La résistance aux antimicrobiens : Une menace à la santé mondiale sous-estimée

Très souvent, les plus grands défis auxquels la société est confrontée sont détectés tôt par des spécialistes, mais leurs cris d’alarme ne sont parfois pas entendus, si bien que des problèmes complexes, mais résolubles, dégénèrent en crises majeures. Le meilleur exemple est celui des changements climatiques, qui ne seraient probablement pas devenus la menace existentielle qu’ils représentent aujourd’hui si nous avions pris des mesures plus audacieuses il y a plusieurs décennies.

Ce danger émergent pour l’humanité pourrait causer des dommages aussi considérables que les changements climatiques : la résistance aux antimicrobiens (RAM) menace la stabilité des systèmes de santé à l’échelle mondiale et pourrait très bien nous ramener à une époque où une simple coupure au doigt peut entraîner une maladie grave et même la mort. Heureusement, nous avons le temps de contenir ou même d’éradiquer cette menace mais, pour ce faire, nous devons redoubler d’efforts pour améliorer la prise de conscience et agir de façon décisive pour s’attaquer à la racine du problème.

Comprendre la RAM

La RAM survient lorsque des bactéries et autres microbes pathogènes développent une résistance à des médicaments auparavant efficaces. Aux États-Unis, les centres de contrôle des maladies (Centers for Disease Control [CDC]) estiment que la RAM est la cause d’au moins 2,8 millions de maladies et de plus de 35 000 décès par année. La RAM fait en sorte que les antibiotiques pourraient même finir par ne plus fonctionner pour traiter les infections courantes.

Un large éventail d’actes médicaux repose sur des traitements antibiotiques efficaces, y compris les transplantations d’organes, la chimiothérapie et la dialyse des patients atteints de maladie rénale en phase terminale. Les médicaments antibiotiques, antifongiques, antiviraux et antiparasitaires sont l’épine dorsale de la médecine moderne, ce qui illustre bien l’urgence à laquelle la communauté des soins de santé doit faire face pour lutter contre la RAM. Les Nations Unies (ONU), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et des autorités nationales telles que les CDC nous disent qu’il faut agir.

La RAM se répand de plusieurs manières. L’utilisation d’antibiotiques pour favoriser la croissance et prévenir les maladies du bétail préoccupe particulièrement les organismes de réglementation et les consommateurs. D’après le secrétariat américain aux produits alimentaires et pharmaceutiques (U. S. Food and Drug Administration), 70 % des antibiotiques prescrits aux États-Unis sont utilisés sur des animaux. Les doses sous-thérapeutiques utilisées pour prévenir les maladies et favoriser la croissance sont plus susceptibles d’entraîner le développement d’une résistance qu’un traitement plus court et à forte dose. La prévalence accrue de la RAM dans la chaîne alimentaire menace directement la santé humaine, car les maladies causées par des bactéries résistantes sont habituellement plus graves et les traitements sont plus limités.

Les règlements qui régissent l’utilisation d’antibiotiques sur les animaux se multiplient. Par exemple, en Californie, les agriculteurs doivent obtenir une ordonnance pour utiliser des antibiotiques importants pour la médecine sur les animaux. L’Union européenne, dans son ensemble, a interdit l’utilisation d’antibiotiques pour favoriser la croissance des animaux et l’OMS a publié des lignes directrices qui recommandent fortement de cesser d’avoir recours à ces antibiotiques pour favoriser la croissance et prévenir les maladies en l’absence de diagnostic.

Ces premiers pas encourageants découlent en partie de la sensibilisation et des préoccupations accrues du public. Les sondages montrent régulièrement qu’une majorité de consommateurs préfère les viandes d’animaux élevés sans antibiotiques. Cela s’est reflété par la hausse des ventes de viandes d’animaux élevés sans antibiotiques estimée par la société d’analyse de données Nielsen, avec un taux de croissance de 28,7 % par année entre 2011 et 2015, contre 4,6 % pour la viande conventionnelle.

Cependant, la RAM se développe de façon beaucoup plus insidieuse et beaucoup moins comprise. Une étude phare réalisée en 2017 a démontré que le ruissellement des eaux usées des grandes usines de fabrication de produits pharmaceutiques situées à l’étranger est un terreau fertile pour la RAM. L’étude a révélé que « la présence de résidus de médicaments dans l’environnement permet aux microbes qui y vivent de développer une résistance aux ingrédients contenus dans les médicaments qui sont censés les tuer, les transformant en ce que nous appelons des superbactéries. Les microbes résistants voyagent facilement et se sont multipliés en grand nombre dans le monde entier, ce qui engendre une grave urgence de santé publique et, c’est du moins ce que l’on croit, tue déjà des centaines de milliers de personnes chaque année. » (traduction libre)

Apporter des changements significatifs aux façons de faire sera une tâche ardue, compte tenu des normes environnementales très souples qui encadrent les fabricants étrangers. Un pilier clé d’une des solutions envisagées est d’exercer des pressions sur les entreprises nationales qui externalisent la fabrication de leurs produits. Les gouvernements pourraient aussi se servir des accords commerciaux et autres pour persuader les pays récalcitrants d’adopter et de respecter les meilleures pratiques de gestion des déchets.

Investir dans une solution

Vancity Investment Management (VCIM), sous-conseiller des Fonds IA Clarington Inhance PSR, possède un solide programme d’engagement des actionnaires qui comprend notamment un engagement sérieux à trouver des solutions concrètes au problème de la RAM.

Au cours de la dernière décennie, VCIM a pris contact avec des sociétés plus de 200 fois, communiquant en 2019 seulement avec 30 sociétés. Sa contribution dans le domaine de la RAM consiste à avoir un rôle actif dans le cadre de l’initiative Farm Animal Investment Risk and Return (FAIRR). À cet effet, VCIM participe à un engagement collaboratif avec 20 entreprises alimentaires mondiales pour leur demander de mettre au point des politiques relatives aux antibiotiques et d’éliminer l’usage routinier, prophylactique des antibiotiques dans toutes les chaînes d’approvisionnement avec des cibles et des délais bien clairs pour leur mise en application.

Nous considérons que grâce à ces actions, et d’autres semblables, nous pouvons réduire la souffrance causée par la RAM et faire en sorte que les bienfaits de plus d’un siècle de progrès médicaux continuent de contribuer à prolonger la vie des gens et leur permettent de vivre plus heureux.

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La « baisse COVID » n’est pas suffisante : traiter les impacts négatifs des rémunérations excessives de dirigeants

Depuis le début de la pandémie, une extraordinaire vague de solidarité s’est emparée des entreprises à l’égard de leurs employés, de leurs clients et de la collectivité dans son ensemble. Ainsi, les dirigeants de la centaine de sociétés cotées en bourses au Canada et aux États-Unis se sont imposé des baisses de salaire.

Quoique louable, le geste restait toutefois largement symbolique dans les faits, notamment par son caractère temporaire. Pourquoi? Ces baisses ne concernaient effectivement que le salaire de base [1] des dirigeants, soit une fraction relativement faible de leur rémunération totale. En revanche, les primes basées sur des actions représentent facilement 80 à 100 % de la rémunération totale d’un dirigeant en Amérique du Nord, comme l’illustre le graphique ci-dessous.

Graphique 1: répartition des primes basée sur des actions en pourcentage du salaire total des chefs de la direction pour 2019

Dans sa révision des rémunérations des dirigeants de 2019, NEI a remarqué que les salaires de base n’excédaient pas 2,5 millions $[2] au Canada ni 5 millions $ US aux États-Unis. Dans certains cas, notamment chez Facebook, Akamai Technologies Inc. and Prologis, le salaire annuel de base du chef de la direction (et fondateur) se limite à un dollar.

Toutefois, lorsque l’on ajoute la composante basée sur des actions, la rémunération des chefs de la direction augmente de façon exponentielle, pour atteindre les records de 24 millions $ au Canada (Restaurant Brands International) ou de pas moins de 280 millions $ US aux États-Unis (Alphabet)[3].

Dans ces conditions, reconnaissons qu’en matière de rémunération des dirigeants, une baisse du salaire de base n’a aucune importance.

Rémunération basée sur des actions : la création d’un monstre

Ces conclusions rappellent cruellement que l’écart de rémunération immense entre les hauts dirigeants et leurs employés se creuse constamment et tient d’une cause structurelle que nous avons nous-mêmes contribué à créer en tant qu’investisseurs. Les régimes de rémunération basés sur des actions ont effectivement été mis en œuvre dans les années 90 par les investisseurs qui souhaitaient encourager certains dirigeants à fortement développer la valorisation de leur entreprise. Le système a très bien fonctionné, et même trop. La rémunération des dirigeants s’est effectivement envolée et le système incitatif basé sur des actions semble avoir largement contribué à l’inégalité des revenus, en ayant favorisé une concentration de richesses parmi le centile des mieux nantis, au détriment des employés.[4]

Pour remédier à cette situation, et il est grand temps de le faire, nous devons revenir à l’origine structurelle de la rémunération des dirigeants en reconnaissant que les investisseurs ont contribué à propager cette inégalité. Nous ne pouvons donc plus tolérer dans nos votes par procuration des rémunérations excessives des dirigeants et devons redoubler d’attention à l’égard des conséquences sociétales négatives flagrantes pour la société. Nous devons également admettre que, même si la valeur des sociétés a augmenté simultanément à la mise en œuvre de ces structures de rémunération, il semble de plus en plus évident que des salaires excessifs ne créent aucune valeur, bien au contraire apparemment.[5][6]

À partir de quel niveau une rémunération devient-elle excessive?

