés, à poser les questions difficiles et à examiner le bilan », explique Earl Davis, chef, Titres à revenu fixe et marché monétaire, BMO Gestion mondiale d’actifs. « C’est à partir de là que l’on commence à voir des tendances et que l’on est capable de pousser ou d’influencer les entreprises. »

Les interactions entre les gestionnaires d’actifs et les sociétés peuvent être importantes. Lorsqu’une grande société canadienne du secteur de l’énergie amassait des fonds pour ses initiatives en matière de développement durable, BMO Gestion mondiale d’actifs a fait équipe avec elle pour l’encourager à adopter des objectifs plus vigoureux en matière de carboneutralité.

Avoir une incidence mesurable

Le Global Impact Investing Network estime que le marché des fonds d’impact, qui comprend les fonds durables, est d’environ 1 160 milliards de dollars américains. Les fonds durables cherchent à investir dans des sociétés qui sont attrayantes du point de vue du rendement financier et des facteurs ESG. L’émission d’obligations vertes, qui sont des instruments financiers conçus pour financer des projets ayant des effets positifs sur l’environnement ou le climat, a grandement contribué à cette croissance.

Les fonds d’obligations durables offrent un moyen efficace de tirer parti du marché des obligations vertes. Grâce à ces fonds, vous avez accès à des sociétés qui ont utilisé des obligations vertes pour apporter des changements à des projets précis. Ces projets comprennent la volonté de Brookfield Asset Management de prolonger la durée de vie et à accroître la capacité de Shepherds Flat, l’un des plus importants projets d’énergie éolienne terrestre aux États-Unis. En remplaçant les turbines existantes par des turbines ayant des pales plus longues et une technologie plus moderne, la société s’attend à ce que le projet augmente sa capacité de production d’énergie propre d’environ 25 % par an, soit à peu près 400 gigawattheures. Bell Canada en est un autre exemple. La société du secteur des télécommunications a récemment émis une obligation liée au développement durable; cette obligation est destinée à financer divers projets d’énergie renouvelable afin de compenser l’empreinte carbone de la société tandis qu’elle met son réseau à niveau avec la 5G.

Adopter une vision à long terme

Les gestionnaires d’actifs doivent avoir une vision à long terme des répercussions des changements climatiques, mais le secteur subit des pressions pour que les rendements à court terme passent en premier. Certains gestionnaires sont préoccupés par le fait que la course vers la carboneutralité s’oppose à l’objectif d’obtenir le meilleur rendement corrigé du risque. Au moins un grand gestionnaire d’actifs a cédé à ces pressions en se retirant d’une initiative de lutte contre les changements climatiques du secteur des placements, en affirmant que le fait d’avoir une position sur la carboneutralité entre en conflit avec sa capacité à rester indépendant.

M. Davis estime que ce recul par rapport à la carboneutralité résulte d’une vision à court terme. « Lorsque nous investissons, nous le faisons du point de vue de la valeur actualisée nette, et à partir de là, nous examinons les flux de trésorerie à venir », dit-il. Cette perspective ne signifie pas que vous devez sacrifier les rendements, ajoute-t-il, en soulignant que les profils de risque et le rendement de nombreux fonds d’obligations durables sont semblables à ceux des fonds d’obligations ordinaires.

La différence tient à la façon dont les gestionnaires évaluent le risque. Les risques que les gestionnaires de titres à revenu fixe recherchent ne font peut-être pas les manchettes aujourd’hui, mais s’ils augmentent à l’avenir, ils pourraient avoir une incidence importante sur le rendement d’une entreprise. « Notre rôle consiste en partie à assurer des rendements financiers durables à l’avenir », dit-il.

Pour M. Davis, de BMO Gestion mondiale d’actifs, il s’agit de travailler avec les sociétés pour trouver des solutions intelligentes qui donneront des résultats. « Dans l’ensemble, lorsque l’on réfléchit globalement à la carboneutralité, aucune personne ni aucune institution ne pourrait y arriver seule », dit-il. « Cet effort doit être mondial. »


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Des facteurs climatiques pour stimuler les investissements dans les infrastructures

La nouvelle année a commencé comme l’année précédente, l’économie mondiale subissant les effets macroéconomiques de la pandémie de COVID-19, d’une inflation élevée et de l’instabilité géopolitique. Au milieu de toutes les incertitudes qui pèsent sur les marchés et l’économie mondiale, nous pensons que certains facteurs macroéconomiques devraient profiter aux actifs d’infrastructure en 2023 et au-delà.

L’Inflation Reduction Act

La politique fiscale américaine liée au changement climatique devrait être un moteur important pour les infrastructures. La loi américaine sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act, ou IRA), promulguée en août 2022, est l’un des textes de loi sur le climat les plus importants de l’histoire des États-Unis. Nous pensons qu’il s’agira d’une transformation de l’industrie pour les services publics et les énergies renouvelables. Les besoins croissants en matière d’électrification, tels que l’augmentation des infrastructures de chargement des véhicules électriques et des services solaires sur les toits des habitations et des petites entreprises, nécessiteront de nouvelles sous-stations, de nouveaux transformateurs et des fils plus performants le long des réseaux de distribution. L’impact de cette législation s’est manifesté dans les plans de dépenses d’investissement 2023 des services publics, ainsi que dans les carnets de commandes à terme des entreprises impliquées dans la transition énergétique — telles que les fournisseurs d’énergies renouvelables, de stockage et de composants — augmentant leurs profils de croissance.

La carte de pointage de l’U.S. Inflation Reduction Act

Tableau 1 : Principaux effets de la loi sur la réduction de l’inflation

La principale conclusion de l’IRA est la suivante : nous pensons qu’il n’y a aucune raison de développer autre chose que des énergies renouvelables à partir de maintenant. La raison principale? Les crédits d’impôt. Les crédits d’impôt américains pour la production d’énergie solaire et éolienne sont disponibles jusqu’en 2032 ou jusqu’à ce qu’une réduction de 75 % des gaz à effet de serre soit atteinte (sur la base des chiffres de 2022). Quoi qu’il en soit, on s’attend à ce qu’il s’agisse d’un vent favorable aux investissements dans les infrastructures pendant plus d’une décennie.

Sécurité énergétique

Nous pensons que la sécurité énergétique sera un autre facteur clé. La sécurité des ressources énergétiques est aujourd’hui le moteur de la politique mondiale, et une quantité importante d’infrastructures devra être construite pour atteindre la sécurité énergétique. La guerre Russie/Ukraine a entraîné une hausse des prix du gaz et des contraintes d’approvisionnement, ce qui souligne l’importance de la sécurité énergétique et des investissements dans ce domaine. Cette priorité soutient les infrastructures énergétiques, notamment en Europe, où des capacités supplémentaires sont nécessaires pour supplanter l’approvisionnement en pétrole et en gaz russe.

Un impact de la récession atténué

Après avoir vu la croissance économique ralentir en 2022 par rapport au rythme rapide de 2021, l’année 2023 devrait être marquée par des récessions dans les principales économies des États-Unis, de l’Europe et du Royaume-Uni. De plus, la croissance de la Chine sera probablement inférieure à la tendance pendant au moins une bonne partie de cette année. Cependant, nous pensons toujours que les actifs d’infrastructure présentent un attrait relatif supérieur à celui des actions, même en cas de récession.

Les rendements obligataires devraient augmenter avant de diminuer, tout comme l’inflation, dans le courant de l’année. En ce qui concerne les actions, la contractation des multiples due à la hausse des rendements obligataires a caractérisé la première partie de ce marché à la baisse. Une récession des bénéfices marque généralement la deuxième phase d’un marché à la baisse, et nous nous attendons à ce que cette récession des bénéfices soit une force, en particulier au début de 2023.

Nous pensons que l’impact d’une récession sur les actifs d’infrastructure devrait être modéré, en particulier pour les actifs réglementés. Les actifs d’infrastructure réglementés concernent des sociétés qui génèrent leurs flux de trésorerie, leurs bénéfices et leurs dividendes à partir de leurs actifs sous-jacents. Ces actifs devraient augmenter au cours des prochaines années, ce qui fait que les bénéfices des infrastructures semblent mieux protégés que les actions mondiales.

Impacts de l’Inflation

L’inflation s’est avérée beaucoup plus sévère que prévu l’année dernière, et à la fin de 2022, l’inflation variait d’environ 7 % aux États-Unis et au Canada, d’environ 11 % au Royaume-Uni et dans l’Union européenne[1]. La plupart des entreprises d’infrastructure ont un lien avec l’inflation dans leurs revenus ou leurs rendements. Les actifs réglementés, tels que les services publics, ont des rendements autorisés réglementés qui sont ajustés en fonction des variations des rendements obligataires dans le temps. Avec la hausse des rendements réels, les services publics semblent prêts à réaliser de bonnes performances (voir le tableau 1), et nous avons orienté nos portefeuilles d’infrastructure en conséquence.