Il n’en reste pas moins extrêmement difficile de trouver le seuil à partir duquel une rémunération devient officiellement « excessive ». Chez NEI, nous estimons que l’exercice doit malgré tout être effectué afin de pouvoir systématiquement exercer notre vote par procuration de façon pertinente sur les questions de rémunération au sein des sociétés détenues par nos fonds. Nous nous efforçons de déterminer ce seuil sur le plan sociétal, en nous basant sur la rémunération totale des dirigeants par rapport au revenu médian des ménages au Canada et aux États-Unis.

En conséquence, des rémunérations totales comprises entre 12,7 et 17 millions $ pour les sociétés canadiennes et entre 22 millions et 25 millions $ US pour les sociétés américaines peuvent être considérées comme excessives. Nous reconnaissons par ailleurs que ces seuils devront évoluer à mesure que l’impact sociétal de l’inégalité des revenus s’accroît et se trouve exacerbé par ces rémunérations excessives des dirigeants.

Trop comment? Les chefs de la direction nord-américains figurent parmi les mieux payés à l’échelle mondiale. Dans le cadre de notre longue réflexion sur les conséquences économiques et sociales de l’inégalité des revenus, nous avons fixé une limite de rémunération au Canada et aux États-Unis pour un chef de la direction ou ses dirigeants. Pour déterminer si une rémunération devient excessive, nous nous fions au revenu médian des ménages, un indicateur du bien-être financier des familles. En l’absence d’un quelconque existant, nous avons fixé nos seuils de la manière suivante :

  • Sociétés américaines – 350 à 400 fois le revenu médian des ménages américains, approximativement 22 millions à 25 millions $ US en 2020;
  • Sociétés canadiennes – 150 à 200 fois le revenu médian des ménages canadiens, approximativement 12,7 à 17,0 millions $ CA en 2020.

Des seuils différents ont été utilisés dans les deux pays afin de refléter la supériorité des salaires des chefs de la direction aux États-Unis ainsi qu’une plus grande inégalité de revenu au sud de la frontière. Nous évaluons la rémunération des dirigeants par rapport au contexte plus général de la société dans son ensemble. Nous continuons à appliquer nos lignes directrices de vote à ce sujet pour l’ensemble des régimes de rémunération, que le salaire du chef de la direction atteigne ou non le seuil à partir duquel le niveau de vigilance se renforce. Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter nos Lignes directrices de vote par procuration.

Il est important de pousser l’analyse au-delà de ces chiffres généraux pour en évaluer précisément l’impact. Sur la base des rémunérations de 2019, le seuil fixé par NEI comme excessif – et dans certains cas extrêmement excessif – pour les chefs de la direction ou les dirigeants révèle 12 sociétés de l’indice composé S&P/TSX composé et 67 sociétés de l’indice S&P 500. Bien que représentant un nombre relativement petit, ces entreprises influent fortement sur notre économie et notre société, employant près de 8,5 millions de personnes tout en comptant pour près de 21 % dans la capitalisation boursière totale de l’indice S&P/TSX et pour plus d’un tiers (10 billions $ US) dans l’indice S&P 500.

Le problème se trouve donc bien plus sérieux qu’il n’y paraît de prime abord. Que faut-il faire alors?

La réforme des rémunérations commencera avec les investisseurs

Nous estimons judicieux de réduire la part incitative dans la rémunération des dirigeants, au profit d’une structure plus équilibrée faisant notamment la part belle au sens des activités de l’entreprise et sa capacité à générer des améliorations en matière de développement durable, de conditions de travail et de mode de vie, à l’échelle de l’ensemble des parties prenantes. Cette approche représente après tout le principal objectif de la version révisée du « Statement of the Purpose of a Corporation » soutenu par la Business Roundtable en 2019. Les 181 chefs de la direction membres de cet organisme se sont engagés à « diriger leurs sociétés de sorte qu’elles bénéficient à toutes les parties prenantes : clients, employés, fournisseurs, collectivités et actionnaires ». Régler le problème de la rémunération des dirigeants constituerait un bon début.

Une fois encore, cette tendance doit s’amorcer par un changement de la structure de la rémunération des dirigeants. Même s’il paraît tentant de régler la question des inégalités découlant de la rémunération des dirigeants en décidant simplement de diminuer celle-ci au profit de la population active, il faut également tenir compte des autres parties prenantes, particulièrement dans les grandes entreprises. Ainsi, si l’on réduisait de 15 % les salaires des cinq dirigeants les mieux payés chez Walmart et que l’on distribuait aux 2,5 millions d’employés les 15,5 millions $ US ainsi récupérés, chacun ne recevrait qu’une augmentation annuelle de six dollars.

D’autres méthodes plus efficaces et durables d’affectation des capitaux existent. Parmi les solutions créatives, citons effectivement l’amélioration des avantages sociaux des employés, le financement de fiducies à leur profit, la formation, la rémunération des stages, l’attribution de bourses d’études, le financement d’initiatives locales dont tout le monde pourrait bénéficier.

Quelle que soit la solution retenue, tout passe par la volonté des investisseurs d’instaurer un changement. Dans leur vote sur la rémunération des dirigeants, ceux-ci pourraient commencer par insister davantage sur l’importance d’intégrer l’ensemble des parties prenantes et de tenir compte des impacts sociétaux dans l’analyse des rémunérations. Tout statu quo en faveur de la création de valeur exclusive pour les actionnaires ne servira qu’à prolonger les conséquences néfastes à long terme pour les placements et nuire à la croissance économique, tout en déstabilisant la société de façon inacceptable.

NEI continuera d’investiguer sur les nombreux enjeux posés par la rémunération des dirigeants dans un monde d’après la COVID en 2020 et 2021.

Sources:

[1] De mars à août 2020, plus de 600 sociétés de l’indice Russell 3000 ont annoncé des baisses volontaires de salaire pour leurs dirigeants ou administrateurs. Dans plus de 70 % des cas, les chefs de la direction et principaux dirigeants se sont engagés à réduire leur salaire de base d’au moins 20 %, et 17 % des premiers ayant même déclaré qu’ils abandonnaient ou reportaient la totalité de leur salaire de base de 2020. https://conferenceboard.esgauge.org/covid-19/payreductions, évaluation du 9 septembre 2020.

[2] Source des données : Bloomberg.

[3] Source des données : Bloomberg

[4] PRI (2018). Pourquoi et comment les investisseurs peuvent-ils répondre à l’inégalité des revenus (p. 33)

[5] Marshall and Lee, 2016 Economic Policy Institute

[6] https://corpgov.law.harvard.edu/wp-content/uploads/2019/03/100MostOverpaidCEOs_2019-1.pdf

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Diversité dans les entreprises : Un ingrédient clé pour l’innovation et relever les défis émergents des entreprises

Dans un monde en évolution rapide, les entreprises capables d’anticiper et de s’adapter aux nouvelles conditions et environnements seront probablement plus résilientes et mieux positionnées pour relever les défis émergents créés par ces nouvelles conditions.

La capacité d’adaptation des entreprises est ancrée dans leur innovation, mais l’innovation est une qualité difficile à évaluer.[1] Pourtant, il existe des intermédiaires qui peuvent indiquer la capacité d’une entreprise à favoriser l’innovation.

MSCI ESG Research a examiné le rôle que les pratiques de gestion des talents pourraient jouer un rôle dans la promotion de l’innovation et contribuer à distinguer des entreprises.[2] Nous avons constaté que les entreprises mondiales reconnues comme innovatrices[3] étaient des chefs de file dans des domaines spécifiques des pratiques de gestion des talents, y compris la diversité. Les innovateurs reconnus avaient des conseils d’administration plus diversifiés entre les sexes que la moyenne de leurs pairs de l’industrie et étaient presque deux fois plus susceptibles d’avoir une masse critique persistante d’au moins trois femmes administratrices pendant trois années consécutives.[4] Selon le rapport, « la diversité peut refléter une culture ouverte d’esprit et à l’aise avec les différences, axée sur l’accès et la rétention des meilleurs talents disponibles, et désireuse de cultiver la créativité et la diversité des idées. »[5]

Le problème est que les entreprises ne semblent pas suffisamment tirer parti des bassins de talents existants et diversifiés dans leurs régions. MSCI ESG Research a examiné les données démographiques au niveau des codes postaux (zip codes) afin de mieux évaluer le bassin de talents disponible dans les zones commutables des entreprises américaines pour un rapport intitulé Racial Diversity & Talent Utilization.[6] Le rapport comparait les données raciales des employés des fournies volontairement par les entreprises américaines aux données démographiques de leur région. Celui-ci a constaté que souvent, les entreprises employaient des taux de minorités inférieurs à ceux dont elles disposaient : seulement 55 % employaient des Noirs et des Latinos à des taux proportionnels à leur représentation dans les communautés où les entreprises opèrent.[7] Le pourcentage d’entreprises qui ont promu proportionnellement des Noirs et des Latinos à des postes de direction était encore plus faible, soit seulement 14,3 % d’entre elles.[8] Cette sous-utilisation des talents pourrait empêcher les entreprises de libérer leurs capacités d’innovation et d’accroître la qualification globale de leur main-d’œuvre, de leurs cadres supérieurs et de leur conseil d’administration.

Bien que nos recherches sur la diversité raciale aient été limitées par les divulgations des entreprises,[9] nous avons mené des recherches approfondies sur la diversité des sexes et ses avantages. Par exemple, dans le Women on Boards 2019 Progress Report, nous avons observé que « dans les marchés émergents, les femmes administratrices et cadres étaient en fait plus susceptibles que leurs homologues masculins d’avoir une expertise financière ».[10]

Au Canada, bien qu’il y ait eu des progrès en matière de rééquilibrage entre les sexes dans les conseils d’administration,[11] les entreprises n’ont pas réussi à atteindre la parité entre les sexes et sont toujours en deçà des autres formes de diversité. Malgré la population multiraciale et multiethnique du Canada,[12] seulement 34 %[13] des entreprises canadiennes de l’indice MSCI ACWI (au 22 septembre 2020) qui sont tenues de divulguer des statistiques et des politiques sur la diversité en vertu de la Loi canadienne sur les sociétés par actions[14] ont déclaré avoir au moins un administrateur appartenant à une minorité visible. Seuls 8 %[15] des entreprises ont déclaré avoir au moins un administrateur autochtone et 8 %[16] ont déclaré avoir au moins un administrateur handicapé. Alors que 61 %[17] ont déclaré avoir au moins une minorité visible parmi leur haute direction, les ratios pour les Autochtones et les personnes handicapées dans la haute direction étaient inférieurs : 8 %[18] et 5 %,[19] respectivement.

Alors que les entreprises sont confrontées à des défis complexes et inconnus à venir, qu’ils soient causés par une pandémie mondiale ou par le changement climatique, elles auront besoin de tous les outils à leur disposition, y compris leur capacité à tirer parti de la diversité d’expertise, de parcours, d’expérience et de perspective des gens pour innover et trouver de nouvelles solutions et opportunités. Les investisseurs peuvent souhaiter collaborer avec les entreprises pour élargir les capacités de gestion et l’efficacité de la surveillance du conseil en augmentant la diversité.

Sources:

[1] Solomon, Brian. 12 mai 2015. You’re doing innovation wrong. Forbes ; De Jong, Marc, N. Marston, and E. Roth, April 2015. The eight essentials of innovation. McKinsey Quarterly; Hamel, Gary et N. Tennant. 27 avril 2015. The 5 requirements of a truly innovative company. Harvard Business Review ; Yu, Larry. Juillet 2007. Measuring the culture of innovation. MIT Sloan Management Review.

[2] Eastman, Meggin. T. 2018. The Right Stuff: Talent Management and Innovation Capacity. MSCI ESG Research

[3] By Fast Company, Forbes, the Boston Consulting Group, and/or the MIT Technology Review

[4], [5] Eastman, Meggin. T. 2018. The Right Stuff: Talent Management and Innovation Capacity. MSCI ESG Research

[6], [7], [8], [9] Frazer, David and Mollod, Gillian. 2019.Racial Diversity & Talent Utilization. MSCI ESG Research

[10] Emelianova, Olga. and Milhomem, Christina. 2019. Women on boards 2019 Progress Report.

[11] Ibid. Entre 2016 et 2019, il y a eu une augmentation du pourcentage du nombre total de sièges d’administrateurs occupés par des femmes parmi les membres canadiens de l’indice MSCI ACWI (passant de 22,8 % en 2016 à 29,1 % en 2019).

[12] Recensement du Canada de 2016

[13] Conformément aux informations disponibles dans le Circulaire de sollicitation de procurations par la direction 2020 des entreprises. Il comprend deux FPI, qui ne sont pas assujetties à la Loi canadienne sur les sociétés par actions (LCSA), mais qui ont déclaré des statistiques sur la diversité des fiduciaires reflétant les exigences de la LCSA.

[14] Loi modifiant la Loi canadienne sur les sociétés par actions, la Loi canadienne sur les coopératives, la Loi canadienne sur les organisations à but non lucratif et la Loi sur la concurrence (L.C. 2018, ch.8)

[15], [16], [17], [18], [19] Conformément aux informations disponibles dans le Circulaire de sollicitation de procurations par la direction 2020 des entreprises. Il comprend deux FPI, qui ne sont pas assujetties à la LCSA, mais qui ont déclaré des statistiques sur la diversité des fiduciaires reflétant les exigences de la LCSA.

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Étude de cas : Intégration des mesures ESG dans la rémunération des dirigeants

Les discussions sur les sujets environnementaux, sociaux et de gouvernance (« ESG ») ne sont pas nouveaux pour les entreprises du secteur énergétique. Bien que les sociétés pétrolières et gazières aient déjà été considérées comme des retardataires en matière d’enjeux ESG, cette perception a changé au fil des ans; en fait, de nombreuses entreprises de ce secteur ont été les premières à intégrer des mesures ESG dans leur régime de rémunération (bien que généralement limitées à des mesures mesurables de santé et de sécurité ou à des mesures opérationnelles). En décembre 2018, Royal Dutch Shell PLC (« Shell »), la société pétrolière et gazière anglo-néerlandaise, est allée au-delà de la conformité en matière de santé et de sécurité en annonçant qu’elle intégrerait des mesures de réduction des émissions de carbone dans son régime de rémunération incitative pour les dirigeants.

Cet article examine le processus entrepris par Shell pour la mise en œuvre de ces mesures et le rôle joué par les actionnaires tout au long de celui-ci.

Objectifs de réduction de carbone de Shell et calendrier de rémunération des cadres
Source: Huggesen Consulting

Comme l’illustre le calendrier, Shell s’est engagé avec les actionnaires tout au long du processus d’établissement des objectifs carbone et d’intégration de ces objectifs dans les régimes de rémunération incitative des dirigeants. Bien que certaines propositions d’actionnaires aient reçu un soutien relativement faible (~5 %), elles continuent de faire pression sur Shell en mettant l’accent sur les facteurs ESG.

La réponse qui a suivi l’annonce de Shell selon laquelle elle incorporerait des mesures ESG dans les régimes incitatifs a été quelque peu surprenante : ShareAction, un organisme de bienfaisance enregistré qui promeut l’investissement responsable, a recommandé de voter contre le régime de rémunération de Shell. Cette recommandation était motivée par le fait que la mesure du climat de 10 % de Shell est compensée dans le régime de rémunération de la société par des mesures de croissance du volume, qui sont réalisées par une production accrue de combustibles fossiles. Alors que l’introduction d’une mesure climatique était un signal positif pour les actionnaires, ShareAction a fait valoir qu’en fin de compte, les dirigeants sont toujours incités à « rechercher des niveaux plus élevés de… production » au détriment du climat et de la valeur à long terme de Shell. Bien qu’il puisse sembler au départ que la communauté des actionnaires critiquait le régime qu’elle avait elle-même demandé, elle critiquait en fait l’efficacité des paramètres énoncés. Compte tenu de la couverture médiatique de l’annonce initiale de Shell, il n’est pas surprenant que les actionnaires aient continué à suivre l’histoire de près et en aient profité pour signaler leurs attentes au marché.

L’approche de Shell pour lier la réduction des émissions de carbone à la rémunération des dirigeants est peut-être encore un travail en cours, mais elle a eu un effet d’entraînement dans l’ensemble de l’industrie pétrolière et gazière :

Nous nous attendons à ce que les actionnaires soient stimulés par ces exemples de « premiers acteurs » et qu’ils continueront à soumettre des propositions et à dialoguer avec les entreprises sur des sujets ESG. De plus, même si elles ne sont pas divulguées publiquement, nous reconnaissons que ces études de cas apparaissent à presque toutes les tables de conseil de l’industrie et sont une priorité pour les entreprises lorsqu’elles envisagent une mise en œuvre dans leur organisation.