Les services publics sont prêts à réaliser de bonnes performances

Tableau 2 : Rendement réel à 10 ans des États-Unis par rapport au ratio cours/bénéfices (C/B) des services publics
En date du 31 octobre 2022

Cela signifie que les valorisations sous-jacentes des actifs d’infrastructure ne sont généralement pas affectées par les variations de l’inflation et des rendements obligataires. Cependant, nous avons constaté que la volatilité du marché des actions associée à des rendements obligataires plus élevés a un impact sur les prix des titres d’infrastructure cotés, les rendant plus attrayants par rapport aux valorisations des infrastructures non cotées sur les marchés privés.

Les moteurs de croissance séculaires pour les actifs d’infrastructure devraient se manifester pleinement cette année. Le président américain Joe Biden souhaite réduire les émissions américaines de 50 % d’ici 2030, l’objectif étant qu’environ la moitié de l’électricité américaine provienne de centrales solaires d’ici 2050. Il faudra donc investir près de 320 milliards de dollars américains dans les infrastructures de transport d’électricité d’ici 2030 pour atteindre des émissions nettes nulles d’ici 2050.

Le besoin urgent de réaliser des dépenses d’infrastructure pour soutenir les initiatives en matière de changement climatique sous-tend la croissance prévue dans ce secteur pour la prochaine décennie et au-delà, et les premières mesures pour atteindre ces objectifs à long terme sont prises dès maintenant.

Notes:
[1] Bloomberg, janvier 2023


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QUELS SONT LES RISQUES?

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Les informations fournies ne constituent pas une recommandation ou un conseil d’investissement individuel pour un titre, une stratégie ou un produit d’investissement particulier et ne sont pas une indication de l’intention de négociation d’un portefeuille géré par Franklin Templeton.ClearBridge Investments est une filiale de Franklin Resources, Inc.

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Introduire l’impact dans la gestion de portefeuille : Réflexions d’Impact Frontiers

Dans le cadre d’un programme mondial, une cohorte de gestionnaires et de propriétaires d’actifs au Canada vient de passer 18 mois à relever les défis pratiques liés à l’intégration des considérations d’impact dans la création et la gestion de leurs portefeuilles. Bien qu’il ne soit pas simple, leur travail a finalement été fructueux. Ces membres de la cohorte sont désormais en mesure de gérer l’impact de leurs portefeuilles dans le monde réel, parallèlement aux performances financières, et de voir la relation entre les deux. Les réflexions des membres de la cohorte pourraient aider d’autres personnes désireuses d’investir avec un impact.

Considérations relatives à l’investissement d’impact

Le secteur de l’investissement a l’habitude de disposer de chiffres et de paramètres de performance financière normalisés et largement compris, que tous les investissements utilisent. Mais ce n’est pas le cas de la performance d’impact en raison de sa complexité multidimensionnelle, car il faut considérer qui est touché, de quelle manière et à quel degré. Pour présenter une image de l’impact d’un portefeuille, il faut donc utiliser un cadre intégré de notation de l’impact qui soit pertinent pour ce portefeuille. Par exemple, les avantages d’une entreprise produisant des énergies renouvelables pour les Africains et d’une autre développant des protéines végétales pour les Nord-Américains sont très différents, même si ces deux investissements pourraient faire partie d’un portefeuille environnemental. Pour présenter une image de l’impact d’un portefeuille, il faut donc utiliser un cadre intégré de notation de l’impact qui soit pertinent pour ce portefeuille.

C’est donc ce que les membres de la cohorte ont fait.

Aperçu

Impact Frontiers est une initiative éducative visant à faire progresser l’état de la pratique de la gestion d’impact. Les membres de la cohorte ont travaillé ensemble et étudié seuls pour apprendre et tester de nouvelles façons de mesurer et de gérer l’impact, puis de l’intégrer dans leurs pratiques d’investissement. Les membres ont expérimenté de nouvelles approches sur des portefeuilles réels, développé des outils à utiliser dans leur travail et ont obtenu des informations de leurs pairs et des experts en matière de mesure d’impact.

Pas de modèle facile ; plutôt un processus reproductible

Ayant clairement défini les résultats qu’ils attendaient d’un portefeuille, les membres de la cohorte ont ensuite déterminé les paramètres qui permettraient d’atteindre ces résultats. Ils ont mis au point des cadres personnalisés qui combinent des points de données, des recherches et des analyses pour évaluer les investissements sur la base de paramètres sociaux et environnementaux, puis ils ont comparé les paramètres d’impact à un paramètre financier pertinent pour eux, tel que le rendement des capitaux propres.

Il s’agissait de cadres personnalisés qui fonctionnaient pour leurs portefeuilles — par exemple, certains examinaient l’intensité carbonique, d’autres le nombre de nouveaux emplois créés, et d’autres encore la mesure dans laquelle un investissement augmentait la résilience du système alimentaire local.

Les membres de la cohorte ont constaté que l’un des principaux avantages de ce travail était sa large applicabilité et sa compréhensibilité :

  • Le processus était largement applicable. Bien que les mesures et les graphiques résultants soient différents, les membres de la cohorte ont trouvé le processus applicable et utile pour tous. Les grands gestionnaires d’actifs disposant d’un grand nombre de fonds différents ont pu développer une évaluation flexible qui pouvait être pilotée avec un fonds, puis étendue à d’autres. Les gestionnaires ayant de petites équipes ont pu mettre au point un cadre qui ne serait pas trop onéreux à maintenir.
  • Les résultats ont été largement compris. Les membres de la cohorte ont constaté que les graphiques finaux ont aidé leurs collègues à voir et à comprendre l’impact, et la façon dont il pourrait continuer à être mesuré parallèlement aux performances financières, favorisant ainsi l’adhésion de l’entreprise. D’autres membres ont trouvé que les graphiques démontraient que l’impact positif contribue au succès d’une entreprise, ce qui est précieux lorsqu’on s’adresse à des investisseurs potentiels.

Aperçu du portefeuille

Défis

Les membres de la cohorte ont souligné plusieurs difficultés à mesurer l’impact. De nombreuses lacunes dans les données, même avec des paramètres plus établis et couramment utilisés comme les émissions de gaz à effet de serre, ont constitué un défi commun, tout comme les attentes incohérentes en matière de déclaration. Mais un défi représente parfois aussi une opportunité. Plusieurs membres de la cohorte ont constaté que le problème des lacunes dans les données pouvait être minimisé en incorporant une approche plus qualitative dans la notation, et même en utilisant la narration.

Conseils pour tous les investisseurs

  1. Travaillez avec les autres et apprenez d’eux Bien que la mesure de l’impact constitue un domaine émergent, il existe une solide communauté mondiale d’experts. Travailler avec d’autres personnes au sein de votre propre équipe ou dans des réseaux plus larges de mesure d’impact est incroyablement utile. Des perspectives et des expériences différentes seront utiles pour expérimenter, tester et déployer une nouvelle méthodologie intégrée dans le domaine de l’impact financier.
  • Libérez-vous de votre perspective cloisonnée. Les investisseurs de premier plan examinent l’impact dès le début de leur contrôle préalable, et sous tous les angles : les produits de l’entreprise comme les opérations, les impacts négatifs et positifs, et l’interconnexion entre les parties prenantes susceptibles d’avoir un impact.
  • Faites-le. Puis recommencez. Il est bon de rappeler qu’une fois qu’un cadre de notation de l’impact a été établi, il n’est pas immuable. Les nouveaux apprentissages et les nouvelles données affineront et modifieront le cadre au fil du temps.

Cela vaut la peine de le faire

Le travail difficile réalisé pour intégrer l’impact en vaut la peine, notamment parce qu’il répond aux appels croissants en faveur d’une mesure, d’une gestion et d’un compte rendu de l’impact plus transparents, solides et compréhensibles dans le secteur de l’investissement au Canada.

Le récent Rapport de tendances de l’investissement responsable canadien, publié en 2022, a confirmé qu’il existe une demande croissante de sophistication et de rapports plus vigilants en matière d’investissement responsable. La mesure de l’impact apporte cette sophistication et cette vigilance dans la création et le rapports sur les portefeuilles, ce qui permet aux gestionnaires d’éviter les inquiétudes liées à l’écoblanchiment, qui continuent de façonner l’investissement ESG.

L’approche de l’intégration de l’impact est souple et adaptable et fonctionne même pour les personnes novices en matière d’impact. Et bien qu’il y ait et continuera d’y avoir des défis, ceux-ci sont gérables et ne devraient pas vous empêcher de progresser aujourd’hui dans votre travail de mesure de l’impact.

Dans l’ensemble, les membres de la cohorte ont appris que les relations entre l’impact et le risque et le rendement financiers peuvent être analysées de manière empirique et gérées de manière proactive. Cela permet aux investisseurs d’améliorer leur performance en matière d’impact tout en atteignant leurs objectifs financiers, de fixer des objectifs plus complets pour leur portefeuille et de communiquer plus clairement avec leurs collègues, les investisseurs et les parties prenantes sur l’impact et la performance financière.

Une note sur la cohorte canadienne d’Impact Frontiers

La cohorte de gestionnaires et de propriétaires d’actifs a été inscrite au programme Impact Frontières au Canada du printemps 2021 à l’automne 2022. La cohorte était composée de participants issus de petits et grands gestionnaires et propriétaires d’actifs, gérant des portefeuilles de différentes classes d’actifs, notamment Anthos Fund & Asset Management, Builders Vision, Cofra Holding, Placements Desjardins, Fair Finance Fund, Fondation du Grand Montréal, Placements Mackenzie, The McConnell Foundation et Raven Indigenous Capital Partners. La cohorte canadienne était motivée à rejoindre et à apprendre d’un réseau mondial de praticiens d’Impact Frontiers qui mènent des efforts de mesure et de gestion de l’impact.

Ressources additionelles :

  • https://impactmanagementplatform.org/ – Fruit d’une collaboration entre les principaux fournisseurs de normes et de conseils en matière de durabilité, ce site Web offre de nombreuses ressources pour soutenir la pratique de la gestion d’impact.

Notes du contributeur
Rally Assets est une société de conseil et de gestion des investissements d’impact. Rally Assets et Impact Frontiers ont travaillé avec de nombreux partenaires, dont l’AIR, pour mettre en œuvre le programme Impact Frontiers au Canada. Cet article rassemble les idées de nombreux membres de la cohorte.

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La loi sur la réduction de l’inflation : Une analyse approfondie pour les investisseurs responsables

La Loi sur la réduction de l’inflation de 2022 (Inflation Reduction Act, ou IRA) a été adoptée aux États-Unis en août 2022 et, malgré son nom, constitue en fait un avantage considérable pour les investissements dans les projets de lutte contre le changement climatique et d’énergie propre. Nous croyons que les importants programmes de crédits d’impôt et les subventions pour investir dans l’énergie propre prévus par l’IRA fourniront une poussée aux entreprises dans lesquelles nous investissons pour nos mandats axés sur la transition énergétique. Il existe un lien important entre les possibilités d’investissement accrues créées par l’IRA et les différents éléments de la loi qui sont conçus pour réduire les émissions de carbone des États-Unis d’environ 40 % d’ici 2030 par rapport au niveau de 2005.

Impacts nationaux et internationaux

L’IRA est un programme national conçu pour stimuler l’activité économique et l’emploi aux États-Unis dans le domaine des investissements dans les énergies propres et de la réduction des émissions de carbone. En conséquence, d’autres pays ont rapidement exprimé dans les médias leurs préoccupations quant au caractère essentiellement protectionniste de l’IRA, qui se concentrait sur les industries nationales américaines. En réalité, nous pensons que les pays doivent commencer chez eux pour avoir un impact positif sur le changement climatique tout en augmentant l’activité industrielle et en développant un ensemble de compétences pour l’économie verte. D’autres pays font de même, mais l’IRA a un tel impact qu’elle va probablement stimuler la concurrence entre les pays qui cherchent à se rendre aussi attrayants que les États-Unis en matière d’investissement et à introduire leur propre version de l’IRA. Cela pourrait accroître les incitations gouvernementales disponibles dans de nombreux pays, ce qui augmenterait l’activité d’investissement dans la réduction des émissions et du carbone. C’est une bonne chose pour la transition énergétique mondiale et le climat, et cela offre des possibilités d’investissement supplémentaires pour nos portefeuilles.

Nos mandats portent sur des entreprises qui contribuent à la transition énergétique vers un avenir plus durable. La plupart des entreprises dans lesquelles nous investissons opèrent au niveau international ou dépendent de chaînes d’approvisionnement mondiales. L’IRA adoptée aux États-Unis intervient en même temps que des initiatives de soutien dans d’autres pays, comme le 14e plan quinquennal de la Chine et les réformes du marché, ainsi que le plan REPowerEU. Celles-ci sont à l’origine d’une augmentation spectaculaire des prévisions d’expansion de la capacité de production d’énergie renouvelable publiées en mai 2022 par l’Agence internationale de l’énergie (l’« AIE »). L’AIE prévoit une croissance des énergies renouvelables de près de 2 400 GW sur la période allant de 2022 à 2027, ce qui équivaut à la totalité de la capacité électrique installée de la Chine aujourd’hui et représente une augmentation de 30 % par rapport aux prévisions du rapport de l’AIE de 2021. L’invasion russe de l’Ukraine en février 2022 a également eu un impact sur l’augmentation de la croissance des énergies renouvelables, la sécurité énergétique étant au centre des préoccupations. Une part importante de cette expansion de la capacité de production d’énergie renouvelable proviendra des entreprises publiques dans lesquelles nous investissons, ce qui se traduit directement par un potentiel de croissance des revenus et de rendement élevé des investissements si nous identifions les entreprises les mieux placées pour tirer parti de l’environnement favorable. Nous avons déjà constaté des projections de croissance en hausse, soutenues par l’IRA, dans la fabrication de panneaux solaires et de suiveurs, ainsi que dans l’hydrogène.

Avantages des investissements à long terme

Dans un contexte mondial, l’IRA est unique, car elle offre une visibilité politique à long terme puisqu’elle est en place depuis dix ans. Ceci est particulièrement bénéfique pour les projets éoliens et solaires américains qui bénéficient de crédits d’impôt prolongés jusqu’en 2032. La réforme des permis fait également partie de l’IRA, ce qui devrait faciliter le développement des énergies renouvelables dans tous les domaines. Cette clarté politique à plus long terme permet de prendre des décisions d’investissement dans des projets qui réduisent les risques et les coûts et améliorent le rendement des entreprises dans lesquelles nous envisageons d’investir. L’IRA prévoit un crédit d’impôt pour la production d’hydrogène pouvant aller jusqu’à 3 dollars par kilogramme. Cela stimulera la croissance des investissements dans ce domaine qui, selon nous, représente une opportunité clé. En effet, nos mandats envisagent l’hydrogène dans le contexte local, en offrant des possibilités d’approvisionnement et d’utilisation au niveau local. L’hydrogène en est encore à un stade très précoce et le crédit d’impôt à la production de l’IRA est utile, mais nous restons diligents et sélectifs quant aux entreprises et aux projets qui répondent à nos critères d’investissement.

Les investisseurs, dont nous faisons partie, préfèrent généralement la certitude. La durée de l’IRA est intéressante, car elle permet de planifier et de mettre en œuvre des projets dans des administrations potentiellement différentes. La facilitation des autorisations ainsi que la clarté sur le contenu national devraient accélérer le développement des projets. L’IRA est l’investissement le plus important dans le domaine du climat de l’histoire des États-Unis, et des investissements sont en train d’être planifiés pour capitaliser les 269 milliards de dollars de crédits d’impôt et de subventions en faveur des énergies renouvelables, des carburants propres, de la capture et du stockage du carbone, des plateformes d’hydrogène et des véhicules électriques, ce qui entraînera une réduction massive des gaz à effet de serre et des investissements dans les énergies à faible teneur en carbone ou sans carbone. Le principal bénéficiaire à court terme est le secteur de l’électricité, avec des dispositions prévoyant un développement rapide de l’énergie éolienne et solaire au cours de la prochaine décennie. Nous voyons des occasions dans l’éolien et le solaire à l’échelle des services publics, ainsi que dans le solaire pour les applications résidentielles, commerciales et industrielles. L’IRA, en clarifiant les exigences en matière de contenu national, devrait rendre ces projets économiquement attrayants dans beaucoup plus de juridictions aux États-Unis, ce qui nous permet d’élargir les entreprises et les juridictions dans lesquelles nous investissons.

Caractéristiques notables de l’IRA

Au fur et à mesure que les choses se précisent quant à l’utilisation et à l’applicabilité des crédits d’impôt, les entreprises espèrent initialement pouvoir conserver la plupart des avantages pour elles-mêmes, plutôt que de les partager avec les consommateurs. Ce problème est abordé dans l’IRA sous la forme d’ajouts sociaux qui sont répercutés sur les consommateurs et qui sont axés sur les populations à faibles revenus et l’énergie solaire. En outre, l’IRA aidera les consommateurs en leur accordant des remises directes sur leurs factures de services publics en 2023. Cela nous donne confiance pour intégrer les aspects positifs de l’IRA dans notre analyse et notre thèse d’investissement commercial. Nous intégrons généralement une marge de sécurité dans nos hypothèses lorsque nous fixons nos attentes à l’égard des entreprises, mais ces aspects supplémentaires de l’IRA réduisent le risque que les autorités réglementaires récupèrent une partie du potentiel de hausse des investissements à l’avenir. D’autres questions portent sur l’admissibilité à des éléments tels que les crédits d’impôt à la production, qui comportent une exigence de contenu national. Nous ne connaissons pas encore les détails de la production nationale, si elle doit être entièrement ou partiellement produite aux États-Unis ou simplement assemblée. Malgré cela, des discussions sont déjà en cours concernant l’augmentation de la capacité cristalline de polysilicium aux États-Unis et la fabrication de batteries, entre autres opportunités que nous suivons de près.