Bien que les mesures ESG soient devenues plus répandues dans les régimes de rémunération au cours des dernières années,[5] les entreprises rencontreront sûrement des obstacles alors qu’elles tenteront de répondre aux questions qui accompagnent le développement de tout programme de rémunération basé sur la performance : quelles mesures ont du sens? Quelle est la pondération appropriée? Devraient-elles faire partie du programme de rémunération à court ou à long terme? À quoi devrait ressembler l’effet de levier – et que se passe-t-il si l’objectif n’est pas atteint? Shell a été l’une des premières à aborder ces questions sous le regard attentif de ses actionnaires et de la communauté des investisseurs dans son ensemble. Nous nous attendons à ce que d’autres exemples soient divulgués à court terme. Plus particulièrement, nous verrons comment les actionnaires réagissent aux nouvelles mesures ESG et leur vision de l’alignement sur la performance, de l’intégration à la stratégie d’entreprise de la société et du degré de transparence des mesures à court et à long terme. Il y aura certainement plus d’apprentissages à tirer du parcours unique de chaque entreprise qui intègrent des mesures ESG dans les régimes de rémunération des cadres supérieurs.

Sources de l’article et notes:

[1] Reuters : « Chevron ties executive pay to methane and flaring reduction targets »

[2] La résolution a été élaborée en partenariat avec Follow This et devrait être présentée à l’AGA de l’exercice 2020.

[3] Wall Street Journal : « BP Agrees to Draft Climate Change Shareholder Resolution » (Lien)

[4] CBC : « Canadian oil giants emphasize climate change and diversity as they compete for investment »

[5] Hugessen Consulting : « Integrating ESG considerations into Executive Compensation Governance »

Sources de la chronologie :

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La montée de l’investissement responsable : La COVID-19 et l’évolution de l’IR

L’année 2020 est différente. D’année en année, l’investissement responsable (IR) a pris de l’ampleur, mais 2020 semble être un point de basculement. On a l’impression que la notion de « point de basculement » a été utilisée à maintes reprises pour décrire l’état du marché, mais 2020 se distingue des autres années. La pandémie de la COVID-19 a dévasté la société et l’économie telles que nous les connaissons, créant la « tempête parfaite » des facteurs environnementaux, sociaux et gouvernance. Ce qui a accéléré la nécessité et l’importance pour les investisseurs de passer à l’action.

Dans la perspective d’une reprise économique, nous devons non seulement réfléchir à la manière de reconstruire, mais aussi à la manière de MIEUX reconstruire.

Règles de résilience

La pandémie de la COVID‑19 a offert au monde entier l’occasion de prendre une pause et aux investisseurs de réfléchir à la voie à suivre pour RI. Sans aucun doute, les enjeux ont changé au cours des six derniers mois. Le terme « résilience » vient à l’esprit pour décrire ce que les investisseurs doivent rechercher lorsqu’ils évaluent les facteurs environnementaux, sociaux et gouvernance associés aux sociétés bénéficiant d’investissements. La capacité à se redresser rapidement après des difficultés et la capacité d’adaptation conviennent parfaitement à la situation actuelle.

Par le passé, l’étude des facteurs environnementaux, sociaux et gouvernance (en particulier les facteurs environnementaux) était axée sur la conformité et l’efficacité. Bien que ces concepts soient importants en soi, on a maintenant le sentiment qu’il ne suffit pas que les sociétés réduisent leurs coûts en maximisant l’efficacité ou qu’elles opèrent simplement dans les limites de leur licence légale d’exploitation. En fait, l’idée de « reconstruire en mieux » entraînera un changement de mentalité en faveur de la résilience et de la raison d’être. Prenons l’exemple de l’industrie pétrolière et gazière.

Les effets que les sociétés de ce secteur subissent et continueront à subir ne font guère de doute. La croissance des technologies des énergies renouvelables reste forte, ce qui entraîne une baisse des prix. De plus, la pandémie a très probablement eu un impact permanent sur la demande de combustibles fossiles, ce qui signifie que nous pourrions avoir vu la demande de combustibles fossiles atteindre un pic et disparaître en 2019.[1] En conséquence, les sociétés pétrolières et gazières doivent faire face à une nouvelle dynamique de l’offre et de la demande. Ajoutez à cela un engagement du gouvernement canadien à légiférer sur les émissions nettes zéro d’ici 2050 et à fixer des objectifs d’émissions plus ambitieux pour 2030 (avec une touche de réglementation plus stricte bien sûr), et vous obtenez un scénario dans lequel le secteur pétrolier et gazier doit se renforcer.[2] La bonne nouvelle est que cela se produit déjà. Toutefois, si certains des plus grands acteurs ont réalisé des progrès significatifs dans l’amélioration de leur efficacité, ils se concentrent désormais sur leur positionnement à l’avant-garde de la transition vers une économie à faible intensité de carbone, notamment par des objectifs ambitieux de réduction de la production pétrolière et gazière, et par une restructuration organisationnelle majeure – un passage clair de l’efficacité à la résilience.[3]

Si l’on poursuit dans cette voie, les questions les plus importantes auxquelles nous sommes en présence aujourd’hui, notamment la crise climatique, le racisme systémique et le processus de relance économique COVID-19, exigeront non seulement que les sociétés deviennent plus résistantes, mais aussi qu’elles opèrent de manière à avoir un impact positif sur l’environnement et la société. Pour les investisseurs, il sera impératif d’investir dans des sociétés qui sont du bon côté et non du mauvais côté du changement. Ces sociétés sont non seulement résistantes, mais elles seront également bien placées pour répondre aux nouvelles attentes et préférences des consommateurs. En agissant ainsi, les investisseurs peuvent réaliser l’objectif populaire de « bien faire, en faisant le bien ».

L’importance de l’investissement responsable – le « nouveau » concept?

Le changement, par définition, est difficile. Comme souligné dans un récent rapport publié par la Fondation Future Fit, notre économie n’est pas actuellement construite pour s’adapter au concept de « raison d’être ».[4] Une citation de l’écologiste Paul Hawken en est peut-être la meilleure illustration :

« Nous avons une économie où nous dérobons l’avenir, le vendons dans le présent et l’appelons PIB ».
– Paul Hawken

D’où la nécessité de l’investissement responsable. En tant qu’investisseurs, nous avons la possibilité d’allouer des capitaux aux entreprises qui font preuve de résilience et de détermination, qui sont en mesure de bien faire tout en faisant le bien, obtenant de bons rendements financiers tout en ayant un impact positif sur l’environnement et la société. Investir en tenant compte de l’impact sera un concept clé pour garantir que l’environnement, la société, les entreprises et notre économie prospèrent. Bien que l’investissement responsable ne soit pas sans difficulté pour définir et mesurer l’impact, ce n’est pas une raison pour l’éviter. Heureusement, les objectifs de développement durable des Nations unies (ODD ONU) fournissent un cadre holistique qui peut être utilisé par les sociétés et les investisseurs pour orienter leurs activités vers des domaines qui répondent aux défis systémiques mondiaux, notamment le changement climatique, l’inégalité et la pauvreté. Ces objectifs sont plus importants que jamais.

En tant que gestionnaire d’actifs, nous avons beaucoup réfléchi à l’investissement responsable et aux ODD, ce qui a conduit au développement et au lancement du FNB Indice MSCI Monde Incidence ESG CI First Asset et le Fonds Indice MSCI Monde Incidence ESG CI l’année dernière. Investir dans des sociétés qui contribuent à l’obtention de résultats environnementaux et sociaux positifs est de plus en plus courant pour les investisseurs qui intègrent des facteurs environnementaux, sociaux et gouvernance dans leur processus de décision d’investissement. Cette tendance va probablement se poursuivre (et s’accélérer) alors que nous entrons dans un processus de relance come suite à la pandémie COVID-19 et que nous continuons à ressentir les effets de problèmes systémiques comme le racisme et le changement climatique. La transformation de l’IR en un simple « investissement » a été un sujet de débat au cours des dernières années. Alors que l’actualité suscite un changement dans la manière dont les investisseurs pensent et abordent l’IR, l’année 2020 pourrait être considérée comme une année où nous faisons une avancée dans l’évolution de l’IR. Bien que l’investissement responsable ne soit certainement pas un concept nouveau, il est maintenant positionné comme étant le concept « populaire » et le nouvel IR.

Sources:

[1] https://carbontracker.org/peak-fossil-fuels-new-grounds-for-hope/

[2] https://www.canada.ca/en/privy-council/campaigns/speech-throne/2020/stronger-resilient-canada.html

[3] https://www.responsible-investor.com/articles/what-can-investors-learn-from-the-covid-19-pandemic

[4] https://futurefitbusiness.org/wp-content/uploads/2020/07/Future-Fit-Business-Beyond-COVID-19.pdf

Clause de non-responsabilité de l’AIR
Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

Un cadre simple pour électionner et intégrer les données ESG

Selon la Global Sustainable Investment Alliance (GSIA), les actifs étiquetés « ESG » ou « durable » gérés par des professionnels représentaient plus de 30 000 milliards de dollars dans le monde au début de 2018. Cette même année, ils représentaient plus de 50 % de tous les actifs gérés par des professionnels au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande, respectivement.