L’IRA est unique en son genre avec son approche « seulement des carottes, pas de bâton » qui prévoit de nombreuses subventions pour relancer l’investissement. La législation ne contient aucun élément tel que le plafonnement et l’échange ou les taxes sur le carbone qui pourraient compromettre ou réduire l’investissement. Cela soutient la croissance et l’emploi et ne pénalise personne. Notre évaluation de la loi est qu’elle présente de nombreuses caractéristiques qui peuvent contribuer à améliorer la durabilité de l’économie américaine, tout en offrant des opportunités d’investissement intéressantes dans des entreprises et des projets spécifiques. La mise en œuvre de ces projets ne réduira peut-être pas réellement l’inflation à court terme, mais nous pensons qu’elle améliorera certainement la réputation des États-Unis sur la scène mondiale et augmentera la taille et la vitesse des investissements dans les entreprises de réduction du carbone et des émissions aux États-Unis et, avec des incitations concurrentes, dans d’autres pays du monde. Une situation gagnant-gagnant pour la société et pour nos efforts d’investissement pour nos clients.


Clause de non-responsabilité de l’AIR
Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement. 

Les questions relatives aux droits des autochtones et à la réconciliation sont importantes : Comment les investisseurs peuvent-ils soutenir la diligence raisonnable ?

Les investisseurs de tout le pays reconnaissent l’importance de veiller à ce que la transition du Canada vers une économie à zéro émission nette répartisse équitablement les avantages et les défis entre les Canadiens — ce qu’on appelle souvent une transition juste. Au centre de la discussion se trouvent les peuples autochtones du Canada, qui ont toujours été exclus des bénéfices des succès économiques du Canada, tout en supportant le poids de ses retombées environnementales et sociales. Pour les investisseurs d’aujourd’hui, cela se traduit par des risques et des opportunités liés aux droits des autochtones et à la réconciliation dans le cadre de leurs investissements. 

Le secteur minier canadien étant appelé à se développer pour répondre à la demande en minéraux et en métaux destinés à rendre les infrastructures mondiales plus écologiques, les investisseurs doivent évaluer la manière dont les entreprises prennent en compte les questions de réconciliation et de droits des autochtones à court terme. Par exemple, pas plus tard qu’en octobre 2022, une société australienne a renoncé à deux projets miniers au Québec en raison de l’opposition de la Première nation Kebaowek. Ces éléments sont significatifs pour les investisseurs de diverses manières, ce qui rend indispensable l’amélioration des informations fournies par les émetteurs.

Pourquoi les divulgations des entreprises sur les questions autochtones sont importantes

Les arguments moraux en faveur d’un traitement approprié des communautés autochtones et de leurs terres sont clairs et évidents pour les investisseurs de tous types ; la Commission de vérité et réconciliation fournit un compte rendu historique des atrocités passées et présentes commises à l’encontre des peuples autochtones. L’analyse de cas est également importante pour les investisseurs. Elle comprend plusieurs considérations clés :

  1. Retards – Les retards dans les grands projets miniers dus à l’absence de prise en compte de l’impact du développement sur les terres autochtones et à proximité de celles-ci peuvent entraîner des pertes financières importantes. L’un des exemples les plus célèbres est sans doute celui du Dakota Access Pipeline (DAPL), dont le coût était initialement estimé à 3,8 milliards de dollars américains et qui a finalement coûté à Energy Transfer Partners (ETP) plus de 7,5 milliards de dollars. Dans ses propres documents judiciaires de l’époque, ETP a estimé qu’un retard d’un an sur le projet coûterait 1,4 milliard de dollars, qu’un retard temporaire coûterait 430 millions de dollars, les coûts de démobilisation s’élevant à eux seuls à 200 millions de dollars. 
  2. Perception du public et partenariats – Pendant l’affaire DAPL, plus de 5 milliards de dollars ont été désinvestis des banques qui ont financé le pipeline. Des titulaires de comptes individuels, des tribus autochtones et des villes comme Seattle se sont retirés de Wells Fargo et d’autres banques en raison de leur manque de réactivité face aux revendications des autochtones. 
  3. Prix de l’action – Lorsqu’il est apparu clairement, par le biais d’une action en justice de la Cour d’appel de la Colombie-Britannique, que Minera San Rafael, une filiale de Pan American Silver opérant au Guatemala, ne faisait pas état de l’opposition des communautés indigènes Xinca locales, le cours des actions a chuté de 27 à 5 dollars.
  4. Poursuites – Cette affaire a donné lieu à une série de poursuites judiciaires, ainsi qu’à la suspension des activités minières par le tribunal guatémaltèque. Les litiges juridiques se poursuivent au-delà des frontières du Canada, avec une attention constante portée aux filiales internationales ayant leur siège au Canada. 

De nombreux investisseurs peuvent encore avoir besoin de conseils sur la manière de s’assurer que ces questions sont prises en compte dans les informations fournies par une entreprise et dans leurs décisions d’investissement.

Approches visant à améliorer les divulgations relatives aux droits et à la réconciliation des autochtones

Pour de nombreux investisseurs, les plans d’action de réconciliation des entreprises constituent une étape clé à prendre en considération. Ces plans exposent clairement et publiquement les objectifs et la feuille de route d’une organisation sur la manière dont elle s’engagera et collaborera avec les communautés indigènes, souvent dans le contexte de cadres clés, notamment :

Les plans d’action de réconciliation sont un outil important que les investisseurs peuvent demander et examiner pour voir comment une entreprise progresse dans son travail d’amélioration de la communication sur les questions autochtones et au-delà. Les investisseurs doivent rechercher des objectifs quantifiables, des méthodologies clairement divulguées et des mécanismes qui fournissent des mises à jour régulières afin que les parties prenantes puissent évaluer les progrès. Les investisseurs peuvent poser des questions de suivi même si aucun plan d’action de réconciliation n’est disponible, y compris comment et où ces cadres et d’autres sont abordés. 

Autres questions que les investisseurs peuvent poser à leurs gestionnaires d’actifs et à leurs émetteurs :

  • Qu’est-ce qui a été soumis aux organismes de réglementation/gouvernement ou à d’autres tiers en ce qui concerne les autorisations et les divulgations autochtones? Où les investisseurs et le public peuvent-ils accéder à ces informations?
  • Quels problèmes ont été signalés lors de l’exercice de la diligence raisonnable en ce qui concerne les droits, titres et terres autochtones? Comment l’entreprise les aborde-t-elle?
  • Comment les filiales et les entrepreneurs/sous-traitants sont-ils comptabilisés et impliqués dans ce travail? Quels sont les processus et où sont les rapports pour s’assurer qu’ils sont également conformes à ce qui précède?

Bien que la législation qui reflète une grande partie des questions ci-dessus puisse arriver bientôt au Canada, les investisseurs ne doivent pas attendre. L’argument moral et commercial est clair pour les investisseurs. Poser ces questions est une première étape pour assurer une diligence raisonnable dans les divulgations sur les droits des autochtones et la réconciliation, et pour s’assurer que les considérations matérielles pour les communautés et les portefeuilles sont gérées avec succès.

Nous remercions Joseph Bastien et la Reconciliation and Responsible Investment Initiative (RRII) pour leurs contributions à la recherche impliquée dans cet article.

Comment les investisseurs peuvent renforcer les questions relatives aux droits de l’homme dans les entreprises de technologies de l’information et de la communication

Les droits de l’homme sont fondamentaux, le socle de la société. Pourtant, notre société est constamment confrontée aux risques qui pèsent sur ces droits, et les questions relatives aux droits numériques occupent une place importante dans ce débat. 

Dans ce dialogue, Michela Gregory de Placements NEI et Anita Dorett de l’Investor Alliance for Human Rights discutent des avantages de la collaboration des investisseurs sur les questions relatives aux droits de l’homme, notamment dans le secteur des technologies de l’information et des communications (TIC). 

L’Investor Alliance for Human Rights est une plateforme d’action collective pour un investissement responsable fondé sur le respect des droits fondamentaux des personnes. Les investisseurs ont la responsabilité de respecter les droits de l’homme, conformément aux Principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme. L’Investor Alliance a publié la boîte à outils, l’Investor Toolkit on Human Rights, destinée spécifiquement aux propriétaires et gestionnaires d’actifs, afin qu’ils abordent les risques en matière de droits de l’homme posés par leurs investissements. Cette boîte à outils fournit les éléments de base permettant aux investisseurs de créer leur approche de la gestion des risques liés aux droits de l’homme au sein de leur organisation et dans le cadre de leurs activités d’investissement.

Anita : Collaborer sur les questions relatives aux droits de l’homme présente de nombreux avantages. En partageant leurs connaissances et leurs expériences, les investisseurs peuvent améliorer leur compréhension des risques liés aux droits de l’homme dans les entreprises de leur portefeuille, et de l’importance de ces risques pour la valeur à long terme du portefeuille. La collaboration augmente l’effet de levier des investisseurs pour pousser les entreprises à entreprendre une diligence raisonnable en matière de droits de l’homme qui permettra des pratiques commerciales respectueuses de ces droits. Elle permet aux investisseurs de s’engager avec un plus large éventail de sociétés de portefeuille en utilisant des ressources partagées.

L’Investor Alliance offre également une plateforme permettant aux investisseurs de dialoguer avec les organisations de la société civile qui défendent les titulaires de droits ayant subi un impact négatif. Cette collaboration donne un aperçu des risques liés aux droits de l’homme et des préjudices qui en découlent, ce qui contribuera à éclairer les engagements des investisseurs.  

Michela : Au fil de nos engagements, nous avons constaté que l’attitude des entreprises à l’égard des droits de l’homme peut varier considérablement. Pour que les investisseurs s’acquittent de leur responsabilité en matière de respect des droits de l’homme, ils doivent comprendre comment les sociétés de leur portefeuille réagissent aux impacts potentiels et réels sur les droits de l’homme, et ceux-ci (ainsi que les autres parties prenantes) demandent des rapports rigoureux. 

Parfois, les entreprises qui ont une longueur d’avance sur leurs pairs en ce qui concerne les impacts sur les droits de l’homme sont plus enclines à limiter leurs divulgations publiques. D’autres peuvent avoir des engagements solides, mais leurs actions sont difficiles à évaluer en raison de leur divulgation limitée. La collaboration dans des groupes de discussion multipartites peut permettre aux investisseurs d’amplifier les demandes claires et informées des bénéficiaires des investissements. Ceci est particulièrement important, car nous sommes toujours en pleine normalisation des attentes en matière de divulgation, même si des ressources telles que les Principes directeurs des Nations unies pour l’établissement de rapports fournissent des orientations.

Anita : La divulgation est un point critique, en particulier lorsque nous parlons de lacunes dans la divulgation. L’influence croissante du secteur des TIC a reconfiguré tous les aspects de nos vies, en particulier après la pandémie de COVID-19.

Par exemple, le modèle économique de Meta repose presque entièrement sur les recettes publicitaires, qui représenteront près de 98 % de ses recettes mondiales en 2020. Meta s’appuie sur l’intelligence artificielle (IA) qui utilise des systèmes algorithmiques pour diffuser des publicités ciblées. Cependant, peu d’informations sont rendues publiques sur la manière dont ces systèmes fonctionnent pour déterminer les publicités que voit un utilisateur ni sur les risques potentiels ou réels qui en résultent pour les droits de l’homme.

Au cours de la dernière saison des assemblées, les investisseurs ont déposé une proposition auprès de Meta lui demandant de réaliser une Évaluation de l’impact sur les droits de l’homme (EIDH) de ses politiques et pratiques en matière de publicité ciblée. La proposition a obtenu 23,8 % des voix, ce qui représente plus de 77 % du vote « indépendant », une fois que les actions contrôlées par le chef de la direction ont été écartées. Cela devrait envoyer un message clair à l’entreprise que les investisseurs exigent davantage en matière de droits de l’homme. Des propositions similaires demandant des EIDH sur divers aspects des opérations ou des relations commerciales ont été déposées chez Alphabet et Amazon, également avec un fort soutien des actionnaires indépendants.

Les investisseurs reconnaissent que le respect des personnes et de la planète est au cœur de la création de valeur à long terme. Pour évaluer le risque lié aux droits de l’homme dans leur portefeuille, les investisseurs doivent demander aux sociétés de leur portefeuille de faire de même. Les entreprises devraient adopter une approche itérative pour s’assurer que leurs décisions concernant tous les aspects des opérations et des relations dans la chaîne de valeur tiennent compte des impacts négatifs sur les parties prenantes et les titulaires de droits et veillent à les prévenir.

Mais l’adoption de la diligence raisonnable en matière de droits de l’homme a été lente et décevante. Le Corporate Human Rights Benchmark, qui évalue les performances en matière de droits de l’homme des 230 plus grandes entreprises cotées en bourse dans des secteurs à haut risque, a révélé qu’à partir de 2020, près de la moitié des entreprises ont obtenu un score de zéro pour les cinq indicateurs de diligence raisonnable en matière de droits de l’homme. Plus de 200 investisseurs mondiaux représentant plus de 5 800 billions de dollars américains d’actifs sous gestion, réunis par notre organisation, ont envoyé une déclaration à 106 entreprises demandant une action urgente pour mettre en œuvre la diligence raisonnable en matière de droits de l’homme. Certains investisseurs ont indiqué qu’en l’absence d’amélioration, ils seraient prêts à invoquer le processus de vote par procuration pour motiver les retardataires.

Michela : Même si nous constatons une plus grande divulgation des engagements en matière de droits de l’homme, il y a encore beaucoup de choses que les entreprises ne divulguent pas sur la manière dont elles mettent en œuvre leurs politiques. La divulgation peut aider les investisseurs à vérifier le type de mesures prises par les entreprises en matière de droits de l’homme. Cela devient une exigence, car des réglementations sont adoptées dans des juridictions telles que l’Union européenne. 

La collaboration avec des investisseurs partageant les mêmes idées nous positionne, ainsi que les entreprises, pour des engagements plus efficaces mutuellement. Bien entendu, l’une des principales demandes porte sur une plus grande divulgation de la manière dont les entreprises mettent en œuvre leurs engagements et leurs politiques en matière de droits de l’homme. Grâce à la collaboration, nous pouvons accroître notre capacité à avoir un impact significatif.


Clause de non-responsabilité de l’AIR
Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

Les facteurs ESG englobent plus que l’environnement : des conseillers qui voient au-delà des émission

Au cours de la dernière décennie, l’intérêt pour les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) a monté en flèche, les investissements responsables représentant plus de 62 % de tous les actifs gérés par des professionnels au Canada, selon l’Association pour l’investissement responsable (AIR) du Canada¹. Pourtant, de nombreux conseillers hésitent à parler des facteurs ESG à leurs clients. Un sondage d’opinion mené par l’AIR auprès des investisseurs a révélé que 77 % d’entre eux veulent que leurs conseillers leur parlent d’investissement responsable, mais que seulement 27 % ont déclaré avoir eu des entretiens à ce sujet avec leur planificateur financier². 

Si les facteurs ESG occupent de plus en plus de place dans les entretiens sur l’investissement, pourquoi les conseillers ne sont-ils pas plus nombreux à parler de durabilité avec leurs clients? Le problème, c’est que les facteurs ESG sont encore largement mal compris et que de nombreuses personnes du secteur des placements peinent à voir plus loin que la lettre « E » de l’acronyme, c’est-à-dire l’environnement. 

Les émissions ne sont que l’une des pièces du casse-tête.

Pour de nombreuses personnes, les facteurs ESG forment une notion thématique qui est souvent perçue du seul point de vue des changements climatiques. Des journalistes et des experts ont critiqué les facteurs ESG pour leurs mesures incohérentes ainsi que leurs objectifs imprécis et trop nombreux pour être significatifs. Certains sont allés jusqu’à affirmer que les facteurs ESG devraient être ramenés à une mesure simple : les émissions.

Bien qu’il soit compréhensible de s’en remettre implicitement à l’environnement et aux émissions – les émissions constituent le facteur ESG le plus facile à quantifier –, il s’agit là d’une vision extrêmement étroite. Si les émissions étaient le seul aspect à prendre en considération, les portefeuilles auraient une forte pondération de titres d’entreprises axées sur les technologies propres, les énergies de remplacement et d’autres préoccupations liées au climat. Cette vision suppose également que les investisseurs ne se soucient que de l’environnement, mais de nombreux Canadiens accordent aussi beaucoup d’importance aux questions sociales et de gouvernance, comme la parité au sein des conseils d’administration ou les pratiques équitables en matière de travail. 

Créer de la valeur grâce aux facteurs ESG

Depuis leur utilisation première comme instrument voué uniquement à l’harmonisation des placements et des valeurs des investisseurs, les facteurs ESG ont connu une longue évolution : ils englobent maintenant une réalité beaucoup plus large. Les facteurs ESG visent essentiellement à réduire les risques et à identifier les occasions émergentes, ce qui est l’une des principales raisons pour lesquelles les investisseurs institutionnels les ont intégrés dans leurs processus d’investissement. 

Le Boston Consulting Group (BCG) fait remarquer que les facteurs ESG attirent les investisseurs avertis parce qu’ils combinent des exigences de comptabilité financière avec des mesures de rendement non financières, ce qui peut non seulement aider la planète et contribuer au bien commun, mais aussi aider les investisseurs à atteindre leurs objectifs financiers. 