Au fur et à mesure que les actifs ESG gérés par des professionnels continuent de croître et que de plus en plus d’entreprises réfléchissent à la façon de les intégrer dans leurs processus quotidiens, elles doivent déterminer quelles sources d’informations ESG correspondent le mieux à leur approche d’investissement et à leurs flux de travail. La montée en puissance des initiatives de régulation financière liées aux facteurs ESG est un autre défi constant, car les entreprises sont obligées de réévaluer en permanence leurs stratégies de conformité. Quels que soient le type, la taille et le mandat de l’entreprise, il est particulièrement difficile de sélectionner les données ESG. En effet, il s’agit d’un espace nuancé et en évolution qui ne comporte pas un ensemble unique et définitif de normes sur la façon et les informations à mesurer et à communiquer.[1]

Certains besoins des investisseurs en matière de personnalisation peuvent être satisfaits par un fournisseur unique qui offre des notations ESG. D’autres souhaitent créer des scores personnalisés en combinant et en agrégeant plusieurs ensembles de données. Nous pouvons classer ces approches dans les categories suivantes :

  • Achat : Achat d’un ou de plusieurs ensembles de données qui incluent des scores ESG précalculés. Les investisseurs peuvent utiliser le score ESG de premier niveau fourni pour chaque entreprise ou personnaliser leur analyse en agrégeant les scores de catégorie sous-jacents offerts par le fournisseur.
  • Création : Création d’une mesure personnalisée des performances ESG plutôt que d’utiliser des scores ESG précalculés. Cela nécessitera des ressources supplémentaires et des mesures granulaires sur des questions ESG spécifiques telles que les pratiques de gouvernance et les impacts environnementaux. Créer un score ESG propriétaire garantira à l’investisseur une transparence totale dans le calcul et lui permettra d’adapter la méthodologie pour répondre à ses besoins.
  • Mélange : Personnalisation de l’analyse ESG et création d’une mesure personnalisée en combinant plusieurs ensembles de données ESG avec différents attributs et éléments de données. Cette approche se situe entre les deux catégories précédentes en ce qu’elle nécessite moins de ressources que la création et offre un niveau de personnalisation supérieur à l’achat. L’Association pour l’investissement responsable est un réseau d’investisseurs et de professionnels de l’investissement qui pratiquent et soutiennent l’investissement responsable (IR), qui fait référence aux investissements qui intègrent des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).

La décision d’utiliser l’approche de l’achat, de la création ou du mélange est souvent influencée par les ressources engagées dans la mise en œuvre des stratégies ESG et par l’échelle du projet. Ces ressources peuvent inclure le budget, la taille de l’équipe et l’expérience de travail avec les données ESG. L’échelle du projet dépend du fait que l’investisseur déploie un seul portefeuille ESG ou crée une suite complète de produits ESG ainsi que si l’équipe cherche à monétiser un score ESG personnalisé.

En comprenant les besoins de l’entreprise, les investisseurs peuvent cibler efficacement les fournisseurs qui répondent à leurs critères. Bien que les exigences spécifiques des investisseurs en matière de données varient, deux préoccupations concernent toutes les intégrations de facteurs ESG :

  1. Les réglementations liées aux facteurs ESG continueront sans aucun doute d’évoluer et d’influencer la manière dont les données ESG sont incorporées et évaluées.

    Maintenant que l’UE ouvre la voie avec un cadre réglementaire ESG complet, d’autres régions finiront par lui emboîter le pas. Les nouvelles réglementations obligeront les fournisseurs de données à adapter leur méthodologie ; ils exigeront également des investisseurs qu’ils réévaluent leur intégration de données, leurs mandats de gestion de portefeuille et leurs capacités concernant le reporting. Par conséquent, les investisseurs doivent faire preuve de curiosité dans le processus de sélection des données pour comprendre où ils se situent dans les considérations dont nous avons discuté ci-dessus. Ils devront également examiner comment les fournisseurs s’adapteront à la réglementation à l’avenir afin qu’ils (et leurs clients) puissent mieux comprendre ce qui va arriver.
  2. Les données ESG ne sont pas évaluées isolément et devront être connectées à d’autres contenus dans le processus d’investissement.

    L’épine dorsale de cette connectivité est un modèle de symbologie fiable. Même les données ESG les plus pertinentes sont inutiles sans un ensemble cohérent d’identifiants permanents pour garantir que les données de différents ensembles de contenus sont liées aux mêmes titres dans le temps. Cela est plus facile à dire qu’à faire pour de nombreuses entreprises, car les fournisseurs utilisent souvent des identifiants propres à leurs solutions, ce qui oblige les investisseurs à apprendre et à connecter plusieurs modèles de symbologie.

Alors que les actifs ESG gérés par des professionnels continuent de croître et que de plus en plus d’investisseurs entrent dans l’espace ESG, leur temps ne devrait pas être consacré à naviguer difficilement dans le paysage des fournisseurs de données ESG.

Le cadre établi ci-dessus vise à simplifier ce paysage et à souligner l’importance de comprendre les différenciateurs clés entre les produits ESG. S’il est suivi correctement, il peut être extrêmement utile pour établir des liens entre des considérations internes clés et des fournisseurs spécifiques sur le marché. Plus les entreprises d’investissement passent de temps à évaluer leurs propres besoins et à prendre les mesures nécessaires pour y répondre, plus elles peuvent être confiantes lors de l’élaboration des discussions avec les fournisseurs et de la sélection d’un fournisseur ESG.

Sources:

[1] https://advantage.factset.com/solving-the-esg-data-challenge

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Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

ESG et COVID-19: quatre tendances du marché

La pandémie mondiale nous a tous touchés à un niveau profondément personnel. Elle a fait des ravages sur notre société et notre économie en détruisant la demande et en entraînant une quasi-interruption du commerce. Alors que la distanciation physique et les réunions par vidéoconférence sont la nouvelle norme pour les activités sociales, la volatilité et l’incertitude sont la nouvelle norme pour les marchés.

Fondamentalement, nous avons affaire à une crise de santé publique – une crise pour les gens. Pour les investisseurs à long terme, cela soulève des questions sur les mesures que les entreprises prennent pour assurer la sécurité, le bien-être et l’emploi de leur personnel. Après tout, les entreprises sont composées de personnes, et les entreprises les plus résilientes seront celles qui protégeront et conserveront leurs employés talentueux pour se mettre en position de réussir lorsque la reprise commencera.

La pandémie a une multitude d’impacts sur les marchés, y compris le marché de l’investissement responsable (IR), qui intègre des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Voici quatre tendances du marché à surveiller à la croisée de l’ESG et de la COVID-19.

Le « S » passe au premier plan

Comme Benjamin Franklin l’a dit un jour, « il faut beaucoup de bonnes actions pour se bâtir une bonne réputation, et une seule mauvaise pour la perdre ». Étant donné la nature axée sur les personnes de cette crise, la réputation des entreprises pourrait prospérer ou s’effondrer en fonction de la façon dont elles traitent leurs employés et leur communauté. Les études montrent que plus de 80 % de la valeur marchande est basée sur des actifs incorporels tels que la marque et la réputation. À l’ère de la COVID-19, cela met en lumière le « S » dans ESG.

Dans les crises passées, les employés étaient souvent considérés comme des ressources jetables. Mais à l’ère des médias sociaux, des divulgations ESG et des chefs de la direction dénonçant la primauté des actionnaires, il est moins acceptable pour une entreprise publique de construire une stratégie de marge basée sur les licenciements. Plus de 330 investisseurs institutionnels gérant plus de 9,5 billions de dollars d’actifs l’ont clairement exprimé dans une déclaration publique sur la manière dont les entreprises réagissent à la pandémie. Les bailleurs de fonds demandent aux entreprises de prendre toutes les mesures possibles pour retenir les travailleurs, car un chômage débridé ne fera qu’aggraver la crise.

La santé et la sécurité des employés, y compris le bien-être mental, passent également au premier plan. La flexibilité est devenue essentielle pour les considérations relatives à la garde des enfants. Ainsi, alors que les facteurs sociaux avaient auparavant été éclipsés par le changement climatique dans l’espace ESG, ils passent maintenant au premier plan alors que l’on se rappellera des entreprises pour la façon dont elles traitaient leurs employés et les communautés dans lesquelles elles opèrent.

Les investisseurs et les consommateurs peuvent suivre les bonnes actions des entreprises canadiennes dans une nouvelle base de données organisée par la Canadian Business for Social Responsibility and Upswing Solutions.