Les facteurs ESG nuisent-ils au rendement?

Certains investisseurs se demandent peut-être si les mesures liées aux facteurs ESG nuisent au rendement dans un contexte de volatilité accrue des marchés, mais les données ne justifient pas ces craintes. Selon l’AIR, l’indice MSCI Canada ESG Leaders a surpassé l’indice MSCI Canada sur le long terme. 

Nous croyons que c’est parce que les facteurs ESG – qui fournissent un cadre au moyen duquel toutes les entreprises peuvent être considérées – améliorent le processus de placement en fournissant un filtre supplémentaire permettant d’éliminer les mauvais acteurs, d’évaluer les risques et de repérer les occasions. L’intégration des facteurs ESG n’a pas besoin d’être considérée comme un style de placement en soi. 

Les investisseurs reconnaissent de plus en plus que les gouvernements et les organismes de réglementation continueront d’imposer des règles plus strictes, en particulier lorsqu’il est question d’harmoniser la communication de l’information sur le climat. À mesure que ces règles prendront de l’importance, les entreprises qui n’auront pas pris au sérieux des enjeux comme les changements climatiques risquent de s’exposer à des pénalités sévères et à de possibles poursuites qui pourraient gruger leurs résultats. 

Un message pour les entreprises : les facteurs ESG sont en plein essor au Canada

Les entreprises canadiennes prennent la situation au sérieux. Selon un rapport publié en 2021 par Millani, une société montréalaise d’experts-conseils en matière de facteurs ESG, plus de 70 % des entreprises de l’indice composé S&P/TSX produisent désormais des rapports sur les facteurs ESG, par comparaison à 36 % en 2016 – y compris certaines entreprises du secteur de l’énergie. 

Cet intérêt accru ne devrait pas surprendre. Selon un sondage d’Ipsos mené entre le 27 et le 30 août 2021, les deux tiers des Canadiens accordent de l’importance aux facteurs ESG lorsqu’ils prennent des décisions de placement³. Le désir d’investir de façon responsable est encore plus marqué chez les investisseurs de la relève, 71 % des personnes âgées de 18 à 34 ans prenant en compte les facteurs ESG. 

Si les entreprises veulent réussir, tant du point de vue des revenus que de celui des cours boursiers, elles devront probablement prouver à leurs clients qu’elles se soucient des enjeux ESG. 

Mieux s’éduquer sur le sujet et en parler plus : une nécessité

Si nous voulons que ces idées fausses changent, alors il est nécessaire de mieux s’éduquer. Une étude de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario a révélé ceci : un tiers des investisseurs affirment que l’accès à l’information sur les facteurs ESG les aide à prendre de meilleures décisions en matière de placement. Comme de nombreux investisseurs ne connaissent toujours pas les facteurs ESG, les conseillers qui peuvent les renseigner à ce sujet tiennent une occasion d’augmenter leur valeur auprès de leurs clients.

Un bon point de départ consiste peut-être à souligner que les facteurs ESG ratissent plus large que les changements climatiques. 

L’évolution des valeurs en ce qui a trait aux questions environnementales et sociales ouvrira de nouvelles industries (p. ex. : les véhicules électriques) et de nouveaux marchés (p. ex. : les crédits de carbone) et créera des occasions pour que soient mis de l’avant des thèmes trop longtemps tenus à l’écart (p. ex. : l’accroissement du nombre de femmes qui occupent des postes de leadership).

Pour les conseillers qui veulent continuer à offrir de la valeur à leurs clients, il est important de penser plus loin que le « E » de l’acronyme ESG. Comme le souligne le BGC, les innovations et les investissements des entreprises qui cherchent à s’améliorer dans les trois catégories des facteurs ESG pourraient injecter des sommes de l’ordre du mille milliards de dollars dans l’économie mondiale d’ici 2050. En adoptant un cadre axé sur les facteurs ESG, les investisseurs pourront plus facilement repérer ces entreprises et prendre part aux rendements potentiels des placements. 

Il est temps que le secteur des placements examine les répercussions et le potentiel plus vastes liés aux facteurs ESG afin de repérer les occasions de gestion des risques. Comme les investisseurs n’ont pas tous les mêmes valeurs, il incombe au conseiller de parler des facteurs ESG à ses clients et de déterminer où ils se situent sur le plan des valeurs en ce qui a trait aux facteurs ESG. En tant que conseiller, vous n’avez pas à prendre parti – vous devez simplement mettre l’accent sur la situation dans son ensemble.

[1] En date du 21 décembre 2019
[2] En date de septembre 2021
[3] En date de novembre 2021


Clause de non-responsabilité du contributeur
Les opinions exprimées par l’auteur représentent son évaluation au moment de la publication. Ces opinions peuvent changer en tout temps et sans préavis. Les renseignements fournis dans le présent document ne constituent pas une sollicitation ni une offre relative à l’achat ou à la vente de titres, et ils ne doivent pas non plus être considérés comme des conseils de placement. Cette communication est fournie à titre informatif seulement.

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Le rôle de l’engagement actionnarial dans la rémunération des dirigeants

La rémunération des dirigeants est l’un des aspects les plus visibles du programme de gouvernance d’entreprise d’une société cotée en bourse, et celle-ci se doit d’être compétitive pour attirer et retenir les dirigeants. Du point de vue des actionnaires, la meilleure pratique consiste à s’aligner sur les performances financières et sur la manière dont un dirigeant atteint les objectifs stratégiques de l’entreprise.

Les mesures de performance sont généralement axées sur les objectifs financiers ou opérationnels et sur le rendement pour les actionnaires. Cependant, comme les entreprises continuent d’accorder plus d’importance aux stratégies environnementales, sociales et de gouvernance (ESG), les indicateurs liés aux performances ou aux objectifs ESG deviennent de surcroît un élément additionnel dans la rémunération des dirigeants. Cela crée un élément supplémentaire à évaluer pour les actionnaires lorsqu’ils doivent décider de leur vote sur les propositions de vote consultatif sur la rémunération des dirigeants. 

Responsabilité ESG

L’inclusion de critères de performance ESG dans la planification de la rémunération des cadres est relativement récente, bien qu’elle soit plus courante dans les grandes entreprises que dans les petites. En 2020, 57 % des entreprises du S&P 500 incluaient des mesures ESG dans leurs plans de rémunération des dirigeants, contre 10 % des entreprises du Russell 3000 (à l’exclusion des entreprises du S&P 500); en date de la saison de procuration de 2022, 75 % des sociétés du TSX60 ont intégré des mesures ESG dans la rémunération des dirigeants ou ont fait part de leur intention de le faire au cours de l’année. Ces résultats ne sont peut-être pas surprenants puisque les grandes entreprises ont tendance à être plus avancées dans leur démarche ESG.  

Applications variées

De nombreuses entreprises intègrent des mesures de performance ESG dans les régimes incitatifs à court terme (STIP). Jusqu’à présent en 2022, 68 % des entreprises du TSX60 qui intègrent des critères ESG dans les incitations le font uniquement dans le STIP, 27 % intègrent des critères ESG à la fois dans le STIP et dans le régime incitatif à long terme (LTIP), et 2 % les intègrent uniquement dans le LTIP. Bon nombre de ces entreprises utilisent une méthode de tableau de bord, où les différents paramètres ESG sont regroupés avec d’autres objectifs de l’entreprise, généralement sans pondération spécifique. D’autres emploient des objectifs ESG pondérés autonomes, et certains utilisent la performance ESG comme un modificateur pour augmenter ou diminuer l’ensemble du paiement.      

Les mesures ESG peuvent être des indicateurs prospectifs, tels que les objectifs de réduction des émissions, ou des indicateurs retardés, tels que les performances en matière de santé et de sécurité ou les scores de satisfaction des clients. Il existe de nombreuses façons dont les entreprises peuvent structurer les objectifs de rémunération des dirigeants. Les investisseurs s’attendraient à ce que les objectifs d’une entreprise soient pertinents et significatifs pour l’entreprise. Bien que l’année 2022 ait vu une augmentation du nombre de paramètres environnementaux et climatiques ajoutés dans tous les secteurs parmi les grandes entreprises canadiennes, le capital humain et les questions sociales constituaient la majorité des objectifs ESG des entreprises.