En outre, la discrimination raciale est devenue très visible ces derniers mois, alors que les journalistes citoyens partagent des vidéos de violence et de brutalité contre les communautés noires et autochtones, souvent aux mains de policiers. Mais l’injustice raciale va bien au-delà de la violence et de l’application de la loi. Des formes non violentes de discrimination raciale et d’iniquité sont présentes dans de nombreux aspects de la société, y compris les entreprises dans lesquelles nous investissons, soulignant encore l’importance des questions sociales dans l’investissement responsable. Apprenez-en davantage ici sur le rôle que les investisseurs peuvent jouer dans la promotion de la diversité et de l’inclusion.

L’ESG apporte l’alpha

Les répercussions économiques de la pandémie ont été énormes. Alors que les marchés boursiers se sont effondrés dans le premier trimestre de 2020, ils ont rebondi dans second. Après l’explosion de l’ESG en 2019, motivée par l’idée que les facteurs ESG sont importants, il est naturel pour les investisseurs de se demander comment les investissements responsables se comportent par rapport au marché plus large en 2020.

Sur le marché canadien, les données pour le premier trimestre de 2020 indiquent que les fonds d’IR ont perdu moins que leurs homologues dans le ralentissement du marché, ce qui renforce encore les arguments en faveur de l’intégration des enjeux ESG dans les décisions d’investissement. Selon les données fournies par Fundata, 83 % des fonds d’IR ont eu un rendement supérieur au rendement moyen de leur classe d’actifs au premier trimestre, et 80 % des fonds d’IR ont connu une performance supérieure au cours de la période d’un an se terminant le 31 mars 2020. Alors que le marché a rebondi au deuxième trimestre, les fonds d’IR ont toujours bien résisté par rapport à leurs pairs issus de fonds conventionnels : 60 % des fonds d’IR canadiens ont surpassé le rendement moyen de leur catégorie d’actifs au cours de la période de trois mois, avec plus de 86 % des fonds d’IR surperformant sur la période d’un an se terminant le 30 juin 2020.

De même, sur le marché américain, une analyse de Morningstar a révélé que 72 % des fonds d’actions d’IR se classaient dans la moitié supérieure de leur catégorie au 2e trimestre et que les 26 fonds indiciels d’actions issus d’IR ont connu une performance supérieure à celle de leurs pairs respectifs issus de fonds indiciels conventionnels.

Les preuves suggèrent que les facteurs ESG apportent l’alpha dans les stratégies actives et passives. Dans le contexte d’une pandémie, ces données étayent l’argument selon lequel l’intégration des enjeux ESG dans les décisions d’investissement peut renforcer la gestion des risques et conduire à une surperformance financière.

Les actifs sont toujours versés dans les fonds ESG

Jon Hale, responsable de la recherche sur le développement durable chez Morningstar, a récemment analysé les flux vers les fonds communs de placement et les FNB sur le marché américain. Malgré le ralentissement, les données montrent que les fonds d’IR ont établi un record pour les flux entrants au cours du premier trimestre. Les 314 fonds d’IR sur le marché américain ont attiré des flux nets d’environ 10,5 milliards de dollars américains au premier trimestre, dépassant le précédent record établi au quatrième trimestre de l’année dernière. Des recherches de Morgan Stanley et Bloomberg ont révélé des tendances similaires.

Nous observons une tendance similaire au Canada, les entrées de fonds d’investissement responsable au premier trimestre dépassant l’ensemble de 2019. Les entrées nettes dans les FNB axés sur l’ESG ont atteint 740 millions de dollars, dépassant largement les 142 millions de dollars investis en 2019. Les données disponibles montrent que les investisseurs restent intéressés par les fonds ESG, et peut-être encore plus dans le contexte pandémique, qui crée un sentiment d’urgence autour des questions sociétales.

Les opportunités d’investissement d’impact sont à la hausse

La pandémie met en lumière les investissements d’impact, alors que des opportunités uniques se présentent aux investisseurs pour aider à résoudre la crise en allouant des capitaux aux organisations qui aident les personnes les plus touchées par la COVID-19. Par exemple, ImpactAssets, basé aux États-Unis, gère un fonds de bienfaisance (FDB) qui fournit un financement aux entreprises sociales naissantes et aux organisations à but non lucratif dans le besoin pendant la récession économique. La société estime qu’elle verra plus de 143 millions de dollars américains investis par son FBD d’ici la fin du second trimestre, soit plus que le total pour l’ensemble de 2019.

Ici, au Canada, Vancity a d’abord lancé un nouveau produit qui permet aux investisseurs de détail de soutenir directement les personnes les plus touchées par la COVID-19. La coopérative de crédit basée en Colombie-Britannique a lancé son dépôt à terme Vancity Unity le 23 mars « pour maximiser l’aide financière disponible pour les gens afin qu’ils puissent se remettre sur pied » pendant cette période de difficultés financières. Les investisseurs bénéficient d’un taux de rendement fixe tout en contribuant à faire face aux conséquences sociales négatives de la pandémie dans leur communauté.

Ces signaux du marché indiquent que les opportunités d’investissement d’impact sont à la hausse alors que les investisseurs cherchent à aider leurs communautés à traverser la crise.

Conclusion

Les preuves suggèrent que la COVID-19 a renforcé les arguments en faveur de l’intégration des facteurs ESG dans les décisions d’investissement, et que le mouvement général du marché vers l’ESG ne sera pas entravé par ce ralentissement. Au contraire, cette crise est susceptible d’accélérer l’adoption de stratégies ESG et d’impact à mesure que les enjeux sociaux passent au premier plan et que les investisseurs ressentent l’urgence de produire un impact et d’aligner leurs investissements sur les objectifs sociétaux.

Cet article a été initialement publié dans Investment Executive et a été republié avec autorisation.

L’alimentation, au cœur de la prochaine pandémie

La COVID-19 a laissé les investisseurs dans le secteur des protéines animales non seulement inquiets d’un choc économique à court terme, mais aussi des risques systémiques à long terme enracinés dans les chaînes d’approvisionnement de l’industrie.

Ces derniers mois ont placé le secteur mondial de la viande et des produits laitiers au centre de l’épidémie de coronavirus et les répercussions ont durement frappé le secteur.

Aux États-Unis, des milliers d’usines d’emballage de viande ont été contraintes de réduire drastiquement la production, plus de 20 000 travailleurs ayant contracté le virus à ce jour. Malgré cela, la plupart des usines restent ouvertes, semant la controverse, en raison d’un décret du Président signé en avril. La perturbation de la chaîne d’approvisionnement a causé des engorgements avec de nombreux producteurs d’animaux forcés d’abattre une immense quantité de bétail accumulé. Au moins deux millions d’animaux auraient été abattus dans des fermes aux États-Unis au cours des six premières semaines de la pandémie.

Les retombées financières de cette situation devraient se faire sentir pendant longtemps dans le secteur de l’élevage, les experts actuels de l’industrie prévoyant des pertes d’environ 20 milliards de dollars uniquement pour cette année. Le responsable des matières premières chez Goldman Sachs a classé le bétail aux côtés du pétrole comme l’un des deux produits les plus précaires pour les investisseurs l’année prochaine.

Éviter la prochaine pandémie

L’un des principaux problèmes de l’industrie est que le modèle d’agriculture industrielle n’est pas seulement vulnérable aux pandémies, il n’est malheureusement pas préparé à atténuer le risque de futures maladies zoonotiques. En effet, il est démontré que la pratique actuelle ouvre réellement la voie à l’émergence d’éventuelles pandémies futures. Un grand nombre d’animaux entassés dans des espaces confinés, combiné à des conditions de travail insalubres, une utilisation excessive d’antibiotiques et des chaînes d’approvisionnement mondiales tentaculaires, créent toutes les conditions idéales pour l’émergence et la propagation de nouvelles zoonoses.

Trois des quatre maladies infectieuses émergentes chez l’homme sont, comme la COVID-19, zoonotiques (c’est-à-dire qu’elles sont transférées entre les animaux et les humains). Malgré cela, un rapport récent de FAIRR, intitulé « Une industrie infectée », a montré que plus de 70 % des entreprises de viande, de poisson et de produits laitiers évaluées étaient mal équipées pour faire face à une pandémie future.

Et le risque de maladie n’est que le dernier d’une longue lignée de facteurs de risque impliqués dans la production intensive de protéines animales. Les émissions élevées et l’utilisation de l’eau continuent de susciter des inquiétudes tant chez les consommateurs que chez les investisseurs, les risques réglementaires et les coûts associés à ces problèmes étant susceptibles de s’accumuler pour l’industrie de la viande dans les années à venir.

Alternatives en hausse

Dans ce contexte d’étagères vides et de préoccupations sanitaires accrues, les substituts de viande à base de plantes ont bénéficié d’une augmentation des ventes des consommateurs pendant la pandémie actuelle. Les ventes de protéines à base de plantes ont explosé ces derniers mois pour connaître une hausse de près de 200 % en avril par rapport à 2019.