Considérations pour les investisseurs

Compte tenu des nombreuses variations et des précédents historiques limités, voici quelques considérations à l’intention des investisseurs lorsqu’ils s’engagent auprès d’un conseil d’administration au sujet de la rémunération des dirigeants :

  1. Le Conseil d’administration doit être en mesure d’expliquer les raisons du choix de certains critères et objectifs ESG, et la manière dont ils s’alignent sur l’activité et l’importance financières de l’entreprise.
  2. Le Conseil d’administration et le comité de rémunération doivent être en mesure d’expliquer pourquoi les mesures ESG sélectionnées sont intégrées dans les éléments de rémunération spécifiques, tels que le STIP ou le LTIP. Les mesures opérationnelles rétrospectives sont généralement considérées comme des mesures à court terme et conviennent probablement mieux au STIP, tandis que les objectifs prospectifs reflètent la vision à long terme et conviennent mieux au LTIP. Un trop grand nombre de critères ESG pourrait indiquer un manque de concentration et se faire au détriment d’autres objectifs commerciaux importants, tandis qu’un accent mis uniquement sur les objectifs ESG basés sur les opérations pourrait être insuffisant pour encourager les progrès nécessaires à la réalisation des objectifs ESG.
  3. Le Conseil devrait être en mesure d’articuler son processus de surveillance de la gouvernance pour surveiller les critères ESG sélectionnés. 

Les mesures et objectifs ESG choisis doivent être étayés par des données accessibles et transparentes pour les parties prenantes. De nombreuses entreprises incluent des objectifs liés au capital humain, tels que la diversité et l’inclusion (D&I), l’engagement des employés et la culture. Cependant, les informations sur la D&I sont encore un domaine à améliorer pour de nombreuses entreprises, et la culture d’entreprise reste intangible. Le fait de disposer de mesures claires aide les actionnaires à comprendre comment les performances ESG sont alignées sur la rémunération des dirigeants.  

La prise en compte des critères ESG dans la rémunération des dirigeants est un domaine relativement nouveau, nuancé et contextuel pour chaque entreprise. Les attentes des investisseurs et les cadres d’évaluation devraient continuer à renforcer les principes de meilleures pratiques tels que la rémunération au rendement et la transparence.


Clause de non-responsabilité de l’AIR
Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

Les chemins de fer sont-ils la solution la plus respectueuse de l’environnement en matière de transport de marchandises?

Selon l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA), les principales sources d’émissions de gaz à effet de serre aux États-Unis proviennent de la combustion de combustibles fossiles pour l’électricité, le chauffage et le transport. Le secteur des transports génère la plus grande part des gaz à effet de serre (GES), soit 27 % des émissions totales de l’économie, suivi par le secteur de l’énergie électrique (25 %), l’industrie (24 %), le secteur commercial et résidentiel (13 %) et l’agriculture (11 %). 

Le secteur des transports comprend le déplacement des personnes et des marchandises par voitures, camions, trains, bateaux, avions et autres véhicules. Pour ce qui est du transport de marchandises en particulier, les camions moyens et lourds sont responsables de 26 % des émissions totales de GES du secteur, tandis que les chemins de fer ne représentent que 2 % des émissions. Les émissions de GES proviennent principalement de la combustion de combustibles fossiles pour la propulsion, et le diesel est le carburant le plus utilisé pour le transport de marchandises. 

En tant que gestionnaire dynamique d’actifs fondamentaux, nous sommes restés un investisseur important dans le secteur ferroviaire pendant de nombreuses années. Nous voyons deux considérations ESG clés dans l’analyse du secteur ferroviaire. Tout d’abord, pour une quantité donnée de marchandises, les chemins de fer constituent un mode de transport à émissions de GES relativement faibles. Deuxièmement, l’industrie fait preuve de nombreuses initiatives pour réduire son profil d’émissions de GES. Nous pensons que des empreintes environnementales favorables et en amélioration soutiennent la performance de l’industrie au fil du temps. Nous continuons également à soutenir les nombreux efforts de décarbonisation de l’industrie du transport de marchandises par le biais d’un engagement actif, et nous voyons apparaître des opportunités de risque et de récompense intéressantes en fournissant des capitaux pour ces initiatives de décarbonisation. 

Les chemins de fer sont le moyen le plus économe en carburant pour le transport terrestre de marchandises

En s’appuyant sur des mesures générales, l’Association of American Railroads (AAR) estime que les chemins de fer de marchandises ont, en moyenne, un rendement énergétique 3 à 4 fois supérieur à celui des camions. Le groupe professionnel estime en outre que le transport de marchandises par train plutôt que par camion permet une réduction des émissions de gaz à effet de serre de jusqu’à 75 %. 

Une étude plus approfondie a été réalisée par le Department of Transportation (DoT) en 1991 par le biais de simulations visant à comparer le train et le camion entre les mêmes lieux d’origine et de destination. Bien que l’étude date, les technologies du rail et du camion se sont améliorées depuis, et nous pensons donc que les conclusions générales restent pertinentes à ce jour. L’étude du DoT a montré que le train avait un rendement énergétique (tonnes-milles par gallon) de 1,4 à 9 fois supérieur à celui des services concurrents de transport par camion. Les rails rivalisent le plus directement avec l’autoroute pour le déplacement des conteneurs d’expédition. Dans cette catégorie, le transport ferroviaire était de 2,51 à 3,43 fois plus économe en énergie que les transports par camion comparables. L’étude a également révélé que l’avantage du transport ferroviaire par rapport au transport routier en termes de rendement énergétique augmente avec les distances. 

Les chemins de fer ont considérablement amélioré leurs opérations depuis la publication de l’étude du DoT, ce qui a permis d’obtenir des améliorations significatives en matière de rendement énergétique. Tout d’abord, le secteur s’est orienté vers un modèle d’exploitation ferroviaire de précision, qui implique la circulation de trains plus longs aux heures prévues. Cela signifie que les trains passent moins de temps au ralenti et que moins d’actifs sont nécessaires pour transporter la même quantité de marchandises. Deuxièmement, les chemins de fer ont investi massivement dans la création de la capacité du réseau en ajoutant des voies d’évitement et en doublant la voie sur les principaux corridors. Ces investissements ont permis d’améliorer les temps d’immobilisation et ont conduit à une amélioration globale du rendement énergétique. Troisièmement, les moteurs des locomotives sont devenus plus économes en carburant et des technologies telles que l’alimentation distribuée ont encore amplifié ces gains. Enfin, l’adoption de technologies auxiliaires telles que les portails d’inspection automatisés, les wagons d’inspection et autres, continue d’améliorer la fluidité des réseaux ferroviaires et de débloquer des gains supplémentaires en matière de rendement énergétique. 

Des mélanges de carburants renouvelables pour débloquer la prochaine étape de la réduction des GES

Le Chemin de fer Canadien National a été l’un des premiers à adopter le modèle de planification ferroviaire de précision et, depuis, il est un chef de file de l’industrie en matière de leadership environnemental. Grâce à ces initiatives, l’entreprise a pu réduire son intensité de GES de 43% entre 1993 et 2020. D’autres chemins de fer ont suivi un scénario semblable et nous prévoyons que l’industrie convergera vers un niveau similaire d’intensité de GES dans les années à venir.

Source: Chemin de fer Canadien National

Nous continuons à penser qu’il y a encore beaucoup de possibilités d’amélioration. En nous appuyant sur notre engagement auprès de certaines des principales compagnies ferroviaires, nous pensons que le secteur sera en mesure d’améliorer de 1 à 2 % l’intensité des émissions de GES par an, en moyenne, au cours de la prochaine décennie. Nous pensons que le renouvellement du parc de locomotives sera le principal facteur de réduction, complété par des améliorations constantes de la technologie. 

Les carburants plus propres devraient toutefois être le moteur le plus significatif et nos conversations suggèrent que cette initiative pourrait réduire les émissions de GES de 3 à 4 % supplémentaires par an, en moyenne. La meilleure opportunité reste l’utilisation de mélanges de carburants renouvelables durables dans les parcs de véhicules existants pour réaliser immédiatement ces améliorations.

Les technologies futures pourraient modifier la dynamique relative des GES

En dehors des gains progressifs découlant des possibilités évoquées ci-dessus, des efforts sont en cours pour explorer des technologies de propulsion radicalement différentes qui pourraient modifier de manière significative l’intensité des émissions du transport de marchandises à l’avenir. Ces technologies sont développées et testées à la fois du côté du transport routier et du transport ferroviaire. 

L’électrification du réseau de transport de marchandises nord-américain par la construction de lignes caténaires à haute tension, leur intégration au réseau électrique et leur alimentation en énergie renouvelable serait la solution la plus respectueuse de l’environnement. Toutefois, nous estimons que le coût de l’électrification de l’ensemble du réseau de transport de marchandises des États-Unis, soit 140 000 miles, et du remplacement du parc de 24 000 locomotives pourrait atteindre 1 000 milliards de dollars, ce qui est probablement prohibitif.