Il s’agit d’une occasion pour les entreprises de viande comme les Aliments Maple Leaf du Canada. L’analyse de 60 entreprises mondiales de viande, de poisson et de produits laitiers par le Coller FAIRR Protein Producer Index a révélé que Maple Leaf était devant ses pairs en matière de diversification vers des protéines alternatives et est actuellement le seul producteur de viande à divulguer les ventes de protéines végétales, qui représentent 4,3 % de ses ventes totales.

La concurrence provenant des protéines végétales est difficile à ignorer ; elles sont plus efficaces à produire, ont besoin de moins d’eau et produisent moins d’émissions de gaz à effet de serre par calorie de protéines que la viande. Ils viennent également sans les risques de zoonoses dangereuses associées au bétail. La volonté des consommateurs d’acheter des produits de remplacement semble être passée d’un événement « ponctuel » à une habitude d’achat plus permanente. La prise de conscience croissante du public sur le lien entre les zoonoses et l’agriculture animale intensive, ainsi que le lourd tribut environnemental de la production de viande, indique que cette transition vers les protéines d’origine végétale ne fera qu’augmenter à l’avenir.

Réglementation coûteuse et complexe

Pendant ce temps, les producteurs de protéines animales sont susceptibles d’être contraints de prendre un certain nombre de mesures perturbatrices pour empêcher la flambée de pandémies zoonotiques de devenir « la nouvelle norme ». Une annonce faite en Allemagne en mai 2020 a indiqué que les régulateurs exigeront des normes d’hygiène plus élevées, des régimes d’inspection améliorés ainsi que des amendes pour les violations des droits du travail par les procédés de transformation de la viande. Jusqu’à présent, les conversations réglementaires ont porté sur l’interdiction des exportations vivantes, la lutte contre la surutilisation des antibiotiques, les vaccinations standard et les contrôles d’assurance, et la mise en œuvre de moratoires sur les fermes industrielles. Compte tenu des nuances géographiques autour de la réglementation, les géants multinationaux de la viande auront besoin d’une approche holistique et stratégique pour respecter les normes afin de protéger les chaînes d’approvisionnement mondiales.

Au mieux, une nouvelle réglementation sera coûteuse pour le secteur de la viande. Au pire, le respect des meilleures pratiques s’avérera fondamentalement incompatible avec les modèles d’affaires de l’agriculture animale : l’atténuation à long terme la plus efficace des risques pandémiques passera par la diversification vers les protéines d’origine végétale.

Alors que le monde se reconstitue à la suite de la COVID-19, les investisseurs se tournent déjà vers l’avenir. Les tensions sur le secteur de la viande pendant cette période ont été révélatrices. Plus inquiétant encore, la COVID-19 n’était pas la première et, sans changements importants dans l’industrie de l’élevage intensif, ne sera probablement pas la dernière épidémie de maladie d’origine animale. Les investisseurs se pencheront sur les leçons apprises aujourd’hui pour les pandémies futures à venir.

Clause de non-responsabilité de l’AIR
Les points de vue et opinions exprimés dans cet article n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la position de l’Association pour l’investissement responsable (AIR). L’AIR n’approuve, ne recommande ni ne garantit aucune des revendications formulées par les auteurs. Cet article est conçu comme une information générale et non comme un conseil en investissement. Nous vous recommandons de consulter un conseiller qualifié ou un professionnel en investissement avant de prendre une décision de placement ou liée à un investissement.

COVID-19, production alimentaire et rôle de l’engagement des investisseurs

La COVID-19 a eu des répercussions importantes sur la chaîne alimentaire mondiale. Les files d’attente chez les détaillants alimentaires, la pénurie de produits clés et la difficulté de faire ses achats en respectant les mesures de distanciation physique ont touché une grande partie de la population mondiale. Du côté de la production, en particulier dans les usines de transformation de la viande, le manque d’options de distanciation ou d’équipement de protection adéquat contre le virus a rendu beaucoup de travailleurs malades et forcé bon nombre d’usines à fermer. En outre, en raison de l’arrêt de la chaîne d’approvisionnement commerciale, nous avons aussi constaté une augmentation du gaspillage alimentaire.

Impacts sur l’approvisionnement alimentaire

Comme c’est le cas de nombreuses autres chaînes d’approvisionnement, les systèmes alimentaires sont complexes et mondiaux, et ils sont actuellement perturbés par une combinaison de facteurs :

  • Perturbation des récoltes: C’est la saison des récoltes dans bien des régions de l’hémisphère nord. En théorie, cela assure la disponibilité de nourriture locale pendant toute la saison. L’agriculture dépend énormément d’une main-d’œuvre bon marché, mais expérimentée et flexible. Les frontières étant fermées, la main-d’œuvre à faible salaire – venue, par exemple, de l’Europe centrale et de l’Europe de l’Est ou de l’Amérique du Sud (elle aussi en grande partie confinée) pour travailler chez leurs voisins plus riches – est devenue rare. Malgré les dérogations ayant rapidement été mises en place – comme des programmes particuliers de visa –, de nombreux agriculteurs craignent que de grandes parties de leurs récoltes soient gaspillées.
  • Perturbation de la production: La production a été totalement interrompue à divers endroits dans le monde à cause d’éclosions du virus au sein du personnel et de difficultés à mettre en œuvre des mesures de distanciation physique. Les usines de transformation du porc et d’emballage de viande, comme celles des producteurs américains Smithfield et Tyson, en sont des exemples. Pour d’autres, la production pourrait être interrompue en raison d’un manque d’approvisionnement en ingrédients.
  • Perturbation du transport et du commerce: Comme certains ports ne fonctionnent pas comme d’habitude, l’expédition peut être retardée ou annulée. Les trains et les camions de marchandises ne peuvent pas traverser certaines frontières, et certains pays ont suspendu tous les vols.
  • Restrictions à l’exportation: Même si le transport demeure permis, des restrictions à l’exportation peuvent perturber la livraison. La Turquie, qui fournit des citrons au tiers de la planète, limite leur exportation. La Russie, l’Ukraine et la Roumanie figurent parmi les pays qui ont stoppé les exportations de céréales. Bien que ces restrictions soient encore l’exception, leur effet se fait tout de même sentir. La réduction des exportations de céréales touche les éleveurs de bétail. En effet, certains d’entre eux ont déjà de la difficulté à trouver suffisamment de nourriture pour leurs troupeaux1.
  • Déplacement de la demande des entreprises aux détaillants: Les habitudes alimentaires ont changé du tout au tout, les gens mangeant à la maison plutôt qu’au travail ou au restaurant. La demande alimentaire s’est donc soudainement déplacée du secteur des entreprises à celui des commerces de détail. Cependant, les chaînes d’approvisionnement de ces deux secteurs présentent des différences fondamentales sur le plan des quantités, des dimensions, des formats de livraison et d’emballage et des mécanismes de commande, ce qui a donné lieu à une perte de revenus et de nourriture.

Ce sont les pays les plus défavorisés qui subiront les conséquences les plus graves découlant de l’incapacité à relever ces défis. Le Programme alimentaire mondial des Nations Unies signale2 que le nombre de personnes souffrant de la faim en raison de la crise de la COVID-19 pourrait passer de 135 millions à plus de 250 millions et que les pays les moins développés seraient les plus touchés3. La dimension humaine de cette pandémie va donc au-delà des personnes immédiatement touchées par le virus et menace gravement l’atteinte du deuxième objectif de développement durable, qui consiste à éliminer la faim. Dans certaines régions agricoles, des sécheresses et des invasions de criquets rendent la situation encore plus complexe.

Mobilisation

La mobilisation des investisseurs auprès des détaillants, des négociants et des producteurs en ce qui a trait aux systèmes alimentaires durables constitue une partie de la solution au problème. La pandémie confirme la nécessité de faire des simulations de crise dans la chaîne d’approvisionnement, d’avoir un plan efficace de continuité des activités et d’établir des relations solides avec ses fournisseurs au lieu de compter sur des tiers. Certaines entreprises, ayant reconnu les difficultés financières de leurs fournisseurs, payent leurs factures à l’avance ou appuient des programmes de garantie de prêts.

La protection des travailleurs est un élément clé. La chaîne alimentaire est exigeante en main-d’œuvre et se caractérise par des emplois mal rémunérés et souvent difficiles physiquement. Par nos efforts de mobilisation, nous devons aborder et approfondir les défis supplémentaires que la pandémie a posés, comme les difficultés liées à la mise en œuvre de la distanciation physique dans des environnements tels que les usines et les magasins d’alimentation. Cette mobilisation devrait encourager les auteurs de bonnes pratiques (comme les congés de maladie payés) à rendre celles-ci permanentes.

Nos autres options de mobilisation comprennent le fait d’encourager les institutions financières à soutenir les entreprises clientes du secteur de l’alimentation, notamment au moyen de subventions, du report de versements hypothécaires et d’entretiens sur l’allègement de la dette. La mobilisation relative aux dettes souveraines pourrait inclure des discussions sur la minimisation des restrictions à l’exportation et au commerce et sur la constitution responsable de réserves.