Ainsi, nous nous attendons à ce que les autres technologies de propulsion restent l’objectif principal. Les chemins de fer explorent actuellement la conception de locomotives électriques à batterie, à pile à combustible à hydrogène et au gaz naturel. Chaque solution potentielle fait l’objet d’essais actifs par différents chemins de fer nord-américains, mais il reste plusieurs défis à relever avant qu’elles ne puissent être adoptées à grande échelle. Nous suivrons de près les essais de ces solutions potentielles et leur évolution, car il pourrait y avoir des opportunités d’investissement intéressantes pour faciliter leur adoption. Les opportunités pourraient provenir d’investissements directs dans les chemins de fer eux-mêmes, mais aussi dans des entreprises telles que Ballard Power Systems, qui développe des piles à hydrogène pour la propulsion ferroviaire, ou Wabtec, qui a conçu des locomotives alimentées par batterie. Il pourrait y avoir des possibilités d’investissement intéressantes dans l’adoption de certaines de ces solutions pour réduire les émissions de GES du transport ferroviaire. 

Le vote par procuration des investisseurs et leur engagement auprès des entreprises et des décideurs ont également un impact sur l’adoption de ces solutions potentielles. En tant qu’investisseur important dans l’industrie du transport de marchandises, notre engagement et nos votes par procuration soutiennent la décarbonisation en cours de l’industrie.

Il convient de noter que ces technologies sont également développées et testées dans des applications de camionnage. Le développement de ces technologies pour le camionnage pourrait peut-être même progresser plus rapidement que pour le transport ferroviaire, étant donné que le marché total potentiel du camionnage est plus important (une plus grosse part du gâteau). Compte tenu de cette dynamique, nous nous attendons à ce que l’avantage considérable dont jouissent actuellement les chemins de fer en matière d’efficacité dans le domaine de GES par rapport au camionnage se resserre au cours de la prochaine décennie. Cependant, malgré ces progrès, nous ne voyons pas l’écart se combler complètement et nous pensons que les chemins de fer continueront à être un moyen plus écologique de transporter des marchandises dans un avenir prévisible. 


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Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

Savoir ce que l’on possède : analyse fondamentale et utilisation de notations ESG propriétaires

Une faible corrélation entre les fournisseurs tiers de notations ESG peut constituer un signal important pour les investisseurs. Le fait de s’appuyer fortement sur de telles notations peut conduire à des résultats très différents pour le portefeuille, et les opinions divergentes des agences de notation ESG tierces peuvent être source de confusion pour les clients ou les investisseurs. Ce problème confirme qu’il ne faut pas se fier uniquement aux agences de notation et souligne l’importance de savoir ce que l’on possède.

Pour savoir ce que vous possédez, il est d’abord nécessaire de développer une compréhension des caractéristiques ESG d’une entreprise par le biais de sa propre analyse fondamentale. C’est là que les notations ESG exclusives peuvent entrer en jeu et offrir des avantages aux parties prenantes. De nombreux analystes pourraient trouver qu’une compréhension et une analyse plus approfondies de tous les éléments de l’« ESG » (performance environnementale, facteurs sociaux et pratiques de gouvernance d’entreprise) permettent de mieux formuler des avis éclairés et de s’engager. Par exemple, les facteurs sociaux tels que la diversité, l’équité et l’inclusion (DÉI), les pratiques en matière de travail et d’embauche, l’engagement communautaire et les enjeux liés à la réputation peuvent être complexes et difficiles à saisir dans des notes, mais ils contribuent à l’analyse globale de l’attrait d’une entreprise en tant qu’investissement et se prêtent à une connaissance approfondie de l’entreprise et du secteur dans lequel elle opère.

L’expression de cette analyse dans des notations ESG exclusives fournit donc une mesure cohérente en interne, à la fois quantitative et qualitative, pour aider à mesurer et à analyser les risques et les opportunités de durabilité d’une entreprise. Les investisseurs qui effectuent eux-mêmes ce travail peuvent en tirer plusieurs avantages, notamment des avantages en termes d’information, de rapport risque/récompense et d’impact potentiel grâce à l’analyse comparative.

1. L’avantage informationnel des notations ESG propriétaires

L’analyse des caractéristiques ESG des entreprises implique l’utilisation de mesures quantitatives et qualitatives de ce qui est le plus important et le plus pertinent pour le secteur d’activité de chaque entreprise. Dans certains cas, les données de l’ensemble du secteur sont généralement disponibles, comme les niveaux d’émissions de carbone dans le secteur des services publics ou les données sur la sécurité des employés dans le secteur industriel ; dans d’autres cas, cependant, l’analyste doit tirer des recherches primaires sur l’entreprise à partir d’une analyse directe. 

Les recherches publiées et les divulgations publiques entrent en ligne de compte dans l’élaboration des notations ESG, mais il en va de même pour les réunions et les engagements en face à face avec les entreprises et l’expérience spécifique au secteur. Ce travail exclusif permet de déterminer les questions environnementales, sociales et de gouvernance spécifiques qui sont pertinentes pour chaque entreprise (Graphique 1). Les conversations directes, dans le cadre d’un dialogue dynamique et symbiotique avec les dirigeants de l’entreprise, souvent sur plusieurs années, peuvent ajouter des perspectives qui créent un avantage en termes d’information. Il s’agit d’un avantage qu’un analyste fondamental ayant une connaissance approfondie de l’entreprise aura aussi intérêt à utiliser. Cet avantage en termes d’information est particulièrement important dans le cas des actions détenues par un grand nombre de personnes et qui présentent des histoires complexes en matière de durabilité, comme les grandes plateformes technologiques, Amazon.com, Apple et Google.

Graphique 1 : Échantillon du Cadre de matérialité ESG ClearBridge

Source : ClearBridge Investments

2. Les notations propriétaires capturent l’information sur le risque et la récompense, mais ne sont pas pour autant synonymes de cette information

L’analyse ESG, exprimée sous la forme d’une notation, doit constituer une partie essentielle de la diligence normale effectuée dans le cadre de l’analyse fondamentale, ce que nous faisons dans le cadre de notre processus pour aider à trouver des entreprises de qualité aux fondements solides. Dans le même temps, les notations ESG peuvent mettre en évidence des facteurs spécifiques à l’ESG qui doivent être mieux comparés et compris.

Bien que les notations ESG soient prises en compte dans les recommandations d’investissement, elles ne constituent pas en soi des recommandations d’achat ou de vente d’actions. Néanmoins, nous avons constaté qu’elles contribuent au rendement. Dans des études récentes sur la performance et les caractéristiques fondamentales des actions classées ESG de ClearBridge publiées avec les Principes pour l’investissement responsable (PRI) soutenus par l’ONU, nous avons constaté que les actions ayant une meilleure notation ESG : 

  • Ont enregistré des rendements supérieurs au marché plus fréquemment que les actions moins bien notées sur le plan ESG. 
  • Ont généré des rendements ajustés au risque plus élevés (mesurés par leurs ratios de Sharpe) que les actions moins bien notées, les actions AAA et AA générant des rendements ajustés au risque plus élevés que l’indice S&P 500 Equal-Weight. 
  • A généré un alpha plus élevé que les actions moins bien notées sur le plan ESG après la prise en compte des expositions aux facteurs communs, notamment le bêta du marché, sa taille, sa valeur, son momentum et sa qualité.

Ces études montrent comment un système exclusif de notation ESG développé par des investisseurs fondamentaux semble contribuer à la performance et avoir un avantage supplémentaire au-delà de ce qui pourrait être expliqué par des facteurs quantitatifs communs et des indicateurs financiers fondamentaux.

3. L’analyse comparative pour l’impact

Les notations ESG exclusives sont un outil permettant de communiquer aux gestionnaires de portefeuille notre confiance ou nos attentes en matière de progrès sur les questions ESG. En plus d’éclairer les décisions d’investissement des gestionnaires de portefeuille, elles guident également la manière dont nous utilisons le capital des clients pour chercher à avoir un impact dans les entreprises où nous investissons. 

Dans les secteurs où des recherches exclusives ont identifié une entreprise chef de file en matière de pratiques durables, de politiques du travail et du lieu de travail ou d’autres facteurs ESG, nous utiliserons souvent ladite entreprise comme référence pour une comparaison quantitative ou qualitative. Nous communiquons également les meilleures pratiques lors des engagements des entreprises, en reconnaissant que les entreprises peuvent bénéficier des idées que nous proposons et des commentaires que nous leur fournissons sur les principaux enjeux. Parmi les exemples, citons la rétroaction sur les divulgations en matière de DÉI, qui cherche à aider les gestionnaires à comprendre le bassin de talents de leurs employés ; les recommandations sur les pratiques de rémunération des cadres supérieurs ; et le soutien aux stratégies de décarbonisation employées plus tôt que tard. 

Les évaluations ESG par des tiers peuvent bien sûr constituer un apport précieux, et de nombreux innovateurs dans le domaine de l’investissement responsable contribuent à améliorer la qualité des données et à approfondir la base de connaissances ESG. Mais dans la mesure où les notations ESG peuvent bénéficier de l’analyse fondamentale, qui offre des avantages en termes d’information, capture les informations sur le risque/récompense et sous-tend l’engagement, les développer principalement à partir de sa propre analyse fondamentale a beaucoup de sens.


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Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.