Conclusion

Assurer la sécurité alimentaire et la continuité des activités est une tâche complexe qui comporte des défis, notamment la protection des travailleurs, le déplacement de la chaîne d’approvisionnement des entreprises vers les détaillants, et le soutien financier des agriculteurs et des acteurs connexes du secteur.

La mobilisation des investisseurs n’est qu’une petite partie de la solution, mais vu l’ampleur du problème, elle est importante. Les investisseurs ne sont pas seulement des acteurs financiers, mais aussi des acteurs sociaux qui ont une responsabilité sociétale. Pour lutter contre la faim, il faudra que les programmes d’allègement de la dette mis en œuvre par le G20 soient reproduits sur les marchés financiers. Comme le demande le G204, les créanciers du domaine privé doivent étudier les options de suspension des paiements du service de la dette5 pour soustraire certains des pays les plus pauvres à leurs obligations de remboursement immédiat afin qu’ils puissent se concentrer à garantir et à distribuer de la nourriture pour leur population.

Sources:

[1] https://www.bloomberg.com/news/articles/2020-04-10/food-supply-fears-are-growing-as-romania-bans-grain-exports (en anglais)

[2] Rapport mondial sur les crises alimentaires 2020 (en anglais) : https://www.wfp.org/publications/2020-global-report-food-crises

[3] Les pays les plus touchés sont probablement le Yémen, la République démocratique du Congo, l’Afghanistan, le Venezuela, l’Éthiopie, le Soudan du Sud, le Soudan, la Syrie, le Nigeria et Haïti.

[4] Le secteur privé devrait participer au plan d’allègement de la dette des pays pauvres (article en anglais), FT, mai 2020 : https://www.ft.com/content/f4de06d4-8af3-11ea-a109-483c62d17528

[5] Communiqué suivant la réunion des ministres des finances et des gouverneurs de banque centrale du G20, avril 2020 (en anglais)

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Se rajuster pour 2020 : une session de Q&R sur le paysage changeant pour l’investissement ESG

La pandémie de la COVID-19 et les troubles sociaux mis en évidence cette année aux États-Unis et ailleurs ont, plus que jamais auparavant, mis en relief la raison pour laquelle l’ESG est important pour les investisseurs.

Leur réaction et celle de leurs sociétés de portefeuille à ces événements sismiques sans précédent pourraient bien définir la prochaine génération d’investissements. Que font actuellement les institutions pour relever ces défis et comment l’industrie des données, des notations et de la recherche ESG répond-elle à ces besoins ? Et comment les institutions répondront-elles aux millénariaux naissants et à d’autres groupes démographiques importants dont les vues se forgent désormais dans le contexte des événements de 2020 ? Lors de cette séance de question avec Marija Kramer, responsable de la branche ESG chez ISS, qui est la branche d’investissement responsable du conseiller en investissement Institutional Shareholder Services, nous discuterons de ces sujets et d’autres questions urgentes.

Selon vous, quelle est la preuve que la pandémie de COVID-19 a accéléré le passage à l’ESG?

Au début de la pandémie, les experts ont prédit que l’une de ses conséquences serait une plus grande concentration des investisseurs sur les fondamentaux des entreprises au détriment de l’ESG et d’autres considérations extrafinancières. En fait, c’est le contraire qui s’est produit. En guise d’anecdote, nous avons eu de nombreuses conversations avec des clients et d’autres parties prenantes pour leur demander comment intégrer davantage les considérations ESG dans leurs processus actuels de prise de décision en matière d’investissement. Ils veulent s’assurer que leurs portefeuilles sont pondérés en fonction des entreprises axées sur le long terme et qui, par conséquent, sont davantage en mesure de traverser cette tempête que leurs pairs qui gèrent d’un trimestre à l’autre. Empiriquement, nos analystes ont mis en évidence la surperformance ESG depuis la pandémie et, enfin, nous avons vu un record de 18 votes majoritaires sur les propositions d’actionnaires environnementales et sociales au cours de la saison des assemblées annuelles aux États-Unis, contre 12 dans le calendrier 2019. Collectivement, cela représente pour moi une preuve claire que l’ESG gagne en importance à la suite de la pandémie.

Comment la pandémie affectera-t-elle les informations communiquées par les entreprises si, comme vous le faites remarquer, leurs actionnaires se concentrent plus fortement sur les facteurs ESG?

Dans l’ensemble de l’industrie, beaucoup attendaient que les organismes de réglementation progressent ou aient une idée de la nécessité de mandater et d’harmoniser la divulgation ESG des entreprises. C’est toutefois complexe ; le « E » est beaucoup plus critique pour certains secteurs tandis que pour d’autres, c’est le « S ». Mais pour en revenir à la pandémie, ce que nous avons constaté est, je dirais, une souplesse sans précédent de la part des autorités de réglementation pour publier des directives relatives à la COVID-19 sur des questions allant des divulgations de liquidités à la santé et à la sécurité des employés. Ce même niveau de réactivité peut se traduire par une action accélérée des organismes de réglementation sur les divulgations ESG, si la volonté y est. Et puisque l’ESG prend de l’importance, cela arrivera plus tôt que tard.

Les troubles sociaux aux États-Unis et ailleurs ont changé le calcul de certains complexes de fonds d’investissement traditionnels. Comment les investisseurs voient-ils maintenant la question de la race et comment ces changements de vues affecteront-ils leurs décisions d’investissement dans les mois et les années à venir?

Les investisseurs institutionnels sont aussi conscients de ce qui se passe dans les rues des grandes villes américaines que tout autre groupe. Tout comme nous l’avons vu ces dernières années, les investisseurs se concentrent sur la diversité des sexes et des compétences. Je prédis que nous les verrons également entrer dans ce domaine pour aider à combler le vide réglementaire et à attirer un groupe démographique plus jeune et socialement engagé. Je m’attends à ce que les notations, la recherche et les fournisseurs de données interviennent pour combler le vide actuel en ce qui concerne les informations dans ce domaine, y compris par le biais d’indices et de filtres pertinents pour les investisseurs passifs et actifs. Ici, je voudrais voir ISS ESG montrer la voie et je m’attends à ce qu’il le fasse.

Que voyez-vous et entendez-vous de la part des clients concernant leur besoin en termes de données et d’analyses sur le climat et comment cela a-t-il changé par rapport à avant la pandémie?

Le monde suit un cours intensif sur la pensée systémique et sur ce qu’une crise systémique se déroulant à l’échelle mondiale signifie. Les investisseurs sont très conscients que les défis du changement climatique ont des caractéristiques très similaires à ceux de la COVID, à savoir que la science le prévoit clairement comme un risque central à l’avenir ; l’incapacité à s’auto-isoler alors qu’elle se répand sur l’ensemble du globe et le délai entre nos actions et la matérialisation des risques. Tout au long de la crise des coronavirus, nous avons constaté un vif intérêt continu pour le sujet du climat, et je pense qu’une meilleure compréhension de la manière de penser les situations de crise et les événements extrêmes, c’est-à-dire les chocs qui ont une faible probabilité, mais un impact élevé, influenceront la réflexion pour les années à venir. Mon impression est que l’avantage que la COVID a donné aux investisseurs est la preuve que lorsqu’une menace est suffisamment imminente, les parties prenantes, y compris les investisseurs, peuvent avoir un impact direct.

Quelle est la probabilité que la réduction de l’utilisation des combustibles fossiles entraînée par la COVID ait un impact durable sur les efforts de lutte contre le changement climatique ?

La pandémie a en effet conduit à une réduction des émissions ; selon les premières études, les émissions ont diminué de 8,6 % au cours des quatre premiers mois de l’année par rapport aux niveaux de 2019. À court terme, c’est excellent. Mais en même temps, cela nous montre que le lien entre l’activité économique et les émissions continue d’être très pertinent et qu’il faut ultimement le rompre en dissociant la croissance économique des émissions. Le changement climatique est un défi à long terme et, dans le cadre plus large des choses, une année de faibles émissions ne fera pas de différence significative. Cependant, les investisseurs institutionnels peuvent utiliser la situation actuelle pour contribuer à effectuer des changements avec les sociétés de portefeuille et, par extension, modifier la structure sous-jacente de l’économie. Ce qui sera essentiel pour l’avenir, c’est donc d’assurer des plans de relance écologiques.

Qu’est-ce qui, à votre avis, est remarquable sur les obligations durables dans la foulée de la COVID-19?

Le marché s’est effectivement intéressé aux obligations durables dans le contexte de la crise du coronavirus, et celles-ci ont une fois de plus montré qu’elles pouvaient s’adapter à un défi émergent. Dans le contexte de la COVID-19, le changement le plus significatif est que les obligations sociales (appelées obligations COVID-19 et émises pour, par exemple, soutenir l’emploi et les infrastructures médicales) ont pris de l’importance. Ce qui sera intéressant à voir à l’avenir, c’est dans quelle mesure les obligations vertes seront utilisées comme instrument pour financer une reprise verte.

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